LE BON, LA BRUTE, ET LE TRUAND

Avec la dictature de Twitter, journalistes et chroniqueurs sont priés de simplifier car lecteurs et téléspectateurs ont été modelés à piquer du nez au-delà de 140 signes. Or, comment parler des réfugiés en 140 signes ? On dira : le réfugié politique, c’est le bon. La brute, le sans-papier économique et le truand, l’horrible passeur. Comme c’est rassurant, ces raccourcis ! Continuons donc sur cette voie pour que notre propos soit compréhensible.

Le bon, c’est le ministre Francken, l’abbé Théo qui indique la température de notre politique  d’accueil. La brute, Viktor Orban, qui fait de son pays un camp retranché. Et le truand, Jean-Claude Juncker qui vante dans tous les medias la formidable générosité de l’Europe tout en étant incapable de gérer l’accueil des réfugiés parmi les états membres, une hospitalité décente et civilisée et une politique d’asile à long terme.

Le bon, c’est Mutti Merkel qui abandonne le traité de Dublin et permet aux réfugiés de s’installer en Allemagne. La brute, c’est Angela Merkel qui ferme sa frontière subitement après avoir attiré les réfugiés dans son pays. Et le truand, c’est la chancelière allemande qui va négocier sa politique à géométrie variable avec ses collègues au prochain conseil européen. En échange de quoi ? Quand on le saura, on jugera dans quelle case la ranger. Elle n’est pas la seule à changer de rôle selon les interlocuteurs et le moment.

Le réfugié, le bon ? Au-delà de 140 signes, les choses ne sont plus aussi simples. Pour certains de mes voisins, le réfugié n’est pas le bon mais la brute, un terroriste infiltré et un futur chômeur, le représentant de la cinquième colonne dans notre belle Europe blanche et chrétienne. Et ces voisins ne sont pas tous d’anciens réfugiés hongrois accueillis à l’époque où eux-mêmes fuyaient la violence. Pour eux, le bon, c’est Orban. Et Francken le truand. Ce qu’il est aussi pour son propre président de parti, Bart De Wever, qui sera, selon les points de vue, la brute ou le truand. La brute parce qu’il veut fourrer ceux qui arrivent de Syrie dans un statut de sous-réfugiés. Ou le truand en vendant au patronat flamand de la main d’œuvre de qualité moins chère que le plombier polonais !

Et que dire de François Hollande ? Combattant d’abord les quotas avant de lutter contre ceux qui les refusent –vous me suivez ?

Et Assad ? Brute et truand à la fois ? Pas si vite ! Pour certains, il est le bon, le seul à affronter l’état islamique sur le terrain. On ajoutera que, Assad éliminé, on se retrouvera avec un nouvel enfer sur les bras, après l’Iraq et la Libye. Des pays dont les Occidentaux se sont flattés d’avoir chassé le tyran pour les remplacer par un tas de petits diables. A ce propos, sous quelle étiquette ranger les Occidentaux ?

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PAILLETTES

L’effondrement à Mons du château d’allumettes d’Arne Quinze –le bien nommé- est-il un signe prémonitoire de l’année nouvelle ?

Je refuse de le croire. J’ai toujours fait confiance à Madame Soleil plutôt qu’à Dame Lune.

Même si 1915 est l’année terrible du génocide arménien, qu’un siècle plus tard les autorités turques sont toujours incapables d’assumer.

Mais Quinze ne signifie pas toujours des catastrophes – même en art. Il a parfois été un excellent millésime. Tenez, 1515, la seule date que j’ai réussi à retenir de mes cours d’histoire, célèbre une belle victoire, Marignan. Bien sûr, s’il y a un vainqueur –François 1er– il y a un vaincu. Mais qui sait encore que ce sont les Suisses qui ont perdu ? Depuis, il se sont refaits une telle santé qu’on peut se réjouir sans arrière-pensée de la victoire française.

