L’UNION FAIT LA FORCE ?

    Quel va être le sort des ministres et députés qui se retrouveront sans mandat en juin prochain ? Si certains reprendront la carrière qu’ils menaient auparavant (avocat, chauffagiste, caissier chez Delhaize), d’autres vont devoir compter sur le salaire de leur compagne ou compagnon pour survivre. Ce jour-là, ils découvriront les bonheurs et les malheurs d’être cohabitants. D’un part, le plaisir d’habiter avec l’être qu’on aime. De l’autre, la catastrophe d’apprendre que ce plaisir est payant. Car, en Belgique, les indemnités de chômage ou autres aides sociales sont rabotées dès que vous couchez dans le même lit. 

Peu à peu, l’ex-ministre ou député et son partenaire vont être tentés de violer la loi que l’ex a peut-être lui-même votée ou refusé d’abroger ! Une loi à laquelle il a jadis juré fidélité. 

Or, comment ne pas être tenté de tricher ? L’ex va raconter aux flics ou aux représentants de la sécurité sociale venus pointer leur nez qu’il n’est plus seulement ex-excellence mais aussi ex de son partenaire. Seule façon de survivre décemment sur le plan économique. 

Il va leur montrer le sofa dans lequel il dort, raconter qu’il mange séparément des autres habitants de la maison – la preuve, lui déteste la cuisine vegan. Finalement, pour éviter tout danger, il va faussement se domicilier ailleurs, chez une autre ex, copine ou députée. 

Mais gare au flic de quartier ! Dont « la taca-taca-taca-tac-tactique, c’est de bien observer sans se faire remarquer, et d’avoir, avant tout, les yeux en face des trous » comme le chantait Bourvil.

Le pandore va jaillir pendant qu’il débarque les courses, ramène les enfants et crac, « contravention, allez, allez, pas de discussion, allez, allez ». 

Pauvre fou, va discuter une loi floue avec le représentant de l’autorité ! 

 J’ai dit « il » mais l’ex est plus souvent « elle ». Bonjour l’égalité entre hommes et femmes dont notre ô mère chérie est si fière. 

 Et que fait l’ex-excellence qui n’a pas d’amoureux ? Privée de ressources depuis que l’électeur l’a vidée de leur fauteuil, elle sera tentée de vivre à l’économie avec quelques amis, d’autres ex aussi déchus qu’elle. Avec le même risque.  

Promis, juré, monsieur l’agent, on ne couche pas ensemble – oubliez le secret de la vie privée, c’est bon pour les riches. Mais il suffit qu’ils logent sous le même toit, même dans des chambres séparées (et fermées à clé la nuit, promis, juré) pour se voir pénalisés. Et se retrouver avec des indemnités en peau de chagrin.

Oubliez aussi, vieil ex, les communautés intergénérationnelles pour fuir la maison de retraite. Mai 68, les hippies, l’utopie de vivre ensemble, c’est loin tout ça. A notre époque, vivre ensemble, ça se paye cash.    

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DESTINATION CANOSSA

On imaginait bêtement que la politique visait à sortir la société un tant soi peu du chaos et à donner un brin de souffle pour faire rêver à un avenir meilleur. 

Bien sûr notre attente n’est pas la même selon que l’autorité est exercée par le président du parlement wallon ou par le président des Etats-Unis. Mais, toutes proportions gardées, ils ont l’un et l’autre le même rôle. 

Or, depuis quelque temps, on a l’impression qu’on attend de ceux qui sont entrés en politique non plus qu’ils agissent mais qu’ils s’excusent d’avoir agi. Au fond, on s’est mis à détester les hommes et les femmes au pouvoir quels qu’ils soient. Et on veut les entendre demander pardon à chaque étape de leur chemin. 

Est-ce un effet pervers des réseaux sociaux où l’on a l’impression d’être tous égaux, tous amis ?   

La destination des politiques désormais, c’est Canossa. En murmurant sur le chemin des soupirs de contrition, des gémissements de remords et des promesses de pénitence.    

Emmanuel Macron s’est fait le champion de cette mode en présentant ses excuses pour à peu près tout, sa gestion de la crise des gilets jaunes, celle des soignants, un discours où il avait traité des salariés d’illettrés et même pour la diffusion lors du match France-Albanie au Stade de France de l’hymne d’Andorre au lieu de l’albanais. Pardon, mille fois pardon. 

