L’UNION FAIT LA FORCE ?

    Quel va être le sort des ministres et députés qui se retrouveront sans mandat en juin prochain ? Si certains reprendront la carrière qu’ils menaient auparavant (avocat, chauffagiste, caissier chez Delhaize), d’autres vont devoir compter sur le salaire de leur compagne ou compagnon pour survivre. Ce jour-là, ils découvriront les bonheurs et les malheurs d’être cohabitants. D’un part, le plaisir d’habiter avec l’être qu’on aime. De l’autre, la catastrophe d’apprendre que ce plaisir est payant. Car, en Belgique, les indemnités de chômage ou autres aides sociales sont rabotées dès que vous couchez dans le même lit. 

Peu à peu, l’ex-ministre ou député et son partenaire vont être tentés de violer la loi que l’ex a peut-être lui-même votée ou refusé d’abroger ! Une loi à laquelle il a jadis juré fidélité. 

Or, comment ne pas être tenté de tricher ? L’ex va raconter aux flics ou aux représentants de la sécurité sociale venus pointer leur nez qu’il n’est plus seulement ex-excellence mais aussi ex de son partenaire. Seule façon de survivre décemment sur le plan économique. 

Il va leur montrer le sofa dans lequel il dort, raconter qu’il mange séparément des autres habitants de la maison – la preuve, lui déteste la cuisine vegan. Finalement, pour éviter tout danger, il va faussement se domicilier ailleurs, chez une autre ex, copine ou députée. 

Mais gare au flic de quartier ! Dont « la taca-taca-taca-tac-tactique, c’est de bien observer sans se faire remarquer, et d’avoir, avant tout, les yeux en face des trous » comme le chantait Bourvil.

Le pandore va jaillir pendant qu’il débarque les courses, ramène les enfants et crac, « contravention, allez, allez, pas de discussion, allez, allez ». 

Pauvre fou, va discuter une loi floue avec le représentant de l’autorité ! 

 J’ai dit « il » mais l’ex est plus souvent « elle ». Bonjour l’égalité entre hommes et femmes dont notre ô mère chérie est si fière. 

 Et que fait l’ex-excellence qui n’a pas d’amoureux ? Privée de ressources depuis que l’électeur l’a vidée de leur fauteuil, elle sera tentée de vivre à l’économie avec quelques amis, d’autres ex aussi déchus qu’elle. Avec le même risque.  

Promis, juré, monsieur l’agent, on ne couche pas ensemble – oubliez le secret de la vie privée, c’est bon pour les riches. Mais il suffit qu’ils logent sous le même toit, même dans des chambres séparées (et fermées à clé la nuit, promis, juré) pour se voir pénalisés. Et se retrouver avec des indemnités en peau de chagrin.

Oubliez aussi, vieil ex, les communautés intergénérationnelles pour fuir la maison de retraite. Mai 68, les hippies, l’utopie de vivre ensemble, c’est loin tout ça. A notre époque, vivre ensemble, ça se paye cash.    

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EMBRASSSONS NOUS FOLLEVILLE !

   Enfin, la Saint Valentin ! Avec ce qui nous est tombé sur le coin de la notche depuis le début de l’année, alors qu’on croyait avoir déjà fait le plein de calamités en 2022, on tente de se convaincre que, dès la semaine prochaine, on va enfin recommencer à respirer. Le temps d’une journée en tout cas. 

    La fête des amoureux… Rêvons un peu et embrassons-nous, Folleville ! comme le proposait le génial Labiche. Qui, il est vrai, a aussi écrit La poudre aux yeux… 

    Mais où fêtera-t-on ce mystérieux saint qu’on ne saurait voir puisque le pape Paul VI l’a rayé du calendrier liturgique romain ? Sans doute pas en Turquie et en Syrie, accablées par les convulsions de la croûte terrestre. Saint Valentin n’est pas une fête musulmane. En Russie non plus, hélas. La Saint Valentin n’est pas une fête orthodoxe.  

  Côté belge alors ? Avec les élections qui s’approchent (un an en politique c’est à la fois un siècle et une seconde), on ne peut pas s’attendre à ce que couple flamand-wallon oublie tout et s’enlace. Hélas, l’amer est au programme des prochains mois. Et on ne va pas se marrer. D’autant que les revendications des uns et des autres sont vagues. Suffisamment pour susciter la tempête. Les partis extrémistes flamands se déchaînent, promettant l’apocalypse si on n’obéit pas à leurs diktats flottants. Mais, même si nos tanks n’ont pas été envoyés en Ukraine, rassurons-nous, ils ne sont pas en état d’envahir les plaines wallonnes. Même pas d’avancer jusqu’au prochain garage. 

