HISTOIRE D’O

   On peut se noyer dans un verre d’eau. La preuve avec les déclarations débordantes de mièvrerie d’un certain nombre de responsables politiques wallons depuis la découverte que l’eau de plusieurs communes est contaminée depuis des années et que les consommateurs n’en ont pas été avertis.

   Venu constater une crue de la Garonne, le président français Mac-Mahon s’était écrié : « Que d’eau ! Que d’eau ! » Et le préfet de renchérir : « Et encore ! Vous n’en voyez que le dessus ! »

L’histoire se répète. Mieux vaut glisser les dessous des eaux wallonnes sous le tapis en attendant les élections. 

 Bonne chance de voir clair dans cet aquarium plein de piranhas. Tout le monde s’envoie des explications contradictoires ce qui permet aux ministres et administrations mis en cause de garder la tête hors de l’eau et de noyer le poisson. 

 Ainsi, on apprend que si, dans certaines communes, le taux de pollution dépasse les normes européennes, ce n’est pas grave puisque ces normes n’entrent en application que dans plus de deux ans. Donc, buvez sans crainte une eau qui ne sera sale que demain. Elle est propre aujourd’hui. Ce que confirme la SWDE (société des eaux wallonnes) qui assure sur son site que « l’eau est potable et respecte les normes en vigueur. »  Alors, pourquoi cette tempête ?

 Côté responsabilité du cafouillage, c’est comme toujours la bouteille à encre. Personne ne conteste que la ministre flamande de l’environnement, Zuhal Demir, a prévenu les autorités régionales bruxelloises (pour une pollution à Halle) et wallonnes il y a plus d’un an. Mais ensuite, cette bouteille jetée à la mer semble s’être égarée. 

 La ministre Tellier (Ecolo) a saisi la SWDE, pendant que la ministre socialiste de la Santé, Christie Morreale regardait les courriers flotter. De son côté le ministre bruxellois Alain Maron (Ecolo) assure avoir prévenu l’intercommunale des eaux concernée tout en remarquant qu’une pollution dans une commune flamande n’est pas son affaire. 

 Quelqu’un a-t-il demandé des comptes à la SWDE ou à l’intercommunale bruxelloise ? Les ministres interpelés ont-ils considéré qu’ils avaient tiré leur épingle du jeu dès lors qu’ils avaient refilé la patate chaude ? 

 Arthur Schnitzler écrivait : “Il y a trois sortes d’hommes politiques : ceux qui troublent l’eau ; ceux qui pêchent en eau trouble ; et ceux, plus doués, qui troublent l’eau pour pêcher en eau trouble.” Bien malin pour reconnaître ceux qui ont gardé les mains propres.  

 Ajoutons que les communes qui ont proposé de distribuer de l’eau en bouteille ont dû essuyer les reproches d’associations de l’environnement : Assez de plastique dans les décharges ! 

C’est vrai ça. Pourquoi ne pas distribuer plutôt du champagne pour faire oublier aux citoyens comment est géré l’eau de leurs robinets ?   

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LE VIRUS DE L’HUBRIS

En 1665, la peste noire a fait près de cent mille morts à Londres. Il y a tout juste cent ans, l’épidémie de grippe espagnole ravageait les survivants de la grande guerre. Le sida à la fin du siècle puis le virus Ebola il y a trois ans, après avoir miné le Congo, dévorait le reste de l’Afrique. Chaque fois, le mal a coûté des centaines de milliers de morts et des mois, des années de combats médicaux.

Cette fois, l’épidémie guette la Wallonie. Et, comme si les dieux voulaient punir l’hubris, le sentiment de démesure de ceux qui se veulent leur égal, ce sont les puissants qui sont frappés les premiers. Coup sur coup, Stephane Moreau puis André Gilles, les deux matamores des intercommunales, les rois des tuyaux, sont cloués au pieu aussi raides que les pauvres trouffions qui avaient échappé aux massacres des tranchées. C’est même un médecin légiste qui l’atteste, croix de bois, croix de fer. Un médecin légiste ! On n’ose imaginer ce qu’il reste de leurs abats après son passage.

Ce sont les chênes qu’on abat, écrivait déjà André Malraux.