Les excuses du président Biden sont aussi nombreuses que les coups de menton de son prédécesseur. A un journaliste noir il a reconnu qu’il avait tenu des propos racistes en lui disant qu’il n’était pas noir s’il votait Trump. A une journaliste à qui il avait répondu trop sèchement, etc. Le président a l’habitude même de s’excuser de s’être excusé.   

Le truc des excuses est devenu aussi une seconde nature en Belgique. Depuis qu’on a cessé de se confesser dans les églises, on le fait à présent en public. 

Mais l’art consiste à les habiller plus ou moins habilement.   

Ainsi, Pascal Smets, obligé de démissionner après avoir invité à son congrès des grandes villes du monde le maire de Téhéran, a réussi à limiter ses excuses à l’initiative de son collaborateur de payer le logement du bourgmestre iranien, ce qui lui permettait de passer sous silence le fait que c’est lui qui avait pris l’initiative de le faire venir à Bruxelles sans en avertir personne. 

Laissant seule sur le champ de bataille la ministre Hadja Lahbib. Celle-ci a eu beau expliquer la chronologie de l’incident, les raisons pour lesquelles il n’était plus possible de faire machine arrière dans la délivrance des visas de la délégation iranienne. Rien n’y a fait. Au fond, ce compte-rendu n’intéressait pas les députés. Ce qu’ils voulaient vraiment, c’était son scalp parce que sa tête dépassait un peu trop depuis la libération d’Olivier Vandecasteele. Pardon, pardon, la corde au cou et le ticket pour Canossa à la main…  

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DOUZE PETITS N…

   Je soupçonne Maggie De Block d’avoir découvert récemment la « Modeste proposition » de Jonathan Swift et, la trouvant aussi géniale que l’œuf de Colomb, de l’appliquer pour résoudre le casse-tête de l’immigration, le tout-répressif (qui en avait jadis fait une star) ne faisant plus recette face à la détresse des réfugiés qui errent sur l’île de Lesbos après l’incendie de leur camp-prison-poubelle.  

Publié il y a deux cents ans, cette « Modeste proposition » visait à apporter une suggestion originale au problème de la pauvreté en Irlande en « empêchant les enfants pauvres d’être à charge de leurs parents et de leur pays et de les rendre utiles au public ». Dans un pays ravagé par la famine et l’exclusion, Swift suggérait de supprimer les nourrissons en les vendant comme aliments. 

« Un jeune Américain de ma connaissance m’a certifié à Londres qu’un jeune enfant bien sain, bien nourri, est, à l’âge d’un an, un aliment délicieux, très nourrissant et très sain, bouilli, rôti, à l’étuvée ou au four, et je ne mets pas en doute qu’il ne puisse également servir en fricassée ou en ragoût. »

  On ne doute pas que l’accueil de douze réfugiés mineurs, exfiltrés de Lesbos, part d’un bon sentiment. Sous le masque du Docteur Maggie bat parfois un cœur. 

   Mais, comment ne pas être frappé par la ressemblance entre le raisonnement du grand écrivain anglais et celui de notre Ministre de l’Asile et de la Migration ? 

   Prenez le choix du nombre de réfugiés qu’est prête à accueillir notre généreuse ministre. Elle en a choisi douze – pas dix, pour ne pas être accusée de s’inspirer d’Agatha Christie, une personnalité devenue ces jours-ci politiquement incorrecte. 

Douze parce que ce chiffre correspond proportionnellement au nombre d’habitants de notre pays si hospitalier et à son PIB (c’est ce qu’explique son cabinet qui a décidément bien saisi le mode d’emploi de l’humour british). 

En refaisant ce savant calcul, j’ai le regret de faire part à la Ministre que ses conseillers ne connaissent pas les maths. Si elle s’en tient à la rigueur des chiffres, ce n’est pas douze petits Somaliens ou Syriens à qui la Belgique doit généreusement ouvrir les bras mais douze et demi. L’action gouvernementale ne supporte pas l’à peu près. La question est évidemment de savoir dans quel sens couper le demi-réfugié supplémentaire que l’équité nous oblige à recevoir. Et que faire de l’autre moitié ? La confier au G.D. de Luxembourg ou plutôt à Saint-Marin si on s’en tient à la règle proportionnelle liée à la grandeur de la terre d’accueil ?

Le demi-réfugié supplémentaire qui viendra en Belgique a de la chance dans son malheur : comme la ministre de la Migration est aussi celle de la santé, nul ne doute que ses blessures seront bien soignées.             

