QUAND UN QATAR RIT, TOUS LES …

 Que reste-t-il aux habitants du Qatar indifférents au ballon rond ? On pourrait leur proposer de voter. Voilà une coutume occidentale qui n’a pas encore importée là-bas. Ce qui est bizarre tant les dirigeants qataris aiment partager nos petits caprices. Après le sport, ils devraient essayer les élections. Ça occupera ceux de leurs citoyens qui n’ont aucune envie de bailler d’ennui dans leurs stades flambant neufs ou qui ont peur d’y attraper un rhume. A voir le nombre d’élus occidentaux dont ils ont, paraît-il, réussi à acheter la complaisance, les dirigeants qataris connaissent manifestement toutes les ficelles de ce petit jeu auquel nous nous livrons périodiquement avec autant d’enthousiasme que le vélo, le Lotto ou le foot. A condition d’éliminer la part d’imprévu que nous avons bêtement conservée. Adapter ce jeu devrait se faire sans trop d’efforts et sans risque si les autorités appliquent aux joutes électorales les méthodes expérimentées notamment auprès de beaucoup de respectables excellences de la FIFA pour décrocher la Coupe du Monde de foot.

Qu’ils ne craignent rien. En Iran, en Russie et dans bien d’autres pays, on organise régulièrement des élections, avec de vrais bureaux de vote, urnes scellées, dépouillement, scrutateurs, et tout le bazar sans aucun risque de dérapage ni de surprise. Trump se propose d’ailleurs de reproduire ces excellentes expériences bientôt aux Etats-Unis.

Si le foot n’est pas leur tasse de thé, je ne conseille pas aux habitants de Doha de faire grève faute de mieux, pour s’amuser et secouer un peu le ronron local. Si le Qatar a adhéré au Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux, c’est en se réservant d’interpréter le mot « syndicat » selon la loi qatarie. Autrement dit, une association de travailleurs n’a absolument rien à dire. Et il vaut mieux pour la santé de ses dirigeants qu’elle ne le dise pas. 

Les autorités qataries font une erreur. Là aussi, il suffit d’un peu de monnaie… 

Quelques exemples historiques montrent qu’en se montrant généreux, le pays pourrait investir dans un syndicat avec autant de tranquillité qu’il l’a fait dans le PSG. A condition évidemment de payer leurs représentants au prix de Mbappé ou Neymar. 

Qu’ils relisent la vie et les œuvres de Jimmy Hoffa, patron du puissant syndicat des camionneurs aux Etats-Unis dans les années cinquante et soixante, et de son flirt longtemps impuni (y compris des électeurs membres du syndicat) avec la Maffia. Ça pourrait leur donner d’excellentes idées.

Le plus intéressant de toutes ces considérations c’est que ces investissements ne coûteront pas grand-chose aux Qataris et à leurs familles. Car, qui alimente, le budget national ? C’est nous qui achetons leur gaz et leur pétrole…      

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LES ROIS FAINEANTS

   L’annonce du déménagement (forcé) du F.N.R.S. à Charleroi est une preuve que l’imagination est toujours au pouvoir en Belgique.

Avec la crise interminable et la croissance qui hoquète, les politiciens donnaient l’impression d’avoir brûlé toutes leurs cartouches. Plus la moindre fusée pour nous éblouir. Comment lancer un projet un peu ambitieux, promettre des lendemains qui chantent si les caisses restant désespérément vides, plus personne ne croit plus aux promesses ?

Avec la redoutable campagne électorale qui se profile, ils cherchaient désespérément un nouveau truc pour nous jeter la poudre aux yeux, en tout cas le temps d’être réélus. Et ils l’ont trouvé !

Une fois de plus, le gouvernement wallon confirme sa réputation de meilleur magicien d’Europe. Réputation acquise grâce à quelques excellentes attractions. Transformer la disparition des usines en un progrès puisqu’elle améliore la qualité de l’air, c’était très fort ! De même, célébrer l’augmentation du chômage comme une grande victoire sociale permettant à nos travailleurs de profiter enfin des loisirs et de la vie de famille, chapeau !

Mais il était devenu difficile de prolonger ce spectacle une année encore car les spectateurs commençaient à deviner l’envers du décor. Et ça, c’est mortel pour un prestidigitateur.

Or, voilà que l’école du cirque de Charleroi vient de mettre au point un numéro inédit et original : la tournée permanente. Pas celle des bistrots, ça c’est une affaire bien connue dans la région. Mais celle des administrations.

S’inspirant de l’histoire des rois fainéants, qui faisaient le tour perpétuel de leur royaume, paisiblement couchés sur leurs litières, entraînant derrière eux leur cour telle la caravane du tour de France, les lumineux édiles carolos ont imaginé de faire circuler les services fédéraux, bêtement immobilisés à Bruxelles. Le F.N.R.S. à Charleroi n’est que le début du spectacle. Il y aura ensuite les Archives du Royaume à Anvers (passionnante source d’études pour les futurs chercheurs de la république indépendante de Flandre), le Ministère des Finances à Arlon, à une encablure de Luxembourg, permettant aux contrôleurs d’aller à pied (encore une économie !) pour débusquer les fraudeurs fiscaux.

Quant au premier ministre, après avoir revendu le 16 rue de la Loi à un groupe immobilier qatari (toujours ce souci d’épargner les contribuables), il installera ses bureaux et présidera les réunions du gouvernement selon l’humeur du moment et l’état de la météo, tantôt dans un château de sable sur la plage de Coxyde, tantôt sur les terrils verdoyants de La Louvière ou encore dans les locaux pas chers de Mittal. Nul doute que ces bouffées d’oxygène profiteront à tous nos concitoyens.

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