PAILLETTES

L’effondrement à Mons du château d’allumettes d’Arne Quinze –le bien nommé- est-il un signe prémonitoire de l’année nouvelle ?

Je refuse de le croire. J’ai toujours fait confiance à Madame Soleil plutôt qu’à Dame Lune.

Même si 1915 est l’année terrible du génocide arménien, qu’un siècle plus tard les autorités turques sont toujours incapables d’assumer.

Mais Quinze ne signifie pas toujours des catastrophes – même en art. Il a parfois été un excellent millésime. Tenez, 1515, la seule date que j’ai réussi à retenir de mes cours d’histoire, célèbre une belle victoire, Marignan. Bien sûr, s’il y a un vainqueur –François 1er– il y a un vaincu. Mais qui sait encore que ce sont les Suisses qui ont perdu ? Depuis, il se sont refaits une telle santé qu’on peut se réjouir sans arrière-pensée de la victoire française.

Autre date historique sympathique, 1815. Ah ! Cette fois, les Français se font massacrer à Waterloo – et à Braine l’Alleud, où on va fêter ça. On pourrait croire que nous sommes peu cohérents. Mais, des types comme Napoléon, on en a trop supporté au cours des siècles pour pleurer sur la perte de son chapeau. Et surtout imaginez la situation de notre beau pays si l’empereur avait gagné. Quelques départements, perdus quelque part au nord du Nord. Songez aux conséquences. Paris n’aurait jamais accepté un Atomium ni consacré de budget à développer de grands musées à Bruxelles. On parlerait la langue de Hollande à Anvers. Hugo Claus et Tom Lanoye seraient des écrivains français et Bart De Wever disputerait le leadership de l’UMP à Nicolas Sarkozy. Quant à Elio Di Rupo, après avoir réussi à savonner la planche de Martine Aubry et de François Hollande, il serait devenu le premier président socialiste français d’origine wallonne. Mons devenant la deuxième ville de France. Pour célébrer l’événement, le président socialiste français aurait demandé à Arne Quinze de construire une sculpture célébrant le centenaire de l’alliance définitive entre les départements belges et français. Hélas, le château d’allumettes se serait effondré à la suite d’un attentat des « confédéralistes belges anti-républicains» qui réclament la totale autonomie de la Belgique. Etrangement, les terroristes célèbreraient l’événement en chantant le grand air de la Muette de Portici, opéra pourtant bien oublié du XIX ème siècle, sur la suggestion de leurs alliés hollandais (je veux dire les partisans de François Hollande qui n’ont jamais pardonné à Elio ce qu’ils appellent sa « trahison »). Pour rétablir l’ordre et éviter la guerre civile, Bart De Wever prendrait le pouvoir à Paris – tout en se prenant pour Napoléon. Voilà comment l’unité de la république aurait été préservée…

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L’EUROPE DANS TOUS SES ETATS

Depuis des semaines, la planète occidentale n’a parlé que de ça. Que se passerait-il si l’Ecosse se séparait du Royaume Uni ? Oubliant presque que, pendant ce temps, une partie de l’Ukraine a quitté l’amère patrie pour plus grand et plus riche et que l’Iraq s’en va en morceaux comme jadis la Yougoslavie. Et d’agiter avec effroi la menace d’une sécession de la Catalogne, de la Padanie, de la Corse du nord, de la Corse du sud, voire des Cornouailles. Sans oublier bien sûr la Flandre.

Jadis, on avait des idées plus souples. Les modifications de frontières ou d’états, les changements d’étiquettes sur les cartes du monde, n’étaient pas considérés comme des tremblements de terre magnitude 9,5 sur l’échelle de Richter.

Lorsqu’il perdit son trône de Pologne, le pauvre roi Stanislas Leszczyński, errant et sans le sou, se vit offrir le duché de Lorraine par le roi de France – son gendre – avec l’accord des autres puissances européennes. Pour consoler l’ex-duc de Lorraine de la perte de ses terres, il reçut en lot de consolation le duché de Toscane. Vous auriez refusé d’abandonner Florange pour Florence?

L’opération était subtile. Louis XV n’attribua le duché de Lorraine à Stanislas qu’en viager. Ce qui lui permit de le récupérer à sa mort et de l’ajouter à son propre domaine.

