LAST PICTURE SHOW

 Voilà plus de vingt ans que je vous promets que j’en « dirais même plus ». Pour cet ultime rendez-vous, je vous annonce que je ne dirai plus rien !

   Merci à vous d’avoir pris chaque semaine quelques minutes pour sourire ou partager mes grognements et révoltes. Grâce à la magnifique liberté que m’a laissé notre quotidien favori, j’ai pu évoquer tous les sujets qui me turlupinaient même hors de l’actualité. Toi qui pâlis au Nom de Vancouver, légèreté de la poésie belge dans un monde de brutes. Le chroniqueur, c’est ça : être en phase avec les infos brûlantes (Certains l’aiment chaud) en les lisant de manière décalée ou revenir sur des sujets oubliés. J’ai aussi pu saluer quelques auteurs que j’aime de Mario Soldati à Marion Hänsel, de John Buchan à Chantal Akerman. Et au magnifique duo filmant, les frères Dardenne (Fiat Lux car ils ont aussi reçu le prix Lumière au milieu de leurs statuettes dorées). 

Merci à tous ceux et celles qui ont pris la plume. Je garde vos témoignages, accords et désaccords. Nous nous sommes tant aimés ! (clin d’œil à un de mes films-culte). Juste en lisant les titres, vous lisiez en moi. Le coup de points, Salut aux coureuses d’aventures ou le Dernier Tweet du président Trump (en février 2018). Déjà il ne savait plus où donner de la tête. Avant de se demander où il irait poser ses valises à la fin de son mandat (Si par une nuit un voyageur…) L’Américain sans Frites a toujours été un bon client pour le chroniqueur.

J’aimais aussi raconter que La Maladie est dans les Pouilles, Atomic-mac sur les errances des déchets atomiques, Sommeil mondial sur le Climat. 

Le Covid a avancé masqué pendant des mois : One for my baby ou comment fêter la Saint Valentin sous covid, car Survivre ne suffit pas. 

En 2019 déjà, Apocalypse now ! pour évoquer l’état du monde. Quelques semaines plus tard Après la Catastrophe ! Sans compter l’année suivante Le Retour de Frankenstein ! Et OTAN en emporte le Vent. Rien de neuf décidément sous le soleil et sous les bombes! En 2022 on est passé de Qatarstrophe à Qatarsis… Espérez le meilleur, se préparer au pire.

Zwanze ? Non Peut-être : Bruxelles n’a cessé d’être à l’honneur malgré les turbulences de la planète. Des Crapuleux de ma strotje à Babel Brussel. Dès 2016 déjà, Sauvez Bruxelles ! Et Sourate, vous êtes filmés ! qui rappelle l’épisode ubuesque d’un iman récitant le Coran à la tribune du pathétique parlement bruxellois. 

Nos sympathiques dirigeants ont été des stars  comme dans Francken ou Frankenstein ou Théo rame mais ne se rend pas. Bart au bois dormant et en 2011 Les Douze travaux de Super Didgé mais aussi La Nuit des longs couteaux pour raconter la nuit électorale de 2010 ou Duel à OK Vilvorde en 2008. 

Saluant aussi les petits chefs de nos voisins comme dans encore La Position du Président mou ou en 2012 Ne Mélenchon pas les pinceaux. Epinglant au passage les 27 : l’Europe, quel Leurre.  

Les antiques chroniques nous préparent souvent au « bel aujourd’hui ». En 2010, le président iranien, Ahmadinejad criait que la présence d’Israël au Moyen Orient, « ne serait-ce qu’un centimètre du sol de la région » est « source de menaces, de crises et de guerres ». Et qu’il est temps de « balayer l’état sioniste bien loin ». Ca tombe bien, ajoutait-il, on aura des missiles dans pas longtemps.   

Dès 2006, la Course au hooligan sauvage s’inquiétait de la violence de plus en plus présente dans les commentaires alors que Facebook était à peine balbutiant… Aïe Phone ! Aïe Phone ! Aïe Phone ! 

