NOVEMBRE 2014

RENCONTRES

_ Lundi 10 novembre

Alain Berenboom sera à la Librairie Cent papiers

Avenue Louis Bertrand à Schaerbeek, le 10 novembre à 18 h30.

Puis le même jour à la Maison Autrique, lecture-spectacle de Monsieur OPTIMISTE par Isabelle Wéry

Chaussée d’Haecht à Schaerbeek à 20h15

 

_ Lundi 17 novembre

Alain Berenboom sera à Cook & Book à Woluwé à 18 h 15

puis à  Wolubilis à 20 h 15 pour la lecture-spectacle Monsieur OPTIMISTE par Isabelle Wéry

http://www.wolubilis.be/index.php?page=1&id=60&pid=377

 

_ Alain Berenboom sera présent à la Foire du Livre Belge au Centre culturel d’Uccle (rue Rouge)

Vendredi 21 novembre à partir de 18 h 30 et samedi 22 novembre après-midi

 

PROCHAINES PARUTIONS

En novembre, la version néerlandaise de Monsieur Optimiste (éditions Bezige Bij)

Présentation de la version néerlandaise de Mr Optimiste le jeudi 4 décembre à 12 h 15 à Passa Porta (rue Antoine Dansaert-Bourse) avec Koen Peeters et la traductrice du livre, Katrien Vandenberghe.

 

LA SUITE DES ENQUÊTES DE MICHEL VAN LOO, détective privé

En février 2015, la nouvelle aventure de Michel Van  Loo

LA FORTUNE GUTMEYER (éditions Genèse)

AND THE WINNER IS …

La saison des prix littéraires coïncide curieusement avec la chute des feuilles. Façon de souligner la disparition de la lecture ? Allons ! Malgré Twitter et Facebook, pas encore en course pour les récompenses, le livre garde la cote.

A preuve, les awards décernés cette semaine.

Le prix « Trois Chambres à Manhattan» au président Obama. Il avait déjà perdu les deux premières. Voilà qu’il vient de perdre cette semaine la dernière, celle que son parti contrôlait encore.

Le prix « Au-dessous du Volcan » à Charles Michel qui ne sait plus trop que faire pour échapper à l’éruption sociale. Si la lave finit par l’emporter, restera peut-être de son gouvernement bizarre un Pompéi que visiteront les prochaines générations.

Le prix « Les Mains sales » à Théo Francken dont les mauvaises fréquentations peuvent avoir des conséquences sur sa santé (et la nôtre).

Le prix « Au cœur des ténèbres » à Bart De Wever dont les intentions cachées sont de moins en moins lisibles mais de plus en plus inquiétantes.

Le prix « Cent ans de solitude » à François Hollande, déjà lauréat du prix « La Saison des Pluies » l’année passée.

Le prix « Dix petits nègres » à Matteo Renzi qui aura réussi à éliminer un à un tous les acteurs de la politique italienne des vingt dernières années. On l’incitera cependant à ne pas céder à l’euphorie en lui rappelant qu’à la fin du roman, l’assassin meurt aussi…

Le prix « Les âmes mortes » à Didier Reynders et à Elke Sleurs, un prix réservé aux fossoyeurs chargés de la tâche redoutable de mettre en terre la culture et la science belges, tout ce qui restait de l’âme de notre pays. Vu le nombre de cadavres qui attendent à la morgue, certains ont proposé de scinder ce prix et de le rebaptiser « De Sang Froid ».

Le prix « Autant en emporte le vent » à l’ensemble de la classe politique pour appliquer après chaque élection les mesures qu’elle combattait avant.

Le prix « Vingt ans après » à Nicolas Sarkozy pour l’encourager à se re-re-représenter en 2027 après ses échecs de 2012, 2017 et 2022. Sa vengeance assouvie, il aura droit au prix « Le comte de Monte-Cristo ».

Le prix «Hurlevent » à Laurette Onkelinkx pour saluer son bel organe. Mais avec l’automne, qu’elle se méfie des coups de froid…

Le prix « Pour qui sonne le glas » à Angela Merkel, si fière de la puissance allemande, et dont l’économie paye cette fois les mesures d’étranglement qu’elle a imposées à ses partenaires européens.

