ZERO EST ARRIVE

  « Le Soir » du 2 octobre 1998 annonçait en bandeau « Deux Belges sur trois veulent régulariser les sans-papiers ». Que sont devenus tous ces Belges qui voulaient que la Belgique revoie complètement sa politique d’asile ? 

  Désormais, les politiques se battent partout en Europe comme aux Etats-Unis pour diaboliser les étrangers, les expulser, fermer les yeux sur les camps atroces où nous chargeons Libyens, Tunisiens, Turcs de nous en débarrasser. 

  Il y a quelques jours, le président Macron faisait entrer au Panthéon les époux Manouchian, héros étrangers qui se sont battus jusqu’à la mort avec la résistance française et contre ces « bons Français » qui pactisaient avec les nazis. 

  Salutaire mise en garde alors que tous ceux qui bavent pour monter au pouvoir ont fait de l’immigration l’explication de tous nos maux. 

Avec pour image choc, le fantasme du grand remplacement. Le Vlaams Belang en a fait son cheval de bataille lors de ses congrès où la haine de l’étranger sert à galvaniser les militants (« une vermine importée qui verse dans la délinquance » évolue dans « des ghettos où règne la charia » pour citer quelques propos qui ont servi de zakouskis aux débats). 

Peu à peu, les partis démocratiques se laissent gangrener par ce type de discours. On l’a vu lors du vote de la loi immigration en France il y a quelques semaines. Ou en entendant les déclarations de la N-VA qui s’essouffle à courir derrière l’extrême droite flamande en refusant désormais d’accepter tout nouveau demandeur d‘asile. « Notre objectif, c’est zéro » a clamé Théo Francken. Zéro est arrivé ? C’est ainsi que le parti conservateur veut rattraper ses électeurs tentés vers encore plus à droite que lui. Pauvre Bart De Wever obligé de faire le grand écart, en tentant de tenir un discours de chef d’état pour ne pas se couper de ses futurs partenaires d’un gouvernement qu’il veut diriger tout en laissant les grandes gueules de son parti plagier les slogans de son redoutable concurrent. 

Béni soient les immigrés, se disent en secret tous ces grands tacticiens. C’est grâce à eux qu’ils espèrent décrocher la timbale. Pourvu qu’ils continuent d’affluer d’ici le dimanche des élections !

Il faudrait parfois rappeler à Théo Francken, Tom Van Grieken ou Filip Dewinter que leurs ancêtres sont venus eux aussi d’Afrique chasser les populations locales qui vivaient à l’époque en Flandre. Et à Trump que, sans les dizaines de millions d’immigrés qui ont envahi l’Amérique et massacré ceux qui y habitaient, il ne serait pas aujourd’hui à vitupérer contre ses voisins pour revenir hanter la Maison Blanche. 

On est toujours l’immigré de quelqu’un. Mais les homo sapiens plus que les autres animaux de la planète…

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IMPLANT : UN BON PLAN ? 

 En ces jours tourmentés, les Européens ne savent plus où tourner la tête pour manœuvrer au milieu des tempêtes vu que personne ne sait où on a rangé la boussole. Cherche capitaine désespérément. Macron a perdu le nord. Meloni n’a pas séduit le sud. Geert Wilders a prouvé que crier n’importe quoi ne suffit pas à faire avancer le bateau. Alors, vers quelle nouvelle idole se tourner pour éviter de se noyer d’autant que l’approche des élections européennes provoque la fièvre dans les troupeaux ? 

Elon Musk serait-il l’oiseau rare ? Aurait-il déniché la pierre philosophale ? Une pierre directement implantée dans les cerveaux.  

Laissons à l’enfant prodige sud-africain, entre autres trouvailles impressionnantes, le talent de transformer ses échecs en autant de triomphes. Ainsi, la célébration bruyante avec paillettes du départ de la fusée Starship a réussi à occulter le fait qu’elle a explosé quelques secondes après son décollage. 

Une aussi belle réussite que l’achat du réseau Twitter (pour plus de quarante milliards de dollars) devenu le terrain de chasse des fous, menteurs et conspirationnistes. Autant de faits d’armes qui pourrait inspirer les politiciens belges en mal de coups d’éclat et de sex-appeal. 

