LE GANG DES VIEUX FOURNEAUX

     Bien décidé à donner une fois encore un coup de mains à son vieux pote Donald Trump, Vladimir Poutine a lancé un important programme destiné à empêcher le vieillissement des cellules. Sa vice première ministre a vanté le développement de « technologies qui préviennent le vieillissement cellulaire, les neurotechnologies et d’autres innovations visant à assurer la longévité« . 

De quoi inspirer plusieurs albums supplémentaires à Lupano et Cauuet, les sarcastiques auteurs des « Vieux Fourneaux » (éd. Dargaud). 

Les recherches des scientifiques russes présentent de nombreux avantages. Elles vont permettre à une poignée de vieux survivants de la bataille de Stalingrad de reprendre les armes cette fois contre l’Ukraine. Rien ne vaut un vieux Bolchevique pour monter à l’assaut des ennemis du régime, de la Russie et du petit père des peuples. Pour combler le découragement des jeunes recrues qui se demandent pourquoi ils doivent abîmer leur jeunesse à conquérir quelques kilomètres carrés de trous perdus dans le Donbass. Un vieux Bolchevique ne se pose pas ce genre de questions ni aucune autre. 

Cette politique permettra à Vlad de mettre en garde son entourage et ses quelques opposants survivants qu’il vaut mieux oublier l’âge du capitaine. Il est parti pour régner encore un siècle ou deux. Les candidats à sa succession feraient mieux de changer de métier ou de pays. 

Vous me demanderez pourquoi le président russe, dont l’économie est au bord de l’implosion à cause des conséquences de sa guerre insensée et du coût terrible de la fabrication accélérée d’armes sophistiquées, est prêt à investir ce qui lui reste au fond des poches dans des labos scientifiques et les promesses de quelques savants fous. C’est qu’il parie que la science va lui permettre de gagner sa guerre et imposer la primauté de l’empire russe. Grâce à l’aide de Trump. Dont il obtiendra tout ce qu’il désire. 

En échange de quelques piqures du produit miracle et de l’assurance que plus personne n’osera évoquer son âge, le futur président américain sera prêt à arrêter l’aide aux ennemis de la Russie, à laisser les Européens se débrouiller sans le parapluie atlantique et à approuver toutes les politiques que son camarade de Moscou lui soufflera à l’oreille. Le prix n’est pas trop fort puisque Trump recevra la garantie qu’il présidera les Etats-Unis en conservant un cerveau pas plus dérangé qu’il ne l’est actuellement. Et surtout que ces remèdes miracles lui assureront une vie sexuelle débridée pour un temps illimité. 

Kamala Harris paraît pouvoir prendre l’ascendant sur son balbutiant adversaire. Mais c’est sans connaître l’arme secrète terrible qui risque de perturber les dernières semaines de campagne. Dire que Poutine a dit récemment qu’il aimait son rire. Quel faux derche !

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VITESS’KE

  Aussitôt connue la défaite de son parti aux élections européennes, le président Macron a dissous l’Assemblée nationale et convoqué fissa des élections législatives dès la fin du mois pour remeubler le Palais-Bourbon de frais. De l’air ! De l’air ! Sauf que le frais peut s’avérer glaçant si les électeurs remettent le couvert et reproduisent le menu écœurant de dimanche dernier. Peu importe, pense le président français qui parie que rapidité et réactivité peuvent tenir lieu de programme pour sauver les meubles brinquebalants de sa majorité déjà relative. De toute façon, qui dissèque les promesses politiques ? On s’informe sur les réseaux sociaux où tout est blanc ou noir et où les engagements politiques doivent avoir moins de deux cent cinquante caractères pour être lus. 

  Vite, vite ! clament aussi les vainqueurs des élections belges. Un Bouchez survolté et un De Wever qui essaye de balayer tout ce qui peut faire obstacle à ses ambitions de diriger le pays se sont lancés dans la formation d’un gouvernement avec moteur turbo. 

On a suffisamment déploré la lenteur des précédentes négociations pour leur reprocher de constituer une équipe avant la Saint Glin-Glin. Mais, si on prend le temps de réfléchir, on se demande quel programme peut réunir le libéral belgicain unitariste et le séparatiste flamingant. Et si c’était justement l’absence de programme qui les rapprochait ? 

