CROISE

Les Français ont inventé le chassé-croisé des vacances. Pendant que les juilletistes bronzés remontent du sud, pare-chocs contre pare-chocs, les aoûtiens couleur cachet d’aspirine descendent du nord, pare-chocs contre pare-chocs.

Ce système a inspiré les Turcs qui viennent de proposer à l’Union européenne de l’adapter aux réfugiés syriens et irakiens. Un million d’hommes, de femmes et d’enfants seront ramenés de Grèce ou des Balkans vers l’accueillante terre des pachas, croisant au passage un million d’hommes, de femmes et d’enfants en route vers la Grèce, qui à leur tour, quelques semaines plus tard, seront renvoyés vers les plages ottomanes et ainsi de suite. Dans un carrousel perpétuel jusqu’à la fin de la guerre de Syrie, la destruction de Daesh ou la mort des réfugiés. Je vous laisse choisir laquelle de ces échéances sera atteinte la première…

On évitera d’ironiser sur le terme « croisés » appliqué ici aux habitants d’une région qui fut le cœur de l’empire musulman à l’époque des conquêtes chrétiennes. On saluera plutôt le remarquable sens des affaires du grand vizir Erdogan qui a fait fort question prix du transport et du séjour des occupants du carrousel.

Comme il est en position de monopole, personne ne lui opposera les prix de la concurrence, surtout pas les Européens qui ont pourtant fait de cette règle la pierre angulaire de la construction de l’Union. Six milliards d’euros, annoncent les Turcs, qui se gardent bien d’ajouter qu’une fois ce chèque encaissé, la note va encore s’alourdir avec les suppléments (et le pourboire).

Pour faire circuler tous ces passagers, il faut des autobus. Varan, Kamilkoc, toutes les compagnies turques  sont à votre disposition. Des avions aussi grâce à Turkish airlines. Et des bateaux. Seul point positif de l’opération : c’est le contribuable européen qui payera les passeurs et plus les pauvres réfugiés, ce qui est moralement beaucoup plus sain.

Les Turcs exigeront qu’on leur construise des routes pour faire passer l’énorme convoi d’autobus chargé d’assurer cette noria. Des ponts sur le Bosphore (évitons les tunnels). On y ajoutera un peu d’argent pour le développement d’aéroports et l’élargissement de tous les ports turcs de la Méditerranée.

Sans oublier l’érection de milliers de salles d’attente où les réfugiés fraîchement arrivés de Grèce attendront le bus, le bateau ou l’avion qui devra les ramener d’où ils sont partis.

Tout ça a un prix, que les Européens, si prompts à dénoncer les dérapages budgétaires des états membres, sont prêts à payer les yeux fermés aux Turcs.

Qu’ils se rappellent pourtant de ce vieux proverbe ottoman : « Ne croyez pas qu’en laissant vos cheveux chez le coiffeur, vous l’avez payé. »

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ANGELA SUPER NANA

Trump-pettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées… chantait Brassens.

Au train où ça va, les Etats-Unis auront pour 45 ème président un dirigeant du troisième type, quelque part entre l’ancien président iranien Ahmadinejad pour les discours et Kim-Yong-un pour l’originalité de la coiffure. A ce propos, plusieurs observateurs ont comparé la bizarre implantation des cheveux de Donald Trump à la queue d’une loutre. Ce n’est pas mal vu et moins médisant qu’on ne pourrait le croire. En effet, les loutres, qui ont largement disparu du continent, ne survivent en masse qu’en Hongrie. Dont le président, Viktor Orban semble inspirer l’idéologie du candidat républicain. De là, à faire un lien entre les deux hommes, par loutre interposée, il n’y a qu’un pas de polka.

La période décidément est aux grandes gueules. Ce qui laisse plus de chances qu’on ne croit au retour de Nicolas Sarkozy. Du moins s’il revient à sa vraie nature, mélange explosif de kärcher et de « casse-toi, pauv’ con ! » Et qu’il laisse tomber sa bête tentative de contrition esquissée dans son dernier livre. Le modèle repentance était à la mode il y a quelques années. C’est fini, vieillot, obsolète. Un homme politique qui annonce que son cœur saigne est mort.

Aujourd’hui, il faut rester de marbre, ne rien regretter, afficher un cœur sec.