Le prix « A la recherche du temps perdu » à Jean-Claude Juncker qui en aura bien besoin pour sauver ce qu’il reste du projet européen. Mais sa Madeleine a peut-être déjà atteint la date de péremption.

Le prix « Crime et châtiment » à Vladimir Poutine. Cette année, il n’a reçu que la moitié du prix. La seconde partie attendra l’an prochain, si tout va bien. Sinon, on le rebaptisera le prix « Crime et Crime ».

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D’ACCORD?

« Accord », quel beau mot, qui évoque la musique (censée adoucir les mœurs), le cinéma de Woody Allen (« Accords et désaccords », un de ses plus beaux films). En droit, l’arrangement entre des personnes en conflit, la paix. L’accord, c’est l’une des pièces maîtresses de la civilisation, de la vie en société, le rempart contre la barbarie.

Mais tout évolue, décidément. Même le sens du mot « accord ».

Maintenant, « accord » signifie : c’est comme ça et pas autrement. Et surtout on ne discute pas. Quand le père dit à son gosse : « Tu fermes la télé et tu fais tes devoirs, d’accord ? », cela n’est pas : devoirs ou télé, discutons-en. Mais : tu l’éteins cette fichue télé ou tu préfères une torgnole ?

En politique, les choses se passent un peu comme en famille.

« Tu la votes cette foutue loi, d’accord ? » dit le président de parti à un de ses parlementaires réticents. Cela signifie : c’est mon opinion et tu la partages, d’accord ?

Dès son entrée en fonction, le gouvernement Michel-De Wever applique cette nouvelle acception du mot « accord », pour prouver sans doute son extrême modernité – et faireb oublier la nostalgie vintage de deux de ses membres.

Ainsi des institutions culturelles et scientifiques fédérales.

D’un coup de plume, quelque part au milieu d’une nuit de négociations, l’un des Suédois a dû glisser : Ma femme me traîne toujours à l’opéra, moi qui déteste ça. D’abord, à l’entracte, il y a tant de monde qu’il n’y a jamais moyen d’atteindre le bar ! Et on leur donne du pognon ? a demandé un autre. Quelqu’un est intervenu. Attendez, c’est l’un des opéras les plus prestigieux du monde. On va pas discuter de la Castafiore jusqu’au petit matin, a conclu le chef négociateur. Plus de money pour la Monnaie, d’accord ?

C’est comme le Musée d’histoire naturelle, a enchaîné une Suédoise. Quelle galère ! Mes enfants m’ont cassé les pieds. Ils voulaient voir les dinosaures. Aucun intérêt, il n’y a rien que des os. Est-ce que c’est vraiment un spectacle pour les enfants ? Supprimons les doubles emplois ! Tout de même, est intervenu un type au bout de la table. Nos chercheurs sont parmi les plus… On supprime ce bête musée, d’accord ? a coupé le chef négociateur.

Et la Bibliothèque royale ? A quoi bon entasser tant de papiers à l’heure d’internet ? Quand Google aura numérisé tous les livres, son fonds ne vaudra plus un clou. Autant s’en débarrasser avant. C’est notre mémoire ! s’est écrié un vieux birbe. On a drôlement avancé cette nuit, a conclu le chef négo. On a supprimé la culture et la science. Avec ménagement, a murmuré son conseiller. Ces artistes ont des copains journalistes. Bon. 30 % de moins sur leur budget, d’accord ? Et les Suédois sont passés au point suivant.

Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver, d’accord ?

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LA PISTE AUX ETOILES

José Manuel Barroso vient de faire ses adieux à un parlement européen plus vide qu’un terminus des TEC un jour de grève. En le voyant une dernière fois remuer sa bouche, ses bras et beaucoup d’air, je trouvais qu’il me rappelait furieusement le Monsieur Loyal qui présentait le spectacle dans les petits cirques de mon enfance. Essayant désespérément de faire croire que les deux lions miteux qui erraient l’oreille basse sur la piste étaient de redoutables bêtes sauvages à peine débarquées de la savane pour effrayer les petits enfants comme moi. Quand l’équilibriste était vraiment trop maladroit – ou trop saoul- il lançait l’orchestre badaboum ! et racontait des histoires, façon de détourner notre attention. Et il s’empressait de faire évacuer les clowns qui n’avaient fait rire personne pour laisser la place au dresseur de puces savantes.