Avec la mode de la démocratie, les rois n’ont plus la même marge de manœuvre. On imagine mal la reine Elisabeth II laisser la couronne d’Ecosse à son fils, pour le faire patienter en attendant la fin de son interminable règne. Ou le roi Philippe proposer à Bart De Wever, qui a si peu de goût pour la rue de la Loi, de lui confier un marquisat viager à Anvers. L’idée ne devrait pourtant pas être abandonnée. Il suffit de lui donner un coup de neuf.

Jadis, quand on ne savait plus comme se débarrasser d’un politicien, on le nommait, selon sa cote à l’Argus, député ou commissaire européen. On a vu le résultat. Leurs rôles sont mal définis, tout le monde se mélange les pinceaux et il n’en sort rien car ces fonctions ne représentent rien, ni personne. En revanche, si on découpait l’Europe en mille et un duchés, leurs dirigeants pourraient exercer utilement leur pouvoir sur ce bout de territoire. Sans créer ni jalousie ni crise de nerfs puisque l’existence de ces mini-états serait limitée à celle du mandat de leurs chefs.

Ce système permettrait aussi de recaser quelques gueules cassées. Melchior Wathelet jr à la tête d’un comté de Verviers-Tongres, loin de tout aéroport. Voisin d’un archiduché de Frise orientale où on aurait fait atterrir François Hollande. Il a déjà le nom, les bottes en caoutchouc et le nez qui coule. Il suffit d’un peu d’imagination pour remettre l’Europe sur les rails …

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LE BON, LA BRUTE, ET LE TRUAND

 

Vous vous souvenez d’Eli Wallach ? C’était lui le Truand dans le célèbre film de Sergio Leone. A 98 ans, il vient de quitter Hollywood pour Dieu sait où, nous laissant seuls avec le Bon, Clint Eastwood, lonesome cowboy, toujours vaillant. La Brute (Lee Van Cleef) avait déjà disparu.

Des trois, c’était évidemment le Truand le plus intéressant. Le bon et la brute, faits d’une pièce, étaient plutôt ennuyeux. Faux derche, pervers malsain, burlesque, attachant et effrayant à la fois, Eli Wallach avait composé un de ces personnages hénaurme, à la Falstaff, qui illuminent l’imaginaire.

Juste le genre de type que le shérif Philippe devrait sortir de son chapeau. Le démineur idéal dans le paysage ravagé de la politique belge, ce village western où des deux côtés de la rue, chacun tire plus vite que son ombre. Mais trouver un acteur de cette trempe, un tel tempérament, c’est rare, très rare.

Dans le rôle du bon et de la brute, le choix est facile. Bart De Wever et Benoît Lutgen sont tout désignés. D’autant qu’ils peuvent jouer indifféremment l’un ou l’autre rôle, et même les deux à la fois. En Bébé Cadum ou en Joë Dalton, Bart et Benoît n’ont guère de rivaux. Mais pour tenir le premier rôle, les prétendants ne se bousculent pas. Il faut bien plus de caractère, de folie, de sournoiserie graveleuse. Être capable de jouer le roi et son fou en même temps. Seul le Truand est fait pour l’emploi de Premier, personne d’autre. Il n’y a que lui pour tenir la baraque ensemble alors que la tempête arrache toit et châssis, pour empêcher la diligence de verser pendant l’attaque des Indiens tandis que les chevaux foncent, le mors aux dents. Pour présider tranquillement le saloon au milieu des bagarres, faire le coup de feu final et enlever la belle serveuse. Qui d’autre peut promettre aux uns et aux autres la même chose et son contraire ? S’enivrer à mort tout en jurant sur les cendres de sa mère qu’il n’a jamais touché une goutte d’alcool ? Le tout sous les applaudissements du public.

Pour incarner un tel personnage, Benoît n’a pas le coffre et Bart pas assez de folie.

Elio alors ou Charles Michel ? Le problème de ce casting c’est qu’on ne voit Elio que dans le rôle du roi et Charles dans celui du fou. Ni l’un ni l’autre ne sont capables d’interpréter les deux rôles en même temps, condition essentielle pour incarner un parfait Truand. Wouter Beke est assez lisse pour se glisser dans la peau du bon, Kriss Peeters assez faux derche pour être une brute tout à fait crédible. Peter De Crem parfait dans le rôle du cadavre, tombé par hasard sous le tir croisé des deux autres. Mais un truand, non. Aucun d’eux n’a le coffre.

