LE SOLEIL A RENDEZ-VOUS AVEC LA LUNE

        Il est pas content le soleil. Pas content du tout. Il somnolait devant un bon feu tandis que ses neuf planètes tournaient tranquillos depuis plus de quatre milliards d’années. Ravi qu’il ne se passe pas grand-chose sur l’aînée, Jupiter, ni sur Saturne même si son anneau lui donnait de temps en temps le tournis. Pluton, c’était le froid absolu mais c’était loin de son foyer. Loin des yeux, loin du cœur. Celle qui l’a embêté un moment, c’est Mars, avec ses milliards de petits hommes verts qui sortaient on ne sait où, parlaient fort et n’arrêtaient pas de creuser des canaux à coup d’explosifs nuit et jour. Cette activité lui donnait tant d’insomnies qu’il a d’un coup aspiré son atmosphère. Un bon vent solaire, soutenu par une tempête du tonnerre de Dieu (comme nous l’a appris la sonde Maven de la NASA) et hop ! Fini les petits hommes verts !  

Restait la Terre, sa petite préférée. Devenu avec l’âge plus bienveillant, il a laissé d’autres petits hommes de toutes les couleurs s’agiter à leur tour. Ils se battaient sans cesse mais pas de quoi troubler son sommeil jusqu’il y a quelques siècles quand ils se sont mis à creuser eux aussi des canaux et à se taper sur la gueule avec de la mitraille. Mais ils s’étaient plus ou moins calmés ces dernières années. Il y avait bien une bombe ici, un attentat là, des coups d’état un peu sanglants mais tout ça ne durait pas. 

Or, voilà que les Russes s’obstinent depuis plus de deux ans à dévaster l’Ukraine à coups de roquettes et qu’au Proche Orient, l’armée israélienne bombarde Gaza après que le Hamas a dévasté le sud d’Israël. Pendant ce temps, le leader coréen bien-aimé-respecté envoie des jouets de plus en plus menaçants dans la flotte et que Poutine menace de s’offrir un délire atomique. 

Hé bien, non ! D’abord accommodant, le soleil a décidé de montrer les dents voyant que la situation devenait pire chaque semaine et que certains étaient prêts à faire sauter toute la planète.  

Notre bonne vieille étoile vient donc de faire lever une de ces tempêtes à décoiffer la Lune, niveau 5 disent les spécialistes (le niveau le plus élevé) et, si ça ne suffit pas, elle promet d’en remettre une couche de quoi mettre en l’air les installations électriques et faire taire internet pendant plusieurs mois. Compris ? Ils auront l’air malins tous ces petits agités quand leurs armes sophistiquées, drones, avions, canons dirigés par ordinateurs seront réduits à l’état de pistolets à eau. 

On ne perd d’ailleurs rien pour attendre. Dans quelque temps, prédisent les savants, notre cher astre solaire périra à son tour – car il est mortel comme vous et moi. Ce jour-là, paraît-il, les planètes quitteront leur axe pour aller errer dans la galaxie. Et on se dira enfin que notre agitation était bien dérisoire… 

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L’EUROPE, QUEL LEURRE ! 

 Dans un siècle, lorsque les touristes visiteront le musée de l’Europe, quels trésors verront-ils exposés ? Guidés par la voix de Charles Michel, reconstituée par IA, les visiteurs l’entendront expliquer pourquoi la première vitrine présente un bête fauteuil et un banal sofa. 

« Le souvenir d’une visite chez le grand chef turc. J’ai laissé le sofa à Madame van der Leyen qui était un peu fatiguée et souhaitait piquer un roupillon pendant que j’écoutais le président turc de l’époque, M. Erdogan, me raconter des salades. De toute façon, ça n’avait pas d’importance. L’Europe n’avait rien à dire en matière de politique étrangère. » 

Dans la seconde vitrine, sont pendues les photos d’un certain nombre de députés qui ont émargé au budget d’états lointains, Qatar, Maroc, Chine, Russie. Que d’argent dépensé en vain par des potentats qui s’imaginaient que leurs pauvres faisans avaient le pouvoir de vendre leur soupe à leurs collègues.   