Si cet au revoir s’intitule The Last Picture Show, il aurait pu reprendre le titre d’une chronique ancienne : Le Dernier qui part jette la clé.

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CERTAINS L’AIMENT CHAUD

   J’entends autour de moi les plaintes incessantes, fait trop chaud, vivement l’hiver, etc. Le tout accompagné du classique : c’était mieux avant. Vous voulez dire lorsque la pluie arrosait la digue de La Panne à Knokke pendant tout juillet ? 

  D’accord, il fait brûlant partout. Ça monte, ça monte. Et ce n’est que le début. 

   Est-ce l’effet de la météo si les va-t’en guerre qui mettent la planète à feu et à sang, donnent l’impression d’avoir la cervelle en fusion ces dernières semaines sous l’effet du thermomètre ? Les Poutine, Netanyahou, Trump nous emmènent à tombeau ouvert droit dans les fourneaux brûlants de l’enfer.

   Comment apaiser les éléments déchaînés ? Ce n’est pas en manifestant dans les rues qu’on va ralentir le dérèglement climatique. Désolé, les gars ! Faut trouver ailleurs quelques trucs plus efficaces pour souffler un peu de froid en attendant l’automne lointain. 

   Un bon exemple de lutte contre le réchauffement nous est donné par les politiciens de Bruxelles qui ont eu la bonne idée de geler toutes relations entre les partis. Les socialistes flamands claquent la porte des socialistes francophones lesquels repoussent les avances des libéraux francophones, eux-mêmes sabotés par les libéraux flamands… Bravo, eux ont brillamment réussi à faire glacial à tous les étages !

   Bel effort aussi des agences de notation, qu’on ne savait pas si soucieuses du réchauffement climatique. Elles ont dégradé le même jour la note de la région bruxelloise et celle de la Belgique. Merci pour ce petit coup de froid ! A voir la détérioration accélérée de nos finances publiques depuis que Bart De Wever a pris le pouvoir, le gouvernement ne devrait plus être dénommé l’Arizona mais plutôt l’Alaska.  

   Autre effort pour glacer l’atmosphère, la nouvelle course aux armements dans laquelle se sont jetés la plupart des pays européens. Les marchands d’armes n’en croient pas leurs yeux devant l’avalanche de commandes depuis que Trump a lâché la protection du ciel européen et décidé de déplacer la Riviera loin de la côte d’Azur et de l’Italie.   

Mais le pire du chaud n’est jamais certain. Baudelaire prédisait : « Bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres/ Adieu vive clarté de nos étés trop courts » ! 

Quelques récits post-apocalyptiques nous ont déjà fait entrevoir la vision d’un futur épouvantablement glacé plutôt que brûlant et aride comme la série de Georges-Jean Arnaud « La Compagnie des glaces » (98 volumes !) ou ce passionnant « Sixième Hiver » de John R. Gribbin et Douglas Orgill (Points Seuil) qui décrit l’ère de glaciation qui paralyse l’Europe après la disparition du Gulf Stream, une prévision d’ailleurs posée très sérieusement par plusieurs scientifiques. Peut-être qu’ils se trompent ? « Nobody is perfect » comme le lançait Joe Brown à Jack Lemmon en ultime réplique de « Some like it hot »…

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TROP DE CAPITALES TUE LA CAPITALE