Autre date historique sympathique, 1815. Ah ! Cette fois, les Français se font massacrer à Waterloo – et à Braine l’Alleud, où on va fêter ça. On pourrait croire que nous sommes peu cohérents. Mais, des types comme Napoléon, on en a trop supporté au cours des siècles pour pleurer sur la perte de son chapeau. Et surtout imaginez la situation de notre beau pays si l’empereur avait gagné. Quelques départements, perdus quelque part au nord du Nord. Songez aux conséquences. Paris n’aurait jamais accepté un Atomium ni consacré de budget à développer de grands musées à Bruxelles. On parlerait la langue de Hollande à Anvers. Hugo Claus et Tom Lanoye seraient des écrivains français et Bart De Wever disputerait le leadership de l’UMP à Nicolas Sarkozy. Quant à Elio Di Rupo, après avoir réussi à savonner la planche de Martine Aubry et de François Hollande, il serait devenu le premier président socialiste français d’origine wallonne. Mons devenant la deuxième ville de France. Pour célébrer l’événement, le président socialiste français aurait demandé à Arne Quinze de construire une sculpture célébrant le centenaire de l’alliance définitive entre les départements belges et français. Hélas, le château d’allumettes se serait effondré à la suite d’un attentat des « confédéralistes belges anti-républicains» qui réclament la totale autonomie de la Belgique. Etrangement, les terroristes célèbreraient l’événement en chantant le grand air de la Muette de Portici, opéra pourtant bien oublié du XIX ème siècle, sur la suggestion de leurs alliés hollandais (je veux dire les partisans de François Hollande qui n’ont jamais pardonné à Elio ce qu’ils appellent sa « trahison »). Pour rétablir l’ordre et éviter la guerre civile, Bart De Wever prendrait le pouvoir à Paris – tout en se prenant pour Napoléon. Voilà comment l’unité de la république aurait été préservée…

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ADIEU, PERE FOUETTARD !

Profitez-en ! Cette année est sans doute la dernière occasion de faire la fête au père Fouettard.

Avec le règne du politiquement correct, son sort paraît définitivement scellé. Barbouillé de cirage, son fouet à la main, le père Fouettard est passé de mode autant que Guignol, les vidéos-clubs ou les socialistes français.

Peut-être qu’un archéologue, dans deux ou trois siècles, tombera sur une figurine miraculeusement préservée du côté sombre de Saint Nicolas. Il se grattera la tête en se demandant pourquoi ce personnage a brusquement disparu à la veille de 2015 avant de conclure que notre époque est décidément incompréhensible. Il est interdit de fumer dans les films ou les BD (bientôt on retouchera les images d’Humphrey Bogart comme on l’a fait de celles de Malraux sur les timbres français et de Jacques Tati, privé de sa pipe sur les affiches du métro). On doit veiller à ne pas glisser Tintin au Congo dans les cadeaux destinés aux enfants des amis. Eviter de faire doubler les élèves pour ne pas les traumatiser à vie. Et ne jamais évoquer le tour de taille de madame De Block, ce qui est de mauvais goût. Voilà quelques règles de base du savoir-vivre d’aujourd’hui. En revanche, n’hésitez pas à célébrer les plaisanteries antisémites de Dieudonné. Ce type est si audacieux, ma chère ! Et surtout, vous pouvez rire sans honte puisqu’il est Noir…

Contrairement à la légende, ce n’est pas la couleur de peau, ni même le sexe qui font un bon Zwarte Piet. Regardez Laurette Onkelinx, se déchaînant contre le duo Jambon-Francken, qui avaient eu l’idée stupide d’apporter des spéculoos et des chocolats à un de leurs anciens collègue, qui avait fait copain-copain avec les nazis. Elle leur a flanqué une fessée bien méritée. Et Bart De Wever, qui a prudemment dédaigné le casting gouvernemental ? Encore un parfait père Fouettard, bien décidé à punir socialistes autant que libéraux et chrétiens avant de réapparaître aux prochaines élections dans le rôle du bon Saint Nicolas.

Malgré le risque de disparition du père Fouettard, son compagnon, le bon saint, n’a pourtant plus la cote. Ceux qui ont joué dans son club, Obama ou Hollande, sont au plus bas dans l’opinion publique. Alors que les Poutine et les Assad mènent le monde à la baguette. Etonnant paradoxe : c’est au moment où le père Fouettard est en vedette qu’on veut l’effacer de l’imaginaire collectif.