Une photo des deux champions dans leur beau costume sur Instagram, un faux dialogue complice sur Tik Tok, quelques jolies formules frappées au coin du bon sens, le tour est joué et les citoyens embobinés. Ils n’en demandent d’ailleurs pas plus. Ils ont compris depuis longtemps que les promesses n’engagent que ceux qui y ont cru. 

Un gouvernement d’abord et un programme le plus tard possible – juste avant la prochaine échéance électorale par exemple, voilà qui devrait satisfaire le bon peuple. Car à quoi bon négocier une interminable feuille de route comme à la formation de la Vivaldi, si c’est pour la laisser au placard ? Nos vainqueurs ont bien compris qu’à notre époque, le citoyen veut qu’on aille le plus vite possible. Dans quelle direction ? Peu importe. Pourvu qu’on y coure. N’est-on pas à la veille des jeux olympiques ?

On comprend qu’avec cet état d’esprit, les plaies majeures qui déchire l’Europe ne sont plus à l’ordre du jour. Le pire du réchauffement climatique n’arrivera que dans cinquante ans. Au dernier moment, il se trouvera bien un politicien qui promettra de le régler à tout berzingue et des citoyens prêts à le croire sur paroles. Quant à la guerre d’Ukraine, elle commence à casser les pieds. Si les Ukrainiens continuent de traîner les pieds sans parvenir à repousser les Russes, c’est sûr qu’ils vont perdre le soutien d’une partie de notre opinion publique. On ne plébiscite que ceux qui agite « vitess’ke » comme slogan.  

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ZERO EST ARRIVE

  « Le Soir » du 2 octobre 1998 annonçait en bandeau « Deux Belges sur trois veulent régulariser les sans-papiers ». Que sont devenus tous ces Belges qui voulaient que la Belgique revoie complètement sa politique d’asile ? 

  Désormais, les politiques se battent partout en Europe comme aux Etats-Unis pour diaboliser les étrangers, les expulser, fermer les yeux sur les camps atroces où nous chargeons Libyens, Tunisiens, Turcs de nous en débarrasser. 

  Il y a quelques jours, le président Macron faisait entrer au Panthéon les époux Manouchian, héros étrangers qui se sont battus jusqu’à la mort avec la résistance française et contre ces « bons Français » qui pactisaient avec les nazis. 

  Salutaire mise en garde alors que tous ceux qui bavent pour monter au pouvoir ont fait de l’immigration l’explication de tous nos maux. 

Avec pour image choc, le fantasme du grand remplacement. Le Vlaams Belang en a fait son cheval de bataille lors de ses congrès où la haine de l’étranger sert à galvaniser les militants (« une vermine importée qui verse dans la délinquance » évolue dans « des ghettos où règne la charia » pour citer quelques propos qui ont servi de zakouskis aux débats). 

Peu à peu, les partis démocratiques se laissent gangrener par ce type de discours. On l’a vu lors du vote de la loi immigration en France il y a quelques semaines. Ou en entendant les déclarations de la N-VA qui s’essouffle à courir derrière l’extrême droite flamande en refusant désormais d’accepter tout nouveau demandeur d‘asile. « Notre objectif, c’est zéro » a clamé Théo Francken. Zéro est arrivé ? C’est ainsi que le parti conservateur veut rattraper ses électeurs tentés vers encore plus à droite que lui. Pauvre Bart De Wever obligé de faire le grand écart, en tentant de tenir un discours de chef d’état pour ne pas se couper de ses futurs partenaires d’un gouvernement qu’il veut diriger tout en laissant les grandes gueules de son parti plagier les slogans de son redoutable concurrent. 

Béni soient les immigrés, se disent en secret tous ces grands tacticiens. C’est grâce à eux qu’ils espèrent décrocher la timbale. Pourvu qu’ils continuent d’affluer d’ici le dimanche des élections !

Il faudrait parfois rappeler à Théo Francken, Tom Van Grieken ou Filip Dewinter que leurs ancêtres sont venus eux aussi d’Afrique chasser les populations locales qui vivaient à l’époque en Flandre. Et à Trump que, sans les dizaines de millions d’immigrés qui ont envahi l’Amérique et massacré ceux qui y habitaient, il ne serait pas aujourd’hui à vitupérer contre ses voisins pour revenir hanter la Maison Blanche. 

