MAGIC 21

   Les Chinois ont inventé le feu d’artifices (dont on se passera cette année, ils savent pourquoi !). Mais ce sont des immigrés turcs et hongrois qui ont tiré de leur chapeau le vaccin contre la covid plus rapidement que la formation d’un gouvernement en Belgique. 

   Neuf mois après le premier « coucou, je suis là » de cette chère corona, le monde nouveau devrait apparaître. Il se fait un peu attendre mais après la Saint-Sylvestre, la Saint-Valentin et la Saint Glin-glin, il sera là, tout neuf, tout beau. En 21, on va le chouchouter, le materner et lui apprendre les bonnes manières. Si c’était un abécédaire ?  

   On commencerait par la lettre C comme vaccin. Et surtout comme carotte, celle qu’on nous agite sous le nez pour nous rassurer. Ne vous révoltez pas, tenez-vous calme, prenez patience. Et vous aurez droit à vos deux doses.  

   Suit la lettre I. Comme interdit. Cinéma, restaurant, salles de sport, théâtre. I comme culture, fiesta, concerts. I comme baisers, tendresse, toucher. I comme tout ce qui est remis après les fêtes, après les soldes, après on ne sait plus très bien quoi. Mais, promis-juré, on ira de nouveau s’embrasser au cinéma en mangeant des chocos glacés entre deux étreintes. 

   Vient ensuite la lettre M. Elle ne s’écrit pas comme dans « je t’aime », oh, non ! C’est la première lettre de masque (qui s’attarde), de misère (qui s’installe et se répand), de mise en quarantaine, de monde de fous, de malheurs, de morbleu ! (pour rester poli). Une lettre qu’on pourra effacer après la deuxième dose !  

   Que découvre-t-on à la lettre O ? Amour et eau fraîche. 2021 sera une histoire d’O, souffrance et douleur, pour tous ceux qui ont perdu, vont perdre, leur emploi, leur entreprise, ce qu’ils ont construit. Malgré les aides, importantes, il faut le souligner, par rapport à tant d’autres pays du monde, eux aussi ravagés par l’épidémie et dans lesquels c’est tant pis pour les perdants.  

   Le nouveau mot de l’année est, parait-il, « déconfinement ». Moi, je vote plutôt pour « présentiel ». Avant l’arrivée du corona, on a raconté n’importe quoi sur les bienfaits de l’Internet pour tous, la société du futur avec des cours, des réunions, des conversations à distance. On a vu, merci. Vivement, le bon vieux présentiel ! L’école de papa, les pauses devant la machine à café, les réunions où l’on peut s’invectiver en life, se taper dessus. Malgré le retour des embouteillages, on se précipitera avec bonheur pour se serrer à plusieurs dans des salles trop étroites, sans masque et sans inquiétude. Abandonner l’ordinateur, quel progrès pour l’humanité !   

Touchez du bois, 21 est un chiffre magique. Après tout, c’était celui de ma radio préférée. Restez branchés ! 

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L’AN VAIN … QUOIQUE

   Que va-t-on retenir de l’an vingt ? D’accord, il y a…

Mais aussi bien d’autres choses. Tenez, puisque nous en parlons, la Chine. 

Cette année, ce sera le pays où la croissance sera la plus forte dans le monde. Celle aussi où le nombre de journalistes emprisonnés est le plus important. Doit-on conclure que moins il y a d’esprits libres, plus le commerce explose ? Donald Trump serait d’accord. 

   Tenez, puisque nous en parlons, Trump. Plus fort que le virus, Joe Biden aura réussi à avoir sa peau. Joe, présenté comme un pâle challenger, pourrait nous étonner. Faut parfois se méfier des vieux endormis.

Tenez, puisque nous en parlons, trois petits vieux nous ont emballés cette année. Les trois héros du dernier roman de Richard Russo « Retour à Martha’s Vineyard » (éditions Quai Voltaire). De retour dans la propriété de l’un d’eux où, le temps d’un week-end de la fin de saison 1969, ils sont tombés amoureux de la même fille qui a mystérieusement disparu…

Tenez, puisque nous en parlons, la machine à remonter le temps a  beaucoup fonctionné cette année pour notre plus grand plaisir de lecteur – peut-être pour échapper à ce dont nous ne parlons pas. Elle est remontée en 1938 avec cette magnifique BD de Verron et Yves Sente « Mademoiselle J » (chez Dupuis) qui retourne dans le monde de Spirou des débuts (avec un graphisme superbe) mais en se frottant aux périls politiques qui commencent à dévorer l’Europe (un scénario d’une redoutable intelligence). 