La charge horrible des policiers contre les migrants à Calais, voilà une belle façon de faire remonter la cote de Hollande. Surtout qu’il a pris la précaution de ne pas venir sur place. Dès qu’il apparaît, l’orage éclate. Or, la pluie aurait immédiatement éteint les incendies des cabanons, ce qui aurait donné l’exécrable image d’un président sentimental.

L’homme politique moderne, c’est aussi Poutine. Un exemple pour les politiciens en mal de modèle. Une petite faim ? Il avale la Crimée. Pour montrer ses biscottos, il envoie ses troupes en Géorgie et en Ukraine. Et l’artillerie lourde à Damas pour s’assurer que le chaos continue au Moyen Orient.

Copiant son grand voisin du Nord, le président turc Erdogan s’est lancé à l’assaut des Kurdes, les plus farouches opposants du bourreau syrien et des monstres de Daesh, tout en étouffant les libertés dans son pays. Depuis, il est devenu le plus courtisé des copains de l’Union européenne. Allez comprendre pourquoi l’Europe a mal à ses articulations…

Mais, tout n’est pas perdu, puisque les femmes existent. Même en politique, il ne reste qu’elles pour sauver l’honneur et nous protéger de la barbarie. En ce bientôt 8 mars, journée internationale de la femme, tressons donc une couronne de lauriers à Dame Angela, une improbable physicienne est-allemande, qui a rappelé à l’Europe occidentale qu’il existe d’autres valeurs que la testostérone…

Comment dit-on en allemand : Allez les filles ?

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VLAAMSE KUS

Sur la photo officielle, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Onu affiche un rictus crispé et Pierre Nkurunziza, le président burundais, réélu pour un troisième mandat contesté, une belle montre en or avec un bracelet du même métal.

A voir la grosse pogne qu’il a posée sur le bras du chétif Coréen, celui-ci n’est pas près de piquer la montre du président.

Pas non plus en état de s’occuper de l’état des tunnels bruxellois, qui ressemblent de plus en plus à ceux de Oms et d’Alep en Syrie. Est-ce de la part des patrons de la capitale de l’Europe un signe de sympathie envers les braves Syriens qui ont eu la bonne idée de rester dans leurs villes en ruines au lieu de venir en mini-trip comme tant de leurs compatriotes à Knokke-le Zoute-Guantanamo ? Peut-être n’ont-ils tout simplement pas décodé le message d’accueil que leur ont lancé les édiles de la vlaamse kust (à ne pas confondre avec le vlaamse kus, pas op !), les maïeurs de Coxyde et de Knokke ou le gouverneur de la province, des hommes qui, à coup sûr, portent eux aussi à leur poignet une belle montre en or qu’ils ont peur de se faire voler.

A force de les entendre se répandre dans les medias à propos de l’arrivée des réfugiés en Flandre, qu’il ne s’étonne pas que ceux-ci aient fini par regarder sur internet à quoi ressemble cette région si accueillante et qu’ils aient été tentés de quitter leurs gourbis pourris pour pointer le nez du côté du Zwin. Comparez le charme respectif de Calais et du Zoute. Il n’y a pas photo. La jungle face à la place m’as-tu-vu, qui hésiterait ?

En matière d’habitat, le Pas-de-Calais leur propose quelques mètres carrés dans des containers, genre flats dans les stations de ski françaises, alors que la Compagnie du Zoute, propriété du bourgmestre et de sa famille, offre des milliers d’appartements dans les innombrables  buildings, qui ont poussé comme des champignons à la place des bêtes villas qui décoraient le front de mer ou des espaces verts qui rendaient le paysage si monotone. Notons au passage que, face au comte Lippens, qui doit en être à son vingtième mandat, le président Nkurunziza n’est qu’un naïf débutant.

Dans le cerveau dudit Lippens a donc germé une idée lumineuse, qui lui a peut-être été soufflée par son ami Donald Trump, un autre champion mêlant politique, déclarations à l’emporte-pièce et immobilier : pourquoi ne pas transporter le camp de Guantanamo dans sa commune ? D’une pierre deux coups. Les Etats-Unis se débarrassent des encombrants terroristes qui y survivent encore et la Belgique y fourre les immigrés qui ont voulu visiter la St Trop’ du Nord, la ville la moins taxée du pays. Une attraction de plus pour les touristes, qui compensera l’absence de jardin zoologique.