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LA FOLIE DES GRANDEURS

  Chouette, c’est la rentrée ! On va revoir les enfants dans les rues pour le climat ou contre, on ne sait plus, les travailleurs itou, les TEC enfin revenus au garage après deux mois de travail continu – ça use. Et les gilets jaunes en pleine forme qui ont fait le plein de soleil, de diesel et de bière. Pas de raison que l’extrême droite ne vienne à son tour noircir nos rues. Comme celle d’Allemagne et d’Angleterre.  

   A imaginer ce qui nous attend, on comprend que personne ne se batte pour former les gouvernements. Poussez pas, les amis. On a tout le temps. Surtout que rien ne bouge ! « Jef, de flech’ is af ! » 

   Jadis, que d’ambitions, de manigances, de combines pour avoir l’honneur d’être simplement secrétaire d’état. Maintenant, qui a encore la vocation ? Le Forem, Actiris, le VDAB ont beau tenter d’attirer les candidats (faut même pas de diplôme), promettre voiture avec chauffeur (ah ! non, c’est fini, ça), l’avion gratuit (certainement pas !), une secrétaire ou plus si affinités (non, non ça n’existe plus). Bon, on a beau ne rien promettre sinon une belle carte de visite et une visite au Palais royal, ça n’accroche plus. Ministre, un boulot honteux. 

  Remarquez, le job n’est pas plus populaire ailleurs. Qui se bat encore pour un portefeuille en Italie, à part Salvini (utile, croit-il, pour draguer les minettes sur les plages de l’Adriatique)? Et en Espagne ? Et en Allemagne en attendant que son pauvre gouvernement tombe ? Au Brésil, il suffit d’être au pouvoir pour terminer sa vie en prison. 

   Un signe qui ne trompe pas : même les plus voraces de nos excellences se sont enfuies à l’Europe. Si Michel et Reynders quittent le navire…

     Devant ce vide, j’ai une solution, les amis. Le Congo. 

   Formés par nos politiciens à une époque où ils se bousculaient pour accéder au pouvoir, les Congolais sont les derniers à entretenir le mythe que ministre c’est chic. 

Le président officiel et le président caché ont réussi à en caser soixante-cinq. Il y en a deux fois autant qui faisaient la queue dans l’antichambre. (Chez nous, au tournant des années 60-70, tout le monde aussi voulait en être. Les gouvernements comptaient une trentaine de ministres à cette époque où nous n’avions pas il est vrai de ministres régionaux et communautaires). 

  Pourquoi ne pas proposer aux déçus qui n’ont pas été nommés à Kinshasa de se consoler rue de la Loi et environs ? Les négociations interminables autour d’une table ne devraient pas surprendre des gens formés à la palabre. Et certains pourraient en plus apporter un peu de sagesse à nos escarmouches grâce à quelques proverbes, tels : 

 « Le lit d’un couple n’est jamais étroit » ; « La jambe et la cuisse ne doivent pas se détester. » 

Et le plus utile en cas de parité au gouvernement : « Le seul moment où une femme peut changer un homme c’est quand il est bébé. » 

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ELIO, JEAN-MARC ET LE ROBOT

     Pour former des gouvernements en Belgique, l’intelligence n’étant pas au pouvoir, pourquoi ne pas convier l’intelligence artificielle ? 

  Un robot c’est rapide, propre et sans état d’âme. 

   Un ministre IA dont les décisions seront approuvées par un groupe de robots placé dans les assemblées parlementaires quelque part au dessus de l’hémicycle, voilà qui devrait éviter les coups de sang, les claquements de porte et les Tweets intempestifs qui font sauter les gouvernements aussi facilement et bruyamment que les bouchons de champagne.

  Il faudra évidemment programmer les robots à agir pour le bien des citoyens, pour l’intérêt général. C’est ce qui fera la différence entre les robots et cette mystérieuse société civile pressée par les Ecolos d’aider Verts et Rouges à bâtir une majorité sans majorité. Et à étayer le bazar quand l’édifice sera sur le point de s’écrouler sous les coups des oppositions. 

  Le problème avec le projet de Jean-Marc Nollet et son coquelicot, c’est qu’il y a autant de représentants de la société civile et d’intérêts particuliers qu’il y a d’associations, d’organisations et de citoyens. Chaque civil pense à lui et non à la société ! 

