TEMPS DE CHIEN

 L’opulente mamma entraînant sa marmaille désordonnée et bruyante, cette image classique des comédies italiennes des années cinquante est un chromo du passé. A ranger entre le chianti en fiasque de paille et la Lambretta. L’an dernier, les naissances en Italie sont passées en dessous du seuil des 400.000, quatorzième baisse consécutive et chute record de la natalité. A ce rythme, l’hiver démographique, comme on l’appelle là-bas, pourrait faire baisser la population de la péninsule de quatorze millions d’habitants dans quelques dizaines d’années. C’est dire le grand écart auquel doit se livrer la première ministre, Giorgia Meloni, tenaillée entre un besoin croissant de main d’œuvre et de travailleurs actifs finançant le régime des pensions et sa politique violemment anti-immigrés. Pour repousser les malheureux venus chercher une vie meilleure dans le plus beau pays du monde, la Meloni a chargé l’Albanie d’ouvrir des centres (gérés par les Italiens) pour accueillir les immigrés sauvés en mer.

   En Espagne, la situation n’est pas meilleure en tout cas pour les bébés alors que les pays de la Méditerranée ont longtemps battu les records européens du nombre de familles nombreuses. Désormais, nous apprend la presse ibérique, moins les couples font d’enfants, plus ils achètent de chiens. Il y aurait plus de toutous que de marmots dans la patrie de Felipe VI. 

   Pourtant faire taire un chien qui aboie est encore plus difficile que d’apaiser un enfant braillard. Ce n’est donc pas le bruit qui explique cette préférence pour la race canine. 

  Que l’on hésite à faire des enfants en ces temps troublés, les explications sont nombreuses, désarroi et angoisse devant la perspective des changements climatiques, soubresauts politiques de plus en plus sanglants à nos portes, manque de souffle et d’imagination à propos de notre sort dans l’avenir. Mais ce destin funeste qu’on ne veut pas faire subir à une nouvelle génération d’êtres humains, pourquoi l’imposer aux pauvres clebs ? 

  Certains expliquent l’amour récent des Espagnols pour les chiens par la crainte d’une ère de plus en plus sauvage. Où il faudra se prémunir des attaques de voyous ou de voisins alors que la force publique aura laissé tomber les bras. Dans ce cas, un chien méchant est beaucoup plus efficace qu’un bébé Cadum. 

Paradoxe pourtant parce que, jusqu’il y a peu, les Espagnols étaient tristement connus pour maltraiter les chiens. Ainsi, beaucoup de chasseurs n’hésitaient pas à pendre aux arbres leurs lévriers galgo quand l’âge les rendait plus lents et moins utiles dans la poursuite du gibier. 

  On ne peut que se réjouir de cette réhabilitation du « meilleur ami de l’homme » (et de madame) car comme le disait Boris Vian : « Un bon chien vaut mieux que deux kilos de rats ».          

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Ô LANGUE, Ô DESESPOIR …

 Ce n’est pas pour me vanter mais j’ai mal à la langue. Help, docteur ! Y a-t-il un sensitivity reader dans les parages ? Figurez-vous que certains éditeurs payent cette nouvelle race de correcteurs qui pèsent chaque mot des manuscrits qu’ils envisagent d’éditer sur une balance de pharmacien. C’est dire que la maladie s’étend et qu’il faut éviter de faire monter la fièvre. 

 Un exemple parmi mille autres, a été considérée comme « shocking » la publication sous le titre de « Noire » d’une BD dessinée par une auteure blanche (pourtant adaptée du roman du même nom de l’auteure noire canadienne Tania de Montaigne). Certains vont même jusqu’à brûler des livres dans leur croisade pour imposer la pensée pure (la leur), comme cet autodafé au Canada d’albums de Tintin, Astérix ou Lucky Luke (jugé injurieux pour les Indiens…) au cours d’une cérémonie dite de purification.

  On se racrapote sur son petit monde pour en exclure les autres. On se prétend racisé pour fermer la porte à qui ne fait pas partie de sa communauté.  

