L’EXIL, UN SPORT DE COMBAT 

 Les récents errements de Nicole de Moor qui refuse d’exécuter un arrêt du Conseil d’Etat montre qu’il n’est pas sain de garder le même ministre dans les mêmes fonctions pendant trop longtemps.  

J’imagine Nicole comme une femme gentille avec sa concierge et ses enfants même s’ils viennent d’un autre coin de la planète (leurs papiers sont en règle), ainsi qu’avec les chiens des voisins même si ce sont des Galgos espagnols, des barbus tchèques et des Laïkas de Sibérie orientale. Elle les croise tous les jours et n’a jamais songé à demander leurs pedigrees à leurs propriétaires, même quand elle les a surpris à pisser sur sa voiture (mais que peut-elle dire à ce sujet sans se ridiculiser ?)

    Voyons, Nicole, quelle idée de passer sa vie à réglementer la circulation des demandeurs d’asile ! Elle qui a travaillé au Commissariat aux Réfugiés et apatrides, été chef de cabinet de son prédécesseur Sammy Mahdi (en voilà un qui doit remercier le ciel de s’être tiré des flûtes), et qui n’a jamais rien connu d’autre. Vis ta vie, nom de nom !

   Elle a élaboré des dizaines de réglementations plus byzantines les unes que les autres qu’elle a obligé les étrangers et ceux qui les accueillent à respecter sous peine de prison. Elle a appris à ses fonctionnaires de se montrer inhumains. La voilà maintenant exactement dans la peau de ces étrangers en détresse, « obligée » de ne pas respecter une décision judiciaire, de se soustraire à la loi, pour parler en juriste. Et elle demande qu’on ait pitié d’elle ? 

 Un de ces jours, pour échapper à la sanction qui frappe tous ceux qui ne respectent pas une décision judiciaire (le laxisme, c’est fini ! dixit son collègue de la Justice), cette pauvre Nicole va être obligée de quitter subrepticement son appartement, sa concierge et les chiens de ses voisins (dont on ne connait pas les pedigrees). Et de devenir réfugiée à son tour. 

  Dans le temps, à la Libération, l’église catholique était en mesure d’évacuer les dignitaires déchus avec lesquels elle entretenait certaines amitiés vers des cieux plus cléments. Mais c’est fini tout ça ! L’Eglise n’a plus les moyens ni les filières. De toute façon, un ministre démocrate-chrétien n’a plus beaucoup d’amis…  

Reste peut-être à roquer avec un de ses collègues. Nicole pourrait reprendre le ministère de la culture en Flandre, dont le portefeuille est vraiment trop lourd à porter pour le ministre-président Jan Jambon, qui s’en défera avec soulagement. 

Evidemment, quand Nicole s’apercevra que même parmi les hommes et les femmes qui représentent le mieux la culture flamande, il se trouve pas mal d’étrangers, il faut prier pour qu’elle oublie les réflexes de son ancienne vie …

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LE PERCEPTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS

  Lors de leur prestation de serment, les présidents américains ont pris l’habitude d’inviter un poète. Biden a convié Amanda Gorman à la cérémonie, qui a écrit des vers spécialement pour la circonstance, comme l’avait fait Richard Blanco pour Barack Obama. 

   En France, les présidents nouvellement élus s’empressent d’expliquer dans leurs premières interviews l’importance pour eux de la littérature et de vanter leurs auteurs de chevet, Maupassant pour Giscard d’Estaing, Lamartine et Saint John Perse pour Mitterrand (qui a soigneusement oublié le funeste et sulfureux Maurras, écrivain culte de sa jeunesse). François Hollande lisait… Mitterrand. Et Macron, qui est un lecteur boulimique, cite régulièrement Ricoeur, son maître, mais aussi Levinas et Saint-Simon, autant que les classiques du théâtre français ou Proust et Céline.  

   En Belgique, on n’a pas jamais entendu les ministres rendre hommage aux auteurs qui les ont inspirés en sortant du Palais royal. Nos politiciens préfèrent parler de sport ou de cuisine. Rarement de leurs bouquins préférés. A quelques rares exceptions, comme Olivier Maingain soulignant l’importance du grand écrivain flamand Tom Lanoye ou Paul Magnette qui célèbre Pasolini.    