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CRIME ET BONIMENTS

Depuis longtemps, le hors-la-loi est une vedette littéraire qui fait saliver le lecteur. Du formidable Comte de Monte-Cristo de Dumas au désespéré Raskolnikov, l’assassin absurde de « Crime et Châtiment » de Dostoïevski, jusqu’au pathétique Joseph K, accusé et victime du « Procès » de Kafka pour citer trois icônes.

La vogue actuelle (plutôt glauque, mais chacun son goût) des serial killers montre que le genre est loin d’avoir épuisé les fans, au contraire.

Mais, mieux encore que l’assassin sorti de l’imagination d’un romancier, le succès et la fortune récompensent aussi la véritable fripouille lorsqu’elle prend la plume, en sortant de prison. Au dix-neuvième siècle déjà, Vidocq (condamné au bagne avant de devenir le patron de la Sûreté française) s’est rempli les poches en publiant ses mémoires (que plusieurs romanciers ont pillées sans vergogne : Balzac pour son personnage de Vautrin, Hugo pour tracer les traits de Javert, Gaston Leroux pour créer Chéri-Bibi).

Plus près de nous, Albertine Sarazin ou Henri Charrière, dit Papillon, ont fait fortune avec leurs souvenirs de taulard. Sans oublier Caryl Chessman, dont la publication triomphale de trois (beaux) livres écrits dans le couloir de la mort a retardé, mais de quelques années seulement, l’exécution de la peine de mort à laquelle il a été condamné dans un procès contesté.

Beaucoup d’autres bagnards avant eux avaient fait recette : Marco Polo, Casanova, Cervantès. Auxquels on peut ajouter ceux qui ont raconté leur monstrueuse captivité, survivants miraculeux de la machine destructrice de Staline (comme Soljenitsyne ou Evguénia Guinzbourg), des nazis (comme Primo Levi ou Jorge Semprun) ou échappés de la relégation par d’autres dictateurs (comme Carlo Levi, auteur de ce merveilleux « Le Christ s’est arrêté à Eboli »).

Une nouvelle victime de la répression policière vient rejoindre cette cohorte prestigieuse, Nicolas Sarkozy, dont « l’œuvre » a grimpé en-tête du hit-parade en France dès sa sortie de presse. Grâce à une nouvelle mise en examen, la justice française lui a donné un sérieux coup de main juste au moment où il risquait de connaître un certain essoufflement, comme beaucoup de livres dont on connaît l’intrigue, où on n’explique pas qui a tué qui et dont l’épilogue est un bête un happy end.

L’écrivain le plus lu de la semaine ne participera pas à la Foire du Livre de Bruxelles. Ouf ! Il laissera toute la place à une kyrielle d’autres auteurs, bien plus intéressants, y compris des écrivains de polars, des vrais. On y rencontrera aussi le magnifique Richard Ford, l’un des plus merveilleux auteurs américains actuels, dont l’œuvre est à la fois profonde et poignante.

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IKEA MODE D’EMPLOI

Qu’est-ce qui a poussé des milliers de Montois à se précipiter à l’ouverture d’un nouveau magasin Ikea ? Plusieurs hypothèses circulent. Selon certains, ils se sont laissés prendre par un bête canular. Un plaisantin avait prétendu que la firme suédoise avait promis une récompense d’un million d’euros au premier visiteur qui achèterait l’armoire contenant Salah Abdeslam.

Impossible, évidemment puisque l’homme le plus recherché du pays passe ses journées dans les trains de la SNCB, engagé par la ministre Galant, pour tester la rapidité du réseau à deux voies. Jusqu’ici, il a en tout cas prouvé que même un homme peut prendre les voiles en Belgique sans se faire remarquer.

