LES  INVITES  DE  LA MAISON SUPER BLANCHE

   Que feront les invités de Donald Trump le jour d’investiture du nouveau président ? Ils applaudiront d’abord le Village People reprendre leur invraisemblable chanson YMCA, icône de la communauté gay lors de son enregistrement, il y a cinquante ans. Vivian Jenna Wilson (née Xavier Musk), la fille du milliardaire préféré de Trump (lequel n’a pas supporté que son aîné.e ait changé de sexe) a peut-être eu tort d’annoncer qu’elle quitte les Etats-Unis ce jour-là. Elle aurait pu faire la fête une dernière fois avant de larguer les amarres. Après le concert, il est vrai, les invités se retrouveront entre hétéros bien-pensant. Orban, Meloni, Milei et même Bolsonaro. On dirait que cette liste est une blague imaginée par Charlie-Hebdo. 

Trump a pourtant voulu que chaque pays soit représenté à la cérémonie par ses plus brillants représentants. Pour la Belgique, ce sera Tom Van Grieken. Geert Wilders pour la Hollande. Récompensés du magnifique score électoral qu’ils ont réalisé, preuve que certains pays d’Europe, dont le nôtre, sont mûrs pour virer trumpo-compatible. 

 Georges-Louis Bouchez espérait aussi être du voyage. Il comptait sur l’intronisation vite fait d’anciens du parti néo-fasciste « Chez Nous » en guise de laisser-passer. Mais c’est raté : en obligeant ses nouveaux baptisés Bleus à renoncer aux « idées » qu’ils ont défendues lors des dernières élections, Bouchez s’est lui-même exclu du club des copains à Trump. Caramba ! Encore raté ! 

Qu’il se console en songeant que la France sera représentée par Eric Zemmour, dont le score électoral a été autrement plus dérisoire que le sien. Et que le pauvre Trudeau, le premier mort de la guerre américano-canadienne, n’a même pas été convié à fêter à la Maison Blanche ses propres funérailles. 

On comprend que Xi Jinping, qui a trouvé un carton dans sa boîte aux lettres, s’est empressé de s’excuser de ne pouvoir se joindre aux invités. Même lui n’a pu retenir un rictus de répulsion à la perspective de se mêler à ce beau linge. 

Pourtant, on a l’impression que le nouveau président américain a voulu que ce Barnum fasse mentir cette réflexion de Marilyn Monroe : « La pire chose qui arrive aux gens quand ils s’habillent et vont à une fête, c’est qu’ils laissent leur vrai eux-mêmes chez eux. »

Ici, le pire, ils l’emmènent avec eux. Le mieux que l’on puisse espérer c’est qu’ils le laissent à la Maison Blanche avant de rentrer chez eux… 

Peut-être qu’il y aura un invité surprise à ces agapes, qui sortira du grand gâteau final avant d’éteindre les lumières. Comme le chef de la fête est prêt à tout, qui sera surpris de voir Poutine jaillir au milieu de la crème ? Caviar à volonté pour tous ceux à qui le reste de la cérémonie n’a pas coupé l’appétit…

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ZAPORIJJIA MON AMOUR

    Prise sous le feu russe et ses bombardements absurdes et suicidaires, la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia semble désespérée. Les dirigeants ukrainiens ne savent plus à quel saint se vouer pour éviter une catastrophe qui risque de contaminer toute l’Europe, un nouveau Tchernobyl. Les dernières déclarations du patron de l’AIEA, qui s’est une nouvelle fois rendu sur place, sont glaçantes. 

Tout semblait bloqué. Jusqu’à ce qu’un homme se manifeste pour sauver l’Ukraine, l’Europe, le monde, Georges-Louis Bouchez. Qui mieux que le président du MR peut expliquer aux Ukrainiens et aux Russes l’intérêt de conserver cette centrale et, pourquoi pas, dans la foulée, d’en créer quelques autres dans les environs, l’avenir étant au nucléaire. Un dada qu’il partage avec le président Poutine. 

