C’EST DEMAIN LA VEILLE

L’histoire commence à la rédaction dans l’atmosphère léthargique du début 2016. Une dépêche bizarre me fait lever les paupières. Un anthropologue allemand en vacances dans le Namurois prétend avoir repéré les traces d’un homme de Neandertal. Hum… Ca nous change du monstre du Loch Ness. Bien sûr, j’aurais dû jeter la dépêche à la poubelle. Mais je trouvais que le type qui avait eu cette idée loufoque méritait un peu d’égards. Encore fallait-il le dénicher. Je finis par retrouver le journaliste qui avait rédigé la dépêche dans un camping de Faulx-les-Tombes.

Etape suivante, mettre le grappin sur mon joyeux farfelu au milieu des mobil-homes. Herr Doktor Professor Von Straffenberg ne ressemblait pas du tout à l’image que je m’étais faite de lui. C’était un homme à l’allure sportive, d’une trentaine d’années, dont les longs cheveux blonds tombaient sur les épaules. Il parut étonné de me voir débarquer seul, sans photographes ni caméras. Ma découverte est historique, dit-il, des éclairs de folie dans le regard.

Sympathique, d’accord. Mais historique ? Il y a cent cinquante ans qu’on a découvert les  premiers fossiles de cette race éteinte, monsieur le professeur. Non loin d’ici justement, dans une grotte à Spy.

Ach ! L’homme de Spy vivait il y a trente-six mille ans. Tandis que le mien, écoutez bien, est mort la semaine dernière.

Avant que je sois revenu de ma surprise, von Straffenberg m’entraîna dans un petit local à l’arrière du camping. Il avait réquisitionné la grande glacière du bar pour accueillir son cadavre. Herr Professor ouvrit le couvercle et me désigna la chose d’un geste pompeux.

Sur un point, il n’avait pas menti. Vu l’état de conservation du corps, pas de doute, cet homme était mort il y a quelques jours. J’avais l’impression de contempler l’une de ces reconstitutions en cire fabriquées pour les musées d’histoire naturelle. Von Straffenberg avait-il vérifié qu’il s’agissait d’un être humain et non… Ja ! coupa-t-il en brandissant un scalpel. Pour qui me prenez-vous ?

Je n’en croyais pas mes yeux. Sorti d’une lointaine préhistoire, le personnage avait un énorme visage simiesque, des cheveux et des poils longs et bruns, des yeux profondément enfoncés dans leurs orbites qui me fixaient de façon hypnotique avec un regard méchant, comme s’il m’en voulait de le regarder couché au milieu de canettes de coca et de Jupiler – les homo sapiens savent pourquoi.

La suite de l’histoire est bien connue des survivants. La confirmation des conclusions du professeur von Straffenberg par toute la communauté scientifique. L’exploration de la région par une expédition de savants qui parvint à repérer une tribu de Neandertal, vivant dans une mine abandonnée, la liesse qui accompagna leur arrivée sur la Grand Place de Bruxelles puis à New York.

On ne sait plus qui au Pentagone eut l’idée d’envoyer nos redoutables ancêtres combattre les terroristes islamistes sur le terrain en Irak. Au début, ce fut l’enthousiasme. Leur sauvagerie causa une véritable panique dans les rangs des terroristes. D’autant que les hommes de Faulx-les-Tombes se révélèrent cannibales. L’état-major de la coalition ferma les yeux sur ce petit détail. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, déclara un responsable devant une commission du Sénat. Mais on n’avait pas mesuré l’effet de la viande hallal humaine sur l’organisme des Neandertal et sur leurs capacités de reproduction.

Maintenant que nous ne sommes plus qu’une poignée de sapiens sur terre, les savants se sont enfin mis à étudier la question. Le professeur von Straffenberg nous promet une communication à ce sujet prochainement. Il faudrait qu’il se dépêche s’il ne veut pas que seuls des Neandertal assistent à sa conférence. Surtout que, sur l’invitation, il est inscrit un peu imprudemment « Buffet à volonté ».

Alain Berenboom

SAINT NICOLAS, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOIS !

Depuis Halloween (pourquoi diable nous a-t-on collé une fiesta supplémentaire ?), les obligations de faire la bombe se succèdent à un rythme de plus en plus hystérique. Faut-il que nous soyons de parfaits moutons ou déjà des robots préprogrammés pour passer en quelques jours de l’effroi après les attentats de Paris à la paralysie sous l’alerte niveau 4 à Bruxelles puis, sans transition, à la course effrénée aux cadeaux, sapins enrubannés et fêtes de bureaux avant les folles parties de la Saint Sylvestre ?