Son dernier gadget, un implant destiné à augmenter considérablement les capacités du cerveau. Au passage, on se demande pourquoi Elon Musk préfère se shooter à la kétamine que de se faire placer un de ses brols dont il est si fier pour secouer ses cellules grises. A moins qu’il ait du mal à imaginer que son cerveau puisse être encore plus performant.  

On ne fera pas l’injure de nommer les politiciens de chez nous pour lesquels au contraire il y a encore de la marge, beaucoup de marge. Mais ce procédé permettra peut-être à la Wallonie de se désembourber enfin. Depuis plus de trente ans, les plans ont succédé aux plans. Sans effet. Peut-être qu’avec un implant, il y en aura un enfin à faire pâlir d’envie les Flamands ? 

Pour la composition des listes électorales aussi, G. L. Bouchez cherche implant. Depuis que Charles Michel a fait exploser son beau château de cartes, il a du mal à en reconstituer un qui ne transforme pas en château de sable. 

Implant aussi pour Paul Magnette lancé dans une campagne électorale où il va démolir ce que son parti a voté depuis quatre ans et demi et promettre qu’une fois réélu il va faire le contraire de ce qu’il a approuvé. 

Côté contradiction insoluble, le PTB n’est pas en reste. Malgré le bagout de Raoul Hedebouw, il doit faire avaler aux électeurs que son parti corrigera toutes les injustices commises par le gouvernement Vivaldi mais qu’en aucun cas, il ne participera au pouvoir pour mettre en œuvre ses promesses. 

Musk, au secours ! A propos, une question à M. Vandenbroucke, placer une puce électronique dans le cerveau est-il remboursé par la sécurité sociale ?

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DESTINATION CANOSSA

On imaginait bêtement que la politique visait à sortir la société un tant soi peu du chaos et à donner un brin de souffle pour faire rêver à un avenir meilleur. 

Bien sûr notre attente n’est pas la même selon que l’autorité est exercée par le président du parlement wallon ou par le président des Etats-Unis. Mais, toutes proportions gardées, ils ont l’un et l’autre le même rôle. 

Or, depuis quelque temps, on a l’impression qu’on attend de ceux qui sont entrés en politique non plus qu’ils agissent mais qu’ils s’excusent d’avoir agi. Au fond, on s’est mis à détester les hommes et les femmes au pouvoir quels qu’ils soient. Et on veut les entendre demander pardon à chaque étape de leur chemin. 

Est-ce un effet pervers des réseaux sociaux où l’on a l’impression d’être tous égaux, tous amis ?   

La destination des politiques désormais, c’est Canossa. En murmurant sur le chemin des soupirs de contrition, des gémissements de remords et des promesses de pénitence.    

Emmanuel Macron s’est fait le champion de cette mode en présentant ses excuses pour à peu près tout, sa gestion de la crise des gilets jaunes, celle des soignants, un discours où il avait traité des salariés d’illettrés et même pour la diffusion lors du match France-Albanie au Stade de France de l’hymne d’Andorre au lieu de l’albanais. Pardon, mille fois pardon. 

Les excuses du président Biden sont aussi nombreuses que les coups de menton de son prédécesseur. A un journaliste noir il a reconnu qu’il avait tenu des propos racistes en lui disant qu’il n’était pas noir s’il votait Trump. A une journaliste à qui il avait répondu trop sèchement, etc. Le président a l’habitude même de s’excuser de s’être excusé.   

Le truc des excuses est devenu aussi une seconde nature en Belgique. Depuis qu’on a cessé de se confesser dans les églises, on le fait à présent en public. 

Mais l’art consiste à les habiller plus ou moins habilement.   

Ainsi, Pascal Smets, obligé de démissionner après avoir invité à son congrès des grandes villes du monde le maire de Téhéran, a réussi à limiter ses excuses à l’initiative de son collaborateur de payer le logement du bourgmestre iranien, ce qui lui permettait de passer sous silence le fait que c’est lui qui avait pris l’initiative de le faire venir à Bruxelles sans en avertir personne. 