   Partout, la langue est sous le coup de polémiques de plus en plus vives. Ainsi, le Sénat français vient de voter l’interdiction de l’écriture inclusive, procédé dénoncé par une sénatrice comme une idéologie. Application du dicton « l’enfer est pavé de bonnes intentions », la conséquence de l’écriture inclusive, c’est l’exclusion (du lecteur autant que de la lectrice).   

   Autre monde où la langue est malmenée, les réseaux sociaux. A chaque utilisateur il faudrait rappeler de tourner sept fois son petit doigt sur la touche avant de s’exprimer. Voilà bien un univers dans lequel les sensitivity readers auraient du pain sur la planche. 

 Par exemple en lisant ce qui s’écrit à propos du conflit au Proche-Orient (une expression, vous l’aurez remarqué, qui me permet d’éviter à la fois de faire référence aux horreurs commises par les terroristes du Hamas et les bombardements de civils à Gaza sans compter l’occupation israélienne de la Cisjordanie). 

Or ces précautions sémantiques ont volé en éclats. Depuis le 7 octobre, on ne sait quelle mouche a piqué tant de beaux esprits à vouloir à tout prix s’exprimer sur le sujet sans avoir rien à en dire sinon des vœux pieux ou des stupidités. Dans le genre, les Oscars (très disputés) sont attribués à l’ancien président de la Chambre André Flahaut (comparant Gaza au ghetto de Varsovie, comme en écho au président Poutine qui comparait Gaza à Stalingrad). Ex-aequo avec le boss des Mutualités socialistes Jean-Pascal Labille re-tweetant une caricature abjecte mêlant croix gammée et étoile de David. Pierre Dac le disait déjà : « Il vaut mieux se taire que de ne rien dire ». François Mauriac ajoutant : « Moins les gens ont d’idées à exprimer, plus ils parlent fort ».

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VAN TIG, L’AMER DU NORD

  Van Tig succède à Van Quick comme ministre de la Mer du Nord, y compris la politique de mobilité maritime. Il exercera aussi, s’il a le temps, d’autres attributions, notamment la Justice. Dans certains cas, ces deux compétences pourraient se compléter mais hélas aussi entrer en conflit. Ainsi, si un terroriste s’approche de la côte belge en pédalo, le ministre a deux bonnes raisons de défendre notre territoire. Mais comment savoir si c’est son cabinet Mer du Nord ou son cabinet justice qui doit intervenir ? Grave question qui explique que M. Van Tigchelt a immédiatement créé un conseil supérieur pour l’aider à décider cas par cas. Lequel conseil sera composé de magistrats, débarrassant ainsi les tribunaux de juges en surplus qu’on n’a pas réussi à fourrer déjà au conseil supérieur de la justice, au collège de ceci et celui de cela. 

  Ne croyez pas les médisances à propos du nouveau ministre. Il doit être plein de qualités vu son expérience passée. Comme il a été chef de cabinet adjoint et porte-parole de Patrick Dewael au ministère de l’Intérieur, on attendait la réaction de son ancien boss. En apprenant la nomination de Van Tig, Patrick Dewael a aussitôt décidé de se distancer de son parti et de siéger désormais comme indépendant. Quant au bourgmestre d’Ostende, Bart Tommelein, également VLD, il a quitté le bureau du parti en découvrant le nom du nouveau ministre de la Mer du Nord. 

Les autres fonctions exercées par notre nouvelle excellence ont aussi laissé des traces. Nommé procureur général adjoint à Anvers, il se flattait d’être le premier à vraiment s’attaquer aux trafiquants de drogue. Depuis son départ de la métropole, les trafiquants ne se contentent plus de se livrer à leur commerce. Ils se aussi sont mis à tirer dans les rues. 

En janvier 2016, Van Tig prend la tête de l’OCAM. Deux mois plus tard, des terroristes que l’OCAM n’a pas vu venir provoquent les plus graves attentats de l’histoire de Belgique.

Avec Van Tig, la Justice va bouger. Surtout les meubles. 

En découvrant que le dossier d’extradition du terroriste de la place Sainctelette a été oublié pendant des mois au fond d’une armoire, le nouveau ministre a pris une mesure radicale et courageuse. Il a ordonné la suppression de toutes les armoires des palais de justice du pays. 