Je me souviens quand, enfant, je jouais dans les rues de Schaerbeek sans peur et sans reproches, et rarement dans les clous. C’était pas mieux avant mais… La mort de Fabian, non !
Quel est le lien entre la mort de Fabian, 12 ans, écrasé par un policier inconscient et incompétent de Ganshoren et le vide politique qui laisse la région bruxelloise dériver doucement vers les récifs sans capitaine ni marins à bord ?
L’effacement de la norme dans un cas, l’absence de normes dans l’autre. Plus personne pour tenir la barre, faire vivre la ville, la faire respirer, la réglementer.
La mort de Fabian n’est pas un fait divers. C’est un signal d’alarme. Qui montre que la capitale approche dangereusement du gouffre. Un événement qui met les femmes et hommes politiques bruxellois devant leurs responsabilités. Cette ville n’est plus gérée, plus tenue en mains, plus organisée ni contrôlée. La région ne contrôle pas la police mais elle est symbole d’une autorité. Tout va aller de plus en plus en quenouille à l’image du fonctionnement des forces de l’ordre. Dont les circonstances qui ont précipité la mort de Fabian est un terrible révélateur. On peut entendre la plupart des bourgmestres s’égosiller pour s’opposer à la fusion des polices mais leur discours n’aurait de sens que si la police dans son organisation actuelle faisait tout simplement son job correctement.
Comment ne pas mettre en regard la multiplication depuis des mois des fusillades à Bruxelles que rien ni personne ne parvient à enrayer et dont les auteurs se promènent tranquillement dans la nature et la course poursuite d’un jeune flic qui a vu trop de mauvais westerns et qui a pris un petit gamin pour un méchant Indien ?
Un flic à qui on a manifestement oublié d’apprendre comment se comporter vis-à-vis des citoyens notamment dans une situation aussi banale que celle-ci, un petit garçon s’enfuit dans un parc, effrayé par la ruée de voitures de flics lancés à sa poursuite.
Dans cette histoire, les autorités judiciaires de Bruxelles elles aussi ont tout faux. On se frotte les yeux à lire le communiqué du parquet qui n’a pas un mot pour la mort scandaleuse de cet enfant, pas un mot pour ses parents, ses camarades choqués, ébranlés peut-être pour des années, mais qui ne trouve que la presse à fustiger parce qu’elle a profité de la « fuite » d’un procès-verbal d’audition du policier en cause alors que toute la population s’énerve devant le silence des enquêteurs.
De même comment ne pas être ébahi que la police chasse avec des canons à eau des manifestants venus exprimer leur émotion. Regardez ailleurs, braves gens. Surtout pas vers nous.
On se demande si Bruxelles n’est pas écrasée par trop de responsabilités, qu’elle n’en peut plus de son rôle de capitale multiple. De la Belgique, de la Flandre, de l’Union européenne…
Trop de capitales tue la capitale.

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ILS VIENNENT MANGER LE PAIN DES FRANÇAIS

Pendant que des milliers d’habitants du sud tentent à tout prix de se réfugier dans le nord, dans nos contrées, des milliers de touristes du nord se pressent pour aller se bronzer dans le sud. Etrange phénomène de vases communicants. Etant entendu que les conditions d’accueil dans le sud sont autrement plus chaleureuses que dans le nord. Et les canots pneumatiques plus sûrs quand ils flottent sur la Méditerranée que dans la mer du Nord. Encore qu’il suffît d’une grève des travailleurs des transports, d’une longue coupure d’électricité ou de retards dans les aéroports pour semer un désordre ravageur pour les touristes égarés qui n’a rien à envier à celui qu’affrontent les immigrés face à la police des étrangers. (Sauf que pour ces derniers, le chaos est permanent et sans espoir). Fallait tout de même contempler l’aéroport de Zurich en début de semaine où des centaines de voyageurs avaient raté leurs connections vers le sud à cause de multiples retards des avions venus du nord, dus à des orages. Ils étaient laissés à l’abandon par les quelques employés de la compagnie aérienne Swiss, complètement dépassés par ce bête événement somme toute banal. Qui, devant les protestations des voyageurs à la dérive, n’ont rien trouvé de mieux que de faire venir la police.