On est toujours l’immigré de quelqu’un. Mais les homo sapiens plus que les autres animaux de la planète…

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PROVO !

     Les Hollandais n’auraient-ils pas pu attendre Saint-Nicolas avant de nous balancer une espèce de Zwarte Piet aux cheveux peroxydés juste avant le passage du grand saint ? Le fouet au lieu des cadeaux et du chocolat, sont fous ces Bataves ! Chez nous, on se montre plus respectueux des traditions, les fachos ne débarqueront qu’en juin en Flandre. Ainsi que leurs camarades au Parlement européen (entre fachos, on se dit camarades ?)

   Devant la victoire de Geert Wilders, on se frotte les yeux. On a l’impression de vivre en vrai « Mars attaque » ou à « La Guerre des Mondes » et l’arrivée d’affreux petits hommes verts prêts à dévaster la planète. 

Dire qu’Amsterdam a symbolisé la liberté, la fantaisie. Aux temps des swinging sixties, avec leurs manifestations pied-de-nez et leurs vélos blancs, les Provos représentaient la contre-culture, le désir d’une société ludique et la fin des structures politiques figées.

  Or voilà que les Hollandais vont chercher à la droite de la droite le renversement des politiques traditionnelles. Ils ne veulent plus changer la société par le plaisir mais coincer la démocratie par des mesures autoritaires.    

  Que les citoyens protestent, grognent, et le manifestent, quoi de plus classique. Mais, jusqu’ici, ils se servaient des élections européennes comme défouloir pour exprimer leur mécontentement, leur rejet des politiciens accrochés au pouvoir car ils avaient l’impression (pas totalement fausse) que les députés européens c’est beaucoup de monde bien payé dont les décisions ne servent à rien de concret. Donc, on envoyait des grandes gueules, des populistes ou des extravagants pour dire des énormités sans conséquence à Strasbourg et à Bruxelles et faire râler les politiciens en place.  

  Mais où va-t-on si ce genre de personnages envahit aussi les parlements nationaux, s’ils siègent même dans les gouvernements ? Comme Fratelli d’Italia et la Ligue en Italie, leurs équivalents en Scandinavie ou en Tchéquie. Et qu’en sera-t-il après les prochaines élections avec le Vlaams Belang ou le Rassemblement national ? 

   Comment apaiser la vague brune ? On ne peut même plus compter sur le père Fouettard pour y mettre bon ordre. Depuis que le plus fidèle serviteur de St Nicolas est vilipendé, parce qu’il a eu la mauvaise idée de se grimer en noir et de fouetter les enfants, c’est la panique dans le duo. Il est rangé au placard laissant le pauvre vieux saint tout seul, incapable de distinguer quels enfants récompenser et ceux qui méritent une bonne baffe. Qu’on ne s’étonne pas que nos sociétés soient alors chamboulées et se mettent à voter n’importe comment en mélangeant le bon, la brute et le truand.  

Gardons-nous de la prévision de Berthold Brecht : « Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise ».  

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C’EST PAR OU LA SORTIE ? 

Deux déclarations m’ont frappé la semaine dernière. Celles des premiers ministres belge et français. Pour Alexandre De Croo, il faut faire « une pause » dans l’élaboration de nouvelles réglementations environnementales. Pour Elisabeth Borne, le Rassemblement national est « l’héritier de Pétain ». Quoi de commun entre ces deux interventions ?

De Croo croit apaiser les citoyens inquiets de l’arrivée de nouvelles réglementations nécessaires pour combattre la disparition des espèces en disant : « Dormez en paix pendant que je m’occupe tout seul de sauver les abeilles sans qu’elles ne vous piquent ». Tandis que la première ministre française prend le taureau par les cornes en dénonçant les discours réducteurs et mensongers de son opposition d’extrême droite. Dans un cas, on délivre un message simpliste, on fait semblant que l’on peut faire une pause en matière d’environnement, arrêter le temps et fermer les yeux. Dans l’autre, on se bat précisément contre les discours de l’extrême droite qui ramassent les votes des citoyens inquiets de la complexité des défis à réaliser et qui tremblent devant la perspective de réformes. 

