QUAND UN QATAR RIT, TOUS LES …

 Que reste-t-il aux habitants du Qatar indifférents au ballon rond ? On pourrait leur proposer de voter. Voilà une coutume occidentale qui n’a pas encore importée là-bas. Ce qui est bizarre tant les dirigeants qataris aiment partager nos petits caprices. Après le sport, ils devraient essayer les élections. Ça occupera ceux de leurs citoyens qui n’ont aucune envie de bailler d’ennui dans leurs stades flambant neufs ou qui ont peur d’y attraper un rhume. A voir le nombre d’élus occidentaux dont ils ont, paraît-il, réussi à acheter la complaisance, les dirigeants qataris connaissent manifestement toutes les ficelles de ce petit jeu auquel nous nous livrons périodiquement avec autant d’enthousiasme que le vélo, le Lotto ou le foot. A condition d’éliminer la part d’imprévu que nous avons bêtement conservée. Adapter ce jeu devrait se faire sans trop d’efforts et sans risque si les autorités appliquent aux joutes électorales les méthodes expérimentées notamment auprès de beaucoup de respectables excellences de la FIFA pour décrocher la Coupe du Monde de foot.

Qu’ils ne craignent rien. En Iran, en Russie et dans bien d’autres pays, on organise régulièrement des élections, avec de vrais bureaux de vote, urnes scellées, dépouillement, scrutateurs, et tout le bazar sans aucun risque de dérapage ni de surprise. Trump se propose d’ailleurs de reproduire ces excellentes expériences bientôt aux Etats-Unis.

Si le foot n’est pas leur tasse de thé, je ne conseille pas aux habitants de Doha de faire grève faute de mieux, pour s’amuser et secouer un peu le ronron local. Si le Qatar a adhéré au Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux, c’est en se réservant d’interpréter le mot « syndicat » selon la loi qatarie. Autrement dit, une association de travailleurs n’a absolument rien à dire. Et il vaut mieux pour la santé de ses dirigeants qu’elle ne le dise pas. 

Les autorités qataries font une erreur. Là aussi, il suffit d’un peu de monnaie… 

Quelques exemples historiques montrent qu’en se montrant généreux, le pays pourrait investir dans un syndicat avec autant de tranquillité qu’il l’a fait dans le PSG. A condition évidemment de payer leurs représentants au prix de Mbappé ou Neymar. 

Qu’ils relisent la vie et les œuvres de Jimmy Hoffa, patron du puissant syndicat des camionneurs aux Etats-Unis dans les années cinquante et soixante, et de son flirt longtemps impuni (y compris des électeurs membres du syndicat) avec la Maffia. Ça pourrait leur donner d’excellentes idées.

Le plus intéressant de toutes ces considérations c’est que ces investissements ne coûteront pas grand-chose aux Qataris et à leurs familles. Car, qui alimente, le budget national ? C’est nous qui achetons leur gaz et leur pétrole…      

www.berenboom.com

AH ! SI J’AVAIS UN FRANC CINQUANTE …

  Imaginez, cher lecteur, que vous ayez 43 milliards de dollars dans votre petit cochon, un tas de pièces accumulées au fil des ans, dont vous ne savez que faire. Le cochon déborde. Or, vos revenus et votre patrimoine vous assurent la satisfaction de tous vos besoins, y compris vos caprices et l’ardoise de vos cambuses favorites.

Alors, comment vous débarrasser de tout ce pognon ? Vous pourriez évidemment acheter des tas de billets de loterie. Mais à quoi bon ? Avec votre chance insolente, vous risquez de gagner encore au prochain tirage, ce qui ajoutera à vos soucis. 

Distribuer votre fortune aux pauvres, comme on disait jadis ? Aux associations de sans-abris, aux ONG qui s’occupent des migrants, des affamés ou autres laissés pour compte ? Mais non ! Seul un homme qui n’a jamais eu un sou à dépenser peut imaginer un scénario aussi gnan-gnan. Même Frank Capra, qui ne lésinait pas sur les bons sentiments dégoulinant de l’écran, nous raconte dans « L’extravagant Mr Deeds » que son héros, dès qu’il se met à distribuer l’héritage inattendu qu’il a reçu, est mûr pour se faire enfermer. Quand on a autant de fric que l’Oncle Picsou, qui déborde des armoires et des tiroirs, on ne le distribue pas. D’abord, ça créé un mauvais exemple. Mais surtout ça ne vous rapporte rien à part quelques centaines de lettres de remerciements écrites dans des langues indéchiffrables et dont on ne peut rien faire sinon les fourrer au fond d’un sac jaune (des frais supplémentaires vraiment inutiles).