Une femme alors dans le rôle de Calamity Jane ? Pourquoi pas ? Saloon Belgium recherche femme désespérément.

 

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BART AU BOIS DORMANT

 

Quand ma maman me lisait « La Belle au Bois dormant », je restais toujours sur ma faim. L’histoire se terminait au moment où le prince donnait un baiser à la Belle. Elle se réveillait, ils tombaient dans les bras l’un de l’autre. Et, hop ! Rideau ! Or, je le sentais bien, après la fin, l’histoire ne faisait que commencer. Voilà comment, docteur Freud, on fabrique des générations d’enfants frustrés.

Je ne sais pas si madame De Wever racontait aussi ce beau conte à son fils, Bartje, – et quelles séquelles il en a gardé – mais, consciemment ou non, devenu grand, le voilà en train de rejouer la belle aventure de Belle au Bois dormant. Et surtout de la compléter. Sacré Bart ! Il va décomplexer les petits flamands !

Dans sa version, revue et corrigée, l’intrigue a un peu évolué. Changement d’époque oblige. La révolution sexuelle est passée par là, au lieu de se taper une princesse, prince Bart doit s’en farcir six. On espère que l’homme a du tempérament. Comme dans la version originale, elles dorment depuis que la mauvaise fée leur a lancé un sort mais certaines ont le sommeil plus agité que d’autres. Charles Michel est hyperkinétique même quand il rêve (ce qui oblige le prince à bien des contorsions avant de déposer ses lèvres sur les siennes) alors que Benoît Lutgen, lui, écrase tranquillement, offrant un corps parfaitement immobile aux baisers princiers. Pour compliquer le scénario, l’auteur a introduit des princesses jumelles que le prince doit embrasser ensemble s’il veut les glisser dans son lit. Ainsi, la jolie Wouter et son clone Kris, deux beautés pour le prix d’une. Mais qu’il faut prendre ensemble ou pas du tout. Ou Elio et Paul, aussi soudées que des sœurs siamoises.

Seigneur ! Où est l’innocence des temps anciens ? Maintenant, c’est tournante et trio d’enfer…

Jadis, un baiser et c’était dans la poche. La princesse se donnait au beau prince. Après, c’était bonheur, enfants mignons et musique sirupeuse made by Disney. Ca, c’est la légende. Dans la réalité, avec six fiancées sur les bras, c’est une autre paire de manches ! De loin, vous enviez prince Bart, vous croyez que six femmes dans un harem, c’est stupre, plaisir et fornication. Pas du tout ! C’est jalousie, violence et crêpage de chignons. Et, le pire, c’est la répartition des tâches ménagères. Un vrai sac de nœuds ! Laurette refuse de faire la vaisselle, Wouter de torcher les lardons. En comparaison, la réforme de l’état est aussi facile à mettre en place que pour un premier ministre chanter l’hymne national. Avec toutes ses princesses sur le dos, je ne vous dis pas dans quel état sera prince Bart dans quelques mois. Je vous parie qu’il n’aura qu’une seule envie, supplier la méchante fée de faire retomber ses belles dans un sommeil éternel et lui, jeter sa couronne aux orties !

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LE RETOUR DE LA MOMIE

 

La campagne électorale algérienne inspirera à coup sûr les spin-doctors qui essayent désespérément de rendre nos hommes et femmes politiques un peu plus sexy. Tout le monde sait qu’Abdelaziz Bouteflika est mort depuis quelques années mais que les dirigeants algériens ont eu la bonne idée de conserver son enveloppe. Ce qui permet de le réélire éternellement. Mettre à la tête de l’état une momie, un zombie, quelle belle formule pour renouveler les démocraties occidentales en panne !