   Ceci explique sans doute pourquoi la culture est si malmenée dans notre pauvre pays et ses budgets riquiqui.

 En Flandre, elle est instrumentalisée par la N-VA. Si Jan Jambon, le ministre-président, s’est réservé la compétence, c’est moins par appétit du cinéma ou des bouquins que pour reprendre en mains ces agités du bonnet dont beaucoup ont contesté le parti de Bart De Wever et refusé de se laisser asphyxier dans une région transformée en citadelle. L’essentiel de l’action du ministre-président a consisté à établir des « canons », une bible des éléments de l’identité flamande, dont on attend que les auteurs subsidiés veuillent bien les décliner, autant que la VRT, appelée à se « concentrer sur le renforcement de l’identité flamande ». 

   Le ministre des finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), lui, préfère combattre créateurs et artistes par les armes de la fiscalité. Depuis quinze ans, les auteurs et artistes qui gagnent moins de 37.500 € par an (indexé) bénéficient d’un régime fiscal avantageux, comme dans plusieurs autres pays voisins. Façon de soutenir ces créateurs fragiles (elle exclut les stars qui encaissent d’importants royalties) et d’éviter que auteurs et artistes abandonnent leur passion pour un métier plus lucratif. Or, voilà que la loi-programme du 26 décembre 2022 vient bousculer cet édifice en limitant les droits des auteurs et des artistes à bénéficier de cette réglementation.

   D’un côté, on tente d’enrégimenter les artistes, de l’autre on leur envoie le fisc… Créer des œuvres en Belgique est décidément un sport de combat… 

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MAGIC 21

   Les Chinois ont inventé le feu d’artifices (dont on se passera cette année, ils savent pourquoi !). Mais ce sont des immigrés turcs et hongrois qui ont tiré de leur chapeau le vaccin contre la covid plus rapidement que la formation d’un gouvernement en Belgique. 

   Neuf mois après le premier « coucou, je suis là » de cette chère corona, le monde nouveau devrait apparaître. Il se fait un peu attendre mais après la Saint-Sylvestre, la Saint-Valentin et la Saint Glin-glin, il sera là, tout neuf, tout beau. En 21, on va le chouchouter, le materner et lui apprendre les bonnes manières. Si c’était un abécédaire ?  

   On commencerait par la lettre C comme vaccin. Et surtout comme carotte, celle qu’on nous agite sous le nez pour nous rassurer. Ne vous révoltez pas, tenez-vous calme, prenez patience. Et vous aurez droit à vos deux doses.  

   Suit la lettre I. Comme interdit. Cinéma, restaurant, salles de sport, théâtre. I comme culture, fiesta, concerts. I comme baisers, tendresse, toucher. I comme tout ce qui est remis après les fêtes, après les soldes, après on ne sait plus très bien quoi. Mais, promis-juré, on ira de nouveau s’embrasser au cinéma en mangeant des chocos glacés entre deux étreintes. 

   Vient ensuite la lettre M. Elle ne s’écrit pas comme dans « je t’aime », oh, non ! C’est la première lettre de masque (qui s’attarde), de misère (qui s’installe et se répand), de mise en quarantaine, de monde de fous, de malheurs, de morbleu ! (pour rester poli). Une lettre qu’on pourra effacer après la deuxième dose !  

   Que découvre-t-on à la lettre O ? Amour et eau fraîche. 2021 sera une histoire d’O, souffrance et douleur, pour tous ceux qui ont perdu, vont perdre, leur emploi, leur entreprise, ce qu’ils ont construit. Malgré les aides, importantes, il faut le souligner, par rapport à tant d’autres pays du monde, eux aussi ravagés par l’épidémie et dans lesquels c’est tant pis pour les perdants.  