Certes, on peut discuter de l’efficacité d’assimiler Marine Le Pen à Pétain. Il n’y a pas que la moustache qui sépare le maréchal sénile de la femme à poigne. Les différences entre les deux ne sont pas seulement physiques. Quatre-vingts ans les séparent. Un siècle, un autre monde, d’autres défis. Il y a quelques années, des opposants au Vlaams Belang avaient affiché pendant la campagne électorale des photos de Hitler rappelant le régime nazi sans que cela ait eu beaucoup d’effet sur les électeurs de la métropole. Qui n’ont pas voulu comprendre la parenté entre le parti flamand et le modèle national-socialiste. 

Peut-être Madame Borne a-t-elle commis la même maladresse mais elle assume et combat. Et elle a bien du mérite dans une époque et une Europe plongées dans la peur du futur, la perplexité et le repli.

En attendant les élections européennes, dont les résultats paraissent déjà menaçants, les élections récentes en Turquie et en Espagne (qui ont vu le succès d’un parti issu du franquisme), après les votes en Italie (qui ont porté au pouvoir des descendants néo-mussoliniens) ou en Scandinavie (où les gouvernements ne se maintiennent qu’avec l’appui de formations d’extrême droite), tout cela fait froid dans le dos, ce qui ne suffit pas à lutter contre le réchauffement climatique…

A force de se jeter en pleine conscience dans les bras d’ennemis de la démocratie pendant que la planète bleue commence à tourner à l’orange, on risque de réaliser cette réflexion d’Oscar Wilde : la démocratie, c’est l’oppression du peuple par le peuple pour le peuple. 

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EMBRASSSONS NOUS FOLLEVILLE !

   Enfin, la Saint Valentin ! Avec ce qui nous est tombé sur le coin de la notche depuis le début de l’année, alors qu’on croyait avoir déjà fait le plein de calamités en 2022, on tente de se convaincre que, dès la semaine prochaine, on va enfin recommencer à respirer. Le temps d’une journée en tout cas. 

    La fête des amoureux… Rêvons un peu et embrassons-nous, Folleville ! comme le proposait le génial Labiche. Qui, il est vrai, a aussi écrit La poudre aux yeux… 

    Mais où fêtera-t-on ce mystérieux saint qu’on ne saurait voir puisque le pape Paul VI l’a rayé du calendrier liturgique romain ? Sans doute pas en Turquie et en Syrie, accablées par les convulsions de la croûte terrestre. Saint Valentin n’est pas une fête musulmane. En Russie non plus, hélas. La Saint Valentin n’est pas une fête orthodoxe.  

  Côté belge alors ? Avec les élections qui s’approchent (un an en politique c’est à la fois un siècle et une seconde), on ne peut pas s’attendre à ce que couple flamand-wallon oublie tout et s’enlace. Hélas, l’amer est au programme des prochains mois. Et on ne va pas se marrer. D’autant que les revendications des uns et des autres sont vagues. Suffisamment pour susciter la tempête. Les partis extrémistes flamands se déchaînent, promettant l’apocalypse si on n’obéit pas à leurs diktats flottants. Mais, même si nos tanks n’ont pas été envoyés en Ukraine, rassurons-nous, ils ne sont pas en état d’envahir les plaines wallonnes. Même pas d’avancer jusqu’au prochain garage. 

  Méfions-nous aussi des signaux incompréhensibles. Ainsi de ces ballons d’apparence si sympathique envoyés par la Chine. Que signifiait ce délicat lâcher ? Une façon de clôturer les fêtes du nouvel an chinois ou le signe qu’ils participaient eux aussi à la joie des amoureux ? Comme ils n’y ont pas accroché de petit mot ni de bonbons, les Américains n’ont pas attendu le 14 février pour les couler au fond de l’Atlantique. L’amour vache… 

   Une preuve de plus qu’on ne se comprend plus quand on parle d’amour ?  Pour Poutine, ses armées ne font pas la guerre. Ils ramènent à la maison les cousins du sud tant aimés. 