Une idée d’avance vouée à l’échec. Quel que soit le grimage, en politique, c’est toujours le plus affreux qui finit par l’emporter. Comme le disait judicieusement Alfred Hitchcock : un film n’est réussi que si le méchant est réussi. Ces derniers temps, il faut avouer qu’on est servi.

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L’EUROPE DANS TOUS SES ETATS

Depuis des semaines, la planète occidentale n’a parlé que de ça. Que se passerait-il si l’Ecosse se séparait du Royaume Uni ? Oubliant presque que, pendant ce temps, une partie de l’Ukraine a quitté l’amère patrie pour plus grand et plus riche et que l’Iraq s’en va en morceaux comme jadis la Yougoslavie. Et d’agiter avec effroi la menace d’une sécession de la Catalogne, de la Padanie, de la Corse du nord, de la Corse du sud, voire des Cornouailles. Sans oublier bien sûr la Flandre.

Jadis, on avait des idées plus souples. Les modifications de frontières ou d’états, les changements d’étiquettes sur les cartes du monde, n’étaient pas considérés comme des tremblements de terre magnitude 9,5 sur l’échelle de Richter.

Lorsqu’il perdit son trône de Pologne, le pauvre roi Stanislas Leszczyński, errant et sans le sou, se vit offrir le duché de Lorraine par le roi de France – son gendre – avec l’accord des autres puissances européennes. Pour consoler l’ex-duc de Lorraine de la perte de ses terres, il reçut en lot de consolation le duché de Toscane. Vous auriez refusé d’abandonner Florange pour Florence?

L’opération était subtile. Louis XV n’attribua le duché de Lorraine à Stanislas qu’en viager. Ce qui lui permit de le récupérer à sa mort et de l’ajouter à son propre domaine.

Avec la mode de la démocratie, les rois n’ont plus la même marge de manœuvre. On imagine mal la reine Elisabeth II laisser la couronne d’Ecosse à son fils, pour le faire patienter en attendant la fin de son interminable règne. Ou le roi Philippe proposer à Bart De Wever, qui a si peu de goût pour la rue de la Loi, de lui confier un marquisat viager à Anvers. L’idée ne devrait pourtant pas être abandonnée. Il suffit de lui donner un coup de neuf.

Jadis, quand on ne savait plus comme se débarrasser d’un politicien, on le nommait, selon sa cote à l’Argus, député ou commissaire européen. On a vu le résultat. Leurs rôles sont mal définis, tout le monde se mélange les pinceaux et il n’en sort rien car ces fonctions ne représentent rien, ni personne. En revanche, si on découpait l’Europe en mille et un duchés, leurs dirigeants pourraient exercer utilement leur pouvoir sur ce bout de territoire. Sans créer ni jalousie ni crise de nerfs puisque l’existence de ces mini-états serait limitée à celle du mandat de leurs chefs.

Ce système permettrait aussi de recaser quelques gueules cassées. Melchior Wathelet jr à la tête d’un comté de Verviers-Tongres, loin de tout aéroport. Voisin d’un archiduché de Frise orientale où on aurait fait atterrir François Hollande. Il a déjà le nom, les bottes en caoutchouc et le nez qui coule. Il suffit d’un peu d’imagination pour remettre l’Europe sur les rails …

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SOLDES HIVER 2014

  Est-ce vraiment une bonne idée de commencer l’an nouveau par une période de soldes ? 2014 n’a pas encore ouvert les yeux, que, déjà, on liquide tout !

Place nette aux nouveautés, direz-vous ? L’histoire l’a prouvé, « du passé faisons table rase » n’a jamais été un bon truc. Même chez les marxistes –sauf Groucho.

Voyez la Russie. Après la chute du mur de Berlin, ce qui reste de l’URSS est liquidée. Tout doit partir ! Le parti communiste, la propriété d’état, les kolkhozes. A leur place, business, bling-bling et Rolls Royce tandis que le prolétariat a enfin droit de faire la file chez Mac Donald et pas seulement pour acheter du papier de toilettes. Or, à quoi ressemble cette nouvelle Russie de Poutine et de Depardieu sinon à cette bonne vieille rata soviétique ? Demandez donc aux Pussy Riots comme elles ont apprécié leur séjour trois chapkas dans les camps de travail en soldes que Poutine avait rachetés à Brejnev ?