Voilà l’homme d’action qu’on attendait ! Il a cependant omis de préciser ce que les magistrats devront faire des dossiers rangés dans ces armoires promis à la disparition. Pourquoi pas les brûler, meilleur moyen d’éviter de devoir reconnaître un jour qu’on a négligé de les traiter ? 

Il a raison, Van Tig, de s’attaquer aux meubles. C’est ainsi qu’on se souviendra de lui. Comme le racontait la rappeur Abd Al-Malik : « J’ai été reçu par des ministres de la culture. Ils m’ont fait visiter leurs bureaux. Leur fierté s’arrêtait au mobilier ». 

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TU VEUX MA PHOTO ?

 Entre les suicides d’ados persécutés et filmés par leurs « copains » sur Facebook et les terroristes s’exhibant avant, pendant ou après leurs méfaits sur You Tube ou Instagram, on ne sait plus où donner de la tête surtout que, pendant ce temps-là, se répandent des millions de messages haineux, montages tronqués et fausses informations auxquels s’ajoutent des commentaires qu’on appelait jadis le blabla du café du commerce. A cette différence qu’au café, on pouvait regarder dans les yeux l’interlocuteur qui balançait des conneries et lui mettre le poing sur le nez alors que dans le bistrot virtuel, ce sont des anonymes-pseudonymes qui lèvent leur verre virtuel en déversant leur fiel impunément.

Au café du commerce, quand il en avait marre de vous entendre pérorer, le patron vous flanquait à la porte. Les boss de X, Tik Tok et autres Facebook n’ont pas ce réflexe. Ils ne vous entendent pas. Ils ne regardent pas ce qui défile sur leurs écrans, sinon les pubs. Car elles représentent leur seule préoccupation, le fric qui tombe dans leur escarcelle. Plus il y a de followers, plus il y a des dollars. Peu importe ce qui produit leurs revenus. 

Il n’est pas certain qu’avoir placé un appareil photo sur chaque téléphone marque un grand progrès dans l’histoire de la civilisation mais ce qui est sûr c’est que laisser se répandre les horreurs des réseaux sociaux sans filets constitue un crime contre l’humanité. 

Certains crient à la censure quand des voix s’élèvent réclamant aux réseaux sociaux de modérer les contenus, bloquer les horreurs et les monstres, responsabiliser les auteurs des messages en les obligeant à apparaître sous leur véritable identité. 

Journaux, radios, télés, tous les organes classiques d’information ont placé depuis toujours des filtres, vérifient ce qui est publié. Des éditeurs relisent ou visionnent avant de laisser publier. Y a-t-on jamais vu une atteinte à la liberté d’expression ? Au contraire. 

Laisser se répandre des fakes news, des éloges de la terreur, la barbarie mise en scène, voilà des atteintes à la liberté des citoyens. Imposer l’image d’enfants égorgés ou laisser un terroriste se filmer lui-même (et toujours de façon médiocre sans le moindre talent !) en train de canarder des civils, où est la liberté ?

Au contraire, cette diffusion en flots continus d’images et de textes dégueulasses est une façon d’étouffer le spectateur sous le déluge d’horreurs. L’empêcher de réagir par l’intelligence. Ce qui est l’essence même de la communication.

Comme le relevait Michaël Crichton, dans la société de l’information, personne ne pense. Nous pensions bannir le papier. Mais en fait nous avons banni la pensée.    

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LES MEILLEURS MANQUENT DE TOUTE CONVICTION

  Dans la série de crises barbares que nous traversons, Ukraine-Russie, Israël-Palestine, on constate une inadéquation consternante du discours politique avec la réalité tragique des événements.

  Que Poutine raconte des craques, que les Iraniens mentent comme des arracheurs de dents (pardon à ma délicieuse dentiste !), le monde entier le sait. Mais que les représentants de nos démocraties racontent d’importe quoi face aux ténèbres, voilà qui est affligeant. 

  Yeats écrivait déjà au début du vingtième siècle : « Les meilleurs manquent de toute conviction. Les pires, eux, sont animés d’une intense passion ». (Le grand poète était aussi nationaliste irlandais.)