  Dans la troisième vitrine, encore des fauteuils, 705 pour être précis, en modèle réduit. C’est le nombre de parlementaires qui siégeaient tantôt à Strasbourg, tantôt à Bruxelles, errant sur les routes tels les rois fainéants, avec cartons, assistants et secrétaires. Tout ce beau monde préparait longuement des textes qui, lorsqu’ils finissaient par être publiés, ne ressemblaient jamais à ceux qu’ils avaient votés. Car les projets étaient revus par la Commission, qui les modifiait, les édulcorait, les rendait plus compliqués, et les truffait d’exceptions pour éviter de déplaire aux uns ou aux autres. Avant que le parlement à nouveau les tricote et détricote, introduise les suggestions des lobbys qui pullulaient autour d’eux comme des colonies de moustiques. Avant de renvoyer le tout au Conseil des Ministres qui faisait de toute façon ce qu’il voulait. On lira sur les écrans accrochés au mur, des milliers de directives et de règlements qui ont ainsi été adoptés, en vingt-sept langues mais pas une seule compréhensible par les citoyens. Cent ans plus tard, soupire notre guide, on recherche encore désespérément la pierre de Rosette. 

 Et là, ce grand espace vide s’appelait l’Ukraine, c’était l’Europe et ce ne l’était pas. La Russie la tirait à elle tandis que nous nous disputions sur son sort. Finalement, on a rasé le pays, c’était plus simple, ainsi elle n’appartenait plus à personne. Nous aurions pu mettre plus d’énergie, de fonds et de célérité à la protéger et à lui donner tous les moyens de résister. Mais l’Europe n’avait rien à dire en matière de défense…

Alors que faisait ce fameux parlement ? demande un jeune visiteur. Ah ! Il a pris une série de règles en matière de dimension des poissons, notamment les directives 2019/2006 et 1224/2009.

Résultat, il n’y a plus de poissons dans nos océans…

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LES MEILLEURS MANQUENT DE TOUTE CONVICTION

  Dans la série de crises barbares que nous traversons, Ukraine-Russie, Israël-Palestine, on constate une inadéquation consternante du discours politique avec la réalité tragique des événements.

  Que Poutine raconte des craques, que les Iraniens mentent comme des arracheurs de dents (pardon à ma délicieuse dentiste !), le monde entier le sait. Mais que les représentants de nos démocraties racontent d’importe quoi face aux ténèbres, voilà qui est affligeant. 

  Yeats écrivait déjà au début du vingtième siècle : « Les meilleurs manquent de toute conviction. Les pires, eux, sont animés d’une intense passion ». (Le grand poète était aussi nationaliste irlandais.)

   Façon aimable de regretter la passivité de nos politiques qui ont fermé les yeux quand Poutine a tranquillement annexé la Crimée, découpé la Géorgie, fait occuper le Donbass, et même laissé abattre un avion de ligne avec 298 personnes à bord. Tout au long de ces années, les Européens faisaient semblant de croire qu’il suffisait d’acheter pétrole et gaz russes et faire des risettes pour que l’ours se tienne coi.  

   Chez nous aussi, on s’est beaucoup tortillé avant de soutenir l’Ukraine autrement qu’avec de bonnes paroles. Au début de la guerre, aux Ukrainiens qui demandaient des armes, notre charmante ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, promettait l’envoi de casques… Quand ils réclamaient des avions, la même refusait de se séparer de nos précieux F16 sous prétexte qu’ils étaient trop vieux. Un an plus tard, elle consent à en envoyer deux, peut-être quatre, dans deux ans. Le temps d’une cure de jouvence ? 

   La crise israélo-palestinienne a aussi entraîné un florilège de bonnes paroles sans aucune initiative concrète, notamment pour dénoncer la montée de la violence du Hamas et sa soif insatiable d’armes. Sans comprendre que cette culture de la haine engendrerait un déchaînement de sauvagerie. 

   Plus consternant encore d’entendre certaines de nos éminences fermer les yeux même après le déroulement des terrifiants actes terroristes commis par ce mouvement. Le PTB trouve la source de cette violence il y a 75 ans autrement dit, il approuve la revendication du Hamas de supprimer purement et simplement l’Etat d’Israël. Tout aussi consternant, les messages de la gauche socialiste, d’abord silencieuse devant les massacres. Puis, s’exprimant à travers une déclaration de la présidente de la Chambre, Eliane Tillieux, qui a tenté un choquant « équilibre » de condamnations, un coup contre le Hamas, un coup contre Israël. Comme l’a fait la présidente d’Ecolo. Cherche la gauche belge désespérement…

Pendant ce temps, le Comité Nobel, sauvant l’honneur des Européens, a attribué le prix Nobel de la Paix à Narges Mohammadi, qui s’est dressée contre les ayatollahs rassis d’Iran, les commanditaires des abominations du Hamas. 