Elon Musk a trouvé un autre hochet. En échange d’un chèque de 43 milliards, il s’est offert Twitter. L’envie de fournir aux gens un lieu pour s’exprimer, laisser les opinions ou les fantaisies se déployer ? Les messages étant limités à 280 caractères, on ne va pas très loin dans la nuance, la réflexion, le développement de la pensée sur Twitter. C’est trop court, même si on est un écrivain de nouvelles, pour installer une intrigue, camper des personnages. 

S’il voulait devenir éditeur, Musk aurait mieux fait de racheter une vraie maison, Penguin ou HarperCollins, qui peuvent publier des livres de centaines ou même de milliers de pages. Mais le chiffre d’affaires de Penguin, le principal éditeur américain, n’est que de 1,5 milliards de dollars. Beaucoup, beaucoup trop bon marché pour Musk. Ce qui au passage permet d’observer que moins un éditeur limite le nombre de mots de ses auteurs, plus il cartonne.

Evidemment, à la tête de son nouveau joujou, Musk va pouvoir publier des auteurs dont personne d’autre ne veut, Donald Trump, les évangelisto-conspirationnisto-délirants et autres paranos dangereux du monde entier. 

Ce qui au passage donne une idée un peu inquiétante de ce que recherchent aujourd’hui lecteurs et électeurs…  

Ps : pour le titre, merci à Boris Vian !   

www.berenboom.com

COP, COP, HOURRAH !

   Il est facile de se plaindre des chauffeurs du TEC Charleroi, éternellement en grève. Au lieu de reconnaître que ces travailleurs (si on ose dire) en font plus pour le climat que les quelques milliers de jeunes qui défilent régulièrement dans les rues de Bruxelles en criant « Chauds, chauds, chauds ! On est plus chauds que la planète » (avant, pour certains, de reprendre la voiture de papa et de rejoindre la villa familiale dans le Brabant wallon). 

Des dizaines de bus immobilisés, des manifestants qui se chauffent devant des braseros plutôt que dans des locaux ou des véhicules conditionnés, bravo les gars ! S’il y avait un Nobel de l’environnement (une suggestion, ça), vous seriez sur les rangs. 

Ajoutez à l’effort de lutte des travailleurs du TEC contre le réchauffement climatique celui de leurs clients, qui attendent désespérément leur bus, et qui affichent donc eux aussi un bilan carbone proche de zéro. Allez les TEC ! Ou plutôt, continuez de ne pas y aller ! 

La marche à pied, il n’y a rien de mieux pour votre santé et celle de la planète…

Autrement plus efficace que de prendre l’avion et de traverser la planète afin de participer à la COP 27 sur les bords de la mer Rouge à Charm el-Cheikh. 

Il est étrange que le Poutine local, le président Fattah al-Sissi, n’ait pas rebaptisé cette fiesta où vont se presser sur la plage avec champagne et petits fours (froids) tous les ardents défenseurs de l’environnement. Car COP signifie flic ce qui est une dénomination plutôt inquiétante sinon provocatrice s’agissant d’un des pays du monde qui bafoue le plus les droits de l’homme.   

On déconseillera à nos jeunes manifestants de mettre le pied en Egypte. Les discussions sur les mesures à prendre pour ralentir le dérèglement climatique se tiennent à huis-clos, entre invités soigneusement triés sur le volet. Surtout pas dans la rue, meilleur moyen là-bas de passer le reste de ses jours à l’ombre. 

A l’heure où, dans la foulée de la pandémie, se sont multipliées les réunions virtuelles, n’est-il pas singulier que les défenseurs de l’environnement se croient obligés de se déplacer par milliers en avion pour s’agglutiner dans des salles de congrès et des hôtels où l’air conditionné est poussé à fond, sous des lampions de luna-park ? Et tout ça sous la « protection » de milliers de flics locaux. 

