SOFAGATE – SAISON 2

Erdogan contraint à un second tour, quelle mauvaise nouvelle pour les parlementaires wallons. Empêtrés dans le Fauteuilgate, ils espéraient liquider vite fait-bien fait tout ce mobilier clinquant, doré, somptueux qu’ils avaient commandé à une société amie pour le fourguer au président turc, qui a un besoin urgent de fauteuils confortables. Tapes à l’œil de préférence. Une fois réélu, il verra en effet défiler à Ankara les représentants de la communauté internationale, venus lui rendre hommage comme ils le font souvent quand un homme a réussi à montrer qu’il est le plus castard de tous. Pas question alors pour le président Erdogan de se retrouver comme il y a deux ans sans même une chaise de cuisine à offrir à la présidente de la commission européenne. On pourrait évidemment suggérer à M. Michel, qui ne voyage qu’en jet privé depuis qu’il a été couronné Charles roi de l’Europe, d’emporter un siège avec lui plutôt que de piquer celui du grand vizir sous le nez de sa collègue. Mais les autorités européennes risquent de refuser de couvrir cette nouvelle dépense somptuaire. 

  L’ancien président du parlement wallon et son greffier, qui font des efforts méritoires pour se faire pardonner leurs extravagances, se remuent sans compter (compter n’a jamais été leur spécialité) pour aider le Parlement à se débarrasser de leurs casseroles. 

  Après la tentative de céder le nouveau mobilier d’apparat à la Turquie (deux millions d’euros), ils tentent de revendre aussi le tunnel qu’ils ont fait construire pour que les députés ne se mouillent pas leurs petits souliers vernis. Mais l’ouvrage est difficile à liquider (trois millions d’euros). 

Au beau temps du mur de Berlin, ils auraient trouvé plein d’amateurs pour acquérir leur beau tunnel. Mais aujourd’hui à qui le refiler ? Aux migrants sud-américains qui pourront ainsi se glisser sous la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ? Graisser la patte d’un patrouilleur américain, même de toute une brigade, est beaucoup moins cher. 

Aux Turcs à nouveau ? Pour ouvrir un passage souterrain avec l’Ukraine à l’abri de la mitraille russe ? C’est une idée mais elle se heurte à un obstacle politique. Le président Erdogan préférant s’afficher avec son collègue Poutine qu’avec son voisin Zelensky, il voudra éviter les amers reproches du président russe si certains utilisent le tunnel wallon pour convoyer des armes vers les Ukrainiens. Non merci ! Vos meubles, d’accord mais le tunnel, gardez-le ! Moi, je préfère garder son amitié.   

Resterait alors, en désespoir de cause, à vendre les parlementaires eux-mêmes pour combler les déficits. Petite consolation. Les excellences wallonnes pourront se rendre à Istamboul par l’Orient-Express. Mais, attention, si les meubles sont magnifiques, ils sont vissés au plancher ! 

www.berenboom.com  

HOU, HOU ! FAIS-MOI PEUR !

  Il paraît qu’on enregistre dans plusieurs régions du monde un retour remarqué des fantômes. On les croyait oubliés, tremblant de froid, le suaire humide, leurs vieilles chaînes rouillées, dans quelque château d’Ecosse depuis plus d’un siècle. Et les samouraïs vengeurs du Japon, on les disait disparus dans l’explosion de la première bombe atomique à Hiroshima le 6 août 1945.

   Est-ce la grande peur liée à la pandémie de covid, la succession d’attentats terroristes depuis le début de ce siècle ou de guerres violentes, inexplicables et insensées au Yemen, en Ukraine ou au Soudan qui les a réveillés ? Peut-être l’internet, les robots, la réalité augmentée, le métavers ? L’origine de ce regain des spectres reste discutée mais les psy de tous poils nous l’assurent, les fantômes sont de retour. Dans leurs cabinets, les patients angoissés sont de plus en plus nombreux à en porter témoignage. Cependant, les spectres new wave ne ressemblent plus aux clichés immortalisés par Willy Vandersteen (dans son merveilleux « Fantôme espagnol ») ou à The Phantom de Lee Falk ou au petit et adorable Casper. Ni aux innombrables fantômes des mangas japonaises. 