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ZAPORIJJIA MON AMOUR

    Prise sous le feu russe et ses bombardements absurdes et suicidaires, la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia semble désespérée. Les dirigeants ukrainiens ne savent plus à quel saint se vouer pour éviter une catastrophe qui risque de contaminer toute l’Europe, un nouveau Tchernobyl. Les dernières déclarations du patron de l’AIEA, qui s’est une nouvelle fois rendu sur place, sont glaçantes. 

Tout semblait bloqué. Jusqu’à ce qu’un homme se manifeste pour sauver l’Ukraine, l’Europe, le monde, Georges-Louis Bouchez. Qui mieux que le président du MR peut expliquer aux Ukrainiens et aux Russes l’intérêt de conserver cette centrale et, pourquoi pas, dans la foulée, d’en créer quelques autres dans les environs, l’avenir étant au nucléaire. Un dada qu’il partage avec le président Poutine. 

Justement ces deux-là ont quelque chose à se dire. Les Russes occupent Zaporijjia mais ils ne savent comment se débarrasser de cette patate brûlante. Pas question de la restituer aux Ukrainiens. D’un autre côté, ils préfèrent être loin de là le jour où la centrale fera boum ! 

La solution de notre Mr Atomik ? Céder la centrale à la Belgique. 

Les Russes en seraient soulagés. Bon débarras ! Les Ukrainiens fêteraient le départ des Russes comme une victoire. Et les Belges y gagneraient à tous les coups. 

Mr Bouchez se vantera d’avoir réussi à mettre en œuvre sa politique en acquérant une nouvelle centrale et ses partenaires du gouvernement se réjouiront que la nouvelle centrale belge est loin du territoire national. C’est la magie de la Vivaldi, permettre à tous les membres de la coalition de remplir leurs objectifs en même temps surtout quand ces objectifs sont totalement contradictoires. Grâce à ce tour de passe-passe, on réussira une fois de plus à faire tout et son contraire : plus de nucléaire sous pavillon belge et moins de nucléaire sur le territoire belge. Nos politiciens ne sont-ils pas les plus castars du monde ? 

Reste un problème, les déchets. Quand on lui posait la question, Mr Atomik avait toujours la même réaction : il les glissait sous le tapis. 

Cette fois, il rayonne. Il a la solution. L’Ukraine est déjà tellement couverte de déchets de toute sorte depuis que l’armée russe arrose leur territoire d’obus qu’ils ne s’apercevront même pas que les Belges leur en fourguent quelques tonnes de plus, qui sommeilleront pour l’éternité dans cette terre devenue belge. 

Reste à acheminer l’électricité vers la mère-patrie. Les Russes transportaient leur gaz et leur pétrole par pipe-line. De Zaporijjia-lez-Bruxelles, ce sera plus simple encore, quelques lignes haute tension et le tour est joué. Fini les économies d’énergie et autres privations. Pour le prochain hiver, on n’aura pas de scrupules à tout allumer, à tout faire flamber, grâce à notre nouvelle centrale. 

On dit merci qui ?    

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DU PASSE FAISONS TABLE RASE

 Quel événement ! En a-t-on vraiment mesuré l’importance, pris que nous étions par les balbutiements de la réforme des retraites en France qui jette les futurs vieillards en colère dans les rues et les débats chez nous sur la création de facultés de médecine dans chaque ville et village de Wallonie ? 

C’est pourtant un véritable événement dont on ne mesure pas encore les conséquences. Il a fallu la photo officielle de la rencontre entre Xi Jinping et Vladimir Poutine pour que l’on comprenne que quelque chose a vraiment changé à Moscou. La table, la célèbre table kilométrique au bout de laquelle Vladimir Vladimirovitch plaçait tous ses invités et même ses chefs militaires s’était brutalement réduite. Et pas un peu ! Il y a un an, le plateau s’étendait sur plusieurs mètres. Pour recevoir son prestigieux hôte chinois, la table a fondu comme neige au soleil. Elle ne mesure plus que quelques centimètres. 