La machine est ensuite repartie en 1980 avec le troisième roman de notre romancière anglaise préférée, Jessie Burton. Dans « Les Secrets de ma mère » (Gallimard), elle se promène dans deux époques (elle excelle à ce jeu). Une fille recherche sa mère mystérieusement disparue (encore une disparition, décidément) de Hollywood où l’avait emmenée son amie écrivain. Comme Russo, Burton a cet art de créer une tension digne d’un thriller pour dessiner des personnages complexes, bizarres mais terriblement attachants. Voilà des écrivains n’ont pas peur d’utiliser les principes du roman policier pour bâtir leurs romans. 

Tenez, puisque nous en parlons, les policiers ont été en première ligne, hélas. Malgré eux. Ou à cause d’eux. Pas seulement ceux qui ont assassiné George Floyd à Minneapolis. Mais aussi ce policier, jugé en cette fin d’année, pour n’avoir pas hésité à tirer sur une camionnette parce qu’elle transportait des migrants. Il a abattu une petite fille sur une autoroute wallonne. Le Parquet demande le sursis. Et personne n’a songé à le chasser de la police. Pas plus que ceux qui ont participé à la mort d’un passager slovaque à l’aéroport de Charleroi, pendant qu’une policière faisait le salut nazi sous les rires de ses collègues. Et on s’étonne de la violence impunie de la police de Waterloo ? Comme disent les urgentistes, la fièvre monte… 

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L’EFFET FETE

  La fiesta à deux, c’est le bonheur. Pas besoin de jouer le Bob pour raccompagner le tonton ou le copain éméché, ou de passer la soirée à consoler la cousine qui vient d’apprendre par texto que son ex est parti aux Antilles avec une autre. Non, il est là, coincé avec la cousine, qu’il n’a pu quitter, après que son vol ait été annulé et sa nouvelle élue placée en quarantaine.  

  Allez, quoi. A deux aussi – à deux surtout-, la fête est plus joyeuse que jamais.

  Petit conseil pour rendre la soirée spéciale. Mettez deux masques, un sur la bouche et un sur les yeux. A minuit, criez : «  j’enlève le haut ! » Un quart d’heure plus tard, « j’enlève le bas ! » 

   (Vérifiez tout de même que votre partenaire est bien votre invité(e). Avec ces masques, on n’est pas à l’abri d’une surprise. Mais si c’est un(e) autre qui a pris sa place pendant que vous aviez les yeux fermés, pourquoi pas, si affinités ?)

   Précaution importante. Si on sonne à la porte et que, sur le seuil, apparaît le Père Noël, prenez garde, ce n’est pas le Père Noël. (Cette année, bulle oblige, il passe sa soirée avec le roi et les rennes). 

  Soit c’est un habile cambrioleur, soit un flic. N’ayant trouvé aucun moyen légal de visiter de force votre appartement, la police a imaginé ce truc pour pénétrer chez vous, vérifier si vous respectiez les règles et encaisser votre treizième mois en guise d’amende. Si vous l’avez reconnu, et que vous l’empêchez d’entrer, il ne vous en voudra pas. Il lèvera son verre de gel hydro-alcoolique (recommandé même pendant les heures de service), sortira par la porte et reviendra par la cheminée.  

   Pour se donner l’illusion d’être nombreux, vous pouvez sautiller sur votre chaise en faisant le tour de la table et en chantant « nous étions quatre-vingts chasseurs». Mais à deux, je vous préviens, c’est un peu fatigant. Et les voisins risquent de ne pas chanter en chœur. Car le problème, ce sont les voisins. Ils ne sont pas partis chez des amis ou au ski, comme les autres années. Et ils ne supportent généralement que leur propre raffut.