  Aux Etats-Unis, les morts-vivants se sont emparés de la présidence des Etats-Unis, entre un ex-président transformé en zombie vengeur et un gentil fantôme à l’ancienne. En Grande-Bretagne, le roi Charles III monte tout sémillant sur le trône à 74 ans. On attend que sa maman participe à la cérémonie comme toujours mais plus transparente que jamais. Lorsque Charles III prendra sa pré-pension après 40 ans de règne, il devrait ressembler au père d’Hamlet, l’ex-roi du Danemark transformé en spectre.  

En Russie, Vladimir Vladimirovitch, le vrai, a été effacé depuis longtemps pour être remplacé par une espèce de clone fabriqué par un savant fou, qui a l’apparence de Poutine mais qui a été mélangé avec le cerveau de Staline et les cendres de Brejnev. 

   En Chine, il y a eu tant de décès dans les camps et les prisons qu’on s’attend à un retour brutal de tous ces morts-vivants venus réclamer des comptes. Que fera Xi-Jinping et sa puissante armée face à cette invasion venue du néant ? 

   Tous ces spectres déconcertants devraient prendre garde. Car les populations, un peu partout sur la planète, lassées de vivre dans un climat de peur permanente, entre les promesses de fin du monde, les catastrophes dues au réchauffement climatique et la multiplication de conflits incompréhensibles, pourraient être tentés de faire appel à des robots intelligents mais méchants et sans état d’âme pour les départager. 

  Qu’est-ce qu’on s’amuse au XXIème siècle ! 

PS : qui aime les fantômes doit lire ou relire toutes affaires cessantes « La Symphonie des Spectres » de John Gardner (Denoël ou Points Seuil).

www.berenboom.com

ZAPORIJJIA MON AMOUR

    Prise sous le feu russe et ses bombardements absurdes et suicidaires, la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia semble désespérée. Les dirigeants ukrainiens ne savent plus à quel saint se vouer pour éviter une catastrophe qui risque de contaminer toute l’Europe, un nouveau Tchernobyl. Les dernières déclarations du patron de l’AIEA, qui s’est une nouvelle fois rendu sur place, sont glaçantes. 

Tout semblait bloqué. Jusqu’à ce qu’un homme se manifeste pour sauver l’Ukraine, l’Europe, le monde, Georges-Louis Bouchez. Qui mieux que le président du MR peut expliquer aux Ukrainiens et aux Russes l’intérêt de conserver cette centrale et, pourquoi pas, dans la foulée, d’en créer quelques autres dans les environs, l’avenir étant au nucléaire. Un dada qu’il partage avec le président Poutine. 

Justement ces deux-là ont quelque chose à se dire. Les Russes occupent Zaporijjia mais ils ne savent comment se débarrasser de cette patate brûlante. Pas question de la restituer aux Ukrainiens. D’un autre côté, ils préfèrent être loin de là le jour où la centrale fera boum ! 

La solution de notre Mr Atomik ? Céder la centrale à la Belgique. 

Les Russes en seraient soulagés. Bon débarras ! Les Ukrainiens fêteraient le départ des Russes comme une victoire. Et les Belges y gagneraient à tous les coups. 

Mr Bouchez se vantera d’avoir réussi à mettre en œuvre sa politique en acquérant une nouvelle centrale et ses partenaires du gouvernement se réjouiront que la nouvelle centrale belge est loin du territoire national. C’est la magie de la Vivaldi, permettre à tous les membres de la coalition de remplir leurs objectifs en même temps surtout quand ces objectifs sont totalement contradictoires. Grâce à ce tour de passe-passe, on réussira une fois de plus à faire tout et son contraire : plus de nucléaire sous pavillon belge et moins de nucléaire sur le territoire belge. Nos politiciens ne sont-ils pas les plus castars du monde ? 

Reste un problème, les déchets. Quand on lui posait la question, Mr Atomik avait toujours la même réaction : il les glissait sous le tapis. 

Cette fois, il rayonne. Il a la solution. L’Ukraine est déjà tellement couverte de déchets de toute sorte depuis que l’armée russe arrose leur territoire d’obus qu’ils ne s’apercevront même pas que les Belges leur en fourguent quelques tonnes de plus, qui sommeilleront pour l’éternité dans cette terre devenue belge. 