Aucun parti politique du sud n’a encore pensé à faire campagne contre l’arrivée des touristes (et de leurs euros ou dollars) dans leur contrée ensoleillée même si à Venise ou Barcelone, certains y songent sérieusement.
En revanche, sous nos cieux toujours gris, les anathèmes contre les gens du sud sont devenus le meilleur carburant pour booster des partis, des hommes et des femmes politiques, qui n’ont rien d’autre à offrir comme programme. Mais cette haine suffit manifestement à satisfaire de plus en plus d’électeurs. Et porte au pouvoir des gens qui en d’autres temps auraient paru absurdes. De Trump à Meloni et au nouveau président polonais, Karol Nawrocki. En attendant le Vlaams Belang, le Rassemblement national en France ou Chega au Portugal (dont les habitants semblent avoir perdu la mémoire des dizaines d’années sanglantes de la dictature de Salazar et de ses émules).
Même les Pays-Bas, qu’on croyait un modèle de démocratie, se sont laissé emporter par les fantasmes de Geert Wilders, qui désormais fait la pluie et le mauvais temps chez les Bataves. Et qui fait sauter le gouvernement hollandais parce qu’il n’adopte pas, au pas de charge, les mesures délirantes de son programme de campagne contre les étrangers.
Que ceux qui ont peur de la « submersion » découvrent ou récoutent cet ancien sketch de Fernand Raynaud « Je suis douanier mais j’aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français ». Un remède contre la connerie…

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COMMENT DIT-ON BRUXELLES, MA BELLE EN UKRAINIEN ?

Pendant que Trump bavasse au téléphone avec Poutine, celui-ci, mains libres, appuie sur les petits boutons multicolores de sa console illuminant le ciel des villes ukrainiennes de mille loupiottes mortelles. Kiev va-t-elle longtemps résister à ces assauts ? Et la fière Odessa ? Des villes symboles que l’horrible Vlad veut effacer de la carte pour assurer enfin son inaccessible victoire.
Une opération surprise pourrait déstabiliser l’autocrate russe : si les Ukrainiens abandonnent leur capitale ou plutôt décident de l’établir ailleurs. Osera-t-il alors encore lancer ses bombes si l’Ukraine installe sa capitale ailleurs, par exemple à Washington ? On imagine mal qu’il envoie même un petit drone d’observation dans le quartier de la Maison blanche. Alors, une idée ingénieuse ? Hélas, non.
Avec le tonitruant et imprévisible président pour dicter les conditions du bail, le loyer risque d’être exorbitant et les obligations de la copropriété impossibles à assurer. D’autant qu’elles changeront chaque jour.
Déplacer la tête de l’Ukraine aux Etats-Unis est sur papier un bon plan mais avoir le président Trump au-dessus de la tête qui dicte sa loi et la change d’heure en heure, mieux vaut encore vivre sous les assauts de Poutine.
Alors où déplacer Kiev ? Ça tombe bien : il y a une ville du monde qui n’a ni dirigeants ni gouvernement ni aucune autorité pour la gérer. Une ville à prendre à qui veut – à condition de ne pas être trop regardant. Bruxelles. A deux mille kilomètres à peine de Kiev.
Zelensky dans les habits de ministre-président de la région bruxelloise, avouez, ça a une autre gueule que David Leisterh, Ahmed Laaouej ou ce pauvre Rudi Vervoort. S’il s’ennuie, il peut en plus devenir bourgmestre de Molenbeek, il n’y a plus personne de vivant là-bas du côté de l’hôtel communal.
A la tête de la capitale de l’Europe, devenue celle de l’Ukraine, le président à la double casquette pourra défier l’armée russe, protégé par le siège de l’OTAN et des institutions européennes. La narguer, lui crier : vas-y si tu oses ! On voit mal Poutine envoyer ses chars sur la place de Brouckère, d’autant que les boulevards qui y mènent sont piétonniers.
Reste un problème de taille : la police des étrangers, poussée par Bart De Wever à mettre hors du pays tout ceux qui ont un accent étranger quand on leur demande de prononcer les mots « schild en vriend ».
A peine aura-t-il mis le pied sur notre petite terre sacrée, Zelensky sera prié de faire la file au Petit-Château avant d’errer dans la ville faute de place d’accueil. Avec le risque d’être expulsé manu militari par les soldats belges faute de permis de travail.
Mais je suis sûr que tous les lecteurs du Soir accueilleront ce clandestin à bras ouverts…

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MOI, BENJAMIN FRANKLIN …

Moi, Benjamin Franklin, père fondateur des Etats-Unis, ne me demandez pas de dire du mal de son actuel président, le 47 ème du nom, M. Donald Trump. Si c’est pour ça que vous m’avez sorti de mon sommeil, vous vous êtes mis le doigt dans l’œil.