Tenez, puisqu’on parle de soldes. Le lourd volume de la sixième réforme de l’état est désormais disponible chez nous à prix cassé. Profitez-en ! Dans quelques mois, il aura disparu des étagères – et des mémoires.

Ce précieux document devait balayer le vieil état belge et le remplacer par une tuyauterie toute neuve pour donner au C.D. &V. l’illusion de rester à la tête des affaires sinon du pays, du moins de sa région. Or, à quoi a-t-elle servi ? Jusqu’ici, les seuls effets de la Réforme semblent empruntés à Marcel Proust : c’est gros et c’est beaucoup de temps perdu.

Remarquez, à la recherche du temps perdu n’est pas non plus la recette magique. Prenez Dieudonné qui a perdu toute inspiration depuis longtemps (toute expiration aussi d’ailleurs, d’où cette impression d’étouffement autour de lui). Pour tenter d’exister, il essaye misérablement de recycler quelques sketches périmés depuis plus de septante ans, qu’il a volés dans l’armoire de son copain Jean-Marie Le Pen. Et il essaye de faire un peu de pognon avec ce matériel moisi sur lequel plus personne n’ose réclamer de droits d’auteur.

Du côté de l’Elysée, à quelques kilomètres de là, ce sont déjà les deuxièmes démarques. L’an dernier, le président l’avait promis, la courbe du chômage obéirait à sa volonté –regardez-moi dans les yeux et baissez, je vous l’ordonne ! Mais ses pouvoirs semblent avoir été noyés tels les polders de Hollande un jour où on a oublié de fermer les écluses. Et voilà le mage français aussi impuissant face à la débâcle sociale que le secrétaire général du parti communiste. Il ne lui reste qu’à bazarder son cahier d’engagements à l’encan. Mais les enchères seront tristes hélas.

Les soldes ? Décidément, non ! Ce n’est pas avec du vieux qu’on fera du neuf ! Allez ! Hop !

L’imagination au pouvoir !

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MIEUX VAUT PERE FOUETTARD QUE JAMAIS

On appelle ça une crise d’autorité. La méfiance des Français à l’égard de leur président est à l’image de celle de beaucoup de citoyens européens à l’égard de leurs dirigeants.

Quel est le principal reproche des Français à François Hollande ? Sa volonté de rechercher le consensus, qualifiée de mollesse et d’incapacité à décider. Leur modèle de chef, c’est un type qui tape sur la table, qui crie « je veux » devant les caméras, qui vitupère devant les petits caïds des quartiers sensibles et qui s’oppose violemment à « Bruxelles ». Comme aucun de ses adversaires de la droite démocratique ne leur paraît non plus capable d’endosser le costume de guide musclé de la nation, ils plébiscitent Marine Le Penn. C’est vrai que dans l’opposition, les Français cherchent vainement un clone de Nicolas Sarkozy, époque Kärscher. Ni François Fillon qui a fermé sa gueule devant toutes les outrances de son boss pendant cinq ans, ni Jean-François Coppée, éternel second couteau des séries d’avant soirée, ni Nathalie Kosciusko-Morizet qui semble une personne plus déplacée en dehors de Neuilly qu’une famille Rom et que la police de Manuel Valls risque d’expulser du territoire par mégarde.

Durant le règne de Sarkozy, les Français ont pourtant vu les résultats d’une politique soi-disant musclée. Mais, quelques mois plus tard, le moment de lucidité passé, ils sont à nouveau persuadés que seuls un homme ou mieux une femme providentiels va les sortir de la mélasse.

A leurs yeux, Marine n’est plus la fifille de Jean-Marie Le Penn, la descendante de la France de Pétain et des tortionnaires d’Algérie, mais une nouvelle Margaret Thatcher. Qu’ils demandent donc aux Anglais ce qui restait de la Grande Bretagne quand la dame de fer a commencé à rouiller.