Reste à acheminer l’électricité vers la mère-patrie. Les Russes transportaient leur gaz et leur pétrole par pipe-line. De Zaporijjia-lez-Bruxelles, ce sera plus simple encore, quelques lignes haute tension et le tour est joué. Fini les économies d’énergie et autres privations. Pour le prochain hiver, on n’aura pas de scrupules à tout allumer, à tout faire flamber, grâce à notre nouvelle centrale. 

On dit merci qui ?    

www.berenboom.com

ALLO, ALLO… EN DIRECT DU KREMLIN

   Ce qui frappe dans le discours prononcé ce mardi par Vladimir Poutine devant les parlementaires russes, au milieu d’un parterre truffé de militaires, prêtres et jeunes fans, chargés d’assurer la claque, c’est son ton. Une voix douce, monocorde, qui tranche avec les mouvements de menton ou les éclats de voix de la plupart des autocrates qui font au moins semblant de croire ce qu’ils racontent quand ils s’exhibent en public. Même la momie de Lénine paraissait plus vivante. 

Vladimir Vladimirovitch, lui, a l’air de s’ennuyer ferme. Tout en tournant mécaniquement les pages de son interminable texte, il se demande quel est le déplorable factotum qui lui a concocté ce paquet de niaiseries et de lieux communs mâtinés de mensonges minables. Sans même un seul bon mot pour faire sourire l’assistance. Sans une exclamation pour pousser la salle à se lever et crier « Privet ! » ou « Russie vaincra ! », enfin quelque chose qui donne envie de soutenir le chef et mettre haut les cœurs. Mais non, rien. Rien que le ronron d’une allocution écrite pour fêter la fin des récoltes dans un kolkhoze de l’Oural… 

A certains moments, Vladimir Vladimirovitch relève la tête, esquisse un léger sourire vers la salle comme pour dire : Vous vous emmerdez comme des rats morts ? Vous ne connaissez pas votre bonheur. Je vous fiche mon billet que le pire est à venir. 

Mais personne pour lui adresser un clin d’œil complice, même pas une risette. Impitoyable, la caméra saisit au vol un député les yeux fermés (qui aurait osé devant Staline ?), un gradé dont les décorations pendouillent de la veste regarder sa montre, une dame qui parle avec sa voisine, manifestement pas intéressée par les vilains Ukrainiens. 

 Il est si figé et si morne qu’on finit par se demander si c’est vraiment le président Poutine, qui se tient là accroché au lutrin, cette espèce de brute qui a envoyé des centaines de milliers d’hommes périr dans une boucherie absurde et qui continue de dévaster un pays entier. Ou si c’est un avatar. 

Une représentation en 3-D, un clone (le nez rouge en moins). Un véritable être humain n’aurait pas débité d’un air si indifférent ce chapelet de fadaises, ces lendemains qui vont enchanter la vie quotidienne des citoyens alors qu’ils vont devoir se saigner pour payer cette guerre impayable. Le vrai Poutine se serait arrêté, aurait chiffonné le reste des feuillets, improvisé, lancé quelques propos virils pour mobiliser son peuple, au moins soulever la salle. 

 Pendant que son double débitait son discours, il n’y a pas de doute, le vrai Poutine devait être ailleurs. Peut-être en Pologne pour écouter Biden, drôlement plus vaillant que lui, ou à Kiev pour saisir les secrets de la magie de Zelensky. 

Une chose est sûre, Poutine n’existe pas. Il est mort sous la poussière du Kremlin… 

www.berenboom.com

EMBRASSSONS NOUS FOLLEVILLE !

   Enfin, la Saint Valentin ! Avec ce qui nous est tombé sur le coin de la notche depuis le début de l’année, alors qu’on croyait avoir déjà fait le plein de calamités en 2022, on tente de se convaincre que, dès la semaine prochaine, on va enfin recommencer à respirer. Le temps d’une journée en tout cas. 

    La fête des amoureux… Rêvons un peu et embrassons-nous, Folleville ! comme le proposait le génial Labiche. Qui, il est vrai, a aussi écrit La poudre aux yeux… 

    Mais où fêtera-t-on ce mystérieux saint qu’on ne saurait voir puisque le pape Paul VI l’a rayé du calendrier liturgique romain ? Sans doute pas en Turquie et en Syrie, accablées par les convulsions de la croûte terrestre. Saint Valentin n’est pas une fête musulmane. En Russie non plus, hélas. La Saint Valentin n’est pas une fête orthodoxe.  