   Le nouveau mot de l’année est, parait-il, « déconfinement ». Moi, je vote plutôt pour « présentiel ». Avant l’arrivée du corona, on a raconté n’importe quoi sur les bienfaits de l’Internet pour tous, la société du futur avec des cours, des réunions, des conversations à distance. On a vu, merci. Vivement, le bon vieux présentiel ! L’école de papa, les pauses devant la machine à café, les réunions où l’on peut s’invectiver en life, se taper dessus. Malgré le retour des embouteillages, on se précipitera avec bonheur pour se serrer à plusieurs dans des salles trop étroites, sans masque et sans inquiétude. Abandonner l’ordinateur, quel progrès pour l’humanité !   

Touchez du bois, 21 est un chiffre magique. Après tout, c’était celui de ma radio préférée. Restez branchés ! 

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FIAT LUX !

   Cette semaine, la lumière qui éblouit nous vient de Wallonie. Il suffit de deux hommes modestes, résolus et talentueux pour changer la donne. Cette région vouée aux gémonies resplendit grâce aux frères Dardenne, fêtés le week-end dernier à Lyon. 

Faire des films, une occupation futile ? Peut-être. Mais « Rosetta », cette jeune chômeuse sans futur a porté la Belgique au sommet, dans le monde entier. 

  Dans notre petit pays il s’en est trouvé pour faire la fine bouche devant leurs Palmes d’Or et autres récompenses prestigieuses. Comme le relevait Philippe Geluck : « Il y a un proverbe bruxellois qui dit que le clou qui dépasse appelle le marteau ». Chez nous, on se méfie du sommet des vagues alors qu’ailleurs, le clou qui dépasse, c’est un diamant. 

   Dans la plupart des pays du monde, tout repose sur un homme, une femme, une idée, une image. En Belgique, Modeste n’existe pas sans Pompon. Les choses essentielles ne fonctionnent que par deux.

  Tintin et Milou, Dupond et Dupont, Bossemans et Coppenolle, Spirou et Fantasio, René et Georgette Magritte, les frères van Eyck, Delhaize Le Lion et Adolphe Delhaize, la Stella et la Maes. Le Standard et Anderlecht. Même quand on est seul, il faut faire croire qu’on est deux, ce qui explique la réussite d’Albert Frère. 

   En politique, l’équilibre du pays repose aussi sur le modèle duo, flamands-francophones, parité des ministres, doublement des familles politiques. Même les nationalistes flamands sont obligés d’aller par deux, le V.B. et la N-VA. Et, pour les vacances, on va à la mer ou dans les Ardennes. 

Quoi d’étonnant alors que notre plus fameux réalisateur de cinéma soit double ?  Luc et Jean-Pierre Dardenne, deux fois Palme d’Or, viennent d’être récompensés par le Prix Lumière pour l’ensemble de leur œuvre. 

Curieux paradoxe. Les « héros » ou « héroïnes » des deux frères sont des solitaires. Des jeunes femmes ou garçons luttant seuls, désespérément, contre le destin (Igor dans « La Promesse », Rosetta, Lorna, le jeune Ahmed ou Jenny, la femme médecin, rongé par le remords dans « La Fille Inconnue », mon préféré). 

L’homme seul apparaît comme une constante dès leur entrée dans la fiction. Falsch (dans le film qui porte ce nom et leur unique adaptation littéraire) est le seul survivant d’une famille décimée par la seconde guerre mondiale.

L’explication est-elle dans cette citation d’Ernest Bloch (dans leur documentaire « Pour que la guerre s’achève ») : « Ce sont des isolés qui commencèrent à protester » ? 

   Ce prix remet les pendules à l’heure, l’heure aux claquettes. Il rappelle dans cette période sombre que le cinéma, c’est la lumière, le rêve, la promesse d’un futur enchanté. Et un avertissement aux politiques : en cette période de perdition, rien de plus important que la culture.     

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E FINITA LA COMMEDIA!

    De Macron à G.L. Bouchez, les grands de ce monde se mobilisent pour les artistes. Les uns et les autres ne cessent de prononcer de chouettes discours en faveur des auteurs et interprètes. 

Le plus grand mérite de cette bienveillance est d’offrir du boulot au moins à quelques plumes, celles qui écrivent leurs discours.  

De l’argent, un statut pour les autres créateurs ? On verra plus tard. Entre temps, c’est tout de même sympa, non ? 