   Façon aimable de regretter la passivité de nos politiques qui ont fermé les yeux quand Poutine a tranquillement annexé la Crimée, découpé la Géorgie, fait occuper le Donbass, et même laissé abattre un avion de ligne avec 298 personnes à bord. Tout au long de ces années, les Européens faisaient semblant de croire qu’il suffisait d’acheter pétrole et gaz russes et faire des risettes pour que l’ours se tienne coi.  

   Chez nous aussi, on s’est beaucoup tortillé avant de soutenir l’Ukraine autrement qu’avec de bonnes paroles. Au début de la guerre, aux Ukrainiens qui demandaient des armes, notre charmante ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, promettait l’envoi de casques… Quand ils réclamaient des avions, la même refusait de se séparer de nos précieux F16 sous prétexte qu’ils étaient trop vieux. Un an plus tard, elle consent à en envoyer deux, peut-être quatre, dans deux ans. Le temps d’une cure de jouvence ? 

   La crise israélo-palestinienne a aussi entraîné un florilège de bonnes paroles sans aucune initiative concrète, notamment pour dénoncer la montée de la violence du Hamas et sa soif insatiable d’armes. Sans comprendre que cette culture de la haine engendrerait un déchaînement de sauvagerie. 

   Plus consternant encore d’entendre certaines de nos éminences fermer les yeux même après le déroulement des terrifiants actes terroristes commis par ce mouvement. Le PTB trouve la source de cette violence il y a 75 ans autrement dit, il approuve la revendication du Hamas de supprimer purement et simplement l’Etat d’Israël. Tout aussi consternant, les messages de la gauche socialiste, d’abord silencieuse devant les massacres. Puis, s’exprimant à travers une déclaration de la présidente de la Chambre, Eliane Tillieux, qui a tenté un choquant « équilibre » de condamnations, un coup contre le Hamas, un coup contre Israël. Comme l’a fait la présidente d’Ecolo. Cherche la gauche belge désespérement…

Pendant ce temps, le Comité Nobel, sauvant l’honneur des Européens, a attribué le prix Nobel de la Paix à Narges Mohammadi, qui s’est dressée contre les ayatollahs rassis d’Iran, les commanditaires des abominations du Hamas. 

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L’ETE INDIEN

   En 1975, un Joe Dassin prémonitoire portait aux nues l’été indien. D’accord, vous n’étiez pas nés mais ça chaloupe, ça vous entraîne. Même si c’était « il y a un an, y a un siècle, y a une éternité ». 

   Cinquante ans après, on a l’impression que l’été indien, ce coup de chaleur de l’automne, n’a pas changé. Et pourtant. A l’époque, c’est « une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique ». Ici, on se gelait les miches. Là-bas, il ne faisait même pas 30°. Pourtant, aux demoiselles qui portaient d’affolantes robes longues transparentes déjà, Dassin lançait « Avec ta robe longue, tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin ». Maintenant, on croise des types en singlet et même torse nu dans les rues de Bruxelles en octobre. Ces rues où erre Tintin erre au début de « L’Etoile mystérieuse », arrachant ses souliers au macadam qui fond pendant qu’un illuminé en robe blanche se promène en hurlant que c’est la fin du monde. Plus lucide que Jo Dassin, Hergé aurait-il eu vent du réchauffement climatique ? On a envie de le croire. En réalité, l’histoire a été dessinée pendant l’occupation allemande et publiée dans Le Soir (volé) en octobre 1941. De quelque façon qu’on le regarde, ce mois-là ne ressemblait pas à l’été indien. Même en météo. L’épaisseur de la neige à Uccle était de 5 cm. 

  Mais, évitons de pleurer comme Jo Dassin les seventies. Profitons de l’été indien. Dans cinquante ans, un chanteur va célébrer avec nostalgie notre été indien de 2023. Il fredonnera « c’est une saison qui existait en Belgique », d’une voix pleine de regrets, lui qui se sera réfugié entre temps au nord du Groenland et qui émettra depuis un bunker climatisé sous la base américaine de Thulé, à une centaine de kilomètres au sud de la ville de Qaanaaq, devenue la seule cité encore vivable de la planète bleue. 

  « Je regarde cette vague qui n’atteindra jamais la lune » chante encore Dassin. Il ne savait pas que ce sera peut-être le cas dans quelque temps quand on ne maîtrisera plus rien. 