  Côté belge alors ? Avec les élections qui s’approchent (un an en politique c’est à la fois un siècle et une seconde), on ne peut pas s’attendre à ce que couple flamand-wallon oublie tout et s’enlace. Hélas, l’amer est au programme des prochains mois. Et on ne va pas se marrer. D’autant que les revendications des uns et des autres sont vagues. Suffisamment pour susciter la tempête. Les partis extrémistes flamands se déchaînent, promettant l’apocalypse si on n’obéit pas à leurs diktats flottants. Mais, même si nos tanks n’ont pas été envoyés en Ukraine, rassurons-nous, ils ne sont pas en état d’envahir les plaines wallonnes. Même pas d’avancer jusqu’au prochain garage. 

  Méfions-nous aussi des signaux incompréhensibles. Ainsi de ces ballons d’apparence si sympathique envoyés par la Chine. Que signifiait ce délicat lâcher ? Une façon de clôturer les fêtes du nouvel an chinois ou le signe qu’ils participaient eux aussi à la joie des amoureux ? Comme ils n’y ont pas accroché de petit mot ni de bonbons, les Américains n’ont pas attendu le 14 février pour les couler au fond de l’Atlantique. L’amour vache… 

   Une preuve de plus qu’on ne se comprend plus quand on parle d’amour ?  Pour Poutine, ses armées ne font pas la guerre. Ils ramènent à la maison les cousins du sud tant aimés. 

  Le mot amour il est vrai a de multiples acceptions plutôt contradictoires. L’Amour est un fleuve qui sépare la Chine et la Russie et dont le tracé a servi de prétexte à une guerre entre les deux pays en 1969. 

  L’amour est aussi un poisson blanc nuisible, une bête moche, qui détruit la flore des lacs et des rivières et qu’il faut éliminer. 

   L’erreur est peut-être de limiter l’amour à un seul jour de l’année. Comme il y a une journée mondiale des câlins, des droits des femmes, du yoga, des lépreux, de l’épilepsie, du thon et même du rouge à lèvres. Décidons que désormais, l’amour c’est tous les jours. A bas la Saint Valentin ! 

www.berenboom.com

VOEUX DE LA VEILLE

   On ne peut prévoir les choses qu’après qu’elles sont arrivées, disait Ionesco. Ce qui facilite la tâche des chroniqueurs. Personne ne leur reprochera dans quelques mois d’avoir raté les événements de 2023 pas plus qu’aucun sage n’avait annoncé le cyclone de la pandémie ni les dévastations d’Ukraine au début des trois dernières années ni, plus grave encore et plus inattendu, le passage d’Alexia Bertrand du MR à l’Open-VLD. Donc, ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler les grands titres de votre quotidien favori des prochaines semaines. Les événements semblent toujours relever des délires de romanciers de science-fiction avant qu’ils ne se produisent. Parfois même après. 

Tenez, dans dès le début de cette ère, Le Soir annonçait que « La Belgique va tester les eaux usées des avions chinois » autrement dit, le ministère de la santé va envoyer des équipes à Zaventem gratter les toilettes des longs courriers venant de Chine. Plutôt que d’organiser un bête test covid de tous ceux qui débarquent. Ce spectacle semble à première vue aussi bouffon et déconcertant que la fouille humiliante des prévenus du procès des attentats de Bruxelles. Dans les deux cas, on ne vole pas très haut. Avec la conséquence prévisible que, comme nous l’a appris Buck Danny, quand on prend le risque de descendre à cette hauteur, on a toutes les chances de se planter…  

Peut-être l’erreur est de s’obstiner à répéter aveuglement ce rituel qui veut que le 31 décembre, on tourne la page et on recommence à zéro. Ce serait si bien d’effacer ce qu’on a mal fait en 22 et de le refaire dans le bon sens. Poutine signerait des deux mains à l’idée de reprendre l’invasion de l’Ukraine à zéro. Et Trump l’invasion du Capitole. Et Will Smith la cérémonie des Oscars. Et les Diables rouges… Non, eux referaient les mêmes bêtises. 

On aimerait bien aussi revenir en arrière pour empêcher Sempé, Sidney Poitier ou Arno et quelques autres de prendre la poudre d’escampette. 