Décidément, avec une bonne communication de masse du genre enfoncez-vous ça dans la tête, on fait de nous de parfaits chiens de Pavlov qui bavent sur un simple signal d’angoisse ou de plaisir. Un week-end, on nous convint de se terrer au fond de nos appartements en mangeant nos réserves de biscuits, les enfants coincés dans leur chambre, et le suivant on nous pousse à envahir les rues pour dévaliser les magasins en traînant la marmaille derrière nous et à nous éclater dans les lieux publics.

Il y a plusieurs façons de faire face à ces jours frénétiques. Le plus simple est de suivre le mouvement et de faire tout bêtement la chasse aux cadeaux. Je recommande en cette fin d’année 2015 les grands classiques adaptés à l’air du temps.

Tenez, revoilà sur le marché, un Pinocchio en forme de premier ministre dont le nez s’allonge au fil de ses déclarations. Les magasins fermés pendant le niveau 4 ? Je ne comprends pas les commerçants. Pourquoi ont-ils baissé le rideau de fer ? Je n’y suis pour rien. Ou quelques jours plus tard, lors de la COP 21: « Nous avons des engagements très clairs sur le plan international. Les Belges sont parmi les plus ambitieux dans le monde  (en matière d’environnement) ».

On recommande aussi le matériel de camping préconisé par Théo Francken qui, devant la réticence des réfugiés à se loger au WTC s’était écrié : « Ils préfèrent sans doute les tentes trop confortables du parc Maximilien ».

Revient aussi à la mode la boîte de premiers soins, grâce à Elio Di Rupo, avec son excellent slogan : « J’ai le cœur qui saigne quand je pense à ces femmes et ces jeunes qui vont être exclus (du chômage)».

Il y a ceux qui préfèrent fuir vers des lieux exotiques. Mais où se poser cette année ? A part la côte belge et Molenbeek, la plupart des destinations sont potentiellement dangereuses et les voyages lointains des provocations aux conclusions de la conférence des Nations-Unies sur l’environnement dont les lampions viennent à peine de s’éteindre.

Reste le plus doux, un bon livre au fond du canapé, un verre de vin à la main, en attendant que cette année horrible s’efface devant l’arrivée de 2016, une grande et belle page blanche…

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SAINT NICOLAS, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOIS !

Depuis Halloween (pourquoi diable nous a-t-on collé une fiesta supplémentaire ?), les obligations de faire la bombe se succèdent à un rythme de plus en plus hystérique. Faut-il que nous soyons de parfaits moutons ou déjà des robots préprogrammés pour passer en quelques jours de l’effroi après les attentats de Paris à la paralysie sous l’alerte niveau 4 à Bruxelles puis, sans transition, à la course effrénée aux cadeaux, sapins enrubannés et fêtes de bureaux avant les folles parties de la Saint Sylvestre ?

Décidément, avec une bonne communication de masse du genre enfoncez-vous ça dans la tête, on fait de nous de parfaits chiens de Pavlov qui bavent sur un simple signal d’angoisse ou de plaisir. Un week-end, on nous convint de se terrer au fond de nos appartements en mangeant nos réserves de biscuits, les enfants coincés dans leur chambre, et le suivant on nous pousse à envahir les rues pour dévaliser les magasins en traînant la marmaille derrière nous et à nous éclater dans les lieux publics.

Il y a plusieurs façons de faire face à ces jours frénétiques. Le plus simple est de suivre le mouvement et de faire tout bêtement la chasse aux cadeaux. Je recommande en cette fin d’année 2015 les grands classiques adaptés à l’air du temps.

Tenez, revoilà sur le marché, un Pinocchio en forme de premier ministre dont le nez s’allonge au fil de ses déclarations. Les magasins fermés pendant le niveau 4 ? Je ne comprends pas les commerçants. Pourquoi ont-ils baissé le rideau de fer ? Je n’y suis pour rien. Ou quelques jours plus tard, lors de la COP 21: « Nous avons des engagements très clairs sur le plan international. Les Belges sont parmi les plus ambitieux dans le monde  (en matière d’environnement) ».