Laissant seule sur le champ de bataille la ministre Hadja Lahbib. Celle-ci a eu beau expliquer la chronologie de l’incident, les raisons pour lesquelles il n’était plus possible de faire machine arrière dans la délivrance des visas de la délégation iranienne. Rien n’y a fait. Au fond, ce compte-rendu n’intéressait pas les députés. Ce qu’ils voulaient vraiment, c’était son scalp parce que sa tête dépassait un peu trop depuis la libération d’Olivier Vandecasteele. Pardon, pardon, la corde au cou et le ticket pour Canossa à la main…  

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PARIS EST UNE FÊTE

    En voyant tous les jours les images de Paris ravagée par les grèves à répétition, noyée sous l’amoncèlement des ordures, en contemplant les vagues de manifs dans les rues, la violence des voyous qui se sont glissés dans les cortèges et celle aussi choquante des policiers, on hésite à mettre les pieds en France. On se dit que s’il faut vraiment y aller, qu’on a un rendez-vous obligé dans la Ville-Lumière, mieux vaut descendre en voiture, la laisser dans un parking protégé, se munir de solides chaussures de marche, d’un masque à oxygène et d’un gilet pare-balles.

Or, en débarquant dans la capitale française il y a quelques jours d’un train parfaitement à l’heure, je n’ai pas vu d’autres ruines que Notre-Dame. 

Celles de la politique d’Emmanuel Macron étaient parfaitement invisibles. Même les auteurs de tags ignoraient la « colère du peuple » dont se gargarisent les Mélenchonistes. J’ai eu beau chercher. Personne n’a songé à rebaptiser une station de métro 49.3. 

Aux abords du Jardin du Luxembourg, entre Sorbonne et Panthéon-Assas, pas le moindre coup de gueule. Des groupes d’étudiants se promenaient joyeusement, aussi insouciants que les personnages d’un film de René Clair.  

Peut-on imaginer que les révolutionnaires de 1789 aient fait la pause pendant les fêtes de Pâques ? Gardez la Bastille au chaud, on va continuer à la démolir dès que nous rentrerons de vacances !

Tout a été soigneusement balayé, ordures, banderoles, pétards, grenades lacrymo. Les oiseaux en pagaille fêtaient l’arrivée du printemps en saluant les touristes qui seuls se pressaient sur les boulevards. Ils ne protestaient que contre la longueur des files devant les expos et les restaus. Charles III peut débarquer sans crainte avec madame en chapeau et Xi Jinping, le nouvel ami du président français, s’offrir une première visite surprise en Europe. 

Il est vrai que le président Macron, après avoir fait passer sa réforme des retraites à la hache, a choisi un nouveau terrain pour se faire les muscles, la scène mondiale. Profitant de son voyage à Pékin, il a proclamé « l’autonomie stratégique » de l’Europe. Tente-t-il de se glisser dans le costume du général de Gaulle ? Ira-t-il jusqu’à quitter l’organisation militaire intégrée de l’Alliance atlantique ? En pleine guerre d’Ukraine ? Et à fermer les yeux sur les menaces contre Taiwan ? En tout cas, Macron a une nouvelle fois réussi à se mettre tout le monde à dos, Américains et la plupart des Européens. Au nom desquels il prétendait, sans mandat, parler au président chinois tandis que la pauvre présidente de la commission européenne était une nouvelle fois reléguée au rôle de potiche.  

 Xi sourit, impassible. Ecouter Macron, comme avant lui les chefs de gouvernement espagnol et allemand, lui semble aussi paisible et amusant que regarder « Entr’acte », le chef d’œuvre muet de René Clair.   

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FUME C’EST DU BELGE !

  Inutile de vous décrire la consternation d’Emmanuel Macron en apprenant que Jean-Luc Dehaene est mort en 2014 à Quimper.

  Son ami Charles Michel lui a tant vanté les talents du Démineur qu’il ne voyait que lui pour bricoler vite fait, plus ou moins bien fait, un accord entre des partis qui se haïssent, le temps d’arriver au bout de son nouveau mandat (plus que cinq ans).  

   N’est-ce pas ainsi que la Belgique est gouvernée ? En faisant ministres des gens qui s’invectivaient la veille et se proclamaient ennemis irréductibles. Juste le genre de montage dont Macron a besoin. 