Justement ces deux-là ont quelque chose à se dire. Les Russes occupent Zaporijjia mais ils ne savent comment se débarrasser de cette patate brûlante. Pas question de la restituer aux Ukrainiens. D’un autre côté, ils préfèrent être loin de là le jour où la centrale fera boum ! 

La solution de notre Mr Atomik ? Céder la centrale à la Belgique. 

Les Russes en seraient soulagés. Bon débarras ! Les Ukrainiens fêteraient le départ des Russes comme une victoire. Et les Belges y gagneraient à tous les coups. 

Mr Bouchez se vantera d’avoir réussi à mettre en œuvre sa politique en acquérant une nouvelle centrale et ses partenaires du gouvernement se réjouiront que la nouvelle centrale belge est loin du territoire national. C’est la magie de la Vivaldi, permettre à tous les membres de la coalition de remplir leurs objectifs en même temps surtout quand ces objectifs sont totalement contradictoires. Grâce à ce tour de passe-passe, on réussira une fois de plus à faire tout et son contraire : plus de nucléaire sous pavillon belge et moins de nucléaire sur le territoire belge. Nos politiciens ne sont-ils pas les plus castars du monde ? 

Reste un problème, les déchets. Quand on lui posait la question, Mr Atomik avait toujours la même réaction : il les glissait sous le tapis. 

Cette fois, il rayonne. Il a la solution. L’Ukraine est déjà tellement couverte de déchets de toute sorte depuis que l’armée russe arrose leur territoire d’obus qu’ils ne s’apercevront même pas que les Belges leur en fourguent quelques tonnes de plus, qui sommeilleront pour l’éternité dans cette terre devenue belge. 

Reste à acheminer l’électricité vers la mère-patrie. Les Russes transportaient leur gaz et leur pétrole par pipe-line. De Zaporijjia-lez-Bruxelles, ce sera plus simple encore, quelques lignes haute tension et le tour est joué. Fini les économies d’énergie et autres privations. Pour le prochain hiver, on n’aura pas de scrupules à tout allumer, à tout faire flamber, grâce à notre nouvelle centrale. 

On dit merci qui ?    

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LES ONZE

   Dans une précédente chronique, j’avais rappelé cette règle hitchcockienne : le film n’est réussi que si le méchant est réussi. C’est pourquoi la présence de G.L. Bouchez annonçait une issue optimiste à la négociation pour la formation du gouvernement. 

  Or, le tournage à peine terminé et le nouveau gouvernement sur tous les écrans, voilà que les dirigeants du MR se piquent de couper les ailes de leur super-star. Que s’imaginent-ils ? Que l’histoire est finie ? La vie d’un gouvernement, c’est une télénovela, un épisode chaque jour, rehaussé chaque fois d’une nouvelle crise de nerfs. N’ont-ils pas compris qu’on a besoin du méchant pour que la série se poursuive avec succès ? 

  Au lieu de quoi, cette bande de frileux a décidé de l’étouffer sous onze coussins. Onze à décider ensemble, ça va être facile ! Avant d’encombrer ainsi la cabine de pilotage, ont-ils pris la précaution de fixer les règles de vote du « groupe commandement » ? L’unanimité ? La majorité qualifiée (mais qui sera plus qualifié que son collègue ?)

Et pourquoi cette fascination pour le chiffre onze ? 

La référence à une équipe de foot ? Mais ils ont oublié de désigner l’arbitre. En cas de bagarre, qui sortira la carte rouge ? 