On recommande aussi le matériel de camping préconisé par Théo Francken qui, devant la réticence des réfugiés à se loger au WTC s’était écrié : « Ils préfèrent sans doute les tentes trop confortables du parc Maximilien ».

Revient aussi à la mode la boîte de premiers soins, grâce à Elio Di Rupo, avec son excellent slogan : « J’ai le cœur qui saigne quand je pense à ces femmes et ces jeunes qui vont être exclus (du chômage)».

Il y a ceux qui préfèrent fuir vers des lieux exotiques. Mais où se poser cette année ? A part la côte belge et Molenbeek, la plupart des destinations sont potentiellement dangereuses et les voyages lointains des provocations aux conclusions de la conférence des Nations-Unies sur l’environnement dont les lampions viennent à peine de s’éteindre.

Reste le plus doux, un bon livre au fond du canapé, un verre de vin à la main, en attendant que cette année horrible s’efface devant l’arrivée de 2016, une grande et belle page blanche…

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MARINE FRANCAISE

Il est regrettable qu’une grande partie des Français ait perdu toute mémoire. De leur histoire et de leur littérature. Sinon, ils se souviendraient qu’avec une prescience étonnante, Marcel Pagnol faisait déjà dire à Escartefigue (pendant la partie de cartes de Marius) : « Il se peut que tu aimes la Marine française. Mais, la Marine française, elle te dit merde ! »

Vous avez bien lu, pauvres électeurs du Nord, qui habitiez si près de chez nous, et vous, excellents Français de souche, d’Aubagne et de Marseille, avez-vous bien entendu ce que vous dit la Française Marine ? Une fois élue, ne vous plaignez pas d’être le dindon de sa farce (pour le dire poliment). Vous savez par où ça entre ; en sortir, c’est beaucoup plus compliqué.

Si vous avez oublié où mène l’extrême droite, si vous ne l’avez jamais su, c’est que vous ne lisez plus de livres. Voilà votre problème.  Et ça me fend le cœur, comme disait César dans la même scène.

Pauvres fous qui imaginez que la France bleu-blanc-noire ressemblera à l’image idéale de la France des chromos, petits villages (sans eau courante ni électricité), petite église (où on vous avertit que le diable est partout), douaniers aux frontières et francs français (dévalués à l’époque chaque année ou presque).

Cette fausse France « du bon vieux temps » n’existe pas. Et c’est toujours Pagnol qui le dit : « La raison pour laquelle tant de gens trouvent qu’il est si difficile d’être heureux c’est qu’ils imaginent toujours le passé meilleur qu’il ne l’était, le présent pire qu’il n’est vraiment et le futur plus compliqué qu’il ne le sera. »

Encore un enseignement de l’histoire : Jean-Marie, le papa de la Marine, avait le mal de mer chaque fois qu’il débarquait en Algérie. C’est pourquoi il a fini dans les paras. En servant comme sous-officier dans le 1 er régiment étranger. Ne vous frottez pas les yeux. Si vous votez FN pour bouter de votre pays de Cocagne ceux qui n’ont pas de papiers français, autant le savoir. Avec un ancien d’un régiment d’étrangers (et fier de l’être), c’est mal parti.

Bien sûr, Fifille raconte partout qu’entre elle et son papounet, c’est fini. Ter-mi-né ! Maintenant qu’elle s’est emparée de son bâton de maréchal (et avant qu’elle ne se le fasse piquer par sa nièce), de ses photo de Pétain et de Jeanne d’Arc (celle-ci dédicacée) ainsi que de la caisse noire, forcément noire, du parti, le vieux il peut se casser, jouer à la manille avec les anciens de son régiment dissous (pour avoir participé au putsch contre le gouvernement légal de la France) et faire le mariole en vedette américaine de ses meetings. Elle s’en fiche, qu’elle dit. Voire. Dans l’ADN du papa, il y a assez d’affreuses petites graines pour contaminer sa fille et sa petite-fille et tous ceux qui auront osé s’en approcher.

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RENDEZ-NOUS PÈRE FOUETTARD !

Ils ont bonne mine maintenant tous ces militants bien pensant qui ont fait campagne contre le père Fouettard et obtenu qu’il ne soit plus l’autre star de la fête. Résultat, Saint Nicolas est seul cette année, bien seul. Et ça va mal se passer.