Pour le moment, la technologie est encore un peu primitive mais nul doute que dans les prochaines années, avec le développement des effets spéciaux, on parviendra à faire bouger la momie et à la faire parler, même en plusieurs langues à la fois. Ce qui devrait intéresser tous ceux qui cherchent à contrer enfin le vote protestataire. Devant la puissance de feu de Bart De Wever, tout le monde est conscient que Wouter Beke ne fait pas le poids. Mais si, face au redoutable bourgmestre d’Anvers, on opposait un zombie plutôt qu’un fantôme, on pourrait peut-être contenir la montée irrésistible de la N-VA.

Walt Disney s’est, dit-on, fait cryogéniser pour réapparaître dans quelques années. Revitalisé par les progrès de la médecine, il reprendra son crayon ou plutôt sa souris pour dessiner de nouveaux chefs d’œuvre, La vengeance de Donald, le Retour du Nez de Pinocchio ou de la Momie. On regrette que les dirigeants de nos partis politiques aient négligé, pour préserver l’avenir, de préparer l’éternel retour de leurs grands leaders tant qu’il en était encore temps.

On sent bien que dans plusieurs pays voisins, on se montre beaucoup moins imprévoyant en songeant déjà à la cryogénisation des dirigeants dont la population ne pourra jamais se passer, Berlusconi ou Poutine.

En France, on a aussi compris que la nomination de Manuel Valls n’empêchera pas l’évaporation du pauvre Hollande. Ah ! S’il avait eu sous la main le clone de Mitterrand ou, mieux encore de de Gaulle.

Les patrons de la politique belge n’ont pas eu non plus beaucoup de flair en laissant s’envoler l’âme de leurs meilleurs cadors. Ils ont naïvement cru qu’à chaque génération, ils trouveraient de nouvelles stars à placer en tête de liste. Et les voilà le bec dans l’eau. Avec sur les bras De Croo 2, Tobback 2, Wathelet 2, Ducarme 2 qui annoncent à leurs partis des accidents industriels. C’est maintenant qu’ils auraient besoin d’exhiber les momies de nos Bouteflika à nous, Paul-Henri Spaak, Kamiel Huysmans, Paul Van Zeeland, Charlier Jambe de bois ou mieux encore Achille Van Acker dont le slogan était « J’agis d’abord, je réfléchis ensuite ». Le seul programme qui peut servir d’arme de destruction massive contre le parti séparatiste flamand.

 

 

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AU CONFLUENT DE DEUX FLEUVES

   Les hommes et femmes politiques ouvrent-ils encore un livre depuis qu’ils ont découvert Tweeter ? A la pointe des technologies modernes comme tous les eurocrates, Herman Van Rompuy s’est empressé de convertir ses discours en haïkus. Mais, devant la popularité et la lisibilité de sa politique, on se dit qu’il devrait peut-être puiser son inspiration dans un autre rayon de sa bibliothèque.

D’autres se veulent plus chics et s’empressent de picorer dans l’un ou l’autre « classique » dont les « meilleures » phrases, libres de droits, apparaissent d’un simple clic dans les dictionnaires des citations sur la toile. Citer Montaigne ou Chateaubriand permet d’apparaître à la fois rassurant (on se réfère aux « anciens »), intelligent (on sait lire) et très classe.

On ne s’étonnera donc pas d’entendre Bart De Wever utiliser quelques propos de Tocqueville plutôt que de Tom Lanoye ou de Dimitri Verhulst. Et dire tout le mal qu’il pense des intellectuels flamands tant qu’ils sont vivants. Et qu’ils n’avancent pas dans le sens des aiguilles de sa montre.

Ne boudons cependant pas les auteurs anciens. A Steven Vanackere, on pourrait conseiller la lecture de « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » de Stig Dagerman (Actes Sud) même si ses collègues ont préféré lui donner comme cadeau d’adieu « Les mémoires d’Outre-Tombe » de Chateaubriand. « Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves « , écrivait l’écrivain-politicien romantique.

Il n’y a pas de fleuves à Bruxelles. Et, avec le départ de Vanackere et bientôt celui de Charles Picqué, plus beaucoup d’hommes politiques « zinneke » au confluent de nos deux cultures.