Pour casser la routine, on peut choisir de démarrer l’agenda à une autre date, par exemple le jour de l’équinoxe d’automne comme dans le calendrier républicain soit le 1er vendémiaire (septembre) ou le mettre au 1 er jour de l’année du calendrier perse, chinois, zoroastrien, juif, égyptien ancien ou de s’aligner sur celui des habitants de Mars qui changent tous les jours, ce qui leur permet de faire bombance et célébrer le réveillon chaque soir, dès que les astronomes terriens sont endormis. 

Façon de revoir ce protocole figé qui oblige de souhaiter chaque réveillon ses bons vœux à minuit quand tout le monde est bourré. Ou de prendre de soi-disant nouvelles résolutions qu’aucun homme politique ne tiendra jamais même s’il est une femme. 

Mais, attention, je suis sincère quand je vous souhaite ici une belle année et vous fixe rendez-vous au 31 décembre 2023 ! 

www.berenboom.com  

TCHINE TCHINE !

   Que retiendra-t-on du XX ème congrès du parti communiste chinois ? 

D’abord sa mise en scène. La Chine se vante d’être à la pointe des technologies, capable de suivre en temps réel, grâce à des robots futuristes, le déplacement de ses un milliard quatre cent cinquante mille habitants et bientôt de lire le déroulé de leurs pensées en faisant « bip » quand certains mots surgissent dans leur cerveau, liberté, démocratie, occidental, dictateur et, curieusement oignon (un bug sans doute, la machine confondant oignon et ouïgour). Provoquant l’arrivée immédiate des pompiers pour éteindre le feu (et le pauvre individu pensant). 

   Dans un pays si outrageusement moderne, donc, comment est-il possible d’avoir mis en scène ce fameux congrès en s’inspirant des réalisations les plus ringardes du Hollywood de jadis, genre « Les Dix Commandements » de Cecil B. de Mille ou « Intolérance » de Griffith ? 

   Est-ce une coïncidence si la mise en scène des derniers discours de Poutine elle aussi a choisi le vieil Hollywood (en plus intime) avec vieux téléphones et meubles récupérés dans les bureaux du siège du parti communiste de Moscou-Est quand ils ont été fermés et que leur brol a été mis sur le trottoir ? 

   Xi Jin Ping a également retenu une autre leçon du cinoche américain de jadis et de ses stars, limiter le nombre d’expressions sur le visage. Gary Cooper n’en avait que deux, ce qui a fait sa gloire, cool ou légèrement (très légèrement) sarcastique. Poutine comme Xi Jin Ping ont retenu la leçon. Et joué leur numéro, yeux ternes, lèvres minces et pincées, sans la moindre ride sur la peau.

   En revanche, le leader chinois a oublié une leçon des maîtres du cinoche, relancer l’attention du spectateur toutes les dix minutes avec un élément surprise, un rebondissement de l’action, une émotion ou un gag. Rien de tout ça dans son discours aussi plat, désespérant et sans horizon que le désert de Gobi. 

Certes, il a recueilli quelques applaudissements polis. Mais au fond de lui n’a-t-il pas de regret ? Rêver au succès planétaire qu’il aurait récolté s’il avait osé une petite blague. On en aurait ri sur toute la planète et la séquence serait passée en boucle sur tous les réseaux sociaux pendant longtemps. Et s’il avait exprimé un moment d’émotion, simplement embrassé sa femme ou, plus cinématographique, sa maîtresse, sa popularité aurait été assurée pour les cinq prochaines années. Mais non, il a tout effacé, gag, émotion, narration, et surprise du chef. Comme si faire rire jaune les Chinois était le seul moyen de les empêcher de devenir des citoyens. 

Peut-être qu’à la place qu’il occupe, après avoir nettoyé beaucoup de gens et fait le vide autour de lui, il n’a pas droit à un seul moment de laisser-aller. 

La nostalgie est pourtant ce qui fait la différence entre l’homme et l’animal. 

www.berenboom.com

A TOUS PRESENTS ET A VENIR, SALUT!

Après un vote du parlement russe, le président Poutine a, d’un simple trait de plume, a annexé à la Fédération de Russie quelques provinces ukrainiennes. En bombardant Donetsk ou Lougansk, les soldats ukrainiens portent désormais atteinte au territoire sacré de la sainte Russie, alors qu’ils croyaient récupérer leurs terres.

