CHRONIQUES MARTIENNES

Des chercheurs américains viennent d’annoncer qu’ils mettent au point un appareil destiné à créer un champ magnétique autour de Mars. L’idée est de favoriser le réchauffement de la planète rouge pour qu’elle retrouve à terme de l’eau à l’état liquide. De l’eau et de la vie. Une terre bis comme la décrivait déjà Ray Bradbury.

Mais, devra-t-on patienter quatre milliards d’années avant que des organismes monocellulaires martiens apparaissent peu à peu dans les canaux réalimentés de Mars et accouchent, après mille mutations, d’êtres humains ultra-civilisés, au top de l’évolution, des Trump, Erdogan, Poutine ou Assad ?

Faudra accélérer tout ça d’autant que l’on ne peut garantir aux chercheurs – qui ont déjà bien du mal à survivre sous la nouvelle administration américaine – le maintien de leur budget pour les quatre prochains milliards d’années. Après Trump, un président bêtement idéaliste choisira peut-être d’investir tout ce pognon dans l’aide aux réfugiés, la lutte contre la faim, contre les maladies. Un autre dans la fabrication de nouvelles bombes ou de pyramides.

Dès que Mars sera techniquement habitable, on évitera donc de perdre son temps en court-circuitant les errements et les avatars ratés de l’évolution. On éliminera immédiatement les animaux que nous savons destinés à disparaître, dinosaures, archæoptéryx, hommes de Neandertal, communistes. On sautera Lucy, l’homo erectus, le mammouth ou l’oiseau Dodo, dès leur apparition. Pour accélérer l’arrivée du sommet de la création, de l’homo sapiens, vous et moi, si vous préférez.

Le plus simple serait d’envoyer sur Mars quelques-uns de nos plus brillants représentants pour qu’ils se reproduisent là-bas, sans attendre le déroulement naturel de l’interminable chaîne de la vie.

Déjà, Jacqueline Gallant a accepté de se sacrifier et de donner à la science son futur bébé, qui  sera donc l’un des premiers E.T. D’autant que son ADN contiendra la principale caractéristique de l’être évolué de ce nouveau siècle : la capacité à survivre en milieu très hostile. Puisque que sa mère est sortie vivante du marigot de la politique après avoir géré la SNCB et affronté les tempêtes médiatiques, son enfant est vacciné contre les pires maux qui peuvent frapper notre planète-sœur.

Le couple André Gilles-Stéphane Moreau a aussi accepté d’envoyer son bébé dans les étoiles. Un lardon bien nourri par les contribuables belges, qui connaît déjà toutes les ficelles et qui a goûté à tous les câbles, devrait survivre là-haut.

Dans la foulée de sa réinstallation à la tête de la droite française, François Fillon s’est emparé du projet en annonçant que sa femme et ses enfants se réjouissent de rejoindre la nouvelle colonie, loin, très loin, le plus loin possible de la justice parisienne. Et de leurs amis politiques.

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SUR LA TERRE COMME AU CIEL

Les chats ont droit à neuf vies, d’après une tradition de l’Egypte ancienne, reprise par les musulmans. Façon de souligner la force et l’importance de la vie ici-bas. Mais aussi d’avertir : celui qui tue un chat, sera perpétuellement hanté par son ombre. Gare à ses griffes ! On aura beau le mitrailler, le matou réapparaîtra encore et encore jusqu’à rendre le tireur fou. Jamais mort ! Ces jours-ci, on a envie de rappeler cette histoire à tous ces apprentis sorciers qui viennent de tuer des passants à Beyrouth, des Russes en Egypte avant de répandre leur rage délirante dans Paris.

La douleur, la peur, les larmes, les blessures, oui. On vivra désormais avec ces cicatrices. Mais le chat finit toujours par retomber sur ses pattes et sur cette bonne vieille terre, amoureux fou qu’il est de la vie. A la différence du terroriste qui n’a rien de plus pressé que de fuir notre planète pleine de mécréants, de champagne, de bouquins profanes, de musique, d’images et de sexe pour se jeter dans les bras de la mort, croyant comme le dit un verset du Coran que « la vie ici-bas n’est que jouissance illusoire » (alors que comme tous les textes sacrés, le saint livre dit évidemment le contraire dans d’autres versets).

Sur terre, l’apprenti-tueur n’a droit à rien, pense-t-il, sinon à un fusil d’assaut en ordre de marche, fabriqué par la FN, à deux cents kilomètres à peine de Molenbeek alors qu’au ciel, tout est différent. De son hypothétique montée au paradis (dont le transport n’est pas compris dans le prix d’achat de l’artillerie, soi-dit en passant), il attend un speed dating avec un nombre impressionnant de « houris » (qu’il se dépêche de monter ! vu le nombre de candidats, on risque d’en manquer en magasin).

Mais, attention ! J’avertis tous ceux qui, aveuglés par leur poussée d’hormones, sont prêts à déclencher l’ascenseur jusqu’au dernier étage qu’ils pourraient être cruellement déçus. Ils se trompent s’ils croient dur comme fer que le mot « houri » signifie « vierges aux grands yeux». En effet, certains philologues (comme Christoph Luxenberg récemment) affirment que le mot, venu du syro-araméen, signifie en réalité « raisins blancs ».

Quoi ? Tant d’efforts, des mois de formation aux explosifs, la lecture attentive tous les soirs de l’interminable mode d’emploi de la FN (encore plus compliqué que celui du téléphone portable coréen que je viens d’acheter), l’apprentissage progressif du suicide programmé avec de vieux sages (qui, eux, n’ont jamais pensé à se supprimer), tout ça pour recevoir en récompense, non pas un harem bien garni avec danse du ventre mais juste une grappe ou deux de raisons blancs, qu’ils auraient pu voler chez l’épicier marocain du coin, Seigneur ! Comme tu aimes plaisanter !

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