Tous ceux qui, faute d’autres idées, proposent de déchirer le pays feraient bien de lire Chimamanda Ngozi Adichie. A trente-cinq ans, déjà la plus brillante des écrivains africains. Née au Nigéria, elle raconte dans ses deux romans et un superbe recueil de nouvelles qui vient de paraître (« Autour de ton cou », Gallimard), les blessures laissées par la guerre civile qui a ensanglanté son pays il y a cinquante ans et qui expliquent que, malgré sa manne pétrolière, le Nigéria piétine dans la violence, la division, l’incapacité de construire une démocratie, bref, la barbarie. « Comment une histoire aussi vraie pouvait-elle être dépassée ?» demande un personnage. Magnifique pouvoir de la fiction d’expliquer le monde. De le faire sentir. Mais aussi de le faire aimer même quand il vous prend à la gorge. «Grace réfléchirait longuement à cette histoire, avec une grande tristesse, et elle en viendrait à établir un lien très clair entre éducation et dignité, entre les faits évidents et tangibles qui sont imprimés dans les livres, et ceux, doux et subtils, qui se déposent dans les âmes.»

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TECHNIQUE NAC

Quoi ? Vous ne connaissez pas les NAC ? Prenez garde si vous ne voulez pas être largués. Le monde se divise en deux : ceux qui sont dans le coup (ils connaissent tous les acronymes à la mode) et les autres. Faites donc semblant d’adorer les NAC, sinon vous êtes bon pour la remise à outils au fond du jardin, là où sont déjà rangés ces quelques anciens amis de Facebook qui vous donnaient l’air ringard.

Donc, les NAC. Je vous le glisse à l’oreille. Ces trois lettres désignent les Nouveaux Animaux de Compagnie. Chiens, chats, perruches ? Oubliez ces pauvres bestioles affreusement démodées. Pour être chic aujourd’hui, il faut vivre avec des serpents, des araignées exotiques, des fennecs et autres bébêtes rapportées de votre dernier voyage au Burkina Faso ou en Papouasie et passées sous le nez des douaniers à Zaventem aussi coulos qu’un sachet de cocaïne pour votre copain psychiatre qui n’a pas le temps de voyager.

Le NAC, c’est la dernière façon à la mode pour faire monter l’adrénaline. Pour se sentir vivant, cool et branché, le nec plus ultra est de mettre sur la table de chevet à côté de votre lit une boîte à chaussures dont sortent des grattements bizarres. De peupler votre appartement d’animaux monstrueux qui prouvent que les desseins de Dieu sont impénétrables.

Certains murmurent que ce qui a poussé le pape Benoit XVI à la démission, ce n’est pas la découverte d’un réseau gay mais celle d’un réseau NAC dans les caves du Vatican.

Les NAC, c’est bon pour l’image de marque. Regardez la vie politique italienne. Mario Monti s’est cru malin en s’exhibant à la télé pendant la campagne électorale en tenant dans ses bras un petit chien ridicule. Alors que Berlusconi, lui, recrute dans les soirées bonga-bonga. Résultat, Monti, avec son image démodée, a sombré aux dernières élections alors que le Cavaliere est redevenu le politicien à la mode. On imagine souvent que le citoyen moyen veut être rassuré. Mais, dans le secret de l’isoloir, il finit toujours par se laisser hypnotiser par le serpent ou l’araignée.

C’est ce qu’a compris, avec un peu de retard, Elio Di Rupo. Pour le remplacer à la tête du PS, il avait d’abord placé Thierry Giet, un brave, un doux, un herbivore qui ne ferait pas de mal à une mouche. Les sondages lui ont vite montré son erreur. Avec la souplesse d’un félin, il s’est empressé de le remplacer vite fait par un vrai NAC alors que se profile une campagne législative qui va ressembler à un combat de fauves dans la jungle. Face à un Bart De Wever qui a assimilé toutes les techniques des NAC. Séduction. Hypnotisme. Langue fourchue. Discours paralysant.

« Si l’on pouvait croiser l’homme et le chat, cela améliorerait l’homme mais dégraderait le chat» écrivait Mark Twain. Et si on le croisait avec un NAC ?

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LE PERE NOEL EST UNE BISCOTTE

Les fêtes de fin d’année ne sont pas synonymes de festin pour tous. Pour qui ne peut pas ou n’aime pas ripailles et bombance, décembre est mois de souffrance.

La bûche devient bûcher et la dinde amer.