Parlant de plumes, je connais un certain nombre d’écrivains qui sont prêts à cachetonner eux aussi pour tous les hommes d’état nationaux, fédéraux, régionaux, communautaires, communaux. Dans le métier, être le nègre (désolé, ça s’appelle comme ça, depuis Alexandre Dumas), ce n’est pas très valorisant. Mais ça permet de payer le loyer, la bouffe du petit, quelques mètres de tissu, et même de louer un kayak un dimanche. 

Beaucoup d’artistes sont aussi d’accord de remplacer Macron, Bouchez, Linard ou Jambon pour faire le clown à leur place devant micros et caméras (je ne peux croire que ces messieurs-dames sérieux n’ont pas autre chose à faire que de parler des artistes avec des trémolos dans la voix mais sans budget. Mais, on le sait, l’art doit rester pur ; l’argent c’est impur). 

Faire un stand-up – ou le Guignol- pour remplacer le président au 20 h. de TF1, en prime-time, cela rapporte assez de droits pour s’offrir du gel et des masques pour tous les copains et copines. 

Certains hommes et femmes politiques auraient d’ailleurs intérêt à s’offrir un comédien ou une comédienne pour les remplacer lors des conférences de presse ou autres communications. D’abord, les artistes sont capables de réciter par cœur leurs textes sans broubeler. Ils arrivent toujours à l’heure. Et l’impro, la plupart en connaisse les ficelles et peuvent glisser l’une ou l’autre réplique amusante pour détendre l’atmosphère et surtout pour se défiler des questions embarrassantes sans avoir l’air ridicule. 

Les figurants aussi sont dans la mouise avec l’arrêt des tournages. Pourquoi ne pas leur proposer de siéger dans les multiples assemblées du pays ? Comme les élus, ils voteront aveuglément selon les instructions du parti, promis. Ils n’ont pas de difficulté à jouer masqués. Et leurs salaires sont bien plus compétitifs que ceux des excellences.   

Autre possibilité, tellement plus simple : pourquoi ne pas allouer aux auteurs et artistes une allocation universelle en attendant la reprise des activités ? Le système peut s’appuyer sur une pratique qui a déjà fait ses preuves. Les droits de copie privée et de reprographie sont versés ainsi de manière forfaitaire. Pourquoi ne pas créer une attribution forfaitaire spéciale sur les œuvres dont la représentation ou la reproduction ont été interrompues ou qui n’ont pu être distribuées ?

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TARTINE ET BOTERHAM

   Pourquoi diable Jambon a-t-il voulu un si épais programme, trois cents pages, pour expliquer la matrice de son premier gouvernement ? Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de gras dans ce fouillis. Alors que le génial écrivain Tom Lanoye (dans « Troisièmes noces») a réussi à résumer en deux phrases seulement ce que souhaite vraiment le trio qui a signé ce pensum: « Je ne connais pas de symbole plus consternant de notre époque. Des centaines de milliers de gens qui restent à la maison, les rideaux baissés, accrochés à leur boîte à images, crevant de trouille du monde extérieur ».

Un espace dans lequel les gens se tiennent cois, se regardant et se surveillant les uns les autres pour éviter qu’une goutte de sang impur abreuve leurs sillons. Voilà le rêve des trois co-auteurs. La politique de la citadelle assiégée alors que la Flandre a longtemps donné l’image d’une région ouverte sur le monde. 

Et on s’étonne qu’un autre géant des lettres néerlandophones, Hugo Claus, a écrit : « La politique signifie soit aller s’asseoir à la Chambre et patauger dans le marais que l’on connaît, soit préparer un coup d’État » ?

Soi dit au passage, l’idée d’imposer aux Flamands l’obligation de se plonger dans la culture de leur communauté est moins choquante que certains ne l’ont dit. A condition évidemment qu’on leur serve ce genre de « canons » (c’est le terme très chrétien utilisé curieusement pour faire aimer la culture de leur région aux électeurs du Nord). Cependant, avec la N-VA aux affaires, on peut craindre que l’on célèbre plutôt Cyril Verschaeve (écrivain célèbre pour avoir cédé aux canons allemands pendant la guerre) plutôt que Lanoye ou Claus. Verschaeve dont un élu du V.B. (auquel la N-VA tente à tout prix de coller) a demandé récemment de ramener la dépouille en Belgique (condamné à mort, il est mort en Autriche).