J’entends que certains lui reprochent de limiter l’immigration, de renvoyer chez eux ces millions d’étrangers qui sont venus s’installer chez nous. J’ai moi-même donné l’exemple en m’opposant à l’arrivée massive d’immigrants allemands. Je me suis inquiété de ce que notre langue risquait de disparaître, noyée par le sabir de ces « rustres de Palatins » dont j’affirmais qu’ils ne faisaient même pas partie de la race blanche. Comme je le disais : « Les femmes allemandes sont généralement si déplaisantes pour l’œil anglais qu’il faudrait une dot considérable pour inciter un Britannique à accepter un tel mariage ».
Avouez, j’ai eu du flair. On a fini par leur faire la guerre aux Allemands. Pourtant, malgré leur défaite, ils n’ont cessé de nous envahir avec leurs sacrées bagnoles, leurs produits pharmaceutiques. Pour 161 milliards d’euros rien que l’an dernier. Vous imaginez le nombre de billets portant mon effigie que les Américains leur ont versé ? Là encore, Trump a bien fait de leur coller de sacrés droits de douane pour arrêter ce flux. Consommons peu mais consommons américain.
Que dites-vous ? Que Trump est d’origine allemande ? Que ses ancêtres étaient bavarois ?
Ah oui ? Dans ce cas évidemment, je suis d’accord avec vous. Il faut faire attention à certaines de ses décisions nées peut-être d’une mauvaise influence teutonne.
Je comprends mieux alors pourquoi ce fils de Palatin s’en est pris à la science. Trahissant une de mes plus importantes activités. Ainsi donc, si Trump avait été président, il m’aurait empêché d’apporter au monde des inventions comme le paratonnerre, les lunettes à double foyer ou le poêle à combustion contrôlée. Empêché de mener à bien mes travaux sur l’électricité. Et qu’aurait-il fait de mes recherches dans le domaine de la météorologie, où je me flatte d’avoir été pionnier ? Voilà que vous m’apprenez que Trump veut liquider la NOAA, l’Administration des Océans et de l’atmosphère, à licencier mille scientifiques qui y travaillent, à supprimer les alertes météo, à ne plus communiquer avec leurs collègues étrangers, à faire disparaître ceux qui luttent contre les changements climatiques et avant tout les observent et préviennent les catastrophes. Alors là, je dis non ! Pas touche à la météo ! Une science américaine ! Dire que j’ai été le premier à cartographier le Gulf Stream. Que va-t-il devenir si on le laisse à l’abandon ?
Au lieu de s’agiter comme un moulin à vent, que Trump se rappelle que « En ce monde rien n’est certain que la mort et les impôts ».