Tout le monde le sait. Le bon saint a vocation à récompenser les enfants sages. C’est la seule chose qu’il sait faire. La punition, il ne connaît pas. C’est même pour ça qu’il était flanqué de son célèbre et  brutal acolyte. Mais nos chers militants ont décidé qu’il avait une gueule qui ne leur revenait pas. Délit de faciès. Même les militants bien pensant ne sont pas épargnés par cette maladie. Ils ne supportaient pas son visage noirci au cirage. Les mêmes bien pensant, pourtant, qui se réjouissent de voir leurs maisons, leurs rues, leurs écoles protégés par des soldats au visage tout aussi noirci. Cherchez l’erreur.

Saint Nicolas et père Fouettard formaient un couple parfait, complémentaire. The good cop and the bad cop. L’un filtre, l’autre récompense.

L’ami des enfants est incapable de distinguer un gentil d’un méchant. Il y a des gens comme ça, programmés pour croire toujours en la bonté humaine et universelle. Amenez devant son trône doré un terroriste présumé et un policier avéré ou Assad et Charles Michel, il les prendra tous les deux sur ses genoux en souriant et leur donnera la même ration de bon chocolat belge.

On vient d’avoir un exemple significatif de son absence de discernement il y a quelques jours. Rappelons que Saint Nicolas est turc. Né à Patara dans l’actuelle province turque d’Antalia (la Lycie de jadis où est né aussi Apollon, dit-on). Il était encore chez lui en train de préparer son voyage vers nos cheminées quand il a vu au-dessus de son jardin un méchant bombardier russe qui canardait de braves Syriens, boum ! Son sang n’a fait qu’un tour. Il a aussitôt donné à ses chers compatriotes l’ordre de tirer avec les jouets qu’il venait de déposer dans leurs petits souliers. Résultat, un bordel pas possible. Les Russes (qui honorent aussi Saint Nicolas) sont stupéfaits. L’OTAN s’en mêle. Les Américains n’en peuvent plus de cette boîte à mauvaises surprises qu’est le Moyen Orient. Et je ne vous parle pas des Belges qui ne peuvent même pas envoyer l’agent 15 sur place car il doit rester ici pour protéger Quick et Flupke.

Avec le père Fouettard, les choses ne se seraient jamais passées comme ça. Les Russes, il les aurait déjà abattus depuis longtemps avant même qu’ils ne dérangent Saint Nicolas. Les Syriens aussi auraient été rayés de la carte. Avec les Iraniens et les Irakiens pour faire bonne mesure d’autant qu’on ne sait plus très bien s’ils sont les bons ou les méchants. Cela dépend des années. Non, ça suffit. Rendez-nous père Fouettard !

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NIVEAU 4

Le haut niveau est un jeu, a dit un jour Jean-Claude Killy. Il ne pensait sans doute pas au niveau 4 car à cette hauteur, l’esprit ludique semble hélas s’évaporer. Quoique…

Samedi, mon fleuriste se demande ce qu’il doit faire voyant tous les commerces de la place, fermer les uns après les autres et des commandos en armes arpenter d’un air inquiet le petit centre commercial du quartier, où un mini-Carrefour paraît à leurs yeux une cible potentielle, choisie avec soin quelque part en Syrie. Il téléphone au numéro spécial ouvert pour l’occasion. Taper 1, taper 3, etc. Finalement, une aimable dame répond. Puis-je rester ouvert ? demande-t-il. Déconcertée, la téléphoniste le dirige vers le 112 où le pompier de service se demande pourquoi diable il appelle les urgences puis le transfère à son tour cette fois à la police communale. Après beaucoup d’hésitations, au bout du fil un agent lui répond qu’il ne sait pas. Avant de retéléphoner une dizaine de minutes plus tard pour préciser qu’aucune instruction particulière n’a été donnée à la police pour les fleuristes. Qu’il « prenne ses responsabilités ».  J’aime cette formule qui signifie dans le chef de celui qui la prononce que lui est incapable de les prendre.

Carrefour, Delhaize fermés, mais à géométrie variable également. La superette, fermée à la demande d’une patrouille en armes qui pointe son nez dans le magasin, bourgmestre en tête, rouvre une demi-heure plus tard quand les hommes sont partis ailleurs assurer la sécurité de la population et la paix des familles.