  Le mot amour il est vrai a de multiples acceptions plutôt contradictoires. L’Amour est un fleuve qui sépare la Chine et la Russie et dont le tracé a servi de prétexte à une guerre entre les deux pays en 1969. 

  L’amour est aussi un poisson blanc nuisible, une bête moche, qui détruit la flore des lacs et des rivières et qu’il faut éliminer. 

   L’erreur est peut-être de limiter l’amour à un seul jour de l’année. Comme il y a une journée mondiale des câlins, des droits des femmes, du yoga, des lépreux, de l’épilepsie, du thon et même du rouge à lèvres. Décidons que désormais, l’amour c’est tous les jours. A bas la Saint Valentin ! 

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QUAND UN QATAR RIT, TOUS LES …

 Que reste-t-il aux habitants du Qatar indifférents au ballon rond ? On pourrait leur proposer de voter. Voilà une coutume occidentale qui n’a pas encore importée là-bas. Ce qui est bizarre tant les dirigeants qataris aiment partager nos petits caprices. Après le sport, ils devraient essayer les élections. Ça occupera ceux de leurs citoyens qui n’ont aucune envie de bailler d’ennui dans leurs stades flambant neufs ou qui ont peur d’y attraper un rhume. A voir le nombre d’élus occidentaux dont ils ont, paraît-il, réussi à acheter la complaisance, les dirigeants qataris connaissent manifestement toutes les ficelles de ce petit jeu auquel nous nous livrons périodiquement avec autant d’enthousiasme que le vélo, le Lotto ou le foot. A condition d’éliminer la part d’imprévu que nous avons bêtement conservée. Adapter ce jeu devrait se faire sans trop d’efforts et sans risque si les autorités appliquent aux joutes électorales les méthodes expérimentées notamment auprès de beaucoup de respectables excellences de la FIFA pour décrocher la Coupe du Monde de foot.

Qu’ils ne craignent rien. En Iran, en Russie et dans bien d’autres pays, on organise régulièrement des élections, avec de vrais bureaux de vote, urnes scellées, dépouillement, scrutateurs, et tout le bazar sans aucun risque de dérapage ni de surprise. Trump se propose d’ailleurs de reproduire ces excellentes expériences bientôt aux Etats-Unis.

Si le foot n’est pas leur tasse de thé, je ne conseille pas aux habitants de Doha de faire grève faute de mieux, pour s’amuser et secouer un peu le ronron local. Si le Qatar a adhéré au Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux, c’est en se réservant d’interpréter le mot « syndicat » selon la loi qatarie. Autrement dit, une association de travailleurs n’a absolument rien à dire. Et il vaut mieux pour la santé de ses dirigeants qu’elle ne le dise pas. 

Les autorités qataries font une erreur. Là aussi, il suffit d’un peu de monnaie… 

Quelques exemples historiques montrent qu’en se montrant généreux, le pays pourrait investir dans un syndicat avec autant de tranquillité qu’il l’a fait dans le PSG. A condition évidemment de payer leurs représentants au prix de Mbappé ou Neymar. 

Qu’ils relisent la vie et les œuvres de Jimmy Hoffa, patron du puissant syndicat des camionneurs aux Etats-Unis dans les années cinquante et soixante, et de son flirt longtemps impuni (y compris des électeurs membres du syndicat) avec la Maffia. Ça pourrait leur donner d’excellentes idées.

Le plus intéressant de toutes ces considérations c’est que ces investissements ne coûteront pas grand-chose aux Qataris et à leurs familles. Car, qui alimente, le budget national ? C’est nous qui achetons leur gaz et leur pétrole…      

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TOUS CHOCOLAT

    Le peuple, le peuple. Des candidats aux élections, des gilets jaunes aux protestataires de tous poils, ils sont tous à en appeler au peuple, quand ils ne se prennent pas eux-mêmes pour le peuple, comme Mélenchon ou Le Pen. 

  Face aux dictateurs, à leur violence, leur intolérance, la violation des droits de l’homme, on oppose la démocratie, la souveraineté sortie des urnes, le vote des citoyens. Le peuple ne se trompe jamais, paraît-il. 