  Un robot, lui, n’a pas de passé, pas de passif, pas d’amour ni de haine plus ou moins cachés. Il n’aime pas Charleroi plus que Liège ou le contraire et n’a pas besoin de favoriser plus Bastogne que Jehay-Bodegné. Son disque dur sera soigneusement nettoyé lorsqu’il entrera au gouvernement. Un représentant idéal de la société civile sans mémoire, sans attaches, sans amis. 

  Autre différence entre le coquelicot et le robot : pendant sa courte vie, cette fleur fragile ne nécessite aucun entretien. Alors que, dans la société informatique, tout bouge sans cesse. Les mises à jour sont permanentes. Et gare aux bugs ! Si en plein conseil des ministres, le ministre déclare brusquement « 404 not found », le gouvernement est bloqué jusqu’à l’arrivée du technicien. Pour peu qu’il vienne de Chine, la Wallonie risque de rester aux abonnés absents un certain temps…

   Reste à savoir qui va programmer les robots wallons. 

  Pas un Wallon. L’engin doit rester neutre. 

   Un Flamand ? Trop risqué : il risque de décider de l’arrêt immédiat des transferts flamands. 

   Alors qui ? Trump ? Xi Jinping ? Ca risque de coûter cher au budget wallon ! 

  Décidément, devant la complexité du labyrinthe belge, il n’y a qu’Elio et Jean-Marc qui soient capables de faire la programmation. Mais qu’ils laissent aux robots la faculté de s’auto-détruire. Ils en auront peut-être bien besoin. 

  « J’aime à penser que la lune est là même si je ne la regarde pas », écrivait Albert Einstein. Qui sait si on peut en dire autant de la Belgique ? Quand vous reviendrez de vos vacances au loin, sera-t-elle toujours là ? Allez, bonnes vacances !

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TUNNELS MAL EMBOUCHES

A la sortie d’un tunnel, la circulation est totalement à l’arrêt, paralysée par un gigantesque embouteillage. À l’intérieur d’une des voitures immobilisées, un homme suffoque. Son habitacle est envahi de fumée. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à ouvrir sa porte ni ses fenêtres. Les passagers des autres véhicules l’observent, indifférents. Enfin, l’homme parvient à grimper sur le toit et, miracle, il s’élève dans les airs.

Cette scène vous rappelle quelque chose ? Vous avez gagné ! C’est Rome en 1962. La première séquence de « Huit et demi » de Fellini. Et non pas Bruxelles 2016. Dans la capitale belge, la scène est impossible : il n’y a plus de tunnels. Ni de viaduc, ni de rues qui ne soient  envahies de chantiers qui ne se terminent jamais.

Au début des sixties, Rome étouffait sous les embouteillages alors que Bruxelles affichait fièrement les beaux tunnels qu’elle venait de bâtir pour l’expo 58 et qui assurait à la circulation automobile une fluidité que les autres capitales nous enviaient. Promenez-vous aujourd’hui à Rome. Le centre ville est un magnifique piétonnier où l’on déambule avec le sourire. Tandis que nos somptueux ouvrages d’art commencent à ressembler aux ruines du forum romain.

Nos ministres n’ont rien vu venir. Charles Picqué, qui a dirigé Bruxelles de 1989 à 2011 (avec quelques interruptions) souffre depuis l’enfance de myopie. Or, les fissures dans le béton des plafonds ne se remarquent pas d’en bas surtout quand on roule vite pour éviter la chute des pierres. La myopie, un mal répandu parmi les hommes politiques belges.

Pascal Smet (déjà ministre de la mobilité en 2003) ne circule qu’à vélo et donc jamais, il ne traverse un tunnel. Un ministre, ça respecte le code. Le dérapage est mal vu chez les hommes politiques belges.

Que faire maintenant ? Il n’y a plus de sous pour la mobilité. On a vidé la caisse pour dessiner des petits vélos sur les chaussées de la capitale, façon de donner l’illusion aux cyclistes qu’ils sont protégés, faute d’avoir l’audace de construire des sites propres. L’audace est mal vue chez les hommes politiques belges.

Il paraît qu’avec Rudi Vervoort, ça va changer. Les grands travaux, il connaît. N’a-t-il pas lancé le chantier d’un gigantesque nouveau stade de football dès son intronisation ?

Mais, question argent, foot ou tunnels, il faut choisir.