Ce mythe qu’on vivra heureux, protégé par la ligne Maginot, a décidément la vie dure. C’est aussi l’illusion que vend la N-VA avec son nouveau-vieux programme. Est-ce vraiment un hasard si le fifils de Bart De Wever, le petit Jan Jambon, a lui aussi fricoté avec les nostalgiques de l’extrême droite ?

C’est dans cette atmosphère qu’a surgi la polémique sur le père Fouettard. Aussi, je pose la question : qui veut la peau du méchant dans le couple Saint Nicolas ? Est-ce un contre-feu maladroit allumé par les amis de Hollande et tous ceux qui s’inquiètent de la résistible ascension des boss gonflés aux hormones ? C’est une erreur politique – une de plus. Le duo Saint Nicolas-père Fouettard est exactement ce qu’attendent les enfants et surtout leurs parents, la promesse de cadeaux d’un côté et la certitude d’une solide raclée de l’autre. Hollande ne survivrait pas sans Vals (Royal aurait aussi fait l’affaire). De Wever sans Siegfried Bracke.

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UNE HISTOIRE A DORMIR DEBOUT

C’est évidemment un président français, V. Giscard d’Estaing, qui a imaginé le G 6. Au pays du discours-roi, les causeurs raflent toujours la mise. C’était donc une idée de génie de transformer les principaux chefs d’état en maîtres du monde par la seule vertu du verbe.

Ces grandes messes annuelles n’ont pas pour fonction d’améliorer l’économie, la finance, le commerce mondial, la fiscalité, le chômage, sujets habituels à l’ordre du jour, mais comme dans les comices agricoles célébrés jadis par Alphonse Daudet et le maire de Champignac, c’est de parler haut.

Les chefs d’état se réunissent rituellement pour que toutes les caméras soient braquées sur eux, que leurs paroles soient recueillies comme vérités, guides, baumes, permettant et promettant de panser les plaies universelles. Panser c’est penser. Tout est mis en scène pour qu’ils apparaissent comme les guérisseurs du monde puisqu’ils détiennent la puissance du mot.

Le premier sommet du G6 s’était réuni peu après la crise pétrolière de 1973, le séisme qui a fissuré l’optimisme tranquille des Trente Glorieuses. Pendant trente ans, les hommes politiques avaient pu se reposer sur une croissance sans hoquets. Mais, dès la fin de la guerre du Kippour, ils ont dû changer de stratégie. Devenir les parleurs universels, faute d’un autre outil pour redresser, colmater ce qui commençait à faire eau de toute part.

Le « truc » a connu un immense succès. Tous les dirigeants de la planète ont joué des coudes pour faire partie du club. Aujourd’hui, ils sont 20 à Saint Pétersbourg à brandir leur carte de membre pour avoir droit aux micros. Je suis le maître du monde, dit Poutine, puisque G 20 invités les plus prestigieux de la terre à mes pieds. G 20 promesses non tenues, songent Obama, Mitchell ou Hollande mais peu importe puisque, devant les caméras, je donne toujours l’impression d’être le boss.

Qui se rappelle encore des grands serments des années passées sur la coordination des politiques économiques, la surveillance de la finance, et blabla et blabla ?

Qui se souviendra, lorsque la Syrie ne sera plus qu’une tache blême, des grands discours rooseveltiens sur « attention à ne pas dépasser la ligne rouge », « nous ne laisserons pas assassiner impunément » et autres « ne défiez pas le monde » ?

Sans remonter aux calendes nazies, on a pu massacrer tranquille au Cambodge ou au Rwanda et combien d’années a-t-il fallu avant que l’on vienne ramasser les morceaux en Bosnie ?

Assad peut gazer sa population puis ses voisins, s’ils ne restent pas dans les clous. L’Iran construire pépère sa bombe atomique. Tout le monde peut faire ce qu’il veut pourvu que les dirigeants du monde sourient sur la photo pour illustrer les futurs livres d’histoire (à dormir debout).