   Si vous passez la soirée à vous éclater dans un karaoké, volume à fond (seule façon de goûter vraiment à ce jeu) ou que vous vous consolez de cette fin d’année pourrie en écoutant un choix des rappeurs les plus déchaînés ou le répertoire intégral de la Castafiore, alors que vos voisins ont décidé, eux, de se taper une nuit Kant (un défi stupide qui consiste à relire toute l’œuvre de Kant en douze heures), il risque d’y avoir des courts-circuits. Evitez les bagarres, de grâce, les hôpitaux sont saturés.  

  Ah oui ! Mettez vos habits qu’on appelle du dimanche. Dans l’époque qu’on vit, mieux vaut être prêt et présentable si on a attendu 21 en vain.  

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SLOW DOWN

 Tourner en rond dans son appartement et faire la danse du ventre devant son ordinateur ne suffisant plus, la Région de Bruxelles a décidé aussi de ralentir le rythme. Qui va piano va sano est recommandé en temps de pandémie. E qui va sano va lontano, gage de survie.  

   A partir du 1er janvier prochain, il sera interdit de courir de son ordinateur jusqu’à la chambre des enfants à plus de 30 km/heure. Les toilettes ne seront accessibles qu’à ceux qui s’en approcheront lentement. La porte se fermera automatiquement devant ceux qui se montreront trop pressés. 

Cette limitation s’appliquant à tous les véhicules, prudence à ceux qui font du vélo d’appartement. La police aura le droit de forcer la porte pour verbaliser les casse-cous qui essaient d’égaler Evenepoel dans la descente. 

   La limitation de vitesse sera aussi obligatoire à l’extérieur. En promenade, par exemple, les chiens entraînant leurs maîtres à plus de 30 km/h. seront abattus. Lors des manifestations, les policiers s’abstiendront de courir derrière les manifestants pour éviter les excès de vitesse. Dès lors, tout manifestant en fuite sera considéré comme un délinquant. 

Les automobilistes seront eux aussi priés de respecter la nouvelle réglementation. Sauf sur la petite ceinture. Connaissant les obsessions du personnel politique bruxellois toujours en quête de mesures spectaculaires, on subodore que, dans un an ou deux, il se trouvera une de ces excellences bien décidée à l’appliquer à toutes les artères de la capitale. 

Que fera-t-on alors dans le tunnel Léopold II (entretemps rebaptisé Tunnel Tintin au Congo) ?  Plusieurs bureaux d’étude travaillent déjà en secret à différentes mesures pour ralentir le trafic. Parmi les suggestions en projet: obliger les cyclistes à emprunter le tunnel et à rouler de front, construire à l’intérieur du tunnel un labyrinthe constitué de hautes haies en zigzag, ce qui obligera les automobilistes à errer avant de trouver – parfois – la sortie beaucoup d’heures, de jours ou de mois plus tard. Il faudra évidemment transformer la deuxième bande en parking de secours pour les naufragés de la route, avec postes de ravitaillement, respirateurs et médecins.

Une autre suggestion susceptible d’obliger les chauffards à lever le pied : réserver les chaussées aux piétons. Plus de voitures sur les routes ! Dès à présent, on peut parier que la plupart des automobilistes abandonneront leurs véhicules avant d’avoir deviné par où ils peuvent passer. 

On songe aussi à une espèce loterie qui ne laissera passer que les heureux conducteurs qui auront tiré les bons numéros. Vous tirez le 10, vous pouvez circuler à 10 à l’heure, le 20, à 20 à l’heure. Le gros lot pour le 30. 

Une fois de plus, Bruxelles aura été un laboratoire du futur, l’avant-garde de la gestion des villes de demain.        

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MARTIENS, GO HOME!

   Le téléphone sortit le président Macron de son sommeil à cinq heures douze. 

Après s’être confondu en excuses, le ministre de l’Intérieur balbutia qu’un nouveau problème avait surgi une demi-heure auparavant.

  « Non, Gérald, je ne peux le croire ! C’est qui maintenant que vos sbires ont démoli ? Un Arabe, un Noir, un Jaune, un Rouge peut-être ?

– Non, non. Juste un vert.   

– Quoi ? Ils se sont lâchés sur un écolo ? Un militant, un député ? 

– Non, non. Rassurez-vous. A cette heure, les écolos dorment dans leur yourte.

– Ou à l’Assemblée nationale, c’est vrai. Continuez

– Un engin s’est posé devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière vers quatre heures du matin. Les forces de l’ordre l’ont pris naturellement pour un drone.