Dans la foulée de ces bonnes intentions, on ne doit pas s’étonner que le programme annonce aussi la fin du vote obligatoire aux communales et provinciales. Pourquoi ne pas avoir tout simplement supprimé les élections ? Car il faudra bien plus que cinq ans pour mettre en œuvre un projet aussi volumineux. Et c’est après seulement que les citoyens pourront juger le gouvernement Jambon I. Sur pièces, comme on dit chez le boucher.

Quand on va voter, on se sent important, quoi qu’on en dise. Alors, expliquez-moi pourquoi le Flamand serait moins important qu’un Wallon ou un Bruxellois..      

Mais, méfiez-vous Jambon et consorts : « On sait très bien, très bien, quand ça commence/
Mais on oublie comment ça peut finir ! » comme le chante Rocco Granata dans  « Marina », la chanson flamande la plus célèbre du monde.
Problème : notre Flamand chante en italien.

Parions que si Rocco débarquait  aujourd’hui à Waterschei, il serait arrêté à la frontière et renvoyé, lui et son accordéon, en Calabre…

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BONNES NOUVELLES DE BERLIN

   Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles venant d’Allemagne. Ainsi, n’avez-vous pas été frappé comme moi qu’aucun des dirigeants ni même des dirigeantes de l’AfD ne porte de moustache ? Cette retenue est en soi une information, un programme, une promesse. 

Autre indication importante : quelques-unes des pires figures du futur nouveau Reich sont des femmes. Alors que le national socialisme avait résumé le rôle des femmes en trois mots : Kinder, Kirche, Küche (enfants, église, cuisine).

Alice Weidel, qui a co-dirigé la campagne électorale avant de présider le groupe au Bundestag ne se cache pas d’avoir pour compagne une immigrée sri-lankaise. Frauke Petry, leur ancienne porte-parole, vient comme Angela Merkel de RDA et a une aussi solide formation scientifique qu’elle. 

Tout ceci pour dire que l’AfD est fréquentable ? Non ! Au contraire ! Il faut combattre ce mouvement maudit mais en ne se trompant pas d’armes ni d’arguments. 

Lors d’une campagne électorale à Anvers il y a plusieurs années, des adversaires du Vlaams Blok avaient cru affaiblir le parti d’extrême droite en pleine expansion en placardant des affiches assimilant Filip Dewinter à Hitler. Echec complet. Aucun électeur n’a compris le message. 

Le führer de l’éphémère Troisième Reich ne fait plus peur à des générations qui ne l’ont pas connu, ni lui, ni ses victimes. Il leur paraît aussi ringard que Gengis Khan ou Napoléon. Mais surtout aucun électeur, tenté par les discours des partis populistes, ne confond « Mein Kampf » avec les promesses des nouveaux fachos ni avec les sympathiques messages que ces politichiens et politichiennes postent chaque jour vers leurs « amis » sur les réseaux sociaux.  

La lutte contre ces malfaisants doit répondre aux angoisses de leurs électeurs, l’immigration, l’identité culturelle, deux questions que l’on doit cesser de mettre sous le tapis. 

En regardant ailleurs pendant que l’Italie se débattait et se débrouillait avec les réfugiés, ses « partenaires » européens ont fourni à Salvini les munitions pour abattre les partis démocratiques de la Botte. 

En investissant trop peu dans la culture, l’éducation et l’enseignement, les gouvernements (singulièrement les nôtres) ont donné aux citoyens le sentiment que nos identités étaient en train de se perdre et de se diluer.  L’éclatement des matières culturelles et l’enseignement entre les communautés a aussi oublié la défense et le développement des valeurs, des artistes, des créations qui se veulent belges et qui refusent d’être réduites à une culture de village. 

Pour appuyer sa demande de naturalisation, Maurice Béjart écrivait : « Que je puisse lire dans les biographies qui me sont consacrées »Maurice Béjart, chorégraphe belge », c’est là mon souhait le plus sincère ». 