Acquérir de nouveaux espaces par décret est manifestement plus efficace que signer un traité. Celui conclu en mai 1997 entre les présidents russe et ukrainien (qui reconnaissait notamment que la Crimée fait partie de l’Ukraine) n’est plus que chiffon de papier. Celui signé six ans auparavant à Belovej (et qui créait une Communauté d’états indépendants entre notamment Russie, Biélorussie et Ukraine) a même tout simplement disparu, comme l’a avoué l’ancien président biélorusse qui en cherchait l’original pour l’intégrer dans ses mémoires… 

Pourquoi laisser le monopole de ce système d’annexion à Poutine ? 

Le parlement belge pourrait à son tour voter l’annexion des oblasts contestés d’Ukraine, et la loi serait aussitôt signée par le Roi. A tous présent et à venir, salut ! Et hop ! L’oblast et la centrale de Zaporijia sont désormais rattachés à la province de Flandre orientale (où se trouve Doel). Justement, notre pays a une spécialité certaine en matière de centrales nucléaires défaillantes. 

Si Zaporijia devient belge, cela entraîne certaines obligations. Tous les avis punaisés aux tableaux de la centrale devront être rédigés en néerlandais. Comme toutes les communications avec le personnel, par application des décrets flamands de 1973 et 2014 sur l’usage de la langue dans les entreprises. 

En contrepartie, les habitants des nouveaux oblasts belgicisés, disposeront d’un beau passeport Schengen. Ils pourront voter, se présenter comme députés et envoyer des représentants au Parlement belge et à celui de la région flamande. Ils ne devront pas errer dans les rues de Bruxelles comme les autres étrangers abandonnés à leur sort. Il sera intéressant de suivre la campagne électorale des leaders des partis flamands, arpentant les rues de Donetsk ou de Kherson ou haranguant la foule depuis le balcon de la centrale nucléaire de Zaporijia. On suppute déjà le score du Vlaams Belang dans les quartiers russophones de Lougansk. Les paris sont ouverts. Le Roi ne manquera pas de faire une petite visite pour saluer nos nouveaux compatriotes (le port du casque reste recommandé, désolé, sire). 

Pour belgiciser la population, rien ne vaut de rebaptiser les avenues et les places qui portaient un nom trop russe. Par exemple, on inaugurerait quelques squares Leopold II (où seraient transportées les statues dont on ne veut plus ici).

A part la Russie, qui s’opposerait à ce geste généreux pour sauver l’Ukraine ? Et la Russie, on s’en fiche, non ?

www.berenboom.com  

WINTER IS COMING

Il n’y a que dans les feuilletons que la phrase « Winter is coming » fait trembler. Pas chez nous, pas dans la vraie vie.

Dewinter, Filip, peut-être mais Winter ? Allons ! On attend l’hiver de pied ferme après un été indien préparé par une canicule de derrière les fagots. Et si le froid montre tout de même le bout de son nez glacé ? Rassurez-vous, braves gens, les cuves sont pleines, nous assure-t-on. De quoi se demander pourquoi les tarifs se sont emballés. Pourquoi on tremble aux mots de gaz et de pétrole, pourquoi on annonce déconfitures et drames personnels. Certains en viennent à regretter les pipelines de M. Poutine. Juste de la spéculation toute cette agitation sur les prix de l’énergie ? 

En tout cas, les actionnaires d’Engie, Total et les autres ne savent plus que faire de leurs dividendes. Manifestement, pas question de les redistribuer aux consommateurs. Alors, un conseil, qu’ils réservent dès à présente une loge à Neom, la nouvelle mégalopole fantôme d’Arabie saoudite pour assister aux prochains jeux d’hiver asiatiques, décrochés par le tout puissant MBS, le boss des déserts locaux et des chameaux. Si vous êtes du voyage, n’oubliez tout de même pas une petite laine car on va claquer des dents sur les bords de la mer Rouge grâce aux merveilles de la technologie, neige artificielle, air super-conditionné, etc. Ça soufflera au point de dégoûter Eole. 

J’entends les habituels grognons déplorer le mal que tous ces brols vont causer à la planète, le foot au Qatar, le ski et le curling en Arabie. Mais, n’allez surtout pas vous plaindre à la prochaine COP qui se tient en Egypte. Là-bas, ça chauffe méchamment pour qui ose lever le petit doigt. Voilà une COP, promis-juré, qui va se dérouler dans le calme et la sérénité. Comme le Mondial de foot et les Jeux d’hiver. C’est le genre de pays où l’on est à l’ombre pour un oui ou pour un non. 