Assis de part et d’autre du minuscule meuble, s’il avait tendu le bras, Xi aurait pu mettre son poing dans la figure de Vlad sans effort. 

Que s’est-il donc passé pour transformer ce long mur de bois qui isolait Vladimir du monde et de ses habitants en une simple table de nuit ? 

Plusieurs hypothèses sont échafaudées dans les chancelleries. Pour certains experts, c’est la preuve que la Russie commence à manquer de carburant de chauffage. Il a fallu découper la table historique et en faire du petit bois pour alimenter le feu ouvert dans le bureau du président russe. D’autres pensent que Poutine a voulu en faire un symbole de rapprochement avec la Chine. Une façon pour lui d’inviter son puissant voisin à faire chambre commune avec lui. Viens, mon loup. Entre nous, il n’y a qu’une mince planchette sur laquelle tu peux déposer tes lunettes, un verre de vodka et tes bouchons d’oreille. (N’ai pas d’inquiétude. Je ne ronfle pas.)

Certains suggèrent même que la disparition de la table-armure qui protégeait Vladimir Vladimirovitch du reste de l’humanité est le résultat d’un sabotage de facétieux opposants à la guerre. Des membres de son entourage qui savaient qu’en subtilisant sa célèbre table, le président russe se trouverait mis à nu, aussi désarmé que Samson sans sa chevelure, Attila sans son cheval, Manneken Pis sans son zizi.

Le plus vraisemblable est que Poutine a offert son meuble le plus précieux à Xi Jinping en échange d’armes. Une table (mais quelle table ! le trésor le plus précieux du Kremlin) contre cent mille obus. Xi en rit encore (ce qui lui arrive rarement). Car Poutine a vendu son âme contre un plat de lentilles. La seule promesse qu’il a reçue est que Chinois et Russes procéderont à des exercices militaires en commun. Façon d’écarter quelques milliers de soldats russes du front ukrainien. Subtile mise en œuvre du plan de paix chinois…   

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AN INNOCENT MAN

   L’autre jour, je suis retombé sur cette chanson de Billy Joël, An Innocent Man, qui doit dater des années quatre-vingt. 

Certaines personnes restent éloignées d’une porte/
s’ils ont une possibilité de l’ouvrir/
Ils entendent une voix dans l’entrée, au dehors/
Et espèrent qu’elle finira par s’éteindre.

  La nostalgie n’est pas recommandée par la faculté – ni par les politiciens. Mais une petite bouffée de temps en temps ne fait pas de mal. Surtout que l’innocence paraît s’être enlisée quelque part sur le chemin qui menait d’hier à aujourd’hui.

   Si on remonte à l’époque où cette chanson faisait fureur dans les juke-boxes (ah ! les juke-boxes !!), l’Union soviétique coulait comme un iceberg en pleine canicule. On pensait que l’effondrement du communisme allait créer un véritable appel d’air, que la nouvelle Russie rejoindrait l’Europe et que les Russes seraient désormais nos copains et plus nos camarades. An Innocent Man était tout prêt d’y croire. 

Surtout que peu de temps après, la Russie signait avec l’Ukraine un Traité d’amitié, de coopération et de partenariat qui reconnaissait l’inviolabilité des frontières et le respect de l’intégrité territoriale des deux pays. Lesquels s’interdisaient de s’envahir l’un l’autre et de se déclarer la guerre (le Traité a été dénoncé par l’Ukraine en 2019 suite aux annexions armées de 2014).

Autre illusion d’An Innocent Man. Un an et demi après la fin de la guerre froide, sont signés les accords d’Oslo. L’image a jauni de la poignée de main des dirigeants israélien et palestinien, I. Rabin et Y. Arafat, en présence du président Clinton. An Innocent Man était persuadé que la raison avait enfin triomphé au Moyen Orient. La paix, deux états. Toutes ces choses absurdes alors que trente ans plus tard, les dirigeants palestiniens ne représentent plus qu’eux-mêmes et qu’on refuse de croire que les nouveaux gouvernants israéliens représentent l’opinion des citoyens de l’état juif. Comment réagir devant pareil gâchis, sinon se mettre la tête dans le sable sur les bords de la mer morte ?