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LES POULETS DE MR ORBAN

Mais, mais, c’est qu’il tremble, M. Orban. Les euro-députés, à quelques mois des élections se sont rappelés à notre bon souvenir et l’ont renvoyé dans le coin avec un bonnet d’âne.

Où l’on apprend au passage que le Traité de Rome ne parle pas que de la dimension des poissons, du confort des poules pondeuses ou du droit de vendre dans les bollewinkels des crasses sans cacao qu’on peut appeler « chocolat » Il paraît que les états de l’Union doivent aussi respecter la démocratie, les droits de l’homme, l’Etat de droit.

Dites, Théo Francken, vous saviez ça, vous ? Incroyable, non ? Les institutions européennes ronronnent à quelques kilomètres à peine de votre centre fermé de Steenokkerzeel et personne ne vous l’a dit ? A moins qu’il n’y ait exception pour la Belgique, article 127 bis ?

D’accord, Orban va hausser les épaules et appeler sa population à serrer les rangs face aux vilains technocrates non élus de Bruxelles. Comme les Polonais, à qui la Commission a envoyé une bafouille du même genre il y a quelques mois.

Que va-t-on faire ? Leur coller une solide amende ? Il faut un vote unanime des états membres or la Pologne ne va pas voter contre la Hongrie et la Hongrie contre la Pologne !

Renvoyer les Magyars et les Polonais derrière le mur de Berlin ? A condition que Trump accepte de demander aux Mexicains de le reconstruire à leurs frais.

L’affaire est mal partie. D’autant que la réaction de la population hongroise (qui a réélu sans état d’âme son (f)Orban) est simple : chez nous, on fait ce qu’on veut ! On est en Europe pour recevoir du pognon, pas des leçons.

Où est l’erreur ? D’avoir transformé le but d’origine de l’Union (un marché commun) en une communauté de plus en plus intégrée et dont la liberté n’est pas réduite à celle de la circulation des marchandises et des services ?

Le même jour, le parlement européen, décidément en verve, a voté une nouvelle directive sur le droit d’auteur. Pour protéger les journaux contre le pillage systématique de leurs contenus par Google et autres géants du Net et protéger enfin les créateurs contre l’utilisation systématique mais gratuite de leurs créations.

La gratuité et la liberté de circulation des créations proclamées par Google, suivi par quelques « idiots utiles », sont un leurre. Ce qui est gratuit se paye d’une autre façon, tout le monde le sait.

Le jour où les journalistes et les auteurs disparaîtront, ne resteront que les créateurs de publicité, de fausses nouvelles et ceux qui acceptent de mettre leur plume ou leur caméra au service des gouvernements type Orban.

Robert Schuman a écrit : « l’Europe, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle dans le sens le plus élevé du terme. »

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LES LOIS DE L’AMER

Sacrée gueule de bois pour les partisans du Brexit. Il y avait donc des étrangers hostiles dans les cales du navire ? Croyaient-ils qu’il suffisait de larguer les amarres et de faire flotter la Grande-Bretagne en haute mer pour se débarrasser des rats ? C’est oublier les règles séculaires de la marine.

A ce sujet, il est bon de rappeler aux citoyens d’une nation de grande tradition maritime que l’une des règles de la mer prescrit aux capitaines de recueillir les naufragés, sans vérifier leurs papiers ni leurs cartes de séjour, sexe, compétence ou nationalité avant de les autoriser à monter à bord et sans les choisir en fonction de la couleur de leur peau mouillée.

Tous ces braves Britanniques qui ont voté non à l’Europe en espérant se racrapoter dans une Angleterre qui ressemblerait aux villages dans les romans d’Agatha Christie, se sont trompés. Comme le feront ceux qui plébisciteront Marine Le Pen en croyant aveuglément ses fables sur le retour à une France de bande dessinée d’avant-guerre, peuplée d’hommes en marcels et béret, la moustache triomphante, la baguette à la main, et de femmes, toutes blondes, vêtues de tissus Vichy (Vichy évidemment !)

Sacrés romanciers et auteurs de B.D. qui nous font rêver à des mondes imaginaires, si réussis sous leurs plumes que des lecteurs s’imaginent qu’ils sont réels. Faudrait interdire la fiction, tiens !