Autre hypothèse : la ville de Mons a annoncé qu’Arne Quint avait accepté de couvrir tout le centre ville d’une sculpture qui symboliserait les tunnels bruxellois. Le nouvel Ikea, tout de béton frais, a paru à une population affolée le meilleur abri contre cette prolongation intempestive des élucubrations de l’artiste vedette de la « capitale culturelle de l’Europe. »

D’autres encore ont voulu démontrer par cette manifestation leur attachement à la suédoise, une vraie provocation dans la ville du président du parti socialiste où personne ne s’attendait à un tel le cri du cœur pour le MR, à la veille de la Saint Valentin. Même pas Charles Michel qui n’a pas songé à faire le déplacement. Aïe ! Une occasion ratée de se faire applaudir par une foule en délire pour un premier ministre dont l’unique boulot semble être de multiplier les communications pour s’autocélébrer le meilleur chef de gouvernement depuis la Libération.

En visitant le nouveau supermarché du meuble, il aurait au passage pu glaner quelques idées pour rafistoler son équipe, redresser Théo Francken dont les joints lâchent de plus en plus souvent, remettre sa Galant sur ses voies, expliquer à son ministre des finances les bienfaits de l’esprit de l’escalier, acheter un peu d’éclairage à quelques obscurs membres de son équipe, apprendre à sa ministre de l’énergie, Marie-Christine Marghem, l’art de bricoler une centrale nucléaire en ruines en lui redonnant un peu de couleur avec de la peinture fraîche et en éliminant les fissures avec de l’enduit et du mastic. Certes, sa durée de vie ne sera pas plus longue que celle d’une étagère Ikea mais ça donnera un moment l’illusion. Le ministre De Croo, chargé de la coopération au développement mais aussi grand prêtre du libéralisme à tous crins pourrait se réjouir qu’une entreprise qui a utilisé pendant des années, avant la chute du Mur, des travailleurs forcés dans les pays de l’est, se soient tournées vers de petites mains asiatiques pour fabriquer des produits étiquetés « made in Sweden ». Un label porteur pour un gouvernement de bric et de broc qui cherche toujours le mode d’emploi.

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AWELL, JOELLE, PROFECIAT’!

On croyait avoir connu le pire lorsque les deux tunnels royaux, le Léopold II et celui de sa fille Stéphanie, nous ont valsé sur le coin de la notje. Eh bien ! On n’avait rien vu. Voilà mett’nant que le ciel nous tombe sur la cafetière. D’un trait de sa plume nerveuse, son excellence madame la Milquet, elle a décidé comme ça que le théâtre de Toone, c’était pas de la culture. Fini ! Plus un balle de subvention pour ces schieve poechenellen qui savent même pas causer sur un français convenâb ! Les jeunes, déjà qui comprennent rien au Coran ou plutôt qu’il le comprennent tout de traviol, voilà mettnant qu’ils doivent se farcir le brussellois peut-être ? Non, fieu, ça une minist’, elle peut pas l’imposer aux pôv ket, sinon il y en a qui vont finir par l’attaquer, la minist’, pour crime contre l’humanité devant la cour pénale internationale de La Haye. Où la meï Milquet, elle devra se défendre en flamouche. Surtout pas ça ! C’est plus simple de supprimer Toone que de l’obliger à babeler dans la langue de Jambon !

Plusieurs signes ont montré ces derniers temps que Bruxelles était de moins en moins Bruxelles et qu’il serait temps de transporter ailleurs ce qu’il en reste avant que ça ne disparaisse, les pierres soigneusement numérotées, pour la reconstruire quelque part à la campagne, de préférence dans un coin où les politiciens qui veulent tant de bien aux Bruxellois ne prolifèrent pas. On y déménagera le cinéma Eldorado, le Vendôme (qui s’appelait le Roy), les musées, les bistrots, les théâtres chics, le National, le Parc, les Martyrs, et tutti quanti, et le Théâtre de Toone, dernier vestige de la culture locale et de la langue de la capitale.

Dire que la première poechenellekelder à Toone date de 1830 et qu’on veut la faire taire ? En 1830, on a déjà eu une muette à Bruxelles, celle de Portici. On a vu la suite…

Toone, pas de la culture ? Des auteurs ont écrit directement pour les poechenelles et pas des schieve lavabos, hein ! Jarry (Ubu), Claudel (oué ! le type avec sa slache de satin qui dure des heures), Lorca, Hélène Cixous, et même des Belches, tiens, Maeterlinck (notre seul prix Nobel de littérature, pas de la culture, ça madame la minis’ ?) ou Michel de Ghelderode, qui a justement écrit directement pour Toone. Et dont Cocteau a dit : « c’est le diamant qui ferme le collier que la Belgique porte autour du cou ». Diamant, collier, ah ! ça vous parle enfin, madame ?