   Il y a une autre possibilité, a soufflé notre décidément très écouté ex-Premier. Gouverner sans réunir le Parlement. Ne vous faites pas tant de soucis. Le bazar avance tout seul. Tenez le gouvernement Leterme, battu aux élections, a continué sans la moindre manifestation d’opposition ni politique ni dans la rue, à gouverner le pays pendant 589 jours depuis sa chute. Et moi-même, a ajouté fièrement Michel junior, j’ai continué tranquillement comme si rien n’était alors que mon principal partenaire avait claqué la porte. 

Gouverner en se moquant du Parlement. On a fait plusieurs fois un procès en arrogance à Macron, on a dit qu’il n’acceptait de dialoguer qu’avec un seul partenaire, son miroir. Mais ça, non, il n’osait pas. Peut-être que s’il y avait un roi au-dessus de moi, je pourrais tenter le coup mais on n’a pas le temps de rétablir la monarchie (même si les Français sont mûrs pour l’accueillir. Ce serait drôlement plus emballant qu’une sixième république). 

Bref, ce qu’il cherche le pauvre Macron, c’est un nouveau Démineur, un pro de la politique mais indépendant des partis en présence, et qui parle français. Qui d’autre qu’un politicien belge ? 

Son premier choix, Bart De Wever. Un type capable de demander l’indépendance de sa région mais de gérer le gouvernement fédéral sans état d’âme. Mais notre castar a fait la fine bouche en constatant qu’il n’y avait qu’une poignée de régionalistes. Avec dix élus à placer en priorité, on ne va pas loin, a-t-il conclu avant de décliner l’offre du président français. Magnette ne voulait pas trahir ses camarades français, Nollet ses amis verts, le président du Vlaams Belang mettait comme condition préalable la garantie que Marine Le Pen serait enterrée au Panthéon après sa mort. Il s’est finalement résigné à appeler Raoul Hedebouw. Mais ses préalables lui ont fait lever les cheveux : l’indexation automatique des salaires ? Vous êtes fou ? L’obligation pour les députés d’abandonner l’essentiel de leur allocation parlementaire à leur parti ? Qui est prêt à ça ? 

Finalement, il a dû revenir à son constat de départ : seul le roi des Belges pouvait tirer de cette situation pourrie un gouvernement d’ennemis prêts à travailler ensemble. Au Palais, on prétend ne rien savoir.    

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UN PEU PEUR

   De quoi a peur Sergueï Lavrov, l’indéboulonnable ministre des Affaires étrangères de Poutine ? Pour que ce vieux diplomate, habitué à pratiquer une langue de bois châtié, se sente acculé à débiter des discours délirants sur la présence de nazis au sommet de l’état ukrainien. Puis obligé de justifier l’absurdité de ses accusations quand on lui fait remarquer que le président Zelensky est juif en balbutiant que les pires antisémites sont précisément juifs. Cela indique que le trouillomètre de ce pauvre Lavrov est sur le point d’exploser. 

 A-t-il à ce point peur de Poutine ? D’une piqure par un parapluie bulgare dans un couloir du Kremlin ? D’une pincée de poison dans le samovar du thé que lui sert sa maman tous les dimanches après le poulet-compote ? 

  Et Poutine ? La frousse doit lui avoir brûlé une partie du cerveau pour déployer une telle sauvagerie auto-destructrice – que restera-t-il de son armée après la guerre d’Ukraine ? 

Etrangement, lui aussi se réfère aux juifs. En dénonçant les sanctions infligées à son pays comme un véritable pogrom. On sait que les juifs ont souffert des Russes (et des Ukrainiens) pendant des siècles. Mais que Vladimir Vladimirovitch présente aujourd’hui son peuple comme des victimes juives, on se frotte les yeux.

   Tout le monde a peur en Russie, sauf un homme, Vladimir Ovtchinnikov, ce vieux peintre qui dessine des colombes sur tous les murs de sa ville, Borovsk. (Rassurez-vous, il a été condamné).   

  Mais il n’y a pas qu’en Russie et en Ukraine que règne la peur. Cet horrible sentiment se généralise sur toute la planète. En Chine, avec ce confinement brutal et inhumain face au covid. Chez nous où l’apocalypse climatique ne terrifie plus seulement les petites filles suédoises. Les deux années d’épidémie et ses mesures exceptionnelles, l’incompréhension devant ce mystérieux virus, sont-elles en partie la cause de cette angoisse ? 