Toute cette mise en scène hollywoodienne pour protéger notre pauvre planète ! Elle a bon dos… Car, quand on s’interroge sur la mise en place des mesures adoptées par les COP précédentes, on peut se demander pourquoi en réunir une nouvelle tant que les actions décidées lors des précédentes rencontres sont restées largement lettre morte. Sauf pour prendre des vacances pas très bien méritées…

www.berenboom.com

TCHINE TCHINE !

   Que retiendra-t-on du XX ème congrès du parti communiste chinois ? 

D’abord sa mise en scène. La Chine se vante d’être à la pointe des technologies, capable de suivre en temps réel, grâce à des robots futuristes, le déplacement de ses un milliard quatre cent cinquante mille habitants et bientôt de lire le déroulé de leurs pensées en faisant « bip » quand certains mots surgissent dans leur cerveau, liberté, démocratie, occidental, dictateur et, curieusement oignon (un bug sans doute, la machine confondant oignon et ouïgour). Provoquant l’arrivée immédiate des pompiers pour éteindre le feu (et le pauvre individu pensant). 

   Dans un pays si outrageusement moderne, donc, comment est-il possible d’avoir mis en scène ce fameux congrès en s’inspirant des réalisations les plus ringardes du Hollywood de jadis, genre « Les Dix Commandements » de Cecil B. de Mille ou « Intolérance » de Griffith ? 

   Est-ce une coïncidence si la mise en scène des derniers discours de Poutine elle aussi a choisi le vieil Hollywood (en plus intime) avec vieux téléphones et meubles récupérés dans les bureaux du siège du parti communiste de Moscou-Est quand ils ont été fermés et que leur brol a été mis sur le trottoir ? 

   Xi Jin Ping a également retenu une autre leçon du cinoche américain de jadis et de ses stars, limiter le nombre d’expressions sur le visage. Gary Cooper n’en avait que deux, ce qui a fait sa gloire, cool ou légèrement (très légèrement) sarcastique. Poutine comme Xi Jin Ping ont retenu la leçon. Et joué leur numéro, yeux ternes, lèvres minces et pincées, sans la moindre ride sur la peau.

   En revanche, le leader chinois a oublié une leçon des maîtres du cinoche, relancer l’attention du spectateur toutes les dix minutes avec un élément surprise, un rebondissement de l’action, une émotion ou un gag. Rien de tout ça dans son discours aussi plat, désespérant et sans horizon que le désert de Gobi. 

Certes, il a recueilli quelques applaudissements polis. Mais au fond de lui n’a-t-il pas de regret ? Rêver au succès planétaire qu’il aurait récolté s’il avait osé une petite blague. On en aurait ri sur toute la planète et la séquence serait passée en boucle sur tous les réseaux sociaux pendant longtemps. Et s’il avait exprimé un moment d’émotion, simplement embrassé sa femme ou, plus cinématographique, sa maîtresse, sa popularité aurait été assurée pour les cinq prochaines années. Mais non, il a tout effacé, gag, émotion, narration, et surprise du chef. Comme si faire rire jaune les Chinois était le seul moyen de les empêcher de devenir des citoyens. 

Peut-être qu’à la place qu’il occupe, après avoir nettoyé beaucoup de gens et fait le vide autour de lui, il n’a pas droit à un seul moment de laisser-aller. 

La nostalgie est pourtant ce qui fait la différence entre l’homme et l’animal. 

www.berenboom.com

A TOUS PRESENTS ET A VENIR, SALUT!

Après un vote du parlement russe, le président Poutine a, d’un simple trait de plume, a annexé à la Fédération de Russie quelques provinces ukrainiennes. En bombardant Donetsk ou Lougansk, les soldats ukrainiens portent désormais atteinte au territoire sacré de la sainte Russie, alors qu’ils croyaient récupérer leurs terres.

Acquérir de nouveaux espaces par décret est manifestement plus efficace que signer un traité. Celui conclu en mai 1997 entre les présidents russe et ukrainien (qui reconnaissait notamment que la Crimée fait partie de l’Ukraine) n’est plus que chiffon de papier. Celui signé six ans auparavant à Belovej (et qui créait une Communauté d’états indépendants entre notamment Russie, Biélorussie et Ukraine) a même tout simplement disparu, comme l’a avoué l’ancien président biélorusse qui en cherchait l’original pour l’intégrer dans ses mémoires… 

Pourquoi laisser le monopole de ce système d’annexion à Poutine ? 