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BACK TO THE FUTURE

Donald Trump n’a plus le monopole des initiatives absurdes. A moins que ce ne soit une maladie contagieuse. Dans le genre, on relèvera la proposition des socialistes français et de Gabriel Attal, le chef du parti macroniste, de nommer général à titre posthume Alfred Dreyfus, sa carrière ayant été interrompue par l’abominable procédure qui l’a mené pendant quelques années à casser des cailloux à l’île du Diable.
Quand on n’a aucune maîtrise sur le présent, aucun projet pour faire évoluer la société française, réécrire le passé est une idée qui en vaut une autre.
Voici quelques suggestions de la même eau susceptibles de réparer d’autres bêtises historiques et, qui sait, remettre l’histoire sur la bonne voie.
Ainsi, le Parlement français pourrait revenir sur sa décision de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 (à l’unanimité moins trois voix) et de confier rétroactivement la direction de l’état français au général de Gaulle. Ce renversement mérite d’être tenté pour vérifier si le reste de l’histoire en est automatiquement modifié. Ce qui ne surprendra pas les amateurs de la théorie quantique.
Dans la même veine, Philip Roth imaginait dans un de ses meilleurs romans, « Le complot contre l’Amérique » (Folio), qu’aux élections présidentielles de 1940, Roosevelt était battu par Charles Lindbergh. Entraînant le refus des Etats-Unis d’entrer en guerre contre l’Allemagne et des conséquences inquiétantes aussi pour la population juive de l’arrivée à la Maison Blanche d’un admirateur d’Hitler.
En 1908, notre Chambre des Représentants accepta (sans enthousiasme) le testament du roi Léopold II qui léguait l’état du Congo à la Belgique. Revenant sur ce vote, la Chambre pourrait refuser rétroactivement le legs. Effaçant de cette façon le Congo belge et toutes les conséquences de la colonisation. Faisant ainsi une belle application de la cancel culture. Ce qui permettrait notamment de faire cesser les accusations incessantes contre la Belgique désignée comme responsable de toutes les catastrophes actuelles qui se déroulent en R.D.C.
Dans ce petit jeu qui permet aux autorités d’aujourd’hui de remettre à plat les bêtises d’hier d’un trait de plume, on peut aussi compter sur la Douma, prête à désigner Vladimir Poutine comme secrétaire général du parti communiste dès avril 1922, effaçant Staline comme celui-ci a effacé la plupart des Bolchéviques qui entouraient Lénine.
Grâce à cet audacieux raccourci, Poutine n’aura pas besoin d’attendre inutilement la chute de l’URSS pour envahir ses voisins, tuer les meilleurs de sa population et chasser les autres.
Dans ce cas-ci, on doit reconnaître l’échec de la politique de Back to the Future pour nettoyer le passé. Mis à part la moustache, rien ou si peu permet de distinguer Staline et Poutine…

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COUPS BAS A BACKOU

   Désolons-nous une fois de plus de la myopie des observateurs internationaux et autres bonnes consciences. On a l’impression que les événements qui se déroulent à Gaza et la guerre menée par la Russie à l’Ukraine doivent occulter toutes les autres atteintes graves aux droits de l’homme, dont le catalogue des méfaits est plus long que celui de la Série Noire et souvent tout aussi anciens (elle fête 80 ans d’existence et 2.743 titres numérotés).

   Il y a des méchants qu’on dénonce à grands cris et d’autres, tout aussi affreux, dont on glisse les diableries sous le tapis. On ne sait où donner de la tête entre les exactions des militaires birmans et de leurs collègues soudanais, et les Houthis qui ont réduit leur pauvre pays, le Yemen, à une terre perdue comme le font les autres suppôts de l’Iran, le Hamas et le Hezbollah. 

 L’actualité remet en lumière une autre dictature où les atteintes aux droits de l’homme semblent timidement acceptées par les démocraties européennes, l’Azerbaïdjan. 

  L’Azerbaïdjan et l’Arménie se disputent depuis un siècle au moins la région du Haut Karabagh, peuplée en grande majorité d’Arméniens mais géographiquement une enclave dans le territoire azéri. Ce qui a conduit à plusieurs pogroms d’Arméniens par les Azéris dès la fin de la première guerre mondiale puis après l’effondrement de l’URSS. Auto-proclamée république indépendante, le Haut Karabagh a été attaqué au cours de deux guerres en 1994 et 2020 par les Azéris (avec l’aide des Turcs) puis annexé par les Azéris en septembre 2023 poussant l’essentiel de la population à fuir leurs terres et à se réfugier en Arménie (à laquelle la Russie a proposé son aide avec le résultat que l’on devine). 