En revanche, la fermeture des cinémas, métros, musées, restaurants, bistrots et théâtres sonne comme un glas. Rideau ! Là, on ne rit plus. Yvan Mayeur a fait remarquer que les islamistes avaient atteint leur but. Bruxelles commençait à ressembler à une de leurs villes.

Même pendant la guerre, trams, théâtres, bistrots, cinémas sont restés ouverts. On ne les évacuait que lorsque commençaient les bombardements. A la sirène de fin d’alerte, tout ce petit monde sortait des abris et se remettait à manger, boire, circuler et se bousculer dans les salles obscures ou les cabarets. Le « principe de précaution » n’avait pas encore été inventé par les hommes politiques.

L’angoisse de mes parents dans ce Bruxelles occupé, je le raconte dans un livre « Mr Optimiste » que Christine Delmotte vient d’adapter au théâtre de la Place des Martyrs. La première, vendredi 13 novembre, a commencé comme une fête et s’est terminé, une fois sortis de la salle, en découvrant le cauchemar qui se déroulait en direct à Paris. Maudits smartphones ! Une semaine plus tard, les théâtres de Bruxelles étaient obligés de fermer. Faire taire un Mr Optimiste, quel inquiétant symbole. Pourtant, lorsque les représentations ont repris mercredi dernier, la salle était pleine. Pratiquement pas d’annulation. Même les élèves d’un lycée de la capitale sont venus. Un beau doigt d’honneur. L’honneur sauvé d’une ville qui retrouve son appétit de vivre et veut rester debout, civilisée et vivante.

Alain Berenboom

SUR LA TERRE COMME AU CIEL

Les chats ont droit à neuf vies, d’après une tradition de l’Egypte ancienne, reprise par les musulmans. Façon de souligner la force et l’importance de la vie ici-bas. Mais aussi d’avertir : celui qui tue un chat, sera perpétuellement hanté par son ombre. Gare à ses griffes ! On aura beau le mitrailler, le matou réapparaîtra encore et encore jusqu’à rendre le tireur fou. Jamais mort ! Ces jours-ci, on a envie de rappeler cette histoire à tous ces apprentis sorciers qui viennent de tuer des passants à Beyrouth, des Russes en Egypte avant de répandre leur rage délirante dans Paris.

La douleur, la peur, les larmes, les blessures, oui. On vivra désormais avec ces cicatrices. Mais le chat finit toujours par retomber sur ses pattes et sur cette bonne vieille terre, amoureux fou qu’il est de la vie. A la différence du terroriste qui n’a rien de plus pressé que de fuir notre planète pleine de mécréants, de champagne, de bouquins profanes, de musique, d’images et de sexe pour se jeter dans les bras de la mort, croyant comme le dit un verset du Coran que « la vie ici-bas n’est que jouissance illusoire » (alors que comme tous les textes sacrés, le saint livre dit évidemment le contraire dans d’autres versets).

Sur terre, l’apprenti-tueur n’a droit à rien, pense-t-il, sinon à un fusil d’assaut en ordre de marche, fabriqué par la FN, à deux cents kilomètres à peine de Molenbeek alors qu’au ciel, tout est différent. De son hypothétique montée au paradis (dont le transport n’est pas compris dans le prix d’achat de l’artillerie, soi-dit en passant), il attend un speed dating avec un nombre impressionnant de « houris » (qu’il se dépêche de monter ! vu le nombre de candidats, on risque d’en manquer en magasin).

Mais, attention ! J’avertis tous ceux qui, aveuglés par leur poussée d’hormones, sont prêts à déclencher l’ascenseur jusqu’au dernier étage qu’ils pourraient être cruellement déçus. Ils se trompent s’ils croient dur comme fer que le mot « houri » signifie « vierges aux grands yeux». En effet, certains philologues (comme Christoph Luxenberg récemment) affirment que le mot, venu du syro-araméen, signifie en réalité « raisins blancs ».

Quoi ? Tant d’efforts, des mois de formation aux explosifs, la lecture attentive tous les soirs de l’interminable mode d’emploi de la FN (encore plus compliqué que celui du téléphone portable coréen que je viens d’acheter), l’apprentissage progressif du suicide programmé avec de vieux sages (qui, eux, n’ont jamais pensé à se supprimer), tout ça pour recevoir en récompense, non pas un harem bien garni avec danse du ventre mais juste une grappe ou deux de raisons blancs, qu’ils auraient pu voler chez l’épicier marocain du coin, Seigneur ! Comme tu aimes plaisanter !