   Regardez aussi la France. Les uns craignent Macron, les autres Le Pen ou Mélenchon. C’est la peur de disparaître qui pousse les uns à s’unir aux Marcheurs, les autres aux Insoumis, pas l’enthousiasme ni les convictions. 

En Flandre, les écolos cherchent un président désespérément. Peur encore d’assumer des responsabilités politiques.      

Une peur au moins est justifiée, la décision probable de la Cour suprême des Etats-Unis de revenir sur la légalisation de l’avortement. Qui ouvre la boîte de Pandore à l’effacement de tous les droits démocratiques si difficilement acquis. 

Si l’on doit craindre non seulement le futur mais aussi le retour vers le passé, où va-t-on ? 

Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi…

Le titre de cette chronique est de Félix F. (5 ans), excellent observateur de l’air du temps. 

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UN VOISIN TRES ROMANESQUE

     « Arrogant », c’était le mot à la mode de la campagne présidentielle française. Cette critique qu’on lance à celui dont la tête dépasse beaucoup beaucoup trop, par exemple à Cyrano de Bergerac (« ces grands airs arrogants ») ou au Cid de Corneille (« Va contre un arrogant éprouver ton courage »). 

    S’agissant d’Emmanuel Macron, dire qu’il a été arrogant est une façon de venir au secours de la présidente du Rassemblement national, dont il a ébranlé le programme, l’absence de financement des mesures, son lien avec les dirigeants russes. Pauvre Marine Le Pen, perdue dans ses chiffres, obsédée par la recommandation de ses chats de garder en permanence un sourire figé même sous les attaques. 

   Après le débat entre les deux finalistes de la présidentielle, au terme de la campagne électorale, doit-on encore parler d’arrogance à propos d’Emmanuel Macron ? Ne doit-on pas chercher un autre qualificatif ? Constater simplement qu’il a été meilleur que ses adversaires, pétillant d’intelligence et d’audace sinon de provocation avec des projets électoralement dangereux. En osant faire applaudir l’Europe dans un pays qui a voté par référendum contre le traité de Maastricht et qui se méfie d’un continent sans frontières. Il a aussi osé plaider pour le recul de l’âge de la pension, ce qui est en fait une idée plus ingénieuse qu’il n’y parait: la vieillesse étant un mauvais moment à passer, autant en réduire la durée… 

   Sa supériorité sur ses adversaires dérange dans un pays qui rêve de révolution mais se plonge dans les jérémiades chaque fois qu’on tente de le réformer. Quand Madame Le Pen se proclame à chaque interview « le peuple » face aux « élites », ne montre-t-elle pas par ce saisissant raccourci un vrai mépris pour ledit peuple, une façon de sous-entendre qu’il n’est pas très malin ni très intelligent ? 

   Tout est improbable chez Macron, sa personnalité, son parcours, son amour-passion pour Brigitte, son bagage littéraire et philosophique, qu’il n’hésite pas à mettre en avant (ce qui est aujourd’hui mal vu en politique). Mais ce serait une erreur de croire que c’est un intellectuel alors qu’il est un dézingueur, qui a réussi à nettoyer (comme on le dit d’un tueur) toute la classe politique française ne laissant sur le terrain que les extrêmes. Ses yeux bleus au charme hypnotique sont à la fois le signe de sa séduction et de sa froide détermination à tirer ! 

   Il y a peu d’exemples en France d’homme politique au parcours aussi romanesque. S’il avait vécu au siècle des Lumières (on sent qu’il y aurait été à l’aise), on devine la fascination qu’il aurait exercé sur Alexandre Dumas et ce que le magnifique conteur aurait fait avec un si éblouissant personnage. Le petit-fils de d’Artagnan ? A moins que Macron n’écrive un jour lui-même son propre roman. 

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LA SEMAINE DES QUATRE JEUDIS

   Pendant que la Vivaldi nous joue la semaine des quatre jours, Poutine, beaucoup plus ambitieux, offre à ses soldats la semaine des quatre jeudis. 

   Allez, les gars ! On rentre à la caserne ! C’est la quille ! On s’est assez amusé à emmerder le reste de la planète ! 