Ce nettoyage ethnique et cet anschluss n’ont pas encore comblé le potentat azéri, Ilham Aliyev. Cerise sur le gâteau, il a envoyé les principaux ex-dirigeants vaincus et un certain nombre d’autres otages devant ses « tribunaux ». Ces hommes, a relevé le Parlement européen dans une résolution du 13 mars 2025, ont été soumis à des traitements inhumains et dégradants. Aussi, le Parlement a demandé la suspension du protocole de partenariat entre l’UE et l’Azerbaïdjan de 2022 dans le domaine de l’énergie et insisté pour lier tout futur accord de partenariat entre l’Union et l’Azerbaïdjan à la libération des prisonniers politiques et à une amélioration de la situation des droits de l’homme dans le pays, un sacré chantier. 

Vœux pieux évidemment car depuis la suspension des accords de fourniture d’énergie avec la Russie, l’Europe s’est jetée sur le gaz azéri dont les importations devraient doubler d’ici deux ans. 

Pour éviter de l’eau dans le gaz qui viendrait couper le robinet, les dirigeants européens et la commission préfèrent regarder ailleurs cette nouvelle persécution des Arméniens et des opposants azéris.

Songeons-y en préparant notre repas sur le réchaud à gaz ce soir…   

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DOCTEUR FOLAMOUR

   Guidé par une vision politique qui fait l’admiration de ses fans, Donald Trump avait déchiré en 2018 l’accord conclu par son prédécesseur avec l’Iran pour contenir les velléités nucléaires de la république des mollahs. Résultat, à son retour à la Maison Blanche, le leader éclairé doit constater que l’Iran a progressé à pas de géant dans ses investissements et est sur le point d’entrer en possession de l’arme atomique, si elle ne l’a déjà. Voilà Trump II obligé de rattraper les gaffes à gogo de Trump I en envoyant fissa ses diplomates négocier avec Téhéran on ne sait trop quoi puisque les mollahs, on s’en doute, ne lâcheront pas la proie atomique pour l’ombre américaine. 

Le président génial se consolera en revoyant le meilleur film de Stanley Kubrick « Docteur Folamour ou Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe ». Qui se termine dans un énorme nuage en forme de champignon.

Bah ! On se consolera en songeant que le Pakistan, l’Inde, la Chine, la Russie, la Corée du Nord et sans doute Israël possèdent aussi leur bombinette pleine de champignons. Une de plus, une de moins… 

Quand on s’aperçoit des ravages occasionnés par la catastrophe de Tchernobyl puis celle de Fukushima dont les effets vont s’étendre pendant des siècles, on se demande comment de beaux esprits peuvent dissocier en matière de risque nucléaire bombe et centrale. 

L’un est militaire l’autre civil ? Dites ça aux Ukrainiens, dont la centrale de Zaporijjia a été touchée à plusieurs reprises par des tirs de l’armée russe et qui doit ressembler après trois ans de guerre à un décor du film Brazil. 

La Belgique a voté en janvier 2003 la fin de l’énergie nucléaire pour la fourniture de l’électricité mais les dissensions politiques à la belge n’ont cessé de remettre en cause cet engagement fixé en 2025. On y est. En guise de cadeau d’anniversaire, voilà que la Chambre a voté en commission la fin de la fin du nucléaire… 

Autrement dit, elle déchire la loi de sortie du nucléaire votée en 2003 comme Trump a déchiré l’accord sur le nucléaire iranien en 2018. Alors que l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie par exemple ne sont pas revenus sur leur décision de bannir le nucléaire civil. Mais, selon un bon dicton bien de chez nous « faire et défaire c’est encore travailler ».  

Aucun risque, nous assurent les esprits brillants qui nous dirigent. Qui peut craindre un tsunami à Doel ou à Tihange ? D’accord mais à Tchernobyl, c’est une bête défaillance des machines qui a fait exploser le bazar. Comme quelques années plus tôt aux Etats-Unis à Three Mile Island où on a échappé par miracle à un désastre aussi dévastateur qu’en URSS et au Japon. 

Est-ce une coïncidence si la mise à la poubelle de la loi de 2003 se fait au moment où on décide de ranger au placard la lutte contre le dérèglement climatique pour privilégier le retour aux investissements militaires ?

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