Qui se plaindra de tous les efforts faits par tant d’états pour dérégler le climat, ces jeux déments, la guerre absurde de Vladimir Vladimirovitch ? Tout ça nous permettra de retrouver des étés caniculaires. Rien que du profit pour le tourisme à la mer du Nord. Tout le monde est gagnant, pas seulement les Arabes et les Qataris…

Et la bombe atomique, l’autre fantasme du prochain hiver ? Qu’elle soit du modèle Hiroshima ou plus modestement « armes nucléaires tactiques », ça fera chaud devant, très chaud. Et ça dévastera tout sur son passage, les Ukrainiens autant que les Russes qui traînent dans le coin. Les lieux dévastés ressembleront pour longtemps à l’Arabie saoudite sans les chameaux ni les athlètes. 

Entre temps, ne vous en faites pas, il y aura du vin chaud aux Plaisirs d’Hiver, si le covid nous épargne (on l’avait presqu’oublié). Et peut-être de la neige.  Réjouissez-vous, winter is coming…

www.berenboom.com

NOUS, ON A REMCO…

L’Italie a la Meloni, mélange de populisme mêlé de gouaille des faubourgs romains, de promesses intenables et d’exaltation d’une Italie où il faisait bon vivre quand elle n’était soi-disant peuplée que d’Italiens et dirigée par un chef, un homme, un vrai. 

D’accord et bonne chance aux Italiens ! Mais nous, on a Remco…

La Russie a une armée trouée de toute part, comme ses pipe-lines, des citoyens qui s’enfuient comme des lapins, des armes atomiques en guise de dernier repoussoir et surtout elle a Poutine, un chef, un homme, un vrai.

D’accord ! Bonne chance aux Russes ! Mais nous, on a Remco…

En Iran, en Afghanistan, les femmes sont reléguées au rang de citoyennes de dernière zone, obligées de se cacher sous des voiles pour ne pas ternir l’image des mâles qui ont seuls le droit de vivre normalement et d’arpenter les rues, la tête haute et la barbe au vent. Quand les femmes se révoltent, on les arrête et même on leur tire dessus. Pendant ce temps, chez nous, certains brandissent le voile comme symbole de la liberté des femmes. Allez comprendre. Car, comment le cacher, là-bas, le pouvoir n’appartient qu’aux hommes, des chefs, des vrais. 

Dommage pour les Iraniennes et les Afghanes. Mais nous, on a Remco…

Une guerre souterraine se poursuit au Yemen depuis plus de huit ans qui a fait des centaines de milliers de morts dont beaucoup de la famine. Sans intéresser les médias. Mais les images changeraient-elles quelque chose à leur sort alors que cette guerre est devenue le champ de bataille entre dictateurs islamiques iraniens et bouchers d’Arabie saoudite. Qui se disputent pour prouver au monde qui d’entre eux sont les chefs, les hommes, les vrais.

D’accord. Mais nous, on a Remco…

L’extrême droite souffle un vent glacé sur l’Europe. De la Pologne à la Hongrie, de Flandre en Espagne, de Suède en Autriche. En France, en Italie, pour accéder au pouvoir, des femmes se sont emballées dans le drapeau néo-facho. Elles feraient bien de se rappeler que ces aventures politiques ne profitent jamais aux femmes. A la fin, apparaît toujours le chef, un homme, un vrai.

Tant pis pour elles. Nous, on a Remco… 

On ne va pas chipoter, on a aussi Wout Van Aert, les Belgian Cats, les Diables rouges, le plus grand nombre de ministres et de gouvernements au km 2 de toute la planète, les meilleures gaufres de Liège du monde qui se mangent chez Siska en Flandre, Manneken Pis, Angèle et Stromae. Tous des chefs, d’accord. Mais, avouez-le, cette année, on a surtout Remco…

Ce qui magnifie Remco c’est d’avoir arrêté le temps. A suivre ses exploits, on sort de cette succession de malheurs et de drames qui rythment l’actualité quotidienne. Il nous réconcilie avec le temps long, en se défonçant pendant des semaines à pousser sur ses pédales dans des décors éternels. On respire, enfin… 

www.berenboom.com