BART AU BOIS DORMANT

 

Quand ma maman me lisait « La Belle au Bois dormant », je restais toujours sur ma faim. L’histoire se terminait au moment où le prince donnait un baiser à la Belle. Elle se réveillait, ils tombaient dans les bras l’un de l’autre. Et, hop ! Rideau ! Or, je le sentais bien, après la fin, l’histoire ne faisait que commencer. Voilà comment, docteur Freud, on fabrique des générations d’enfants frustrés.

Je ne sais pas si madame De Wever racontait aussi ce beau conte à son fils, Bartje, – et quelles séquelles il en a gardé – mais, consciemment ou non, devenu grand, le voilà en train de rejouer la belle aventure de Belle au Bois dormant. Et surtout de la compléter. Sacré Bart ! Il va décomplexer les petits flamands !

Dans sa version, revue et corrigée, l’intrigue a un peu évolué. Changement d’époque oblige. La révolution sexuelle est passée par là, au lieu de se taper une princesse, prince Bart doit s’en farcir six. On espère que l’homme a du tempérament. Comme dans la version originale, elles dorment depuis que la mauvaise fée leur a lancé un sort mais certaines ont le sommeil plus agité que d’autres. Charles Michel est hyperkinétique même quand il rêve (ce qui oblige le prince à bien des contorsions avant de déposer ses lèvres sur les siennes) alors que Benoît Lutgen, lui, écrase tranquillement, offrant un corps parfaitement immobile aux baisers princiers. Pour compliquer le scénario, l’auteur a introduit des princesses jumelles que le prince doit embrasser ensemble s’il veut les glisser dans son lit. Ainsi, la jolie Wouter et son clone Kris, deux beautés pour le prix d’une. Mais qu’il faut prendre ensemble ou pas du tout. Ou Elio et Paul, aussi soudées que des sœurs siamoises.

Seigneur ! Où est l’innocence des temps anciens ? Maintenant, c’est tournante et trio d’enfer…

Jadis, un baiser et c’était dans la poche. La princesse se donnait au beau prince. Après, c’était bonheur, enfants mignons et musique sirupeuse made by Disney. Ca, c’est la légende. Dans la réalité, avec six fiancées sur les bras, c’est une autre paire de manches ! De loin, vous enviez prince Bart, vous croyez que six femmes dans un harem, c’est stupre, plaisir et fornication. Pas du tout ! C’est jalousie, violence et crêpage de chignons. Et, le pire, c’est la répartition des tâches ménagères. Un vrai sac de nœuds ! Laurette refuse de faire la vaisselle, Wouter de torcher les lardons. En comparaison, la réforme de l’état est aussi facile à mettre en place que pour un premier ministre chanter l’hymne national. Avec toutes ses princesses sur le dos, je ne vous dis pas dans quel état sera prince Bart dans quelques mois. Je vous parie qu’il n’aura qu’une seule envie, supplier la méchante fée de faire retomber ses belles dans un sommeil éternel et lui, jeter sa couronne aux orties !

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