– Et alors ? 

– En sont sortis trois petits hommes verts qui se sont dirigés vers l’entrée des urgences. 

– Quel est le problème, Gérald ? 

– Ils étaient sans masques, monsieur le Président ! Mes hommes ont tenté évidemment de s’interposer…

– Saperlipopette ! Ces crétins ne se sont pas aperçus que ces hommes portaient tout simplement un masque vert… Des chirurgiens, peut-être ? gémit Macron désespéré. Tout de même, vos flics n’en sont pas à confondre un masque vert avec un gilet jaune, si ?

– Ils ont commencé par leur demander respectueusement…

– Répétez-moi ça ? 

– Je vous le jure ! J’ai l’enregistrement ! 

– Et voilà, il y a toujours quelqu’un pour filmer ça…  

– Ils se prétendaient chargés d’apporter un remède infaillible aux malades de la Covid. Ils tenaient d’ailleurs des espèces de récipients transparents et mous entre leurs longues pattes. 

– Chargés par qui ? Par le professeur Raoult, je suppose ? soupira le président. 

– Non. Par le Ministre de la Santé du Grand Conseil Galactique. Ses services ont repéré la terrible pandémie qui frappe notre planète et il a envoyé une délégation d’extra-terrestres pour fournir le médicament qui avait été expérimenté avec succès contre ce virus sur l’une des exo-planète Trappist. 

   Macron se tordit les mains.

– Ne prendriez-vous pas quelques jours de vacances, Gérald ? Sur Mars par exemple, au bord d’un des canaux. Il paraît que c’est très reposant…   

– Les gardiens de la paix ont dû utiliser leurs teasers. Sans aucun effet. Ils ont donc dû passer à la bonne vieille matraque…

– Bref, ces pauvres plaisantins sont été réduits en charpie. A partir de quelle heure, serons-nous traînés dans la boue sur les réseaux sociaux? 

– Les récipients ont été brisés mais pas les trois hommes qui sont repartis en emportant avec eux le premier ministre afin de lui prouver l’efficacité de leurs traitements. 

– Castex sur Trappist ? Bon, la matinée ne commence pas trop mal tout compte fait…

Ps : le titre est un clin d’œil au plus hilarant auteur de science-fiction, Fredric Brown.

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DES VERTES ET DES PAS MÛRES

Il était sans doute naïf le ministre Alain Maron, l’autre soir qui croyait frapper un beau coup  en annonçant que la Région bruxelloise allait acheter des terres agricoles sur le territoire des deux autres régions voisines, pour y installer de braves agriculteurs bio qui apporteraient tous les dimanches leurs beaux produits sur le marché de Boitsfort. 

Mais cette proposition, qui lui a valu beaucoup de quolibets,  est peut-être moins incongrue qu’il n’y paraît. 

D’abord, le Ministre sera à coup sûr plus efficace dans la culture du quinoa que dans le sauvetage des maisons de repos. Pourquoi pas d’ailleurs faire d’une pierre deux coups et envoyer les survivants de ces mouroirs dans les nouveaux kolkhozes de Maron ? Bon air, nourriture saine, que du bonheur. 

Autre avantage de l’opération : elle permet d’augmenter sournoisement le territoire de la Région. En poussant la logique jusqu’au bout, si Bruxelles rachète peu à peu toutes les terres de Wallonie et de Flandre, c’en sera fini de cette régionalisation dont on a mesuré les pesanteurs et les ratés pendant la pandémie. L’on reconstituera ainsi un seul pays, Super- Bruxelles, faux nez de la Belgique unie. 

En revanche, si l’idée de ce brave Maron est vraiment de remettre les Bruxellois à la culture, la seule, la vraie, pourquoi ne pas transformer la plus grande partie de la capitale en terre agricole ? Réalisant ainsi le vieux projet d’Alphonse Allais qui voulait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur.

Son collègue, Pascal Smet, qui se pavanait jadis en bicyclette pendant que les tunnels de la capitale s’écroulaient derrière lui, est devenu maintenant le chantre des immeubles-tours. Il aurait convaincu Rudi Vervoort, le ministre-président, de se laisser tenter par ce retour à une politique qu’on croyait morte et enterrée avec Paul Vanden Boeynants. 