Les marionnettes, c’est un art premier, comme le cinoche de Charlot et les aventures de Quick et Flupke, un langage qui jette des paillettes, qui fait que les enfants se serrent contre leurs parents, perce qu’ils partagent leurs émotions. Il n’y a pas beaucoup de spectacles qui réussissent cette magie.

Alors, siouplait, madame la minis’, tire un peu la ficelle pour rouvrir le rideau de ce théâtre des merveilles. Tu feras une oeuvre de salutation publique.

TUNNELS MAL EMBOUCHES

A la sortie d’un tunnel, la circulation est totalement à l’arrêt, paralysée par un gigantesque embouteillage. À l’intérieur d’une des voitures immobilisées, un homme suffoque. Son habitacle est envahi de fumée. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à ouvrir sa porte ni ses fenêtres. Les passagers des autres véhicules l’observent, indifférents. Enfin, l’homme parvient à grimper sur le toit et, miracle, il s’élève dans les airs.

Cette scène vous rappelle quelque chose ? Vous avez gagné ! C’est Rome en 1962. La première séquence de « Huit et demi » de Fellini. Et non pas Bruxelles 2016. Dans la capitale belge, la scène est impossible : il n’y a plus de tunnels. Ni de viaduc, ni de rues qui ne soient  envahies de chantiers qui ne se terminent jamais.

Au début des sixties, Rome étouffait sous les embouteillages alors que Bruxelles affichait fièrement les beaux tunnels qu’elle venait de bâtir pour l’expo 58 et qui assurait à la circulation automobile une fluidité que les autres capitales nous enviaient. Promenez-vous aujourd’hui à Rome. Le centre ville est un magnifique piétonnier où l’on déambule avec le sourire. Tandis que nos somptueux ouvrages d’art commencent à ressembler aux ruines du forum romain.

Nos ministres n’ont rien vu venir. Charles Picqué, qui a dirigé Bruxelles de 1989 à 2011 (avec quelques interruptions) souffre depuis l’enfance de myopie. Or, les fissures dans le béton des plafonds ne se remarquent pas d’en bas surtout quand on roule vite pour éviter la chute des pierres. La myopie, un mal répandu parmi les hommes politiques belges.

Pascal Smet (déjà ministre de la mobilité en 2003) ne circule qu’à vélo et donc jamais, il ne traverse un tunnel. Un ministre, ça respecte le code. Le dérapage est mal vu chez les hommes politiques belges.

Que faire maintenant ? Il n’y a plus de sous pour la mobilité. On a vidé la caisse pour dessiner des petits vélos sur les chaussées de la capitale, façon de donner l’illusion aux cyclistes qu’ils sont protégés, faute d’avoir l’audace de construire des sites propres. L’audace est mal vue chez les hommes politiques belges.

Il paraît qu’avec Rudi Vervoort, ça va changer. Les grands travaux, il connaît. N’a-t-il pas lancé le chantier d’un gigantesque nouveau stade de football dès son intronisation ?

Mais, question argent, foot ou tunnels, il faut choisir.

Le gouvernement régional pourrait s’inspirer d’Yvan Mayeur. En supprimant les voitures dans le centre ville, il a réglé le problème : plus de voitures, donc plus besoin d’entretenir la voirie.

Faire de la petite ceinture un piétonnier, doublé d’une piste cyclable ? C’est une option. Il y en a une autre : transférer le nouveau stade du Heysel à Louise. D’une pierre, deux coups, et qui ne tomberont pas sur le capot…

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QUAND LES TERRORISTES SE SERRENT LA CEINTURE

Ils voulaient un état ? Eh bien, ils l’ont, ces pauvres djihadistes, et les soucis s’accumulent. Au début, c’était rigolo. On s’amusait à choisir un drapeau. Celui qu’était pas d’accord avec le chef, il passait à la casserole. Puis, on a imprimé des tas de billets de banques dont on a rempli plein de coffres, une vraie caverne d’Ali Baba. Le premier qui touche à mon trésor, il a un doigt tranché ! a prévenu le chef. Le deuxième, deux doigts. Et ainsi de suite.