Comme Mr Loyal, Barroso a passé en revue avec tambour et trompettes, les dix années de sa présidence. Quel talent pour faire passer ses misérables échecs pour de brillantes réussites. Et on applaudit !

Dix années ravageuses pour l’emploi. Le social n’étant pas ou si peu de la compétence de l’Union, on suppose que c’est pour ça qu’il n’a pas prononcé le mot chômage. Ce sera pour les artistes de la nouvelle distribution. En piste, Marianne Thyssen !

La crise ? Ah ! Groz katastroff mais c’est la faute aux Américains. Au suivant !

Le réchauffement climatique ? C’est la faute aux Chinois. Au suivant !

La montée des nationalismes et des néo-fascistes pendant ses deux mandats ? Que me reprochez-vous là ? En Suisse et en Norvège aussi, la peste brune est de retour… Pas non plus le problème de l’Europe.

L’effondrement de l’appétit pour un destin européen commun ? Le rejet par les jeunes de l’Europe ? Barroso ne s’en était même pas rendu compte. Là-haut sur son estrade, tout près de l’orchestre, Mr Loyal n’entend pas les cris du public.

Faut ajouter que sa troupe a largement puisé ses éclopés, bras cassés et autres vieux rescapés dans d’autres cirques en faillite. Le clown blanc, Herman Van Rompuy n’a pas réussi à dérider l’assistance une seule fois. Et l’auguste, la pourtant joyeuse Catherine Ashton, n’a fait rire que Vladimir Poutine, ce qui est idiot, vu qu’il n’a pas payé son ticket.

L’Europe voulait du souffle. Elle a eu une baudruche. Son erreur a sans doute été de moisir avec de vieilles attractions au lieu de mettre l’imagination au pouvoir. Plutôt que de s’inspirer de vieux cirques malades, il aurait dû regarder le cirque Plume pour se réinventer dans la légèreté, le musée Guggenheim de Bilbao pour redonner des ailes aux villes endormies…

Et si c’était les choses inutiles qui allaient sauver l’Europe ? La seule chose que les autres continents nous envient.

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LES APPRENTIS SORCIERS

Pauvre Walt Disney mort trop tôt, lui qui rêvait d’être embaumé pour renaître dans quelques siècles et retrouver l’oncle Picsou. On a eu tort de ricaner. Près de cinquante ans plus tard, chapeau ! Le papa de Mickey avait vu juste. La cryogénisation est devenue une réalité. Ne boudons pas notre plaisir. C’est en Belgique que cette technique a été mise au point pour la première fois, que les premiers morts ont été ressuscités. Charles Michel-Bart De Wever, futurs prix Nobel de physique ? Pourquoi pas ?

Le retour des morts est le seul scoop de la déclaration gouvernementale mais, pardon, quel scoop ! Si Laurette Onkelinx avait pris la peine d’écouter notre nouveau premier ministre et certains de ses ministres au lieu de pérorer, soutenue par son chœur de groupies, si Benoit Lutgen n’était pas si obsédé de réduire en miettes les libéraux, ils auraient compris que la Wallonie, qui cherche désespérément une industrie de pointe pour relancer son anémique plan Marshall, venait enfin de décrocher la timbale. La cryogénisation. La science fiction devenue réalité. Mes amis, cessez de vous moquer de Charles Michel et de le comparer à Agnan, le premier de classe à lunettes du Petit Nicolas, toujours collé aux basques de sa maîtresse d’école. Cette fois, ça suffit. Il a démontré sa maîtrise. Avec son compère, le bourgmestre d’Anvers, il a réussi l’exploit extraordinaire de rendre vie à des zombies. En faisant défiler, en primeur à la tribune de la Chambre, ses premiers cobayes, revenus vivants du monde des ténèbres. Jan Jambon, qui a pourtant dépassé la date de péremption depuis 1945 ; Theo Francken, qui a l’air d’un jeune homme tout frais, alors qu’il dit avoir appartenu à la VNV, le mouvement fasciste flamand pourtant dissout à la fin de la deuxième guerre mondiale. A nouveaux parmi nous ! Et prêts à servir la soupe vert de gris.