   Seules les troupes venues d’autres régions de l’empire et emmenées en Crimée rechignent depuis qu’elles ont découvert les bords enchantés de la mer Noire. La Riviera rien que pour elles à perte de vue sans oligarques russes bling-bling sur la plage, qui se sont bêtement réfugiés sur la Côte d’Azur. Bien sûr, la météo à Yalta est à peu près la même qu’à Knokke, 8° et averses intermittentes. Mais c’est tout de même préférable que de passer la nuit sous la tente en face de Donetsk, dans le Donbass, à quelques mètres de la frontière de l’Ukraine. Ou sur cette humide et peu hospitalière île de Touzla dans la mer d’Azov, disputée par les deux pays. 

   Quel objectif poursuit le président Poutine ? Montrer que s’il fronce les sourcils, le président Biden restera les bras ballants ? On a compris que Poor Joe ne peut que faire la grosse voix, pas le coup de force. 

   A-t-il aussi voulu souligner que le président Macron et dans la foulée l’Union européenne n’ont guère de poids pour peser dans le cours des événements qui se déroulent sur notre continent ? On s’en était déjà rendu compte lors de la sanglante, affreuse guerre de Bosnie. 

   Que l’OTAN est un pachyderme asthmatique et fatigué ? Emmanuel Macron l’a déjà diagnostiquée en « état de mort cérébrale » il y a un an. 

   A-t-il lancé un avertissement aux ex-colonies soviétiques, états baltes, Pologne, Roumanie, et consorts que leur arrimage à l’Europe occidentale ne tenait qu’à un fil de fer ? Et que leur Histoire les a longuement et durablement associés (souvent pour le pire) à la Russie. Il en est de même pour l’Ukraine, une région aux frontières éternellement mouvantes, ballotée entre ses voisins depuis toujours et que la Russie regarde de haut. Selon un proverbe ukrainien : « Qui est assis au-dessus peut facilement cracher sur qui est assis en-dessous ». 

Toute cette agitation guerrière ressemble singulièrement à une plongée dans le passé séculaire de la Russie et de ses voisins. Comme le rappelle un autre proverbe ukrainien « qui remue le passé perd un œil, qui l’oublie perd les deux ». 

   Pourquoi le président russe, qui a beaucoup aboyé et agité les crocs, semble retourner vers la niche ? Et si c’était à cause d’une considération très terre-à-terre, la covid ? Les stratèges russes avaient tout prévu dans leur expédition sauf une chose, mettre une centaine de milliers d’hommes (et de femmes) ensemble sans les obliger à garder entre eux une distance sociale de 1,5 m. est un mauvais pari. Vaut mieux ne pas se battre à la fois contre le virus et l’Ukraine…

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MARTIENS, GO HOME!

   Le téléphone sortit le président Macron de son sommeil à cinq heures douze. 

Après s’être confondu en excuses, le ministre de l’Intérieur balbutia qu’un nouveau problème avait surgi une demi-heure auparavant.

  « Non, Gérald, je ne peux le croire ! C’est qui maintenant que vos sbires ont démoli ? Un Arabe, un Noir, un Jaune, un Rouge peut-être ?

– Non, non. Juste un vert.   

– Quoi ? Ils se sont lâchés sur un écolo ? Un militant, un député ? 

– Non, non. Rassurez-vous. A cette heure, les écolos dorment dans leur yourte.

– Ou à l’Assemblée nationale, c’est vrai. Continuez

– Un engin s’est posé devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière vers quatre heures du matin. Les forces de l’ordre l’ont pris naturellement pour un drone.

– Et alors ? 

– En sont sortis trois petits hommes verts qui se sont dirigés vers l’entrée des urgences. 

– Quel est le problème, Gérald ? 

– Ils étaient sans masques, monsieur le Président ! Mes hommes ont tenté évidemment de s’interposer…

– Saperlipopette ! Ces crétins ne se sont pas aperçus que ces hommes portaient tout simplement un masque vert… Des chirurgiens, peut-être ? gémit Macron désespéré. Tout de même, vos flics n’en sont pas à confondre un masque vert avec un gilet jaune, si ?

– Ils ont commencé par leur demander respectueusement…

– Répétez-moi ça ? 

– Je vous le jure ! J’ai l’enregistrement ! 

– Et voilà, il y a toujours quelqu’un pour filmer ça…  

– Ils se prétendaient chargés d’apporter un remède infaillible aux malades de la Covid. Ils tenaient d’ailleurs des espèces de récipients transparents et mous entre leurs longues pattes. 