Vous voulez encore une bouffée du temps de Billy Joël ? Tiens, le Congo. Libéré enfin de la dictature de Mobutu, les Congolais allaient enfin jouir de l’indépendance et devenir des citoyens libres, dans un pays riche…  

   Depuis le début balbutiant de ce nouveau siècle, l’Innocent Man a la tête qui tourne. A la fin de sa chanson, Billy Joël dit quelque chose comme : 

 Certaines personnes espèrent en un remède miracle/
D’autres acceptent le monde tel qu’il est./
Mais je n’ai pas l’intention de me laisser abattre/
Parce que je suis un homme innocent./

Une conclusion suivie par quelques notes sobres de guitare alors que les autres instruments se sont tus. 

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ON VA MARCHER SUR LA LUNE ?

    Comme on en a assez de marcher sur la tête, pour se remettre d’aplomb, on a décidé de retourner sur la Lune. 

   C’est sans doute une bonne idée, pour effacer cette annus horribilis, de remonter à 1969. L’occasion de rééditer quelques-uns des exploits de l’année érotique. Ainsi, on espère que le jour où les Américains débarqueront à nouveau sur notre accueillant satellite, un de nos champions en profitera pour gagner le Tour de France.

En 1969, Américains et Russes entamaient des négociations pour limiter les armes stratégiques (qui ont été concrétisées par les Traités Salt). Ça donne aussi des idées, non ? Mais que ça paraît lointain, presqu’irréel…

Les Européens se vantent que leur agence spatiale, l’ESA, et une soixantaine d’industriels du vieux continent participent de façon importante à cette nouvelle mission spatiale. Ce sont eux qui ont développé le module de service qui alimente et propulse la capsule qui va transporter l’équipage. Des Européens fiers de vaincre l’espace mais qui sont incapables de mettre fin à une guerre conventionnelle, à l’ancienne, qui ravage leur propre continent. De développer de nouvelles sources d’énergie qui nous libère des Russes et des monarchies du Golfe. De lutter de façon efficace contre le dérèglement climatique. Même pas d’empêcher le prix du pain de flamber… 

Il est donc plus facile d’envoyer des explorateurs dans l’espace (et, on l’espère, de les ramener vivants sur la planète bleue) que de donner à manger à leurs familles et à leurs voisins…  

Cela dit, tout n’était pas aussi rose en 1969. Loin de là. Avis aux nostalgiques qui rêvent d’un retour vers le futur. Le Nigéria était ravagé par l’épouvantable guerre du Biafra (lisez « L’autre moitié du soleil », le sublime roman de Chimamanda Ngozi Adichie). Le colonel Kadhafi prenait le pouvoir en Lybie, qui n’en est toujours pas remise cinquante-deux ans plus tard. Non loin de là, un coup d’état de l’armée soudanaise mettait fin à la timide expérience démocratique du pays, exactement comme un demi-siècle plus tard. Et la Chine et la Russie (l’URSS) s’affrontaient à coup de missiles et de tanks revendiquant chacun la souveraineté d’une île sur le fleuve Oussouri avant de parvenir à un accord sur la délimitation des territoires entre les deux empires vingt-deux ans plus tard. Au plus chaud du conflit, le gouvernement soviétique sonda le nouveau président américain, Richard Nixon (Trump, sors de ce corps !) pour lui soumettre l’éventualité d’une frappe préventive soviétique sur les installations nucléaires chinoises, rapporte Kissinger dans ses Mémoires. Encore un air de déjà-vu ?

1969, Poutine venait d’entrer au KGB. Et Joseph Biden au parti démocrate… 

En inversant la formule de Lampedusa dans « Le Guépard », faut-il que rien ne change pour que tout change ? 

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A TOUS PRESENTS ET A VENIR, SALUT!

Après un vote du parlement russe, le président Poutine a, d’un simple trait de plume, a annexé à la Fédération de Russie quelques provinces ukrainiennes. En bombardant Donetsk ou Lougansk, les soldats ukrainiens portent désormais atteinte au territoire sacré de la sainte Russie, alors qu’ils croyaient récupérer leurs terres.