 

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VACANCE(S)

Alors que les estivants se lancent sur les routes, beaucoup de citoyens ont du mal à partir en vacances. Il y a ceux qui n’en ont pas les moyens, ceux qui n’en ont pas envie et ceux qui en ont assez. Et qui préfèrent le crier chez eux que sur les plages dorées. Cette année, la mode n’est plus de construire des châteaux de sable mais de les abattre. D’Istanbul à Rio, les bords de mer sentent le gaz lacrymogène plutôt que la barbe à papa.

On a l’impression un peu partout que c’est le pouvoir qui est en vacance…

Les vrais héros s’en vont, laissant derrière eux le même vide mélancolique qu’une villégiature à la fin de l’été. Après Mandela, qui va nous remuer les méninges, bousculer les règles et nous faire rêver de changer la vie ? Barroso, Hollande, Cameron ? Merci ! Dans le rôle de G.O., même le club Med’ a une meilleure politique de recrutement.

Au lieu de boucler un budget de plus en plus désespéré, nos ministres ne profiteraient-ils pas de la trêve estivale pour tenter de retrouver des couleurs ?

Après avoir échoué à réglementer le commerce des armes et le n’importe quoi en matière climatique, Obama est parti se ressourcer en Afrique.

Où envoyer nos excellences ? Les détours de Didier Reynders par le Congo n’ayant pas laissé beaucoup de traces, mieux vaut pour lui (et les Congolais) qu’il change de destination. Un petit saut en Russie ? Il pourra demander à Poutine, qui a l’expérience de vider ses successeurs, le mode d’emploi pour se débarrasser gentiment du p’tit Michel pendant que celui-ci bronze ailleurs et reprendre la tête de son business sans faire de vagues.

Kris Peeters, qui a tout l’avenir de la Flandre et peut-être de la Belgique sur les épaules, aurait jadis eu intérêt à suivre le tour de France. Pour apprendre comment lancer une échappée, à quel moment lâcher ses poursuivants et écraser son plus féroce adversaire dans la dernière ligne droite. Hélas, depuis les progrès des contrôles anti-dopage, quel gâchis ! Il n’y a plus moyen de s’inspirer des rois de la petite reine sur la meilleure façon de l’emporter.

A Bart De Wever, on conseillera de faire pour une fois une infidélité aux Autrichiens et de se promener au Soudan. L’exemple le plus récent de séparation d’une nation en deux états. On ne doute pas qu’au retour de son voyage, il militera activement contre toute tentative de scission du royaume…

A Elio Di Rupo, enfin, on suggérera un détour par l’île de Pâques. Ce qui rend le site si fascinant, c’est moins le regard sombre des gigantesques statues (contemplaient-elles leur feuille d’impôt ?) que leur aspect inachevé. Transformer en attraction touristique merveilleuse un chantier perpétuel, ça c’est un beau projet d’avenir pour le pays…

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PREMIERS SIGNES DU PRINTEMPS

Vous n’êtes pas content ? La crise ne finit pas. Le chômage ne finit pas. L’hiver ne finit pas. Bart De Wever non plus. Et l’augmentation des impôts, du prix des patates. Et les discours musclés de gauche du président du parti socialiste. Et les décisions musclées de droite du premier ministre socialiste. Et l’Europe qui … Stop !

Au lieu de gémir, ouvrez les yeux. Les choses sont peut-être sur le point de changer. Comme les perce-neige dressent la tête en février en avant-garde du printemps (même si chez nous, ils attendent cette année le mois de mai, mais ne chipotons pas), le changement est dans l’air. Juste quelques signes timides, c’est vrai. Mais, mis bout à bout…

En Italie, après une crise à la belge, on a fini par trouver un homme providentiel prêt à diriger le pays. D’accord, il a deux cents ans. Mais, songez que tout le temps qu’il occupera le Quirinal, il ne recevra pas sa pension de retraite. Même les Italiens ont appris à faire des économies.

De plus, un vieux président a cet avantage sur un jeune qu’il ne se croit pas obligé de se lancer dans des chantiers sans fin juste pour prouver qu’il est capable de faire bouger le monde. Regardez l’ex-président Sarkozy. Les Français, si séduits d’abord par sa fébrilité, ont vite compris qu’à force de remuer la poussière, elle finit par boucher les orifices avant de paralyser les muscles. Mieux vaut ne pas la secouer. Comme l’a bien compris son successeur, François Hollande, qui attend patiemment qu’Allemands et Américains remettent en route la machine économique pour proclamer qu’il a vaincu la crise. Pour être Superman, il ne faut pas toujours sauter d’un building à l’autre. Mieux vaut parfois laisser aux autres super-héros le super-travail avant de faire le paon en costume fluo.