Le parlement belge pourrait à son tour voter l’annexion des oblasts contestés d’Ukraine, et la loi serait aussitôt signée par le Roi. A tous présent et à venir, salut ! Et hop ! L’oblast et la centrale de Zaporijia sont désormais rattachés à la province de Flandre orientale (où se trouve Doel). Justement, notre pays a une spécialité certaine en matière de centrales nucléaires défaillantes. 

Si Zaporijia devient belge, cela entraîne certaines obligations. Tous les avis punaisés aux tableaux de la centrale devront être rédigés en néerlandais. Comme toutes les communications avec le personnel, par application des décrets flamands de 1973 et 2014 sur l’usage de la langue dans les entreprises. 

En contrepartie, les habitants des nouveaux oblasts belgicisés, disposeront d’un beau passeport Schengen. Ils pourront voter, se présenter comme députés et envoyer des représentants au Parlement belge et à celui de la région flamande. Ils ne devront pas errer dans les rues de Bruxelles comme les autres étrangers abandonnés à leur sort. Il sera intéressant de suivre la campagne électorale des leaders des partis flamands, arpentant les rues de Donetsk ou de Kherson ou haranguant la foule depuis le balcon de la centrale nucléaire de Zaporijia. On suppute déjà le score du Vlaams Belang dans les quartiers russophones de Lougansk. Les paris sont ouverts. Le Roi ne manquera pas de faire une petite visite pour saluer nos nouveaux compatriotes (le port du casque reste recommandé, désolé, sire). 

Pour belgiciser la population, rien ne vaut de rebaptiser les avenues et les places qui portaient un nom trop russe. Par exemple, on inaugurerait quelques squares Leopold II (où seraient transportées les statues dont on ne veut plus ici).

A part la Russie, qui s’opposerait à ce geste généreux pour sauver l’Ukraine ? Et la Russie, on s’en fiche, non ?

www.berenboom.com  

WINTER IS COMING

Il n’y a que dans les feuilletons que la phrase « Winter is coming » fait trembler. Pas chez nous, pas dans la vraie vie.

Dewinter, Filip, peut-être mais Winter ? Allons ! On attend l’hiver de pied ferme après un été indien préparé par une canicule de derrière les fagots. Et si le froid montre tout de même le bout de son nez glacé ? Rassurez-vous, braves gens, les cuves sont pleines, nous assure-t-on. De quoi se demander pourquoi les tarifs se sont emballés. Pourquoi on tremble aux mots de gaz et de pétrole, pourquoi on annonce déconfitures et drames personnels. Certains en viennent à regretter les pipelines de M. Poutine. Juste de la spéculation toute cette agitation sur les prix de l’énergie ? 

En tout cas, les actionnaires d’Engie, Total et les autres ne savent plus que faire de leurs dividendes. Manifestement, pas question de les redistribuer aux consommateurs. Alors, un conseil, qu’ils réservent dès à présente une loge à Neom, la nouvelle mégalopole fantôme d’Arabie saoudite pour assister aux prochains jeux d’hiver asiatiques, décrochés par le tout puissant MBS, le boss des déserts locaux et des chameaux. Si vous êtes du voyage, n’oubliez tout de même pas une petite laine car on va claquer des dents sur les bords de la mer Rouge grâce aux merveilles de la technologie, neige artificielle, air super-conditionné, etc. Ça soufflera au point de dégoûter Eole. 

J’entends les habituels grognons déplorer le mal que tous ces brols vont causer à la planète, le foot au Qatar, le ski et le curling en Arabie. Mais, n’allez surtout pas vous plaindre à la prochaine COP qui se tient en Egypte. Là-bas, ça chauffe méchamment pour qui ose lever le petit doigt. Voilà une COP, promis-juré, qui va se dérouler dans le calme et la sérénité. Comme le Mondial de foot et les Jeux d’hiver. C’est le genre de pays où l’on est à l’ombre pour un oui ou pour un non. 