Acquérir de nouveaux espaces par décret est manifestement plus efficace que signer un traité. Celui conclu en mai 1997 entre les présidents russe et ukrainien (qui reconnaissait notamment que la Crimée fait partie de l’Ukraine) n’est plus que chiffon de papier. Celui signé six ans auparavant à Belovej (et qui créait une Communauté d’états indépendants entre notamment Russie, Biélorussie et Ukraine) a même tout simplement disparu, comme l’a avoué l’ancien président biélorusse qui en cherchait l’original pour l’intégrer dans ses mémoires… 

Pourquoi laisser le monopole de ce système d’annexion à Poutine ? 

Le parlement belge pourrait à son tour voter l’annexion des oblasts contestés d’Ukraine, et la loi serait aussitôt signée par le Roi. A tous présent et à venir, salut ! Et hop ! L’oblast et la centrale de Zaporijia sont désormais rattachés à la province de Flandre orientale (où se trouve Doel). Justement, notre pays a une spécialité certaine en matière de centrales nucléaires défaillantes. 

Si Zaporijia devient belge, cela entraîne certaines obligations. Tous les avis punaisés aux tableaux de la centrale devront être rédigés en néerlandais. Comme toutes les communications avec le personnel, par application des décrets flamands de 1973 et 2014 sur l’usage de la langue dans les entreprises. 

En contrepartie, les habitants des nouveaux oblasts belgicisés, disposeront d’un beau passeport Schengen. Ils pourront voter, se présenter comme députés et envoyer des représentants au Parlement belge et à celui de la région flamande. Ils ne devront pas errer dans les rues de Bruxelles comme les autres étrangers abandonnés à leur sort. Il sera intéressant de suivre la campagne électorale des leaders des partis flamands, arpentant les rues de Donetsk ou de Kherson ou haranguant la foule depuis le balcon de la centrale nucléaire de Zaporijia. On suppute déjà le score du Vlaams Belang dans les quartiers russophones de Lougansk. Les paris sont ouverts. Le Roi ne manquera pas de faire une petite visite pour saluer nos nouveaux compatriotes (le port du casque reste recommandé, désolé, sire). 

Pour belgiciser la population, rien ne vaut de rebaptiser les avenues et les places qui portaient un nom trop russe. Par exemple, on inaugurerait quelques squares Leopold II (où seraient transportées les statues dont on ne veut plus ici).

A part la Russie, qui s’opposerait à ce geste généreux pour sauver l’Ukraine ? Et la Russie, on s’en fiche, non ?

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NOUS, ON A REMCO…

L’Italie a la Meloni, mélange de populisme mêlé de gouaille des faubourgs romains, de promesses intenables et d’exaltation d’une Italie où il faisait bon vivre quand elle n’était soi-disant peuplée que d’Italiens et dirigée par un chef, un homme, un vrai. 

D’accord et bonne chance aux Italiens ! Mais nous, on a Remco…

La Russie a une armée trouée de toute part, comme ses pipe-lines, des citoyens qui s’enfuient comme des lapins, des armes atomiques en guise de dernier repoussoir et surtout elle a Poutine, un chef, un homme, un vrai.

D’accord ! Bonne chance aux Russes ! Mais nous, on a Remco…

En Iran, en Afghanistan, les femmes sont reléguées au rang de citoyennes de dernière zone, obligées de se cacher sous des voiles pour ne pas ternir l’image des mâles qui ont seuls le droit de vivre normalement et d’arpenter les rues, la tête haute et la barbe au vent. Quand les femmes se révoltent, on les arrête et même on leur tire dessus. Pendant ce temps, chez nous, certains brandissent le voile comme symbole de la liberté des femmes. Allez comprendre. Car, comment le cacher, là-bas, le pouvoir n’appartient qu’aux hommes, des chefs, des vrais. 

Dommage pour les Iraniennes et les Afghanes. Mais nous, on a Remco…

Une guerre souterraine se poursuit au Yemen depuis plus de huit ans qui a fait des centaines de milliers de morts dont beaucoup de la famine. Sans intéresser les médias. Mais les images changeraient-elles quelque chose à leur sort alors que cette guerre est devenue le champ de bataille entre dictateurs islamiques iraniens et bouchers d’Arabie saoudite. Qui se disputent pour prouver au monde qui d’entre eux sont les chefs, les hommes, les vrais.