Enfin, des timbres. Comme la loi interdit les images mais que le chef voulait être collé sur toutes les cartes postales, le graphiste a eu l’idée de dessiner un rond rose avec une petite houppe. Il y en a un qui a dit : Tiens ? On dirait Tintin. Mais non, c’est le chef, imbécile ! Chez nous à Bruxelles, une tête ronde avec une houppe, c’est Tintin.

Chez nous, tu dis ?

Voilà les premières difficultés. La belle unanimité des combattants se fissure et apparaissent les différences comme les taches sur un mur mal peint. Toi, le Molenbeekois, du vent ! Dans notre brigade, on ne veut que des Tchétchènes. Nous, les gars, on vient d’Algérie. Des pros du terrorisme. Sans nous, vous auriez jamais réussi à créer un nouvel état.

Et puis, il y a les Belges. Toujours gentils, les Belges. Font des blagues. Cirent les pompes du chef. Z’achètent des timbres pour écrire à la famille. Travaillent de 7h 30 à 16 h 30. Consciencieusement et sans se plaindre. Sauf qu’ils ne travaillent qu’une semaine par mois. Vous êtes fous ? demande le chef. Non, c’était comme ça en Belgique. On était aux TEC. Une semaine de travail, trois semaines de grèves. Couvertes par les syndicats. Demandez à M. Goblet. C’est notre chef. Votre chef ? s’étrangle le chef. Et moi, c’est qui ?

C’est comme ça, chef, ou c’est la grève générale ! Bon, soupire le chef. Diriger un état, c’est l’art du compromis. Pardon, pardon, interviennent alors quelques autres Belges. Si vous faites des concessions aux Wallons, faut nous en faire à nous ! Qui c’est vous ? s’étrangle le chef. Nous ? Les Flamands. Nous travaillons tous les jours. Mais en échange d’une villa quatre façades, d’une 4/4 et du droit de recevoir les ordres en néerlandais.

Résultat, le chef a décidé de diviser par deux les salaires de tous les combattants. Grave erreur, mon pauvre Daesh ! Va découvrir le front commun syndical, la grève au finish, la suspension des livraisons de la FN. Et si ça ne suffit pas, la création d’un nouveau parti la N-VA (Nouveaux Voyous d’Allah) qui vont proclamer l’indépendance d’un bout de territoire réservé aux islamistes flamands, avec puits de pétrole et côte maritime.

Envoyer des Belges en Syrie ? Bravo ! Brillante idée des auteurs du programme de déradicalisation ! Et bien plus efficace que les drones.

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UN CHEVEU SUR LA LANGUE

Les grands singes occupent le devant de l’actualité cette semaine. Alors que le zoo d’Anvers vient de perdre sa star, le gorille Kumba, le parc Pairi Daiza annonce à grands fracas l’arrivée de cinq grands singes. Ne me parlez pas de coïncidences.

C’est un constat scientifique : les animaux à longs poils s’épanouissent plus facilement en Wallonie qu’en Flandre. Est-ce en effet un autre hasard si le premier libéral wallon à la tête du gouvernement fédéral est un barbu et le président de la région wallonne une tentative de  barbu alors que leurs collègues flamands sont depuis longtemps rasés de près? Il faut remonter à Achille Van Acker pour trouver un poilu du nord à la tête de la Belgique et avant lui, aux années vingt et à un certain Aloïs Van de Vyvere, qui, affichait une moustache, mais qui n’a été premier ministre qu’un petit mois, ceci expliquant peut-être cela.

Ne me dites pas que ma thèse illustre le fait que le Wallon a un poil dans la main. Je laisse ce type d’ironie à Bart De Wever et à ses sbires. Lesquels sont tous imberbes, sauf deux. La ministre flamande de l’intérieur, Liesbeth Homans, qui se bat pour mettre la Belgique à poil et le président de la Chambre, Siegfried Bracke, qui promène une triste moustache tombante de vétéran de l’armée des Indes pour éviter que les militants de son parti ne remarquent qu’il a accepté de porter la chevelure que lui a léguée la reine Fabiola.