Qui se plaindra de tous les efforts faits par tant d’états pour dérégler le climat, ces jeux déments, la guerre absurde de Vladimir Vladimirovitch ? Tout ça nous permettra de retrouver des étés caniculaires. Rien que du profit pour le tourisme à la mer du Nord. Tout le monde est gagnant, pas seulement les Arabes et les Qataris…

Et la bombe atomique, l’autre fantasme du prochain hiver ? Qu’elle soit du modèle Hiroshima ou plus modestement « armes nucléaires tactiques », ça fera chaud devant, très chaud. Et ça dévastera tout sur son passage, les Ukrainiens autant que les Russes qui traînent dans le coin. Les lieux dévastés ressembleront pour longtemps à l’Arabie saoudite sans les chameaux ni les athlètes. 

Entre temps, ne vous en faites pas, il y aura du vin chaud aux Plaisirs d’Hiver, si le covid nous épargne (on l’avait presqu’oublié). Et peut-être de la neige.  Réjouissez-vous, winter is coming…

www.berenboom.com

NOUS, ON A REMCO…

L’Italie a la Meloni, mélange de populisme mêlé de gouaille des faubourgs romains, de promesses intenables et d’exaltation d’une Italie où il faisait bon vivre quand elle n’était soi-disant peuplée que d’Italiens et dirigée par un chef, un homme, un vrai. 

D’accord et bonne chance aux Italiens ! Mais nous, on a Remco…

La Russie a une armée trouée de toute part, comme ses pipe-lines, des citoyens qui s’enfuient comme des lapins, des armes atomiques en guise de dernier repoussoir et surtout elle a Poutine, un chef, un homme, un vrai.

D’accord ! Bonne chance aux Russes ! Mais nous, on a Remco…

En Iran, en Afghanistan, les femmes sont reléguées au rang de citoyennes de dernière zone, obligées de se cacher sous des voiles pour ne pas ternir l’image des mâles qui ont seuls le droit de vivre normalement et d’arpenter les rues, la tête haute et la barbe au vent. Quand les femmes se révoltent, on les arrête et même on leur tire dessus. Pendant ce temps, chez nous, certains brandissent le voile comme symbole de la liberté des femmes. Allez comprendre. Car, comment le cacher, là-bas, le pouvoir n’appartient qu’aux hommes, des chefs, des vrais. 

Dommage pour les Iraniennes et les Afghanes. Mais nous, on a Remco…

Une guerre souterraine se poursuit au Yemen depuis plus de huit ans qui a fait des centaines de milliers de morts dont beaucoup de la famine. Sans intéresser les médias. Mais les images changeraient-elles quelque chose à leur sort alors que cette guerre est devenue le champ de bataille entre dictateurs islamiques iraniens et bouchers d’Arabie saoudite. Qui se disputent pour prouver au monde qui d’entre eux sont les chefs, les hommes, les vrais.

D’accord. Mais nous, on a Remco…

L’extrême droite souffle un vent glacé sur l’Europe. De la Pologne à la Hongrie, de Flandre en Espagne, de Suède en Autriche. En France, en Italie, pour accéder au pouvoir, des femmes se sont emballées dans le drapeau néo-facho. Elles feraient bien de se rappeler que ces aventures politiques ne profitent jamais aux femmes. A la fin, apparaît toujours le chef, un homme, un vrai.

Tant pis pour elles. Nous, on a Remco… 

On ne va pas chipoter, on a aussi Wout Van Aert, les Belgian Cats, les Diables rouges, le plus grand nombre de ministres et de gouvernements au km 2 de toute la planète, les meilleures gaufres de Liège du monde qui se mangent chez Siska en Flandre, Manneken Pis, Angèle et Stromae. Tous des chefs, d’accord. Mais, avouez-le, cette année, on a surtout Remco…

Ce qui magnifie Remco c’est d’avoir arrêté le temps. A suivre ses exploits, on sort de cette succession de malheurs et de drames qui rythment l’actualité quotidienne. Il nous réconcilie avec le temps long, en se défonçant pendant des semaines à pousser sur ses pédales dans des décors éternels. On respire, enfin… 

www.berenboom.com

LES RAISINS DE LA COLERE

 Publié en 1939, le superbe roman de John Steinbeck « Les Raisins de la Colère » raconte l’épopée d’une des ces innombrables familles de l’Oklahoma, chassée de ses terres par la sécheresse et les banques et qui fuit vers un improbable refuge en Californie. Il y est question (déjà) de la dégradation de l’environnement, de la cupidité des créanciers et surtout de la condition sociale des travailleurs à une époque où aucun système social ni aucune aide publique n’empêchaient de sombrer et de mourir dans l’indifférence.