   Mais il a bonne mine, le peuple, qui vient de réélire à une confortable majorité le patron de la Hongrie, M. Orban. Sans coup d’état ou l’aide de l’armée pour se maintenir sur son trône. Non, il s’est vu renouveler le mandat que lui a donné le peuple par les urnes comme nos paisibles dirigeants de la Vivaldi. 

Et Poutine ? Lui aussi a été élu et réélu. Le président turc, Erdogan également. Et les dirigeants du PiS (Droit et Justice) en Pologne. 

Alors, le peuple, t’as reçu une brique sur la tête ou quoi ?

Que dira-t-on si Marine Le Pen entre à l’Elysée ? Qu’on ne discute pas la voix du peuple ? 

Sûr que ça rendra amer le chocolat de Pâques… Les Français auront beau chanter L’Amère/ au ciel d’été/confond ses blancs moutons/avec les anges si purs/ ils auront l’air malins. Cependant que Tom Van Grieken sera reçu en premier invité étranger, peut-être même avant Poutine, en attendant que, devenu président de la région flamande, TVG accueille à son tour la nouvelle présidente de la France à Bruxelles, sa capitale, au son de l’hymne du Vlaams Belang. 

On commence à se dire que Churchill n’avait peut-être pas tort quand il disait que « la démocratie est le pire système de gouvernement » (mais il ajoutait « à l’exception de tous les autres ».) Si on ressortait le tirage au sort des dirigeants pratiqué dans la Grèce antique (redevenu très à la mode ces derniers temps, faute de mieux), au moins on pourrait dire que le hasard s’est trompé, pas le peuple. Voilà ce qu’en pensait Platon : « La démocratie advient quand les pauvres sont vainqueurs de leurs adversaires, qu’ils en tuent une partie et en exilent l’autre et qu’ils partagent à égalité entre le reste de la population l’administration et les charges, et les magistratures y sont le plus souvent attribuées par des tirages au sort ». 

Chez nous, on déclare que le peuple est souverain. Mais le problème du souverain c’est qu’il ne fonctionne correctement que s’il existe des contre-pouvoirs. Or, qui peut s’opposer au peuple ?      

   Un proverbe de la Bible dit avec beaucoup de sagesse : « Faute de vision, le peuple vit sans frein ».

  Or, qui fait rêver le peuple, qui propose un destin dans cette époque chaotique, apocalyptique où on ne peut choisir qu’entre la guerre, la maladie et le dérèglement climatique ? 

Allez, le peuple, remet l’imagination au pouvoir à la place de tous ces prophètes de malheur ! 

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DANS LA QUEUE DE LA COMETE

   La queue de la comète Trump n’a pas fini d’infecter ceux qui passent dans son sillage. Nous aussi, et pas seulement les Américains, risquons de subir pendant un moment encore les excès et les dérives de l’ex maître du monde, qui a libéré quelques virus mauvais contre lesquels on n’a pas encore trouvé de vaccin. 

  Prenez le patron de Belfius, Mr Raisière, une banque qui ne doit sa survie (et les plantureux salaires de ses dirigeants) qu’à l’argent du contribuable. Ce brave homme s’est ouvertement réjoui que la fin de la pandémie, plus exactement des aides publiques, allait nettoyer l’économie belge des restos et bistrots fragiles. Et de rêver que sur ces cimetières vont s’élever de nouveaux établissements, clinquants, plus sains, plus vigoureux. En voilà un qui n’a jamais traîné dans un stam café.

 L’élimination des plus faibles au profit des plus forts cela s’appelle l’eugénisme. Lors du renouvellement de son mandat, Mr Raisière avait tweeté qu’il plaçait « la culture d’entreprise et la satisfaction de ses clients au centre de toutes ses actions ». Faut-il comprendre que l’eugénisme fait partie de la culture Belfius ? Une méthode adoptée par le régime nazi mais aussi par la plupart des pays scandinaves qui l’ont longtemps pratiquée et qui est toujours recommandée par la Chine et Singapour. 