Le gouvernement régional pourrait s’inspirer d’Yvan Mayeur. En supprimant les voitures dans le centre ville, il a réglé le problème : plus de voitures, donc plus besoin d’entretenir la voirie.

Faire de la petite ceinture un piétonnier, doublé d’une piste cyclable ? C’est une option. Il y en a une autre : transférer le nouveau stade du Heysel à Louise. D’une pierre, deux coups, et qui ne tomberont pas sur le capot…

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HOMMAGE BÊTE ET MECHANT

On dirait qu’ils s’y sont tous mis en ce début d’année pour rendre hommage aux dessinateurs assassinés de « Charlie-Hebdo ». La fiesta est universelle. Jugez plutôt. La Corée du Nord donne des leçons à Bruxelles en organisant un super feu d’artifices à faire pâlir d’envie Chinois et Japonais. En Arabie saoudite, la fête des rois se célèbre en vidant les prisons devant des pelotons d’exécution. Cherchez la fève ! En Iran, en jetant dans le feu tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Wahabite. Chef d’états occidentaux cherchent dans la région islamistes modérés. Prière de s’adresser à la rédaction de « Charlie-Hebdo »…

Un peu plus loin, les Syriens s’enfuient de leur terre ravagée par leur président dément et ses fous furieux d’adversaires pour se réfugier à Molenbeek en bateau pendant que les Molenbeekois s’enfuient de Belgique, fuyant les menaces d’explosion du pays annoncées par une ministre flamande délirante, pour se réfugier en Syrie et en armoire. De l’autre côté de l’Atlantique, des fous de la gâchette terrorisent les Etats-Unis alors que les représentants des survivants au Congrès proclament qu’il faut protéger le sacré port d’armes. Président cherche sénateurs sains d’esprit. S’adresser à…

Vous imaginez comme Cabu, Charb ou Honorez auraient mouillé leurs feutres pour croquer pareils sujets ! Ils ne sauraient pas où donner du crayon…

Ajoutez-y le procès intenté par le grand mamamouchi turc, Recep Erdogan, le plus modéré  des Islamistes, à l’imam, tout aussi moderato cantabile, Fethullah Gülen. Population locale cherche Kemal Atatürk désespérément…

Comme toujours, il ne faut pas aller très loin pour alimenter les humoristes. Un petit pays d’Europe suffit à lui tout seul à remplir le quota quand le reste du monde s’assoupit. En Belgique, on n’a que l’embarras du choix. Au hasard, pour se mettre en train, il suffit d’essayer d’expliquer comment se déroule chez nous une grève du rail. De suivre sur une carte le parcours d’un train en grève autour de Bruxelles alors que les voies passent tous les quelques kilomètres la frontière linguistique, d’une région à l’autre. On tentera de raconter dans la foulée comment les syndicats qui sont face au gouvernement le plus à droite depuis cinquante ans réussissent à se faire eux-mêmes imploser. La maladie du kamikaze, décidément, est gravement contagieuse même loin des mosquées. On épinglera aussi cette « bonne idée » d’un ministre N-VA qui veut donner des cours aux réfugiés pour leur apprendre à respecter les femmes de chez nous. Et quid des Belges pur-jus-pur-souche ? Sont-ils donc tous féministes, galants et délicats ? Pour avoir une réponse objective et illustrée consultez votre collection de journaux bêtes et méchants…

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SALAUD DE PAUVRES

Contrairement à ce que de méchants artistes affirment haut et fort, la ministre de la culture, Fadila Laanan a des lettres.

En se moquant dans un tweet du « combat de pauvres » auquel se livrent les artistes de théâtre, n’a-t-elle pas fait référence à l’une des plus belles nouvelles de Marcel Aymé, « La Traversée de Paris » ? « Salauds de pauvres ! » lance un des personnages (incarné à l’écran par Jean Gabin) aux clients d’un bistrot où il s’est réfugié pour échapper à une patrouille allemande dans le Paris de l’Occupation.

D’accord, madame Laanan ignorait sans doute la réplique fameuse de Marcel Aymé. Mais n’est-ce pas encore plus beau qu’une ministre connaisse l’œuvre d’un grand écrivain sans le savoir et même sans l’avoir lu ? Quel exemple pour la jeunesse, qui a tant de mal avec les classiques de la littérature. Ne vous fatiguez plus, jeunes gens, les grands écrivains parviennent désormais à faire entendre leur voix via vos tweets sans que vous soyez obligés d’ouvrir leurs livres.