Et les barbus de Bruxelles, où les ranger ? Parmi les Flamands ou les Wallons ? Question délicate qui touche à l’essence même de notre pays. Et qui ne concerne pas seulement les étrangers ou les réfugiés installés chez nous mais aussi les vieux Bruxellois de souche. On connaît les graves problèmes qu’a connus le capitaine Haddock quand on lui demandait s’il dormait avec la barbe au-dessus ou en-dessous des draps.

On a cru un moment qu’Olivier Deleuze affichait de superbes bacchantes pour affirmer sa virilité mais, de son bref passage à la direction d’Ecolo, on a retenu que ce caractère était plutôt celui de sa co-présidente.

Son ex-collègue, Philippe Moureaux, porte aussi quelques poils au-dessus de ses lèvres. C’était sa façon de prouver qu’il est un homme de compromis entre les barbus de sa commune et ses glabres militants. Résultat, Molenbeek est aujourd’hui le poil à gratter de l’Europe…

Certains barbus, poilus et autres donneurs de leçons, on rêve parfois de leur conseiller : cessez de nous raser et ne gardez qu’un cheveu sur la langue.

Quoi ? C’est à moi que vous dites : Ca suffit ! la barbe ?

D’accord, j’arrête ! Mais laissez-moi conclure d’une phrase, citant Lucien de Samosate (aujourd’hui, une ville de Syrie) : « Si la barbe suffisait à la sagesse, un bouc vaudrait Platon ! »

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HOMMAGE BÊTE ET MECHANT

On dirait qu’ils s’y sont tous mis en ce début d’année pour rendre hommage aux dessinateurs assassinés de « Charlie-Hebdo ». La fiesta est universelle. Jugez plutôt. La Corée du Nord donne des leçons à Bruxelles en organisant un super feu d’artifices à faire pâlir d’envie Chinois et Japonais. En Arabie saoudite, la fête des rois se célèbre en vidant les prisons devant des pelotons d’exécution. Cherchez la fève ! En Iran, en jetant dans le feu tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Wahabite. Chef d’états occidentaux cherchent dans la région islamistes modérés. Prière de s’adresser à la rédaction de « Charlie-Hebdo »…

Un peu plus loin, les Syriens s’enfuient de leur terre ravagée par leur président dément et ses fous furieux d’adversaires pour se réfugier à Molenbeek en bateau pendant que les Molenbeekois s’enfuient de Belgique, fuyant les menaces d’explosion du pays annoncées par une ministre flamande délirante, pour se réfugier en Syrie et en armoire. De l’autre côté de l’Atlantique, des fous de la gâchette terrorisent les Etats-Unis alors que les représentants des survivants au Congrès proclament qu’il faut protéger le sacré port d’armes. Président cherche sénateurs sains d’esprit. S’adresser à…

Vous imaginez comme Cabu, Charb ou Honorez auraient mouillé leurs feutres pour croquer pareils sujets ! Ils ne sauraient pas où donner du crayon…

Ajoutez-y le procès intenté par le grand mamamouchi turc, Recep Erdogan, le plus modéré  des Islamistes, à l’imam, tout aussi moderato cantabile, Fethullah Gülen. Population locale cherche Kemal Atatürk désespérément…

Comme toujours, il ne faut pas aller très loin pour alimenter les humoristes. Un petit pays d’Europe suffit à lui tout seul à remplir le quota quand le reste du monde s’assoupit. En Belgique, on n’a que l’embarras du choix. Au hasard, pour se mettre en train, il suffit d’essayer d’expliquer comment se déroule chez nous une grève du rail. De suivre sur une carte le parcours d’un train en grève autour de Bruxelles alors que les voies passent tous les quelques kilomètres la frontière linguistique, d’une région à l’autre. On tentera de raconter dans la foulée comment les syndicats qui sont face au gouvernement le plus à droite depuis cinquante ans réussissent à se faire eux-mêmes imploser. La maladie du kamikaze, décidément, est gravement contagieuse même loin des mosquées. On épinglera aussi cette « bonne idée » d’un ministre N-VA qui veut donner des cours aux réfugiés pour leur apprendre à respecter les femmes de chez nous. Et quid des Belges pur-jus-pur-souche ? Sont-ils donc tous féministes, galants et délicats ? Pour avoir une réponse objective et illustrée consultez votre collection de journaux bêtes et méchants…

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