   On peut aussi craindre que le départ du virus redonne des ailes aux gilets jaunes ou à leurs émules, que certains ont comparés aux redoutables olibrius qui ont pris d’assaut le Capitole. Tous ces partisans d’une réalité alternative qui croient que leur candidat chéri a gagné les élections et qu’un dangereux communiste a mis la main sur la Maison blanche. Comme eux, ces « braves gens » se sont proclamés « le peuple », ce qui signifie que les autres n’appartiennent pas vraiment à la race humaine, en tout cas à leur race. Comme ceux qui font encore bêtement confiance à un gouvernement, un parlement, à ce système auquel ils ne croient plus, les élections. Un vieux bazar qui emmène au pouvoir des dirigeants qui ne leur ressemblent pas. Preuve que les urnes sont truquées et les journalistes vendus. 

   Il y a du travail pour rafistoler le lien social, la confiance, pour que nous formions « une équipe de 11 millions », qui ne seront pas obligés de porter le gilet jaune pour prouver qu’ils sont encore des êtres humains… Nos gouvernants ont intérêt à y prendre garde. Et les profs ont aussi un rôle essentiel à jouer pour redonner du bon jus aux futures générations et écarter d’eux le virus mauvais.  

  Ce qui rappelle ce que disait le philosophe américain John Dewey au début du vingtième siècle : « la démocratie doit naître de nouveau à chaque génération, et l’éducation est sa sage-femme »

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UN EXCELLENT CALMENT

Le mot de l’hiver dernier était « vortex ». Personne n’en a vraiment compris la signification mais comme Vortex évoque pour les uns le nom d’un horrible espion russe dans un film de super-héros et pour les autres une substance explosive fort appréciée des terroristes, on a saisi que le vortex n’annonçait rien de bon. En effet, les frimas de février dernier ont donné un avant-goût de la glaciation qui nous attend lorsque le gulf-stream prendra le large.
Cet hiver, le nom en vedette, c’est Jeanne Calment.
Jusqu’ici la doyenne des Françaises – morte à l’âge de 120 ans il y a quelques années – renvoyait l’image de la France éternelle, quelque part entre le paysage tranquille de la campagne avec fond de clocher et braves paysans « de chez nous » et les pubs de la mère Denis (une autre mamie qui avait connu le succès dans des clips de machines à laver, en répétant « c’est bien vrai, ça » exemple de la sagesse du bon peuple d’en-bas).
Mais, patatras, voilà qu’on subodore que la mère Calment n’est pas la mère calmée mais sa fille. Qui aurait pris la place de sa maman pour continuer à percevoir sa pension.
Est-ce vraiment une coïncidence si cette bombe explose au moment où cette même France d’en-bas, dont elle était le symbole, s’est mise à contester chaque samedi les institutions et les fondamentaux du système politique de nos voisins ? Il n’y a donc plus rien qui tienne debout dans l’Hexagone si même cette icône qui ramenait une bouffée du bon temps de jadis pour apaiser les tourments d’aujourd’hui se révèle une contrefaçon.
Chez nous, les choses commencent aussi à sentir le roussi. Notre Jeanne Calment à nous s’appelle Didier Reynders. Un homme qui a connu la Belgique d’avant la N-VA. D’avant même la troisième réforme de l’état ! Il s’en va lui aussi chercher le calme ailleurs. Mais en nous laissant un message paradoxal.
D’une part, il nous abandonne, dit-il, pour Strasbourg et le Conseil de l’Europe. De l’autre, il annonce que les libéraux de Bruxelles peuvent compter sur lui et qu’il va les mener, drapeau au vent.
On sait que l’homme a plusieurs tours dans son sac. Et des cartes plein les manches. Mais comment va-t-il à la fois vivre dans les deux capitales de l’Europe ? Chargera-t-il un faux Reynders de diriger Bruxelles ? Va-t-il se faire représenter à Strasbourg par un clone ? Une doublure ? Laurette Onkelinx justement a du loisir. Et, si ça se trouve, un goût pour le travesti. Ou Daniel Bacquelaine qui doit en avoir plein les bottes de la pension à poings (dans la figure).
A moins qu’il ne fasse appel à la technologie moderne, dont s’était déjà servi Jean-Luc Mélenchon pour animer des débats simultanés dans plusieurs villes françaises ?
2019, on le voit, commence sur les chapeaux de roue. Sûr que c’est une année où l’on va s’amuser…

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