ALLO, ALLO… EN DIRECT DU KREMLIN

   Ce qui frappe dans le discours prononcé ce mardi par Vladimir Poutine devant les parlementaires russes, au milieu d’un parterre truffé de militaires, prêtres et jeunes fans, chargés d’assurer la claque, c’est son ton. Une voix douce, monocorde, qui tranche avec les mouvements de menton ou les éclats de voix de la plupart des autocrates qui font au moins semblant de croire ce qu’ils racontent quand ils s’exhibent en public. Même la momie de Lénine paraissait plus vivante. 

Vladimir Vladimirovitch, lui, a l’air de s’ennuyer ferme. Tout en tournant mécaniquement les pages de son interminable texte, il se demande quel est le déplorable factotum qui lui a concocté ce paquet de niaiseries et de lieux communs mâtinés de mensonges minables. Sans même un seul bon mot pour faire sourire l’assistance. Sans une exclamation pour pousser la salle à se lever et crier « Privet ! » ou « Russie vaincra ! », enfin quelque chose qui donne envie de soutenir le chef et mettre haut les cœurs. Mais non, rien. Rien que le ronron d’une allocution écrite pour fêter la fin des récoltes dans un kolkhoze de l’Oural… 

A certains moments, Vladimir Vladimirovitch relève la tête, esquisse un léger sourire vers la salle comme pour dire : Vous vous emmerdez comme des rats morts ? Vous ne connaissez pas votre bonheur. Je vous fiche mon billet que le pire est à venir. 

Mais personne pour lui adresser un clin d’œil complice, même pas une risette. Impitoyable, la caméra saisit au vol un député les yeux fermés (qui aurait osé devant Staline ?), un gradé dont les décorations pendouillent de la veste regarder sa montre, une dame qui parle avec sa voisine, manifestement pas intéressée par les vilains Ukrainiens. 

 Il est si figé et si morne qu’on finit par se demander si c’est vraiment le président Poutine, qui se tient là accroché au lutrin, cette espèce de brute qui a envoyé des centaines de milliers d’hommes périr dans une boucherie absurde et qui continue de dévaster un pays entier. Ou si c’est un avatar. 

Une représentation en 3-D, un clone (le nez rouge en moins). Un véritable être humain n’aurait pas débité d’un air si indifférent ce chapelet de fadaises, ces lendemains qui vont enchanter la vie quotidienne des citoyens alors qu’ils vont devoir se saigner pour payer cette guerre impayable. Le vrai Poutine se serait arrêté, aurait chiffonné le reste des feuillets, improvisé, lancé quelques propos virils pour mobiliser son peuple, au moins soulever la salle. 

 Pendant que son double débitait son discours, il n’y a pas de doute, le vrai Poutine devait être ailleurs. Peut-être en Pologne pour écouter Biden, drôlement plus vaillant que lui, ou à Kiev pour saisir les secrets de la magie de Zelensky. 

Une chose est sûre, Poutine n’existe pas. Il est mort sous la poussière du Kremlin… 

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L’ERE DU FAUX

On n’avait pas encore trouvé d’étiquette pour le vingt et unième siècle. Le siècle des Lumières était déjà pris. La Renaissance aussi. De toute façon, personne n’aurait osé coller ces merveilleux qualificatifs sur une ère inaugurée par les attentats du 11 septembre, suivis des ravages qui dévorent le Moyen Orient, la Lybie, l’Ukraine pour citer les plus joyeux …

Le scandale du poisson qui vient d’éclater cette semaine en Belgique mettra tout le monde d’accord : ce siècle sera baptisé un jour par les historiens le siècle du Faux.

Faux poisson dans les assiettes, fausse viande dans les surgelés, fausses émissions de CO2 dans les bagnoles, fausses compassion pour les réfugiés, les pauvres, les immigrés, faux seins, faux dieux, fausses performances sportives. Ce n’est pas un hasard qu’en Belgique, le gouvernement Michel s’est lancé dans une politique de contrefaçon dès son entrée en fonction. Il était dans l’air (et l’ère) du temps avec les chiffres fantaisistes de la SNCB balbutiés par madame Galant et ces faux ministres démocrates qui, juste avant la déclaration gouvernementale, couraient fêter leur arrivée au pouvoir avec un ancien collaborateur des nazis.

On peut y ajouter, et pas seulement du côté de chez nous, la politique systématique des fausses promesses : baisse du chômage, lutte contre la pollution, baisse des impôts, amélioration de la justice. Si, si, promis, juré ! Tu parles !

La technologie n’est pas en reste : le développement du monde virtuel nous donne la fausse impression d’être connectés en permanence au reste de la planète, que nous avons notre mot à dire dans les grandes questions du monde comme dans les plus petites, que nos tweets influencent ceux qui nous dirigent, que nous avons accès aux connaissances universelles, que nous sommes intelligents et cultivés et que nous pouvons rencontrer les plus belles filles du monde d’un simple clic.

Le phénomène va s’emballer. Déjà s’annoncent d’autres machines à fabriquer le faux en quantité industrielle comme la photocopieuse 3-D. Un automate qui va nous permettre, paraît-il, de bricoler chez nous, facile et pas cher, tout ce dont nous rêvons. Un poisson en 3-D, la Vénus de Milo, une paire de chaussures Louboutin, un sac Vuitton, ou la fille de la voisine.

Dans ce décor plein d’illusions et de chausse-trappes, comment distinguer le faux du vrai ? Et d’ailleurs, pourquoi, alors qu’il est plus enivrant et plus apaisant de vivre dans la chimère ? Il n’y a vraiment que les obsédés de la théorie du complot qui s’en offusquent. « L’homme n’a jamais marché sur la Lune », « les tours du WTC sont toujours debout ». C’est un comble puisqu’ils participent eux-mêmes à la construction des plus ingénieuses manipulations !

 

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