Plus un auteur a du talent, plus il est dangereux. Les dictateurs, qui ont en matière de culture plus de flair que les hommes politiques de nos démocraties fatiguées, ont toujours fait taire les artistes.

Il faudrait justement quelques belles plumes en Europe pour retisser un récit, comme disent maintenant les spécialistes de la communication politique. Ce vocabulaire me hérisse mais sa signification n’est pas fausse.

L’Europe s’est construite sur un malentendu, voire un mensonge. Les pères fondateurs ont fait croire que l’on pourrait concilier intégration économique et respect de la souveraineté des états membres. Alors que l’intégration suppose un abandon de pouvoirs des membres de l’Union au profit d’une autorité supranationale.

Mais, faute d’histoires qui nous unissent et nous donnent envie d’abandonner nos défroques nationales ou régionales, l’Europe patine. Hommes et femmes politiques européens comme la plupart des politiciens locaux s’imaginent que leurs promesses de maîtriser ou développer l’économie ou même de baisser le chômage suffisent à se faire élire et aimer. On comprend ainsi le succès de cette phrase apocryphe prêtée à Jean Monnet : « Si c’était à refaire, je commencerais par la culture. »

Il ne l’a jamais écrite mais, soixante ans après la signature du traité de Rome, on aurait tant aimé qu’il l’ait prononcée !

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BXL DESTROY

Quand un ministre se plante, ce n’est jamais parce qu’il a fait une erreur –jamais. C’est à cause d’un défaut de communication. Ses collaborateurs ont mal expliqué son action, déformé ses propos. Dans son for intérieur, il pense surtout que les citoyens n’ont rien compris. Sont pas toujours malins, malins, les citoyens.

L’effondrement de l’économie dans le centre de Bruxelles, son image dégradée ? La capitale aussi est victime d’une mauvaise communication. La réalité est beaucoup moins noire que ne le racontent ces sacrés journalistes. Et les gens adorent gémir. De quoi se plaint-on ? Le métro ne roule plus depuis un mois en soirée alors qu’à Paris, il fonctionnait dès le lendemain des attentats ? Et alors ? Pas de métro est bon pour l’économie : cela oblige les gens à faire appel aux taxis qui justement se plaignaient de la concurrence d’Uber. Voilà la preuve qu’un secteur peut être sauvé par la crise sécuritaire. D’un mal, on fait un bien.

L’effondrement des tunnels, du viaduc ? Un autre exemple de mauvaise communication. Quel buzz aurait pu faire la région en transformant toutes ces catastrophes en opportunités, mieux en spectacles. Au lieu de décourager les automobilistes de traverser la ville et d’effrayer les touristes en jumelant Bruxelles avec Alep, un office de tourisme audacieux aurait dû fabriquer un événement : Bruxelles vous offre en direct la destruction de ses ouvrages d’art. On aurait installé des chaises devant le tunnel Stéphanie, devant Montgomery ! On attend la nuit, l’éclairage public éteint, pendant que retentit Wagner, crac, tout s’effondre ! Un show catastrophe magnifique avec son et lumières – et un peu de poussières d’amiante, sans doute mais on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.

Les séances de la Chambre aussi auraient pu être métamorphosées en attractions, avec vente de tickets, boissons et photos dédicacés. Au lieu de cacher honteusement M. Jambon dans une petite salle de commission, il fallait l’exhiber à Forest national, organiser un face à face avec l’opposition en s’inspirant de « Règlement de comptes à OK Corral ». Avec de la poudre, de l’adrénaline, le bon, la brute et le truand.

Et Jacqueline Galant ? On avait sous la main Cat Ballou, Ma Dalton et Calamity Jane réunies et on l’a laissée partir sur la pointe de ses petits pieds ? Alors que, sur la scène, faisant face à une bande de cow-boys bien décidés à l’abattre, on aurait joué à bureaux fermés. Personne n’a pensé à ça ? C’est à s’arracher les cheveux !

La preuve une fois de plus de la place insignifiante de la culture en Belgique et du mépris dans lequel la tiennent les politiques. Alda Greoli a du pain sur la planche mais est-elle prête à mettre l’imagination au pouvoir ?

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