Ainsi, ce projet d’écraser le Sablon avec un nouvel immeuble tour (celui qui a remplacé la Maison du Peuple et défiguré ce coin de Bruxelles ne suffisait donc pas ?) à l’endroit même où on avait rêvé un moment de la création d’un musée Cobra. 

Renonçons à ce projet indigeste et mettons un kolkhoze bio à la place ! Ainsi que sur ces terres abandonnées que sont les terre-pleins de l’avenue Roosevelt. Du bio, du bio ! 

Le projet Maron pourrait servir aussi à changer radicalement l’image de certaines communes de la Région. En rasant la moitié de Molenbeek, on pourrait partager la commune en deux, Molenbeek-les-Bains, le long du canal, et Molenbeek-les-champs au-delà. La commune deviendrait ainsi un exemple dans le monde de réhabilitation ecolo-urbaine. 

Comme le disait La Fontaine dans « Le laboureur et ses enfants », Travaillez, Prenez de la peine :/ C’est le fonds qui manque le moins…  

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DESSINE-MOI UN VACCIN

  Avant l’arrivée du joyeux monde de demain, qui viendra, promis, juré, comme jadis on nous promettait le grand soir, ça grouille et ça touille dans le monde d’aujourd’hui. 

Faut croire qu’on s’emmerde vraiment dans les chaumières pour passer son temps à regarder des fake news ou des documentaires bidon qui racontent sans rire les fourberies et les machinations de quelques super-puissants de ce monde. Des milliardaires obsédés par l’argent et le pouvoir, dont Bill Gates et les Rockefeller, version actuelle de la clique des « ploutocrates », le fantasme utilisé jadis par les nazis pour justifier quelques-uns de leurs crimes. Savez-vous que ces monstres froids formeraient le projet secret de soumettre ou d’éliminer les pauvres bougres que nous sommes en se servant du futur vaccin? 

Et qu’ils vont mélanger des substances terrifiantes aux vaccins contre le corona, des puces électroniques et toute sorte d’autres gadgets ? Façon de prendre possession de nos cerveaux, de nous transformer en robots ou de nous effacer. 

Bonne chance pour les campagnes de vaccination ! Ce sera vraiment facile de convaincre les gens de se faire immuniser s’ils sont envoutés par ce genre de balivernes…

Mais ce discours complotiste peut aussi donner des idées pour attirer les plus crédules et les convaincre de se faire immuniser. Si l’on oublie les énigmatiques nanoparticules sensibles à la 5 G et autres piments dans le bouillon, dénoncés par les complotistes, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée de mêler aux vaccins qui vont nous être inoculés quelques éléments séduisants, excitants, en tout cas de nature à donner envie de se précipiter dans les centres de vaccination. 

Ce qui rappelle cette chanson de Charles Trenet « Une noix ». Dans laquelle il révélait le monde extraordinaire qui se cache à l’intérieur d’une bête noix pour peu qu’on se penche dessus.    

Qu’y a-t-il à l’intérieur d’une noix? / Qu’est-ce qu’on y voit? / Quand elle est fermée / On y voit mille soleils/ Tous à tes yeux bleus pareils/ On y voit briller la mer/ Et dans l’espace d’un éclair/ Un voilier noir/ Qui chavire …

Chacun pourra glisser dans le vaccin ce qu’il attend de l’avenir, à choisir à la carte comme les pizzas. Je devine qui parmi mes amis commandera une pincée de quelque substance hallucinogène pour faire passer le virus. Ou du viagra pour associer santé et amour. De la poudre de perlimpinpin pour satisfaire tous les rêves secrets. 

Si le contre-poison est découvert entretemps, on pourrait aussi ajouter une dose de remède contre le trumpisme, le racisme et le machisme. Et un solide calmant pour éliminer les terroristes en herbe. 

Imaginez ce qui vous plaît. Mais faites vite. On a tant envie de se revoir, de s’embrasser et de s’aimer !   

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DANS LES BAGAGES DE KAMALA

     Elles sont enfin là, les femmes noires américaines, sous les spots et au premier rang. L’arrivée de Kamala Harris à la Maison Blanche met en lumière toutes ces femmes qui ont, parfois de façon souterraine, façonné la culture des Etats-Unis. Fabriqué l’âme de ce pays énervant et fascinant, excitant et décourageant, parfois raciste et toujours cosmopolite. Une culture qui a imprégné le reste de la planète. Nous d’abord. Car notre imaginaire serait complètement différent sans la littérature, le cinéma, la musique américaines. 