Cessez de chipoter, socialo-ecolo-humanistes ! D’étaler votre rancœur parce que vous avez perdu le pouvoir. Quand on est succédé par de si grands savants, on s’incline et on se tait.

L’arrivée de la cryogénisation est-elle vraiment une surprise ? On savait depuis longtemps que Bart De Wever, son co-découvreur, y travaillait activement dans son labo. En 2007, son prédécesseur à l’hôtel de ville d’Anvers, Patrick Janssens avait présenté les excuses du collège communal pour l’implication de l’administration communale dans la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Bart De Wever avait réagi en estimant ces excuses « gratuites ». On comprend mieux ses propos, qui à l’époque, ont choqué la plupart des hommes politiques flamands, aujourd’hui ses partenaires. Ils n’avaient pas compris la subtilité de cette énigmatique déclaration. De Wever avait ses raisons. On commence à les entrevoir.

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BOUSSOLE

Le prix Nobel de médecine a été attribué à un trio de profs de neurosciences. Ces chercheurs, dont une femme norvégienne (non ! pas suédoise !) et son mari ont découvert qu’au fond de notre cerveau se cachait un super petit GPS.

Cette information me laisse perplexe, moi qui ne suis jamais parvenu à me diriger sans faire mille détours et qui me plante en essayant d’aller de la gare de Schaerbeek à la gare du Nord (évidemment, il y a beaucoup de travaux sans parler des sens uniques). Dois-je en conclure que je ne fais pas tout à fait partie de la race humaine ?

S’il faut choisir le critère du GPS pour distinguer l’homme de la bête, les soldats du califat islamiste sont manifestement plus humains que moi car eux, ils savent où ils vont et ne se laissent pas détourner le moins du monde par les petites bombes et autres artifices que tout le monde (sauf les Turcs) y compris nos braves trouffions leur balancent du ciel. Il faut dire que celui qui programme la boussole des djihadistes vit bien au-dessus des avions et des satellites.

Et Charles Michel ? La nature l’a-t-elle doté de ce fameux GPS interne ?

Oublions que le GPS a été mis au point et continue d’être aux mains du Pentagone. Qu’une Suédoise belge, même pas blonde, soit programmée depuis Washington, cela paraît peu probable.

En revanche, pareil système intégré au fin fond du ciboulot peut se révéler drôlement utile en cas de co-voiturage, une pratique qui a certainement les faveurs d’un habitant comme lui du Brabant wallon obligé de « navetter » tous les jours vers la capitale.

Placé au volant pour une longue route – du moins, on l’espère pour lui-, en compagnie de passagers un peu agités et qui parlent les uns sur les autres et sans sous-titres, Charles Michel va devoir faire la preuve des capacités de son cerveau maintenant qu’il est face à un test grandeur nature. Ou il parvient à se jouer des tournants (bochten), des dos d’âne et autres gendarmes couchés (verkere drempels), des détours (omleiding) et des virages en épingle à cheveu (U-bocht) sans compter les voies barrées (opgelt ! werken !) surtout la nuit par des opposants prêts à tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, voire à lui crever les pneus, ou il est comme moi : il fonce droit dans le mur même quand l’obstacle devant lui est gros comme un Bart De Wever cuvée 2010.

Le problème du co-voiturage, tous les spécialistes vous le diront, n’est pas de choisir la bonne route. Le vrai défi est de décider dans quel ordre on va déposer les passagers et quel détour on va prendre pour que chacun arrive à bon port sans perdre trop de temps. Or, avec un GPS, programmé pour ne jamais indiquer la gauche, M. Michel risque de finir par tourner en rond.

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RUMEURS

Quelle est la différence entre info et rumeur ? Depuis que l’instantané est devenu la règle dans toutes les rédactions, communiquer une nouvelle complète, décortiquée et vérifiée ne peut résulter que d’un heureux hasard. L’œil rivé à Twitter et la souris à l’assaut des pages Facebook, le journaliste doit saisir à la seconde où un petit plaisantin l’aura posté le scoop qui lui permettra de boucler sa journée. Peu importe que le lendemain, le tuyau s’avère crevé. Tout le monde l’aura oublié. Mais lui, il aura connu son bref moment de gloire.