Imaginez le repas de fête chez les De Wever. Pendant que les enfants s’empiffrent de chocolat autrichien et que sa femme boit la sauce du plat à la petite cuillère, le nouveau maïeur de la métropole du Nord croque ses biscottes au jambon maigre. Même pas une côte de porc, juste son jambon. Vraiment, le porc d’Anvers n’a pas la pèche cette année.

Quelle misère ! Quand tout lui sourit en politique, Bart doit faire ceinture pour garder la peau sur les os. Mais, quelle idée stupide de faire de sa cure d’amaigrissement un cocktail électoral ! Ah ! Il a bonne mine maintenant ou plutôt mauvaise, en surgissant sec comme un hareng saur au milieu des pubs et des émissions télé où la bonne bouffe s’étale en couches appétissantes et joyeuses comme dans tous les étalages qui accompagnent son chemin de croix entre sa maison et l’hôtel communal.

A force de brandir sa maigreur comme preuve de sa force, s’il grossit, son corps électoral perdra aussitôt du poids. Alors qu’à l’époque où il jouait les victimes, il pouvait se consoler en enfilant tout ce qui passait de bon à sa portée, frites, saucisson, gaufres à la crème. Maintenant, cinq kilos en plus c’est cinq cents électeurs en moins.

Qu’il se méfie de ses fausses formes fluettes ! Dans une région qui a gardé pour modèle Breughel, Rubens et Lamme Goedzak, il va finir pas avoir l’air si calviniste que les Flamands vont l’envoyer en Hollande, c’est-à-dire au diable !

C’est une erreur de croire que la diète sied à la crise, qu’il serait indécent pour un dirigeant de se montrer gourmand parce que le PIB stagne. Au contraire, en pleine déprime, le bon vivant est rassurant. On se dit inconsciemment que s’il a trouvé les sous pour se remplir la panse, il nous filera la recette. C’est le secret de la longévité de Berlusconi d’avoir fait croire aux Italiens qu’en le mettant aux affaires, ils goûteront aux mêmes plaisirs que lui. Et la force de Dehaene d’abandonner une banque en déroute la tête haute parce qu’il a le ventre plein. Qui s’inquiète des petites affaires du rondouillard Albert Frère alors qu’on tremble devant les initiatives du trop squelettique Mittal ?

Dans une époque sans utopie, il faut inventer de nouvelles fables pour que l’on ait envie de survivre à la fin du calendrier maya. L’abondance comme nouvelle f’oie ?

Les dirigeants européens devraient y songer, eux qui se montrent si incapables de nous faire rêver. A condition qu’Herman Van Rompuy, songe à se rempailler sérieusement sinon personne ne le croira capable de réussir la multiplication des pains.

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LE VRAI HEROS DES COMMUNALES

  On peut raconter les élections communales de dimanche dernier de bien des manières. Parler de victoires surprise, de défaites déchirantes. S’intéresser aux nouveaux maïeurs plébiscités par l’électeur. Faire le portrait de ceux qui ont obtenu leur trône par traîtrise ou par diplomatie. Mais, comment distinguer un traître d’un diplomate ? Un vainqueur (je suis le champion des voix de préférence !) d’un autre (moi, j’ai réussi à fédérer mes « amis » et à décrocher la majorité absolue !) Un démocrate (ma liste est largement en tête) d’un autre (mon équipe représente la majorité des électeurs !) Tout dépend du point de vue où l’on se place.

Comme dans toute bonne histoire, il n’y a autant de vérités que d’acteurs sur la scène.

Bart De Wever, par exemple. Héros ? Il est le premier homme politique à mettre l’extrême droite K.O. à Anvers. Ou danger mortel ? Il s’est nourri des voix du Vlaams Belang qui risquent d’orienter sa politique.

On pourrait poursuivre l’exercice avec la valse des majorités constituées au gré des amitiés apparentes et des haines secrètes, des intérêts à moitié avoués, alimentés par quelques tenaces rancunes, avec au dernier acte de la pièce, son lot de vedettes défaites ou abandonnées.

Mais une vedette n’est jamais défaite qu’un soir. Joëlle Milquet, Laurette Onkelinx, Patrick Janssens, Stefaan De Clerck et même Philippe Moureaux sont assurés de rester des stars, toujours sous les spots.

En revanche, que va devenir Renaud Carlot ? Carlot, 0 voix de préférence sur la liste CH à Hélécine.