Chez nous aussi, on repère ces derniers jours quelques symptômes de changement. Elio Di Rupo vient toujours au congrès du parti socialiste mais il serre aussi obstinément les lèvres quand ses camarades entonnent l’Internationale que certains footballeurs français quand retentit la Marseillaise. Dans un pays aussi byzantin que le nôtre, s’il avait poussé la chansonnette en français, il aurait dû aussitôt enchaîner avec la version flamande puis avec la Brabançonne dans les deux langues avant de terminer par le Vlaams Leeuw. Un numéro qui aurait fait rater aux militants de province leur dernier train.

Autre signe. Jadis, les femmes venaient prier dans les églises pendant que le curé tenait le haut de la scène. Depuis peu, c’est le contraire. Ce sont les femmes, seins nus, qui occupent l’estrade et monseigneur Léonard qui ferme les yeux et qui prie.

Je ne sais pas si tout ça est rassurant mais au moins, en voyant ces belles dames, riant à gorge déployée, on a le sentiment que le printemps n’est pas loin…

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GLASNOST

    Allez ! Les Français déballent tout ! Les bagues et les bijoux en or qui sont dans la famille depuis deux siècles et les collections d’estampes japonaises venues d’un oncle érotomane, l’intégrale des albums Tintin dans l’édition d’origine et la 2 CV qu’on a gardée par nostalgie pour l’époque où on allait coller des affiches appelant à soutenir le « programme commun de la gauche » non par amour de Marchais-Mitterrand mais pour avoir un prétexte d’emmener sur les routes la séduisante petite brunette, si excitée par l’atmosphère des meetings, mais qu’on avait du mal à séduire.

François Hollande a donc choisi la transparence. A quoi ça sert ? A montrer qu’on crache sur les opinions politiques de ses parents mais pas sur leur héritage ? A prouver que la famille savait faire des économies quand elle votait à droite mais que, depuis que les enfants sont devenus militants de gauche, ils ne sont plus capables de gagner un euro ?

Et l’étape suivante, c’est quoi ? Hollande va-t-il obliger ses ministres les mieux nantis à partager leurs biens avec les pauvres secrétaires d’état ou les camarades sans le sou ?

Qu’est-ce que la publication de ces listes de mariage va apporter aux Français ? Savoir que tel ou tel ministre a un compte en banque bien garni et une somptueuse maison de campagne sur la Loire ne fera progresser ni la situation ni le moral des Français. Sauf à investir la fortune de ses ministres dans la reprise des hauts fourneaux de Mittal, de la raffinerie Petroplus et des usines de pneus Goodyear, on ne voit pas très bien à quoi sert la déclaration de patrimoine imposée par M. Hollande aux siens.

Le président français ferait mieux de réviser son cours d’histoire.

Lorsqu’il est arrivé à la tête de l’U.R.S.S., M. Gorbatchev, a lancé un programme de réforme de l’état soviétique, résumé en deux slogans, glasnost (transparence) et perestroïka (restructuration). Résultat : la deuxième puissance mondiale s’effondrait ou plutôt s’évaporait sans laisser de traces. Et s’en allait en morceaux.

Hollande devrait se souvenir des effets redoutables de la transparence avant que l’histoire ne mette une tache blanche dans le petit Larousse à la rubrique présidents de la V ème république entre son successeur et son prédécesseur. Son successeur ? Ils risquent d’être nombreux si la France se retrouve dépecée comme l’Union soviétique d’après la glasnost, avec une république de Flandre au Nord, une Vendée rattachée au Saint-Siège, un Pays basque au sud et une Corse libre au large de la ville-état de Marseille, où le maire, Gérard Depardieu, précurseur de cette France multiple et à géométrie variable, accueillera à bras ouverts ses amis russes, orphelins depuis la chute de Chypre.

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