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RECOLLER LES MORCEAUX ?

N’y a-t-il donc que les hommes et femmes politiques pour ignorer que les objets ont une vie propre ? Vous et moi, nous le savons très bien. Quand nous empoignons une assiette et qu’elle ne nous aime pas, elle gigote comme un bébé dans les bras d’un vieil oncle qui sent le tabac et l’alcool, se tortille comme un ver pour se libérer. Et l’assiette finit sur le sol où elle éclate en mille morceaux.

Je ne peux croire qu’une aussi bonne ménagère que Jacqueline Galant, devenue ministre, ait oublié que sa vaisselle, certains jours, pouvait se révéler aussi remuante qu’une poignée de flamingants à la vue d’un bourgmestre francolâtre de la périphérie. Mais peut-être que si ? Sinon comment expliquer cette tragi-comédie où elle a laissé échapper un dossier qu’elle serrait pourtant très fort contre son torse martial, qui a glissé de ses doigts, est tombé sur le bureau du chef de son administration où il a glissé à nouveau comme s’il était couvert d’huile, atterri sur la table d’un journaliste avant de rebondir à nouveau pour s’écraser dans la figure de la pauvre Jacqueline, revenu tel un boomerang.

Les objets ont une âme. Il ne faut jamais essayer de contrarier leur destination. Si une tartine n’a pas envie d’être mangée, elle se dérobe et s’étale sur le tapis côté confiture. Le survol de Bruxelles, c’est la même chose. On n’y touche pas plus qu’à un morceau de matière fissile dans la centrale atomique de Doel. Sa collègue, madame Marghem, aurait dû la prévenir, elle qui en sort plus ou moins vivante mais sérieusement irradiée.

Et cette idée farfelue de demander à un avocat, un avocat anglais au surplus, de l’aider à faire voler sans bruit les avions au-dessus de la capitale ? Qu’est qu’un avocat connaît à la capacité de nuisance ? Pourquoi un Anglais s’intéresserait-il aux malheurs de la capitale de l’Europe ? Comment attendre d’un avocat anglais qu’il comprenne la souffrance d’un habitant de Bruxelles ? Madame Galant a peut-être été séduite par son nom, Chance. Mais elle a oublié que la chance peut tourner. Aussi rapidement qu’un time-sheet.

Comment redresser l’histoire ? Une assiette brisée, c’est facile. Dans une époque de la consommation reine, on ne répare plus. Même si on l’aimait bien, et qu’on la regrette, on la remplace. Parfois, on en trouve même en solde, aussi belle que l’originale. Mais une ministre ? Peut-on en recoller les morceaux ? La tentation est grande mais c’est dangereux. Surtout quand elle est chargée de la mobilité, ce qui augmente le risque qu’elle vous reste dans les mains dès la première réutilisation. D’un autre côté, on sent bien que madame Galant colle à Charles Michel comme celui-ci à la N-VA. Reste la boule de cristal, un autre objet plein de ressources.

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L’ERE DU FAUX

On n’avait pas encore trouvé d’étiquette pour le vingt et unième siècle. Le siècle des Lumières était déjà pris. La Renaissance aussi. De toute façon, personne n’aurait osé coller ces merveilleux qualificatifs sur une ère inaugurée par les attentats du 11 septembre, suivis des ravages qui dévorent le Moyen Orient, la Lybie, l’Ukraine pour citer les plus joyeux …

Le scandale du poisson qui vient d’éclater cette semaine en Belgique mettra tout le monde d’accord : ce siècle sera baptisé un jour par les historiens le siècle du Faux.

Faux poisson dans les assiettes, fausse viande dans les surgelés, fausses émissions de CO2 dans les bagnoles, fausses compassion pour les réfugiés, les pauvres, les immigrés, faux seins, faux dieux, fausses performances sportives. Ce n’est pas un hasard qu’en Belgique, le gouvernement Michel s’est lancé dans une politique de contrefaçon dès son entrée en fonction. Il était dans l’air (et l’ère) du temps avec les chiffres fantaisistes de la SNCB balbutiés par madame Galant et ces faux ministres démocrates qui, juste avant la déclaration gouvernementale, couraient fêter leur arrivée au pouvoir avec un ancien collaborateur des nazis.