La colère du vendredi, décrétée par la PTB, a, malgré son nom, peu en commun avec la situation sociale et le désespoir des laissés pour compte décrits par Steinbeck. 

Mais on comprend les craintes et les revendications de beaucoup d’entre nous face à la brutale dégradation des prix de l’énergie, le sentiment diffus et malheureusement exact que nos dirigeants ont perdu le contrôle du navire au milieu de la tempête, qu’on ne sait plus qui est aux commandes, chaque ministre fédéral et régional semblant à tour de rôle souffler la manœuvre au timonier avant de finir par en appeler, comme avant tout bon naufrage, à Dieu, je veux dire à l’Europe. Quant au capitaine, il semble aux abonnés absents. 

 Ce que Raoul Hedebouw se garde bien de rappeler c’est la cause de cette situation. Pas moyen de dénoncer cette fois les financiers ou les banquiers qui tirent profit de la misère. Même pas l’OTAN, le grand méchant loup habituel. Non. Ici, le responsable s’appelle Vladimir Poutine. L’explosion des prix du gaz et du pétrole est le résultat de cette fichue guerre que le PTB ne parvient pas à clouer au pilori.

Alors, il agite le désordre. Genre on casse tout parce qu’on n’est pas content. Mais attention, seulement un jour par semaine. Vendredi, c’est colère. Samedi, les courses. Et dimanche, foot et promenade en famille. Avant de retourner sagement au turbin pour être en forme le vendredi suivant pour aller gueuler.   

Il est dangereux de jouer ainsi avec le feu. On a vu l’impasse du mouvement des gilets jaunes en France, juste une addition d’aigreurs individuelles, de hargnes si égoïstes qu’ils ont été incapables de formaliser des revendications collectives et de choisir des représentants pour les négocier.

Le PTB a tort de parier sur la récupération de tous ces mécontents lors des prochaines élections. Ceux qu’il aura jetés dans la rue (s’ils sortent indemnes du covid qui risque de décimer à nouveau les rassemblements cet automne) vont peut-être choisir de voter « radical » comme expression aveugle de leur rage. Pour l’heure, c’est plutôt l’extrême droite qui ramasse un peu partout en Europe les frustrés de tous poils que les nostalgiques du communisme. Même Poutine lorgne plutôt du côté de Marine Le Pen que de Mélenchon. T’es plus dans le coup, Raoul ! 

www.berenboom.com     

GAZ A TOUS LES ETAGES

  Des scientifiques anglais viennent de publier le résultat de leurs travaux d’analyse de plusieurs poteries préhistoriques. On apprend ainsi qu’il y a plus de six mille ans, les habitants de quelques petites îles d’Ecosse préparaient des repas composés de céréales cuites, mélangées à de la viande et à du lait. 

  Cette découverte suscite plusieurs réflexions. D’abord, que la cuisine écossaise n’a guère progressé en six millénaires. Ensuite que le roi Charles III, grand défenseur de l’agriculture biologique, devrait s’en réjouir. Encore duc d’Edimbourg, il a développé des produits naturels, notamment des biscuits d’avoine qui n’ont pas pour peu assuré la réputation de la gastronomie de son duché. Mais surtout, les restes de ces cuissons montrent qu’il est possible de chauffer un repas sans gaz russe. 

Au début du siècle dernier, une petite plaque à l’entrée des immeubles annonçait fièrement « gaz à tous les étages ». Allons ! Nos ancêtres pouvaient se passer de ce luxe. Bientôt nous aussi. Mais comment ? 

Grâce à l’énergie nucléaire ? Les menaces qui pèsent sur toute la planète depuis l’invasion russe de l’Ukraine, la prise maladroite un moment de la terrifiante centrale de Tchernobyl puis les bombardements de la centrale de Zaporijjia, les déchets laissés à l’abandon, ceux des autres centrales y compris les nôtres offerts en héritage à nos descendants pour quelques millions d’années (c’est-à-dire longtemps après la disparition de la race humaine). Tout cela devrait nous convaincre ainsi que nos voisins de renoncer au maintien en activité de nos misérables centrales. A l’instar des Allemands.     