Pendant ce temps, voyant venir les élections dans huit mois et non les désastres climatiques dans huit ans ou plus, les gouvernements européens commencent à freiner des quatre fers sur la mise en place du Pacte vert. Tant qu’il ne s’agissait que de déclarations de bonnes intentions, type discours à la tribune de la COP, tout le monde était partant. Mais maintenant qu’il faut mettre les mesures en œuvre, c’est la panique. La présidente du Parlement européen allant jusqu’à mettre en garde contre les effets d’une politique environnementale trop affirmée. 

Veut-elle croire que « Toute la vie sera pareille à ce matin aux couleurs de l’été indien » ?  Peut-être. Mais imaginer le futur en torpeur vénéneuse et lascive ne vous sortira pas la tête de l’eau bouillante.    

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L’EXIL, UN SPORT DE COMBAT 

 Les récents errements de Nicole de Moor qui refuse d’exécuter un arrêt du Conseil d’Etat montre qu’il n’est pas sain de garder le même ministre dans les mêmes fonctions pendant trop longtemps.  

J’imagine Nicole comme une femme gentille avec sa concierge et ses enfants même s’ils viennent d’un autre coin de la planète (leurs papiers sont en règle), ainsi qu’avec les chiens des voisins même si ce sont des Galgos espagnols, des barbus tchèques et des Laïkas de Sibérie orientale. Elle les croise tous les jours et n’a jamais songé à demander leurs pedigrees à leurs propriétaires, même quand elle les a surpris à pisser sur sa voiture (mais que peut-elle dire à ce sujet sans se ridiculiser ?)

    Voyons, Nicole, quelle idée de passer sa vie à réglementer la circulation des demandeurs d’asile ! Elle qui a travaillé au Commissariat aux Réfugiés et apatrides, été chef de cabinet de son prédécesseur Sammy Mahdi (en voilà un qui doit remercier le ciel de s’être tiré des flûtes), et qui n’a jamais rien connu d’autre. Vis ta vie, nom de nom !

   Elle a élaboré des dizaines de réglementations plus byzantines les unes que les autres qu’elle a obligé les étrangers et ceux qui les accueillent à respecter sous peine de prison. Elle a appris à ses fonctionnaires de se montrer inhumains. La voilà maintenant exactement dans la peau de ces étrangers en détresse, « obligée » de ne pas respecter une décision judiciaire, de se soustraire à la loi, pour parler en juriste. Et elle demande qu’on ait pitié d’elle ? 

 Un de ces jours, pour échapper à la sanction qui frappe tous ceux qui ne respectent pas une décision judiciaire (le laxisme, c’est fini ! dixit son collègue de la Justice), cette pauvre Nicole va être obligée de quitter subrepticement son appartement, sa concierge et les chiens de ses voisins (dont on ne connait pas les pedigrees). Et de devenir réfugiée à son tour. 

  Dans le temps, à la Libération, l’église catholique était en mesure d’évacuer les dignitaires déchus avec lesquels elle entretenait certaines amitiés vers des cieux plus cléments. Mais c’est fini tout ça ! L’Eglise n’a plus les moyens ni les filières. De toute façon, un ministre démocrate-chrétien n’a plus beaucoup d’amis…  

Reste peut-être à roquer avec un de ses collègues. Nicole pourrait reprendre le ministère de la culture en Flandre, dont le portefeuille est vraiment trop lourd à porter pour le ministre-président Jan Jambon, qui s’en défera avec soulagement. 

Evidemment, quand Nicole s’apercevra que même parmi les hommes et les femmes qui représentent le mieux la culture flamande, il se trouve pas mal d’étrangers, il faut prier pour qu’elle oublie les réflexes de son ancienne vie …

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PEACE & LOVE

     A propos de l’EVRAS (le cours d’Education à la vie relationnelle, affective & sexuelle), qui contesterait aux parents le droit d’éduquer leurs enfants à la vie affective, sexuelle, etc ?  Même si, pour ce qui me concerne, je n’ai pas le souvenir que mes parents, intellectuels laïcs et cultivés aient fait le moindre effort à ce sujet. Je me suis d’ailleurs empressé de ne rien leur demander.