« Cécilia, si tu reviens, j’annule tout ! » Qu’est devenu le folliculaire qui a balancé ce faux SMS ? Rédacteur en chef ? Directeur de comm’ ? Porte-parole d’un ministre ?

La confidence de la semaine en France, c’est que Jacques Chirac (comme Brigitte Bardot, il paraît qu’il bouge encore, mais ce n’est peut-être qu’une rumeur) aurait glissé à l’oreille d’un de ses derniers intimes, qui s’est empressé de le répéter à un de ses amis du « Figaro », qu’il soutenait Alain Juppé dans son combat pour recoller la droite. Quand on se souvient, que Chirac avait soutenu François Hollande lors de la dernière présidentielle, à la place de Juppé, je renoncerais immédiatement à la vie politique.

Faute de détails sur les projets que nous prépare notre futur gouvernement, la rumeur est devenue chez nous une véritable épidémie. Syndicats, policiers, chercheurs manifestent déjà contre des mesures que personne ne connaît. Prêts à descendre dans la rue pour s’opposer à des lois qui n’ont pas été votées et dont le texte n’existe même pas au brouillon. A des décisions qui n’ont pas été prises mais dont quelqu’un a murmuré que, selon un bruit de couloir, le conseiller d’un éventuel futur ministre y songerait.

Dire que le nouveau gouvernement n’est pas encore formé, et qu’il ne le sera peut-être jamais. Le voilà déjà paralysé par la levée de boucliers de tous ceux qui savent mieux que lui ce qu’il va décider.

Et si c’était les négociateurs eux-mêmes qui lâchaient ces faux scoops ? Façon de faire descendre les opposants dans la rue tant que Di Rupo est toujours aux affaires. Ainsi, ils auront brûlé toutes leurs cartouches lorsque ces mesures entreront vraiment en application.

La rumeur court aussi sur le casting de nos nouveaux chefs. Privé de sa garde prétorienne, partie combattre Satan, Pieter De Crem aura du mal à forcer les portes du gouvernement. Certains parient que le CD&V pourrait ressortir Dehaene & Martens mais une autre rumeur prétend qu’ils sont morts. Allez savoir !

Le plus étonnant bobard qui circule ces jours-ci est le nom du futur premier ministre. Imaginez-vous que des blagueurs prétendent que Charles Michel serait en tête de liste. Ce qu’on essaye de nous faire avaler, tout de même !

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FIGARO SI, FIGARO LA

Plutôt que vous faire décerveler par Nikos Aliagas ou Papy Sebastien, lisez ou relisez « Le Mariage de Figaro ». Ecrite quinze ans avant la décapitation de Louis XVI, la pièce de Beaumarchais reste incroyablement drôle et enlevée. Certaines de ses répliques trouvent un étrange écho ces jours-ci.

« Ce n’est rien d’entreprendre une chose dangereuse, mais d’échapper au péril en la menant à bien. »

J’espère que Pieter De Crem s’en est souvenu avant de faire décoller nos F 16. Et surtout Barack Obama en lançant ses boys à l’assaut du califat auto-proclamé du Levant. Si le papa de son prédécesseur, G.W. Bush, avait pris la peine de lire à son cher petit George W. la pièce de Beaumarchais avant de s’endormir, on n’en serait sans doute pas là. Hélas, ledit papa s’occupait déjà de l’Iraq plutôt que de livres…

Une autre réplique célèbre de Figaro résonne d’une inquiétante actualité :

« Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »

La situation de la planète oblige tout le monde, nous dit-on, à serrer les rangs et les dents – et pas seulement les fesses. Face aux redoutables ennemis qui nous guettent, barbus enragés, financiers sans scrupules, guerres, crise économique et sociale, finances publiques en débâcle, toute critique, toute opposition, toute réserve est qualifiée de trahison, coup de poignard dans le dos. Il faut cependant rappeler que c’est aussi « la pensée unique », il y a quelques années, qui nous a conduits au bord du gouffre. Il est facile d’affirmer aujourd’hui que ce sont ceux d’hier qui ont eu tort mais que répondaient-ils, eux, quand on osait les critiquer ? Taisez-vous, serrez les rangs et laissez faire les militaires.