L’électricité non nucléaire alors ? A moins que les producteurs d’énergie ne distribuent leurs profits aux citoyens plutôt qu’à leurs dirigeants et à leurs actionnaires, ce n’est pas un bon plan pour chauffer dans l’avenir le biberon du petit et la soupe de mamie si on n’a pas gagné au Lotto. 

Le soleil ? En été, d’accord, si la planète accepte de continuer à flamber. Mais en hiver ? Est-on condamné aux sandwiches (ou aux sushis pour les fines gueules) jusqu’à ce que les rayons reviennent après les longs mois de froidure ?

Quand on y réfléchit calmement, il n’y a qu’une seule issue, le bon vieux feu de bois est le seul moyen d’assurer le chauffage dans l’avenir. Du moins si les forêts n’ont pas toutes cramées. Mais cette solution présente quelques difficultés quand on n’habite pas au château de Buckingham mais dans le deux pièces d’un immeuble tour. Comment faire ? Prendre exemple sur nos fameux lointains cuisiniers écossais. Une bonne flambée dans un local adéquat, de préférence une grotte bien ventilée, avec quelques peaux de bête en guise d’habits. Vous verrez, vous vous y ferez très bien. Après tout, à nous voir si nombreux, nos ancêtres ont bien réussi à survivre. 

www.berenboom.com 

QUIET QUITTING

On entend partout ce cri d’alarme : les jeunes ne veulent plus bosser !

Il paraît que la génération Z rechigne à accepter un emploi plein temps, discute les horaires, refuse les écrans après le five o’clock tea. On ne se bat plus pour briller au boulot. Pour écraser ses concurrents. Pour déboulonner les chefs et prendre leur place. Où va-t-on ? Le « struggle for life » est terriblement démodé. On célèbre désormais le « quiet quitting » (la « démission silencieuse »).

Faut-il s’inquiéter de l’avenir d’une génération qui préfère le hamac, les pauses et la sieste au stress, à la promotion et au pot belge ? 

Au contraire. Encourageons-les. Payons-leur des primes pour ne rien faire. C’est devenu la mode. Plus de déplacements, plus d’appareils branchés. Tous ces garçons et ces filles vont diminuer la redoutable empreinte carbone laissée par leurs aînés qui risque de faire exploser la planète bleue. Demain, une génération enfin responsable ? 

Mais ce sursaut est-il neuf vraiment ? Dans les rues de mai 68, les futurs baby-boomers (on ne les appelait pas encore ainsi) dénonçaient bruyamment le « métro-boulot-dodo ». Puis, le diplôme en poche, ce sont eux qui se sont jetés dans le développement du tout à l’informatique, des bagnoles et des voyages en avion. Pourvu que notre nouvelle vague ne se laisse pas emporter par la tentation. Qu’ils ferment les yeux et qu’ils rêvent…

Les politiques ont un rôle à jouer. Espérons que les nouveaux dirigeants qui pointent le nez vont montrer l’exemple. Avec les anciens, c’est foutu. Voyez Poutine qui démolit toute la planète et pas seulement son voisin. Et fait bosser ses soldats matin, midi et soir. A voir le résultat de leurs efforts, à quoi bon travailler autant ? 

Mais une nouvelle fournée de chefs se profile. En Grande-Bretagne, Liz Truss peut prendre exemple sur deux de ses prédécesseurs. Boris Johnson avait compris que le Brexit plomberait son pays quoi qu’il fasse. Il avait donc laissé tomber les bras et s’était donné pour seul programme fiestas et sangria. Il y a aussi le modèle Thatcher. Elle aussi avait dévasté son pays en envoyant des milliers de travailleurs au chômage – justement le rêve des jeunes « démissionnaires » d’aujourd’hui.  

En Italie, Giorgia Meloni, à qui les sondages promettent dans quinze jours d’entrer au Palais Chigi, va-t-elle aussi combler les aspirations farniente de la génération Z ? 

Là, on craint le pire de celle qui se présente comme l’héritière du mouvement fasciste. Mussolini a été un duce très fatigant. Grands travaux, asséchement pharaonesque des marais pontins, militarisation à outrance, guerres lointaines et meurtrières. Mamma mia ! Jamais les Italiens ne supporteront à nouveau un pareil régime ! On peut se préparer à une immigration massive vers les régions où il est doux de ne rien faire. Suivez mon regard.  

www.berenboom.com