   La musique, c’est-à-dire le jazz, évidemment. Une musique créée et développée par les minorités, pas seulement les Noirs. Mais ce sont eux qui ont régné, développé, magnifié le genre. Eux ? Et elles ! C’est la musique qui a fait sortir de l’ombre les femmes noires. Car femme et noire, c’était (cela reste) la double peine –aux Etats-Unis autant que chez nous.

Le jazz a permis à quelques étoiles brillantes de sortir de leurs quartiers, d’arpenter les plus grandes scènes, même si en coulisses, elles ont dû batailler toute leur vie, alors qu’elles étaient au sommet de la gloire, avec les discriminations, hôtels, restaus, quartier, bus, interdits d’entrée aux Noirs (si bien racontées dans le film Green Book de Peter Farrely).

Pianistes de génie (Marie Lou Williams), trompettistes à vous secouer l’âme (Valaida Snow), elles sont aussi les plus grandes chanteuses du vingtième siècle (Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Billie Holiday, Nina Simone, Aretha Franklin et celles qui ont suivi, stars de la soul, de la pop).

   Être femme noire et s’imposer aussi en littérature, il fallait être une solide battante, une vraie championne de catch. Toni Morrison, prix Pulitzer puis Nobel de Littérature au nez et à la barbe de quelques vieux Blancs. Fille d’une femme de ménage et d’un soudeur, petite-fille de métayers, qui avaient fui l’Alabama (un état qui a voté Trump à 62 %) pour se réfugier en Ohio (qui a voté Trump à 53 %). 

Symbole de la mondialisation, Chimamanda Ngozi Adichie partage sa vie et sa carrière entre Lagos et Washington. Son roman « Americanah » est un portrait ravageur, caustique et enlevé, de la condition noire actuelle aux Etats-Unis. « En débarquant de l’avion à Lagos », écrit son héroïne de retour d’Amérique, « j’avais l’impression d’avoir cessé d’être noire ». 

   Vous voulez encore des citations ? De Toni Morrison : « C’est ça, l’esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je te parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde. »

Et de Kamala Harris : «  Je pense juste qu’il est important de ne pas se prendre trop au sérieux. »

   Une vraie profession de foi pour une femme de couleur qui accède au sommet de la première puissance du monde. Quelques mecs devraient en prendre de la graine…

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REMEDE A L’INCERTITUDE

 Regardez les exploits de l’industrie spatiale. Des sondes vers Jupiter qui tournent autour de ses satellites pour chercher des traces de vie, une autre jusqu’à Pluton, aux confins du système solaire. Des robots posés en douceur sur des astéroïdes. Les scientifiques ont aussi découvert que la matière noire et l’énergie sombre occupent 95 % de l’univers. Ce qui me fait penser à profiter du soleil avant qu’une nuit définitive ne nous tombe dessus…

En quelques années, la technologie a donné accès à plus de connaissances que pendant les deux cent mille premières années de l’homo sapiens. 

Mais, paradoxalement, plus les appareils sont sophistiqués et les découvertes scientifiques bouleversantes, plus l’homme se trouve plongé en plein désarroi. C’était si simple de comprendre les lois de la physique à l’époque de Newton : il suffisait de s’asseoir sous un arbre en attendant de recevoir une pomme sur la tête. De lire la Bible ou le Coran pour avoir une explication rassurante de notre présence dans l’univers. 

Maintenant, plus on accède à des découvertes, moins on les comprend. Et on a peur. La multiplication des ouragans et des inondations est-elle une conséquence du dérèglement climatique ? La pandémie du coronavirus le résultat d’une manipulation malheureuse de virus en laboratoire ? Et comment reste-t-on aussi désarmé face à un bête virus alors qu’on peut envoyer des engins au fond de l’univers, qu’on est capable de décoder les premières minutes qui ont suivi le Big Bang ?  