Difficile ces jours-ci d’avoir un point de vue critique, simplement nuancé. Et pourtant, le doute, l’esprit critique, n’est-ce pas justement ce qui nous distingue de tous ceux ces mecs pétris de certitudes qui nous entraînent on ne sait où mais certainement pas ni vers la Riviera.

Il nous reste les bons livres pour nous rappeler les mille couleurs de la vie – les mauvais se contentent des nuances du gris. C’est justement le propos de « A la proue » (CFC éditions) qui dit avec passion, émotion et humour l’importance du livre, sa place dans l’Histoire et dans notre histoire. Le livre dérange (même celui qui ne lit pas), griffe et séduit. Le livre, amant et ennemi. Le texte est de Pierre Mertens et les photos de Muriel Claude. Pieter De Crem ferait bien de le lire, toutes affaires cessantes. Il en sortirait différent…

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L’EUROPE DANS TOUS SES ETATS

Depuis des semaines, la planète occidentale n’a parlé que de ça. Que se passerait-il si l’Ecosse se séparait du Royaume Uni ? Oubliant presque que, pendant ce temps, une partie de l’Ukraine a quitté l’amère patrie pour plus grand et plus riche et que l’Iraq s’en va en morceaux comme jadis la Yougoslavie. Et d’agiter avec effroi la menace d’une sécession de la Catalogne, de la Padanie, de la Corse du nord, de la Corse du sud, voire des Cornouailles. Sans oublier bien sûr la Flandre.

Jadis, on avait des idées plus souples. Les modifications de frontières ou d’états, les changements d’étiquettes sur les cartes du monde, n’étaient pas considérés comme des tremblements de terre magnitude 9,5 sur l’échelle de Richter.

Lorsqu’il perdit son trône de Pologne, le pauvre roi Stanislas Leszczyński, errant et sans le sou, se vit offrir le duché de Lorraine par le roi de France – son gendre – avec l’accord des autres puissances européennes. Pour consoler l’ex-duc de Lorraine de la perte de ses terres, il reçut en lot de consolation le duché de Toscane. Vous auriez refusé d’abandonner Florange pour Florence?

L’opération était subtile. Louis XV n’attribua le duché de Lorraine à Stanislas qu’en viager. Ce qui lui permit de le récupérer à sa mort et de l’ajouter à son propre domaine.

Avec la mode de la démocratie, les rois n’ont plus la même marge de manœuvre. On imagine mal la reine Elisabeth II laisser la couronne d’Ecosse à son fils, pour le faire patienter en attendant la fin de son interminable règne. Ou le roi Philippe proposer à Bart De Wever, qui a si peu de goût pour la rue de la Loi, de lui confier un marquisat viager à Anvers. L’idée ne devrait pourtant pas être abandonnée. Il suffit de lui donner un coup de neuf.

Jadis, quand on ne savait plus comme se débarrasser d’un politicien, on le nommait, selon sa cote à l’Argus, député ou commissaire européen. On a vu le résultat. Leurs rôles sont mal définis, tout le monde se mélange les pinceaux et il n’en sort rien car ces fonctions ne représentent rien, ni personne. En revanche, si on découpait l’Europe en mille et un duchés, leurs dirigeants pourraient exercer utilement leur pouvoir sur ce bout de territoire. Sans créer ni jalousie ni crise de nerfs puisque l’existence de ces mini-états serait limitée à celle du mandat de leurs chefs.

Ce système permettrait aussi de recaser quelques gueules cassées. Melchior Wathelet jr à la tête d’un comté de Verviers-Tongres, loin de tout aéroport. Voisin d’un archiduché de Frise orientale où on aurait fait atterrir François Hollande. Il a déjà le nom, les bottes en caoutchouc et le nez qui coule. Il suffit d’un peu d’imagination pour remettre l’Europe sur les rails …

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