UN CHEVEU SUR LA LANGUE

Les grands singes occupent le devant de l’actualité cette semaine. Alors que le zoo d’Anvers vient de perdre sa star, le gorille Kumba, le parc Pairi Daiza annonce à grands fracas l’arrivée de cinq grands singes. Ne me parlez pas de coïncidences.

C’est un constat scientifique : les animaux à longs poils s’épanouissent plus facilement en Wallonie qu’en Flandre. Est-ce en effet un autre hasard si le premier libéral wallon à la tête du gouvernement fédéral est un barbu et le président de la région wallonne une tentative de  barbu alors que leurs collègues flamands sont depuis longtemps rasés de près? Il faut remonter à Achille Van Acker pour trouver un poilu du nord à la tête de la Belgique et avant lui, aux années vingt et à un certain Aloïs Van de Vyvere, qui, affichait une moustache, mais qui n’a été premier ministre qu’un petit mois, ceci expliquant peut-être cela.

Ne me dites pas que ma thèse illustre le fait que le Wallon a un poil dans la main. Je laisse ce type d’ironie à Bart De Wever et à ses sbires. Lesquels sont tous imberbes, sauf deux. La ministre flamande de l’intérieur, Liesbeth Homans, qui se bat pour mettre la Belgique à poil et le président de la Chambre, Siegfried Bracke, qui promène une triste moustache tombante de vétéran de l’armée des Indes pour éviter que les militants de son parti ne remarquent qu’il a accepté de porter la chevelure que lui a léguée la reine Fabiola.

Et les barbus de Bruxelles, où les ranger ? Parmi les Flamands ou les Wallons ? Question délicate qui touche à l’essence même de notre pays. Et qui ne concerne pas seulement les étrangers ou les réfugiés installés chez nous mais aussi les vieux Bruxellois de souche. On connaît les graves problèmes qu’a connus le capitaine Haddock quand on lui demandait s’il dormait avec la barbe au-dessus ou en-dessous des draps.

On a cru un moment qu’Olivier Deleuze affichait de superbes bacchantes pour affirmer sa virilité mais, de son bref passage à la direction d’Ecolo, on a retenu que ce caractère était plutôt celui de sa co-présidente.

Son ex-collègue, Philippe Moureaux, porte aussi quelques poils au-dessus de ses lèvres. C’était sa façon de prouver qu’il est un homme de compromis entre les barbus de sa commune et ses glabres militants. Résultat, Molenbeek est aujourd’hui le poil à gratter de l’Europe…

Certains barbus, poilus et autres donneurs de leçons, on rêve parfois de leur conseiller : cessez de nous raser et ne gardez qu’un cheveu sur la langue.

Quoi ? C’est à moi que vous dites : Ca suffit ! la barbe ?

D’accord, j’arrête ! Mais laissez-moi conclure d’une phrase, citant Lucien de Samosate (aujourd’hui, une ville de Syrie) : « Si la barbe suffisait à la sagesse, un bouc vaudrait Platon ! »

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