On comprend la réaction furieuse des Flamands : tant que les boss de Publifin et de sa galaxie tapaient dans les caisses des contribuables wallons, ils rigolaient doucement. Mais à présent c’est la sécurité sociale fédérale qui va devoir casquer. Et si elle assure aux malades le salaire qu’ils recevaient quand ils travaillaient (enfin, bon, vous me comprenez), c’est tout le plan d’économie de madame De Block qui part en vrille.

L’Organisation Mondiale de la Santé a déjà prévu l’envoi d’équipes médicales à Liège et à Charleroi. Médecins sans Frontières a décidé de rapatrier une partie de ses équipes d’Afrique pour prendre en charge les administrateurs des intercommunales car le mal risque de se transmettre avec la rapidité que met la commission spéciale du Parlement wallon à adresser ses convocations. La contamination semble fulgurante et rien ne paraît l’arrêter. Même ceux qui étaient payés à ne rien faire pourraient ne pas échapper à l’épidémie car leurs organismes affaiblis par le manque d’activité semblent ne pas pouvoir résister à l’air vicié du Grognon.

Ayant beaucoup travaillé sur le virus de la corruption en Afrique, on peut faire confiance à Médecins sans Frontières pour déceler les origines du mal et le traiter à la racine.

Mais déjà, des spécialistes préviennent : tant que la Flandre ne sera pas séparée de la Wallonie par un mur étanche, le virus pourrait facilement gagner les rives de l’Escaut et de la Lys. Déjà, quelques souches inquiétantes ont été repérées à Gand. Bart De Wever a aussitôt chargé la ministre de la Politique scientifique de prendre en charge les premiers malades. En oubliant qu’il ne reste rien de la politique scientifique belge après le passage d’Elke Sleurs.

 

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OH! OH! OH! CAUSE TOUJOURS!

En France, les candidats à la présidence portent des noms qui se terminent par « on » : Fillion, Macron, Mélenchon. En Wallonie, les petits chefs sont choisis dans les familles dont la syllabe finale est un « o » : Mathot, Moreau, Housiaux. Prenez soin d’écrire « O » en majuscule comme dans zérO, le nombre de zéros dépendant de la place qu’occupe le « o » dans la toile d’araignée que les ooo ont tissée autour des intercommunales.

Négligence de leur part, ils ont laissé un type dont le nom se termine par « ain » mettre le nez dans leurs affaires, le prenant sans doute pour un nain. Ils auraient dû se méfier de ce monsieur Halin, échevin des finances de la petite commune d’Olne. Surtout que son presque homonyme français a écrit le scénario de quelques films dont le titre aurait pu leur mettre la puce à l’oreille : « Carrefour du crime », « Métier de fous », « Millionnaires d’un Jour », « Treize à table », des titres qui semblent tous raconter la saga Publifin. Ajoutons-y « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule » qui annonçait la qualité des débats au parlement wallon et le contenu du discours du ministre Furlan. Lorsqu’ils examinent les traités internationaux, les occupants du Grognon peuvent jouer à dépasser le PTB sur sa gauche. Mais pas quand ils se penchent sur leurs « propres » petites affaires.

A propos, le Halain scénariste a aussi signé la série « Fantômas » (tirée des livres d’un autre homonyme, Marcel Allain).

 Allongeant son ombre immense(…) / Quel est ce spectre aux yeux gris / Qui surgit dans le silence ? / Fantômas, serait-ce toi / Qui te dresses sur les toits ? chantait Robert Desnos.

Tout était donc écrit : un terrible justicier se préparait à fondre sur la cité ardente. Et ils ne l’ont pas vu venir. Dommage qu’une intercommunale spécialisée dans les medias et les télécommunications compte si peu de cinéphiles dans ses dirigeants…

Revenons à l’échevin Halin. On est tout de même surpris de la méfiance qu’il a affiché à l’égard de Publifin. Alors que le site de la grande intercommunale liégeoise affiche une page intitulée « Nos Valeurs », énumérées et définies ainsi : notre « Ethique » « consiste à travailler dans la stricte observance de certains principes ou valeurs, tels que le respect de la loi, l’intégrité, la transparence, le respect des autres, l’équité et la loyauté. » Et « L’intérêt général » est pour elle « un état d’esprit qui vise à dépasser les particularismes pour les intégrer dans la dimension du « bien commun» (sic).

On ne peut pas dire que ceux qui gèrent ce site soient réactifs. Cette page n’a pas été mise à jour depuis les derniers événements. Comme si les patrons de Publifin se rappelaient un autre film : « Cause toujours ! »

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