Les pauvres ont la cote décidément dans notre pays. Mais tous ne sont pas tous traités de la même façon. Il y a les pauvres riches et les pauvres pauvres.

La banque Dexia, dont le déficit est plus grand que toutes les taxes que le père Fouettard nous apporte cette année dans son panier, doit paraît-il garder belle allure parce qu’elle représente ce que la Belgique fait de mieux. Cadeau : quelques milliards.

Les artistes en revanche dont la ministre de la culture n’a jamais très bien compris à quoi ils servent sont bons pour se serrer la ceinture : les fonctionnaires sont tellement plus utiles pour représenter la culture de la communauté française et tellement plus simples à mettre en scène : il ne faut ni les maquiller ni les habiller. Et ils répètent parfaitement les textes qu’on leur donne sans discuter les répliques.

Les poivrots aussi ont des soucis à se faire. Quand le gouvernement ne se met pas d’accord sur les recettes nouvelles, c’est toujours eux qui trinquent…

Imaginez alors la situation d’un artiste poivrot. Sa vie est devenue impossible. D’autant que,  pour se consoler, il n’aura même plus de quoi se payer un paquet de cigarettes. Vu leur prix, il n’y a plus que les ministres qui pourront en acheter, les exilés fiscaux français. Et les dirigeants de Dexia.

Ajoutons à la liste des pauvres pauvres les chômeurs, condamnés à devenir mendiants s’ils refusant les nombreuses offres de boulot que leur proposent les  entreprises de leur région, Ford, Mittal, Duferco, Philips, etc.

S’ils veulent éviter de faire la manche, on ne peut que leur conseiller de devenir artiste. C’est plus chic d’être insulté par une ministre que par un bête passant.

 

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COMA

Comment ne pas être hanté par le sort de Rom Houben, cet homme flottant depuis un terrible accident dans les eaux du Styx, entre mort et vie ? Tous le croyaient perdu dans un coma profond depuis vingt-trois ans alors qu’il assistait, impuissant et muet, au ballet des visiteurs autour de son lit sans pouvoir les prendre dans ses bras ou esquisser le moindre signe.
Il existe sans doute d’autres cas de faux morts, d’êtres humains trop vite enterrés mais qui bougent toujours à notre insu.
Wilfried Martens, par exemple, mort en 1992, vient soudain de jaillir de sa sépulture dans une telle forme que certains observateurs ont cru, dans un moment de stupeur, à un gouvernement Martens 10.
S’il est finalement reparti, il a laissé deux autres zombies de la politique, telle des bombes antipersonnel abandonnées sur le rivage, agiter le panier à crabes belge, Jean-Luc Dehaene et son vieux copain de seniorie, Philippe Moureaux.
Dans la foulée, ne verra-t-on pas d’autres anciens ministres de Martens réapparaître à leur tour ? Qui sait si Alain Van der Biest, le vrai-faux assassin d’André Cools, n’est pas plongé lui aussi dans un mystérieux coma artificiel où il suit, parfaitement conscient, les enfants du maître de Flemalle se disputer l’héritage et ceux qui connaissent le véritable nom du commanditaire du crime se frotter les mains depuis que l’affaire est morte et enterrée?
Autre oubliée dans un caveau du C.H.U. de Huy, Anne-Marie Lizin, éphémère secrétaire d’état à l’Europe, pourrait aussi reprendre vie si Leterme passant dans le coin (on n’est pas loin du stade du Standard) se livrait à un petit bouche à bouche régénérateur. Avec elle à la manœuvre, les problèmes communautaires seraient réglés en quelques coups d’accélérateurs. Un coup sur l’aile droite, un autre sur l’aile gauche. Et s’il reste des survivants, ils seront bien trop sonnés après le passage du bolide pour encore oser bouger le petit doigt. Méfions-nous ! Depuis la Twilight saga, les vampires ont la cote !
Mine de rien, on rêve tous à la résurrection des zombies. Et si Gandhi revenait soudain et proposait un traitement zen de BHV ? Un Gordel zen avec ses disciples tournant sans arrêt autour de Bruxelles, revêtus du dhotî et chaussés de sandales, jusqu’à ce que les braillards de tout poils se taisent enfin. Quoique… La situation du sous-continent indien, où s’agitent le plus grand nombre de fou furieux au km², fait penser que même Leterme a peut-être plus de talent politique que le mahatma.

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