Je pense avec candeur peut-être que les choses ont peu changé et que beaucoup d’enfants préfèrent interroger ChatGPT sur les questions sexuelles que papa, maman ou le curé (mieux vaut l’éviter), quand ce ne sont pas des sites nettement moins recommandables ou les réseaux sociaux.  

Malgré leur bonne volonté, il y a des choses que les parents ne peuvent pas leur apprendre. D’abord la signification du mot Evras. Evras ? Cesse de poser des questions idiotes, Toto et mange ta soupe. Tu n’as pas l’âge d’escalader l’Evras. 

Il y a aussi toutes ces magnifiques expressions que l’on trouve au fil des chansons de Brassens. Certaines doivent être au programme du cours de littérature française – je l’espère. Mais sans traduction, bonne chance pour les petits !  

Que signifie « Effeuiller la marguerite », maman ? Et vlan ! Toto, encore une grossièreté à table et tu vas l’avoir ton Evras ! Avec la marguerite en prime où je pense ! 

Quant à l’endroit le plus enivrant et enfiévré du corps féminin, est-ce papa qui va en distiller la magie ? Il est déplorable, se lamente tonton Georges, dans « Le Blason », que les vocables qui le distingue soient aussi pauvres, grivois, quand ils ne sont tout simplement pas grossiers et vulgaires. « C’est la grande pitié de la langue française, c’est son talon d’Achille et c’est son déshonneur/ de n’offrir que des mots entachés de bassesse/ à cet incomparable instrument de bonheur. »

Faut-il forcer les parents à décoder la chanson de Mélanie, la bonne du curé qui « Dedans ses trompes de Fallope/s’introduit des cierges sacrés » ? 

Et est-ce plus simple de dire en français d’aujourd’hui « Avec le pampre de la vigne/ un bout de cotillon lui fis/mais la belle était si petite/qu’une seule feuille a suffi » ? 

J’en ai assez entendu comme ça, Toto ! Oublie cette vieille barbe de Brassens. Ecoute plutôt les filles. D’accord, maman, que veut dire France Gall quand elle propose des sucettes à l’anis ? Et Lio qui explique les effets de son « Banana split » ? J’en ai assez, Toto ! Remets plutôt « Au clair de la Lune ». Cette fois il n’y a pas de risque. 

« Va chez la voisine, / Je crois qu’elle y est, / car dans sa cuisine / On bat le briquet.» Ce qui signifie en vieux français qu’on s’envoie en l’air. 

Tout compte fait, Toto, je pense que les Talibans ont raison. Pour sauver la jeunesse, mieux vaut interdire tout simplement la musique… Et l’école…

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LE JEU DES 7 ERREURS

Lors de sa réapparition, qui marque l’arrivée de l’automne et des feuilles mortes, Bart De Wever s’est adressé aux francophones, entendez aux Wallons, porteur d’une grande annonce. Pour la résumer simplement, sa proposition est de séparer le pays en deux à l’occasion de la prochaine législature. Vous avez intérêt, nous dit-il, à accepter ma main tendue. Sinon, malheur à nous, nous devrons affronter le grand méchant Vlaams Belang. Cette séparation du pays, il l’appelle le confédéralisme (tout son programme est dans la première syllabe, on l’aura compris). 

Or que veut le Vlaams Belang ? Séparer le pays en deux…  

Attendez, attendez, où est alors la différence entre la N-VA et le Vlaams Belang ? C’est comme dans le jeu des sept erreurs où on vous montre deux images semblables au premier coup d’œil mais qui contiennent de légères discordances après un examen attentif. 

Première différence, le Belang est une bande de fachos alors que la N-VA c’est un club de démocrates – très à droite. Ce qui rappelle le contraste entre Marine Le Pen et son Rassemblement National et le parti Reconquête d’Éric Zemmour et de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Marine expulse les étrangers avec le sourire et un petit cadeau, Marion avec colère et sans boîte de chocolats. 

Autre différence, le Vlaams Belang danse le tango avec le répugnant leader de Schild en Vrienden, Dries Van Langenhove, alors que la N-VA n’est composée que de braves gens comme Théo Francken (qui, lorsqu’il dérape, s’empresse de s’excuser) ou Liesbeth Homans (pour qui le racisme est « un concept relatif »). 

