QUAND LES TERRORISTES SE SERRENT LA CEINTURE

Ils voulaient un état ? Eh bien, ils l’ont, ces pauvres djihadistes, et les soucis s’accumulent. Au début, c’était rigolo. On s’amusait à choisir un drapeau. Celui qu’était pas d’accord avec le chef, il passait à la casserole. Puis, on a imprimé des tas de billets de banques dont on a rempli plein de coffres, une vraie caverne d’Ali Baba. Le premier qui touche à mon trésor, il a un doigt tranché ! a prévenu le chef. Le deuxième, deux doigts. Et ainsi de suite.

Enfin, des timbres. Comme la loi interdit les images mais que le chef voulait être collé sur toutes les cartes postales, le graphiste a eu l’idée de dessiner un rond rose avec une petite houppe. Il y en a un qui a dit : Tiens ? On dirait Tintin. Mais non, c’est le chef, imbécile ! Chez nous à Bruxelles, une tête ronde avec une houppe, c’est Tintin.

Chez nous, tu dis ?

Voilà les premières difficultés. La belle unanimité des combattants se fissure et apparaissent les différences comme les taches sur un mur mal peint. Toi, le Molenbeekois, du vent ! Dans notre brigade, on ne veut que des Tchétchènes. Nous, les gars, on vient d’Algérie. Des pros du terrorisme. Sans nous, vous auriez jamais réussi à créer un nouvel état.

Et puis, il y a les Belges. Toujours gentils, les Belges. Font des blagues. Cirent les pompes du chef. Z’achètent des timbres pour écrire à la famille. Travaillent de 7h 30 à 16 h 30. Consciencieusement et sans se plaindre. Sauf qu’ils ne travaillent qu’une semaine par mois. Vous êtes fous ? demande le chef. Non, c’était comme ça en Belgique. On était aux TEC. Une semaine de travail, trois semaines de grèves. Couvertes par les syndicats. Demandez à M. Goblet. C’est notre chef. Votre chef ? s’étrangle le chef. Et moi, c’est qui ?

C’est comme ça, chef, ou c’est la grève générale ! Bon, soupire le chef. Diriger un état, c’est l’art du compromis. Pardon, pardon, interviennent alors quelques autres Belges. Si vous faites des concessions aux Wallons, faut nous en faire à nous ! Qui c’est vous ? s’étrangle le chef. Nous ? Les Flamands. Nous travaillons tous les jours. Mais en échange d’une villa quatre façades, d’une 4/4 et du droit de recevoir les ordres en néerlandais.

Résultat, le chef a décidé de diviser par deux les salaires de tous les combattants. Grave erreur, mon pauvre Daesh ! Va découvrir le front commun syndical, la grève au finish, la suspension des livraisons de la FN. Et si ça ne suffit pas, la création d’un nouveau parti la N-VA (Nouveaux Voyous d’Allah) qui vont proclamer l’indépendance d’un bout de territoire réservé aux islamistes flamands, avec puits de pétrole et côte maritime.

Envoyer des Belges en Syrie ? Bravo ! Brillante idée des auteurs du programme de déradicalisation ! Et bien plus efficace que les drones.

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