  Méfions-nous aussi des signaux incompréhensibles. Ainsi de ces ballons d’apparence si sympathique envoyés par la Chine. Que signifiait ce délicat lâcher ? Une façon de clôturer les fêtes du nouvel an chinois ou le signe qu’ils participaient eux aussi à la joie des amoureux ? Comme ils n’y ont pas accroché de petit mot ni de bonbons, les Américains n’ont pas attendu le 14 février pour les couler au fond de l’Atlantique. L’amour vache… 

   Une preuve de plus qu’on ne se comprend plus quand on parle d’amour ?  Pour Poutine, ses armées ne font pas la guerre. Ils ramènent à la maison les cousins du sud tant aimés. 

  Le mot amour il est vrai a de multiples acceptions plutôt contradictoires. L’Amour est un fleuve qui sépare la Chine et la Russie et dont le tracé a servi de prétexte à une guerre entre les deux pays en 1969. 

  L’amour est aussi un poisson blanc nuisible, une bête moche, qui détruit la flore des lacs et des rivières et qu’il faut éliminer. 

   L’erreur est peut-être de limiter l’amour à un seul jour de l’année. Comme il y a une journée mondiale des câlins, des droits des femmes, du yoga, des lépreux, de l’épilepsie, du thon et même du rouge à lèvres. Décidons que désormais, l’amour c’est tous les jours. A bas la Saint Valentin ! 

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ONE FOR MY BABY

   Comment fêter la première Saint Valentin sous Covid ? 

    Au resto, au cinoche, au ski, sur les bords de la Méditerranée, en remontant le Nil, en descendant le Zambèze, en visitant le Louvre, en organisant un bal masqué où seule la bouche restera découverte, en invitant les potes à un apéro sur les échafaudages du Palais de Justice, en s’offrant une place au premier rang du prochain concert de Lous and The Yakuza ? Non, non et non. « Streng verboten » comme braillait l’officier allemand en énonçant une à une toutes les activités interdites dans le camp de prisonniers qui accueillait Jean Gabin, Carette et les autres dans « La grande Illusion ». 

Quoique… 

 Dans une belle lettre écrite à la plume sur du papier épais, pourquoi ne pas vous engager à offrir à votre amoureux-amoureuse tous ces plaisirs dès que vous aurez décroché tous les deux le précieux sésame qui ouvrira les portes du « monde d’après », le certificat de vaccination qui va désormais accompagner nos vies, aussi sûrement que votre tatouage intime ou la photo de votre maman qui ne quitte jamais votre portefeuille ? 

   Déjà les messages entre amoureux prennent un tour inhabituel : « chéri, je ne veux que toi dans ma bulle ! » 

   En attendant, quelques trucs pour faire la fiesta en toute légalité : passez la soirée à monter et à descendre serrés l’un contre l’autre dans un ascenseur (choisir de préférence un immeuble-tour), faire du kayak (l’amour méthode Sophie Wilmès), déboucher des bouteilles de champagne sur le balcon (attention, les policiers très énervés ces derniers temps risquent de répliquer à balles réelles), faire le tour de la terre dans une fusée d’Elon Musk, manger du homard au fond de la mer (la Covid déteste l’eau salée), vous lancer dans une « activité sportive outdoor, sans contact, dans des infrastructures extérieures dans une zone définie de minimum 10 m2 par participant, sans entraîneur actif » (Désolé, la traduction de cette faveur octroyée généreusement aux amoureux par la Ministre Glatigny n’est pas jointe.)   

    Vous pouvez aussi louer un théâtre et réciter sur scène pour, votre invitée du jour, seule dans la salle, « Les Méfaits du tabac » de Tchekhov ou « Le Journal d’un Fou » de Gogol (les monologues russes sont Dieu merci redevenus à la mode depuis le succès de Spoutnik V). «Les Monologues du Vagin » ? Vous pouvez tenter le coup mais c’est du poker… 

Mais le mieux pour séduire votre belle spectatrice est d’écrire vous-même votre monologue. Allez-y carrément, glissez-y tous les sous-entendus que vous rêvez de lui susurrer à l’oreille, aucun critique ne sera en coulisses pour démolir vos efforts ! 

   PS : One for my baby (and one more for the road) a été composée par H. Arlen et J. Mercer. Interprétée par Sinatra, c’est magnifique ; par Ella, c’est sublime!  

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