L’EFFET FETE

  La fiesta à deux, c’est le bonheur. Pas besoin de jouer le Bob pour raccompagner le tonton ou le copain éméché, ou de passer la soirée à consoler la cousine qui vient d’apprendre par texto que son ex est parti aux Antilles avec une autre. Non, il est là, coincé avec la cousine, qu’il n’a pu quitter, après que son vol ait été annulé et sa nouvelle élue placée en quarantaine.  

  Allez, quoi. A deux aussi – à deux surtout-, la fête est plus joyeuse que jamais.

  Petit conseil pour rendre la soirée spéciale. Mettez deux masques, un sur la bouche et un sur les yeux. A minuit, criez : «  j’enlève le haut ! » Un quart d’heure plus tard, « j’enlève le bas ! » 

   (Vérifiez tout de même que votre partenaire est bien votre invité(e). Avec ces masques, on n’est pas à l’abri d’une surprise. Mais si c’est un(e) autre qui a pris sa place pendant que vous aviez les yeux fermés, pourquoi pas, si affinités ?)

   Précaution importante. Si on sonne à la porte et que, sur le seuil, apparaît le Père Noël, prenez garde, ce n’est pas le Père Noël. (Cette année, bulle oblige, il passe sa soirée avec le roi et les rennes). 

  Soit c’est un habile cambrioleur, soit un flic. N’ayant trouvé aucun moyen légal de visiter de force votre appartement, la police a imaginé ce truc pour pénétrer chez vous, vérifier si vous respectiez les règles et encaisser votre treizième mois en guise d’amende. Si vous l’avez reconnu, et que vous l’empêchez d’entrer, il ne vous en voudra pas. Il lèvera son verre de gel hydro-alcoolique (recommandé même pendant les heures de service), sortira par la porte et reviendra par la cheminée.  

   Pour se donner l’illusion d’être nombreux, vous pouvez sautiller sur votre chaise en faisant le tour de la table et en chantant « nous étions quatre-vingts chasseurs». Mais à deux, je vous préviens, c’est un peu fatigant. Et les voisins risquent de ne pas chanter en chœur. Car le problème, ce sont les voisins. Ils ne sont pas partis chez des amis ou au ski, comme les autres années. Et ils ne supportent généralement que leur propre raffut.

   Si vous passez la soirée à vous éclater dans un karaoké, volume à fond (seule façon de goûter vraiment à ce jeu) ou que vous vous consolez de cette fin d’année pourrie en écoutant un choix des rappeurs les plus déchaînés ou le répertoire intégral de la Castafiore, alors que vos voisins ont décidé, eux, de se taper une nuit Kant (un défi stupide qui consiste à relire toute l’œuvre de Kant en douze heures), il risque d’y avoir des courts-circuits. Evitez les bagarres, de grâce, les hôpitaux sont saturés.  

  Ah oui ! Mettez vos habits qu’on appelle du dimanche. Dans l’époque qu’on vit, mieux vaut être prêt et présentable si on a attendu 21 en vain.  

www.berenboom.com