A moins que les dirigeants du MR aient voulu s’aligner sur le Nouveau Testament ? Les apôtres étaient douze moins le traître, Judas. Mieux valait donc éviter ce chiffre fatal. Même si on n’empêchera pas certaines mauvaises langues de murmurer que, même sans Judas, il risque d’y avoir onze traîtres autour de la table du MR. De plus, il est difficile de comparer G.L. Bouchez à Jésus. Lui qui affiche plutôt le physique de Méphistophélès dans « La Grande Vadrouille ». Le bougre a eu raison de choisir l’image du diable. Car, sur le Chemin de Croix, la onzième station est celle où Jésus est cloué sur la croix…

  En constituant ce G-11, peut-être ont-ils également pensé au Carnaval rhénan, dont 11 est le chiffre magique. Le Carnaval commence le 11/11 à 11 h 11. Un cortège monstre, où l’on se moque de tous les événements politiques du moment et qui met, pendant un jour, les femmes à l’honneur. Elles invitent les hommes à vider une Kölsch (la bière rousse de Cologne), embrassent ceux qui leur plaisent et coupent les cravates de leurs collègues. Allez, Sophie Wilmès ! Allez, Marie-Christine Marghem ! De Cologne à la rue de Naples, il n’y a qu’un pas. 

Après le Jour des Femmes, vient la Semaine des Fous, ce qui promet encore bien du plaisir au pauvre président Bouchez…

 Combien de temps ce G-11 pourra-t-il tenir ? Le gouvernement vient de réduire la bulle à quatre. Le rafistolage du parti commence bien ! Il y en a déjà sept qui sont condamnés à avaler le redoutable « bouillon de onze heures » …

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LE VERT EST DANS LE FRUIT

  Le pangolin, une race menacée d’extinction par la chasse que lui livrent frénétiquement les amateurs de ses étranges écailles, a trouvé la parade : le coronavirus. Brave petit mammifère qui serait à l’origine de l’épidémie. 

  De son côté, la tomate elle aussi en a marre que les humains la mettent à toutes les sauces. En réaction, elle a développé elle aussi un virus, le BRFV, qui décolore les fruits, les déforme et les couvre de marbrure. Ce germe ne serait pas transmissible à l’homme. Mais qui aurait envie de croquer dans une tomate qui a l’aspect d’un zombie ? 

  Dans les forêts, les scolytes (espèces de coléoptères) sont à leur tour devenus fous. Eux qui ne s’attaquaient qu’au bois mort s’en prennent désormais aux arbres vivants – notamment aux épicéas wallons- réaction, paraît-il, au réchauffement climatique. 

 La nature devient folle, voilà enfin une explication scientifique au mal qui a atteint aussi les démocraties et les détruit de l’intérieur. Elections à répétition en Espagne, en Israël – bientôt sans doute en Belgique. Montée des extrêmes. Impossibilité de former un gouvernement. La faute aux désordres causés à l’environnement, à une maladie devenue épidémique ?  

  C’est aux sciences exactes qu’il faut demander un remède à notre blocage institutionnel, à l’anémie du compromis à la belge, plus aux sciences humaines. 

  En le regardant au microscope, on comprend mieux l’étrange rigidité du CD&V qui rappelle la dégradation des tomates infectées par le BRFV ou la propagation du COVID- 9. 

  L’ancien parti dominant de la vie politique belge a fondu comme neige au soleil (déjà un effet du réchauffement climatique ?) et ses membres se mangent entre eux, comme pris de folie anthropophage. De plus, ils se collent à leur principal concurrent, qui leur a pourtant piqué l’essentiel de leurs électeurs, telle une plante parasite, comme s’ils essayaient de sucer leur ami-ennemi pour se redonner une bouffée de tonus. Sans aucune précaution contre les virus du parti séparatiste.

  Et comment expliquer les inimitiés des ex-partis frères libéraux et socialistes autrement que par le désordre climatique et l’apparition de nouveaux virus ?

  Le socialiste flamand qui oserait prendre la défense de Paul Magnette après qu’il ait dit simplement non à la N-VA serait considéré comme dangereusement infecté par les bactéries wallonnes. Et gare au libéral flamand qui ne prendrait pas ses distances avec les déclarations d’amour à une Belgique plus unitaire de Georges-Louis Bouchez. Il serait aussitôt placé en quarantaine, un masque sur la bouche, le temps d’être soigné ou de périr.  

   C’est une chance que les soins de santé soient restés compétence fédérale. Le même remède de cheval aux politiciens du nord comme du sud, cela va peut-être sauver le pays mais gare aux dérapages budgétaires !

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