Dans ce monde de plus en plus instable et incompréhensible, beaucoup ont besoin désespérément d’entendre des raisonnements élémentaires. Des fake news tellement plus crédibles que les vraies. Des théories complotistes qui rendent les événements troublants si faciles à analyser. L’homme n’a jamais réussi à débarquer sur la lune, c’est Hollywood qui a fabriqué les images. Le World Trade Center ne s’est pas effondré. L’événement a eu lieu dans une autre dimension. Les terroristes n’existent pas. C’est une invention des communistes. Hitler est toujours vivant. Il attend son heure. 

  La ferveur de tant d’électeurs pour garder Trump à la Maison Blanche s’explique aussi par l’angoisse devant l’incertitude. 

  Bien sûr, sa gestion de la pandémie est à l’image de ses discours, grotesques, brouillons, mensongers. C’est justement là d’où il tire sa force. Quel avenir avec Biden ? Des années de grisaille, de crise et une gestion ennuyeuse des affaires. 

Les électeurs de Trump savent que le virus ne sera pas vaincu. Mais ils s’en fichent. Avec sa baguette magique, Mister America First offre l’illusion, pas la réalité. Et c’est ce que veulent ses partisans, des lendemains aussi brillants qu’un cabriolet Mustang 1968 tout neuf aux jantes chromées fonçant sur la US Route 66 en direction de Santa Monica. 

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COMBIEN DE GOUVERNEMENTS Y A-T-IL DANS L’AVION ?

  On s’en était douté, Alexandre De Croo n’a pas fait long feu quand il a tenté de faire gérer la crise de la Covid par son gouvernement fédéral. Les caméras à peine éteintes après sa conférence de presse, le président de la région wallonne s’est empressé de tirer la couverture à lui sur le modèle Macronien « fiers Wallons, nous sommes en guerre !» 

Puis le président bruxellois (rappelez-moi le nom de ce type avec un bout de moustache dont on ne sait pas très bien à quoi il sert ?) qui a offert un numéro rappelant les meilleures heures du cabaret bruxellois, l’époque bénie de Bossemans et Coppenolle, se trompant dans les dates, mélangeant mesures obligatoires et recommandées, avant de se bagarrer avec des micros mal branchés. Hilarant ! Ca faisait du bien en cette période déprimante. Rudi, remettez-nous ça ! Côté spectacle, il n’y a plus que vous depuis que vous avez fermé théâtres et cinémas (qu’on croyait naïvement de la compétence de la Communauté française, comme les écoles, pourtant fermées dans certaines villes par les maïeurs). 

Vint enfin le gouvernement flamand. Obligé d’avaler son chapeau, lui qui affirmait que la Covid chinoise, réfugiée en Belgique, ne parlait que le français. Après avoir cru Jambon, les Flamands ont dû constater qu’il était cuit… 

  Dépouillé de ses compétences en matière de virus, d’écoles, d’ouverture des commerces, de couvre-feu, que reste-t-il encore au nouveau gouvernement, l’armée étant sur le flanc et la justice bientôt mise en sommeil ? 

  Reste les affaires étrangères. Or, voilà que la ministre en charge est à l’hôpital. On lui souhaite un rapide rétablissement. Mais on comprend qu’elle hésite à revenir. 

Pourtant, il n’y a plus qu’elle qui soit capable de faire respirer ce pauvre attelage fédéral. Et, il y a du pain sur la planche. Faisant semblant de maudire les Français, le Grand Mamamouchi clame que la Vache qui Rit n’entrera plus sur son territoire. Le gouvernement belge va-t-il aider nos amis français ? Encore raté : l’agriculture est une compétence régionale.   

La ministre des Affaires étrangères doit aussi trouver le moyen de se faire entendre dans le concert de louanges qui accueillera le nouveau président américain. On pourra toujours lui envoyer nos ministres-présidents pour l’aider à combattre la pandémie alors que l’administration Trump a peu à peu laissé éteindre les cinquante étoiles.

On peut également compter sur notre expertise pour conseiller Arméniens et Azéris à organiser le Haut-Karabagh sur le modèle de la Commission communautaire de Bruxelles-Capitale. Le temps que leurs dirigeants comprennent comment ça fonctionne, la population locale sera en paix pendant quelques années… 

  Non, amis fédéraux, ne perdez pas votre temps avec ce bête virus qui ne vous a rien fait. Alors qu’on vous attend sur le théâtre du monde…  

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