– Chargés par qui ? Par le professeur Raoult, je suppose ? soupira le président. 

– Non. Par le Ministre de la Santé du Grand Conseil Galactique. Ses services ont repéré la terrible pandémie qui frappe notre planète et il a envoyé une délégation d’extra-terrestres pour fournir le médicament qui avait été expérimenté avec succès contre ce virus sur l’une des exo-planète Trappist. 

   Macron se tordit les mains.

– Ne prendriez-vous pas quelques jours de vacances, Gérald ? Sur Mars par exemple, au bord d’un des canaux. Il paraît que c’est très reposant…   

– Les gardiens de la paix ont dû utiliser leurs teasers. Sans aucun effet. Ils ont donc dû passer à la bonne vieille matraque…

– Bref, ces pauvres plaisantins sont été réduits en charpie. A partir de quelle heure, serons-nous traînés dans la boue sur les réseaux sociaux? 

– Les récipients ont été brisés mais pas les trois hommes qui sont repartis en emportant avec eux le premier ministre afin de lui prouver l’efficacité de leurs traitements. 

– Castex sur Trappist ? Bon, la matinée ne commence pas trop mal tout compte fait…

Ps : le titre est un clin d’œil au plus hilarant auteur de science-fiction, Fredric Brown.

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E FINITA LA COMMEDIA!

    De Macron à G.L. Bouchez, les grands de ce monde se mobilisent pour les artistes. Les uns et les autres ne cessent de prononcer de chouettes discours en faveur des auteurs et interprètes. 

Le plus grand mérite de cette bienveillance est d’offrir du boulot au moins à quelques plumes, celles qui écrivent leurs discours.  

De l’argent, un statut pour les autres créateurs ? On verra plus tard. Entre temps, c’est tout de même sympa, non ? 

Parlant de plumes, je connais un certain nombre d’écrivains qui sont prêts à cachetonner eux aussi pour tous les hommes d’état nationaux, fédéraux, régionaux, communautaires, communaux. Dans le métier, être le nègre (désolé, ça s’appelle comme ça, depuis Alexandre Dumas), ce n’est pas très valorisant. Mais ça permet de payer le loyer, la bouffe du petit, quelques mètres de tissu, et même de louer un kayak un dimanche. 

Beaucoup d’artistes sont aussi d’accord de remplacer Macron, Bouchez, Linard ou Jambon pour faire le clown à leur place devant micros et caméras (je ne peux croire que ces messieurs-dames sérieux n’ont pas autre chose à faire que de parler des artistes avec des trémolos dans la voix mais sans budget. Mais, on le sait, l’art doit rester pur ; l’argent c’est impur). 

Faire un stand-up – ou le Guignol- pour remplacer le président au 20 h. de TF1, en prime-time, cela rapporte assez de droits pour s’offrir du gel et des masques pour tous les copains et copines. 

Certains hommes et femmes politiques auraient d’ailleurs intérêt à s’offrir un comédien ou une comédienne pour les remplacer lors des conférences de presse ou autres communications. D’abord, les artistes sont capables de réciter par cœur leurs textes sans broubeler. Ils arrivent toujours à l’heure. Et l’impro, la plupart en connaisse les ficelles et peuvent glisser l’une ou l’autre réplique amusante pour détendre l’atmosphère et surtout pour se défiler des questions embarrassantes sans avoir l’air ridicule. 

Les figurants aussi sont dans la mouise avec l’arrêt des tournages. Pourquoi ne pas leur proposer de siéger dans les multiples assemblées du pays ? Comme les élus, ils voteront aveuglément selon les instructions du parti, promis. Ils n’ont pas de difficulté à jouer masqués. Et leurs salaires sont bien plus compétitifs que ceux des excellences.   

Autre possibilité, tellement plus simple : pourquoi ne pas allouer aux auteurs et artistes une allocation universelle en attendant la reprise des activités ? Le système peut s’appuyer sur une pratique qui a déjà fait ses preuves. Les droits de copie privée et de reprographie sont versés ainsi de manière forfaitaire. Pourquoi ne pas créer une attribution forfaitaire spéciale sur les œuvres dont la représentation ou la reproduction ont été interrompues ou qui n’ont pu être distribuées ?

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