D’accord. Mais nous, on a Remco…

L’extrême droite souffle un vent glacé sur l’Europe. De la Pologne à la Hongrie, de Flandre en Espagne, de Suède en Autriche. En France, en Italie, pour accéder au pouvoir, des femmes se sont emballées dans le drapeau néo-facho. Elles feraient bien de se rappeler que ces aventures politiques ne profitent jamais aux femmes. A la fin, apparaît toujours le chef, un homme, un vrai.

Tant pis pour elles. Nous, on a Remco… 

On ne va pas chipoter, on a aussi Wout Van Aert, les Belgian Cats, les Diables rouges, le plus grand nombre de ministres et de gouvernements au km 2 de toute la planète, les meilleures gaufres de Liège du monde qui se mangent chez Siska en Flandre, Manneken Pis, Angèle et Stromae. Tous des chefs, d’accord. Mais, avouez-le, cette année, on a surtout Remco…

Ce qui magnifie Remco c’est d’avoir arrêté le temps. A suivre ses exploits, on sort de cette succession de malheurs et de drames qui rythment l’actualité quotidienne. Il nous réconcilie avec le temps long, en se défonçant pendant des semaines à pousser sur ses pédales dans des décors éternels. On respire, enfin… 

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GAZ A TOUS LES ETAGES

  Des scientifiques anglais viennent de publier le résultat de leurs travaux d’analyse de plusieurs poteries préhistoriques. On apprend ainsi qu’il y a plus de six mille ans, les habitants de quelques petites îles d’Ecosse préparaient des repas composés de céréales cuites, mélangées à de la viande et à du lait. 

  Cette découverte suscite plusieurs réflexions. D’abord, que la cuisine écossaise n’a guère progressé en six millénaires. Ensuite que le roi Charles III, grand défenseur de l’agriculture biologique, devrait s’en réjouir. Encore duc d’Edimbourg, il a développé des produits naturels, notamment des biscuits d’avoine qui n’ont pas pour peu assuré la réputation de la gastronomie de son duché. Mais surtout, les restes de ces cuissons montrent qu’il est possible de chauffer un repas sans gaz russe. 

Au début du siècle dernier, une petite plaque à l’entrée des immeubles annonçait fièrement « gaz à tous les étages ». Allons ! Nos ancêtres pouvaient se passer de ce luxe. Bientôt nous aussi. Mais comment ? 

Grâce à l’énergie nucléaire ? Les menaces qui pèsent sur toute la planète depuis l’invasion russe de l’Ukraine, la prise maladroite un moment de la terrifiante centrale de Tchernobyl puis les bombardements de la centrale de Zaporijjia, les déchets laissés à l’abandon, ceux des autres centrales y compris les nôtres offerts en héritage à nos descendants pour quelques millions d’années (c’est-à-dire longtemps après la disparition de la race humaine). Tout cela devrait nous convaincre ainsi que nos voisins de renoncer au maintien en activité de nos misérables centrales. A l’instar des Allemands.     

L’électricité non nucléaire alors ? A moins que les producteurs d’énergie ne distribuent leurs profits aux citoyens plutôt qu’à leurs dirigeants et à leurs actionnaires, ce n’est pas un bon plan pour chauffer dans l’avenir le biberon du petit et la soupe de mamie si on n’a pas gagné au Lotto. 

Le soleil ? En été, d’accord, si la planète accepte de continuer à flamber. Mais en hiver ? Est-on condamné aux sandwiches (ou aux sushis pour les fines gueules) jusqu’à ce que les rayons reviennent après les longs mois de froidure ?

Quand on y réfléchit calmement, il n’y a qu’une seule issue, le bon vieux feu de bois est le seul moyen d’assurer le chauffage dans l’avenir. Du moins si les forêts n’ont pas toutes cramées. Mais cette solution présente quelques difficultés quand on n’habite pas au château de Buckingham mais dans le deux pièces d’un immeuble tour. Comment faire ? Prendre exemple sur nos fameux lointains cuisiniers écossais. Une bonne flambée dans un local adéquat, de préférence une grotte bien ventilée, avec quelques peaux de bête en guise d’habits. Vous verrez, vous vous y ferez très bien. Après tout, à nous voir si nombreux, nos ancêtres ont bien réussi à survivre. 

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