On peut y ajouter, et pas seulement du côté de chez nous, la politique systématique des fausses promesses : baisse du chômage, lutte contre la pollution, baisse des impôts, amélioration de la justice. Si, si, promis, juré ! Tu parles !

La technologie n’est pas en reste : le développement du monde virtuel nous donne la fausse impression d’être connectés en permanence au reste de la planète, que nous avons notre mot à dire dans les grandes questions du monde comme dans les plus petites, que nos tweets influencent ceux qui nous dirigent, que nous avons accès aux connaissances universelles, que nous sommes intelligents et cultivés et que nous pouvons rencontrer les plus belles filles du monde d’un simple clic.

Le phénomène va s’emballer. Déjà s’annoncent d’autres machines à fabriquer le faux en quantité industrielle comme la photocopieuse 3-D. Un automate qui va nous permettre, paraît-il, de bricoler chez nous, facile et pas cher, tout ce dont nous rêvons. Un poisson en 3-D, la Vénus de Milo, une paire de chaussures Louboutin, un sac Vuitton, ou la fille de la voisine.

Dans ce décor plein d’illusions et de chausse-trappes, comment distinguer le faux du vrai ? Et d’ailleurs, pourquoi, alors qu’il est plus enivrant et plus apaisant de vivre dans la chimère ? Il n’y a vraiment que les obsédés de la théorie du complot qui s’en offusquent. « L’homme n’a jamais marché sur la Lune », « les tours du WTC sont toujours debout ». C’est un comble puisqu’ils participent eux-mêmes à la construction des plus ingénieuses manipulations !

 

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DANS LE COCHON, TOUT EST BON !

On l’a appris cette semaine avec stupéfaction : l’excès de Jambon serait cancérogène. Peut-on néanmoins continuer à le consommer ? On peut s’interroger même si, d’après ses compétences, il est strictement réservé à l’Intérieur et garanti inexportable. Sérieux casse-tête pour le gouvernement Michel qui ne peut se payer le luxe d’une bagarre saignante avec la N-VA et n’a pas les moyens de jeter à la casserole les nationalistes flamands les plus carnivores.

Si Michel garde Jambon à sa table et qu’il veut continuer à tailler régulièrement une bavette avec lui, il devra lui imposer certaines précautions pour éviter de contaminer le reste de la population. Le ministre de l’intérieur en personne en a suggéré une récemment tout à fait intéressante qu’il pourrait s’appliquer à lui-même : le port (si j’ose dire) d’un badge.

Il rappellera ainsi un exemple célèbre. Lorsque les nazis avaient obligé les Juifs danois à porter l’étoile jaune, le roi, dit-on, s’était promené à cheval dans les rues de Copenhague en arborant le signe infamant épinglé à son veston. Même si cette histoire n’est qu’une légende, elle a connu à l’époque un tel retentissement médiatique qu’elle a beaucoup fait pour rétablir l’image du roi Christian X. Jambon aurait intérêt à s’en inspirer. Pour une fois, s’agissant de parler de la seconde guerre mondiale, il ne serait pas en trop mauvaise compagnie.

Le marquage des réfugiés, suggéré par le ministre, favorise, d’après lui, les contrôles policiers. Le marquage du ministre permettra de rassurer nos compatriotes sur l’état sanitaire du gouvernement et de comprendre à quelle sauce nous allons être mangés.

Car ils commencent à être nombreux à penser que la viande bleue, réchauffée à trop grande température, la rend jaune et noire, ce qui n’est pas très ragoûtant. Ajoutons que la viande rouge est loin aussi de faire l’unanimité. Et qu’une couche de vert n’apporterait à ce repas rien de très appétissant ; elle donnerait seulement l’impression que la date de péremption est dépassée.

Dans cette atmosphère, ne reste même pas l’alcool pour se consoler puisqu’il est aussi pointé du doigt par l’impitoyable OMS, qui n’épargne rien ou à peu près. Sauf la volaille. Depuis la disparition de Jean-Luc Dehaene, la dioxine a, semble-t-il, cessé de la rendre impropre à la consommation. Quand on sait que les oiseaux descendent des dinosaures, on comprend que nos ancêtres se fichaient des recommandations de l’OMS comme de leur premier tyrannosaure rex. A Jurassic Park, on meurt de tout sauf du cancer. Et encore, à condition de se méfier des anthropophages et des politiciens (ce qui est synonyme).

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