Zéro voix ! Même pas la sienne ! Ni celle de sa famille ! Alors que Joëlle Milquet, avec ses cinq mille voix en sa faveur, sait que ses enfants ont voté pour elle.

La modestie sublime de R. Carlot n’est-elle pas un modèle pour toutes ces grandes gueules qui nous gouvernent ? Carlot ne règnera pas sur la Belgique – peut-être tant mieux- ni sur sa commune. Pourtant, n’a-t-il pas passé autant de temps que Rudi Cloots (champion des voix de préférence du coin avec ses 1008 fans) à coller ses affiches, à distribuer ses tracts, à serrer des mains en souriant bêtement le jour de la kermesse aux boudins au lieu de regarder « Belgium’s got Talent » sur RTL ? Sans le moindre résultat.

Sans doute, n’a-t-il pu s’empêcher pendant les nuits qui précédaient le scrutin de se voir en costume trois pièces, ceint de l’écharpe tricolore, début d’une irrésistible ascension. Bourgmestre de Hélécine d’abord, premier ministre demain, président des Etats-Unis d’Europe dans la foulée. Mais avec zéro voix ?

Allez, Renaud, une petite consolation pour finir. Calogero Vinciguerra a fait une voix sur la liste Vinci à Tubize. Veni, vidi, vici

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L’ESPRIT DE L’ESCALIER

   L’autre jour, en arrivant à Liège, j’ai désespérément cherché un escalator pour changer de quai à la gare des Guillemins. Pas d’escalier mécanique, pas de banc non plus. Tout le mobilier s’était envolé, emporté dans les ailes si belles tracées par Calatrava, un architecte qui fait dans le génie, pas dans les transports en commun. Un artiste qui n’a jamais dû prendre un train dans sa vie. Jamais attendu dans une gare, jamais porté de bagages.

A la gare du Palais, une petite halte quelques kilomètres plus loin, signée d’un architecte modeste et inconnu, enfin un escalator ! Mais à l’arrêt ! Bien échauffé grâce à Calatrava, j’ai grimpé allègrement les marches de l’escalier mécanique aussi figées que le robot qu’affrontaient Jo, Zette et Jocko dans « Le Manitoba ne répond plus ». Au sommet, un avis m’attendait : la SNCB présente ses excuses aux voyageurs. L’escalator est définitivement hors service.

Définitivement hors service. Rêvons un peu. Tout s’arrête une fois pour toute. La Belgique, l’Europe, le monde. Enfin ! Plus un bruit, plus ce mouvement incessant, cette alerte permanente, ces écrans scintillants qui nous encerclent, nous interpellent, nous donnent des ordres auxquels nous obéissons sans plus réfléchir, saoulés par la marée. Hors service. Quel soulagement !

Imaginez que dans deux dimanches, au moment de voter Bart de Wever, l’écran annonce à l’électeur anversois dewéverisé: le ministère de l’intérieur présente ses excuses aux électeurs. La machine est définitivement hors service.

Ou en Floride, au moment de bourrer les urnes de faux bulletins à la gloire de Romney, soudain, la machine se révolte et les rejette en crachotant. Hors service !

A quoi bon voter d’ailleurs ? Les résultats sont, paraît-il, courus d’avance. Les sondages, les réseaux sociaux en état de vote permanent et les accords électoraux pour éviter toute surprise semblent avoir bouclé une fois pour toute le sort de la démocratie communale. Tout est bloqué ? Nous votons comme les sondages, Facebook et les partis l’ont décidé ?

A moins que quelques courageux ne s’avisent de bousculer la soi-disant logique, d’arrêter le mouvement perpétuel-consensuel pour grimper en haut de l’affiche à la seule force de leurs muscles.

Certes, Di Rupo se passera bien d’escalators en panne ou pas. Lui, il est assuré d’être déposé au sommet du maïorat de Mons comme un plume sur un nuage. Mais à Anvers ? Et dans quelques autres villes phares du pays ? On tremble à l’idée que l’escalator se remette en route et emporte tout au passage ! Pourvu que les effets mécaniques, promis par les sondages et le web s’arrêtent pour laisser les meilleurs s’affronter vraiment à la force du poignet !

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