La N-VA a souvent accusé le Belang d’être un parti « révolutionnaire », décidé à scinder unilatéralement le pays. Mais voilà qu’à son dernier congrès, en juin dernier, le VB a présenté un plan pour une indépendance progressive qui passerait par une négociation avec les Wallons. Seule façon, soi-dit en passant de ne pas se retrouver à la porte de l’Union européenne et des autres organisations internationales dont la république de Flandre aurait absolument besoin si elle larguait les amarres. De son côté, Bart De Wever avait, quelques mois plus tôt, affirmé que « l’occasion de réformer dans le légalisme est passé ». 

Pardon, mais on s’y perd avec cette rafale de déclarations contradictoires. Quand l’un des deux compères de la droite flamande veut rompre brutalement, l’autre préfère le faire avec des fleurs et quand l’autre se montre prêt à discuter, le premier se moque des lois. 

Pendant que les deux frères jumeaux mais ennemis tentent d’arracher le leadership de leur communauté, le citoyen flamand continue de se déclarer majoritairement contre l’explosion du pays, selon les sondages. 

On comprend qu’aucun des deux compères n’a choisi de poser la question par référendum.   

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MANNEKEN PIS ET AUTRES DELICES DE LA RENTREE

  Si l’on reconstitue la soirée d’anniversaire du ministre de la Justice, la première pièce du dossier est un combi de policiers stationné devant son domicile pour le protéger des trafiquants de drogue. 

  Ensuite, des invités apparemment tous mâles triés sur le volet par le jubilaire pour souffler ses cinquante bougies. 

  A propos de Jupiler, les fameux invités en ayant manifestement abusé par casiers entiers, les voilà déversant leurs larmes de joie sur le fameux combi. Qu’ils découvrent vide. Ils auraient préféré sans doute exprimer leur griserie contre la jambe des policiers mais ceux-ci sont aux abonnés absents. Ce qui soulève une question de taille : où sont donc passés les pandores censés protéger le ministre ?

 Soit, ils courent derrière les innombrables trafiquants dont la Belgique est devenue le nid, soit ils sont partis mendier quelques pièces en ville, ce qu’ils font désormais tous les soirs, vu l’état des finances de la police fédérale. Ou alors ils sont enfermés dans les toilettes de la villa du jubilaire, ce qui explique que ses invités, trouvant porte close, sont obligés de se soulager sur leur véhicule. 

 On imagine en passant ce qui se serait passé si les joyeux Manneken Pis étaient des demandeurs d’asile en goguette ou des ados plus ou moins colorés plutôt que d’éminents notables de Courtrai…

 A quelques jours de l’attentat urinaire des amis du Vice-Premier, un autre jet se déroule à environ 200 km de là, à Liège. Une tarte à la crème contre le président du MR venu signer le premier tome de ses œuvres complètes. Comme en écho aux attentats pâtissiers de jadis du Gloupier (qui avait également entarté quelques politiciens dont Karel Dillen, président du Vlaams Blok). Jean-Luc Godard, entarté au festival de Cannes, aurait réagi en disant : « c’est la revanche du cinéma muet sur le cinéma parlant. » 

 Moins inspiré et comme soudain en mal de mots, Georges-Louis Bouchez s’est contenté d’entarter à son tour son agresseur maintenu à terre par le service de sécurité… 

Lorsque notre quotidien favori a interrogé les présidents de partis francophones sur l’état de notre démocratie, aucun d’eux ne s’est demandé si le comportement de certains collègues n’expliquait pas au moins en partie le désenchantement de beaucoup de citoyens. 

 On notera l’absence du président du PS à cette fiesta. Que craignait-il ? Une tarte à la crème d’un de ses collègues ? Ou pensait-il que notre journal, ayant prévu une collation, il allait se retrouver aussi coincé que Van Quickenborne face à ses invités ? A moins qu’il n’ait pas voulu diviser son électorat en se rappelant cette phrase de Jacques Prévert : « La différence entre un ouvrier et un intellectuel ? L’ouvrier se lave les mains avant de pisser, l’intellectuel après. »

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