OETTINGER EPAIS

Jadis, beaucoup de gouvernements envoyaient à la commission européenne les politiciens dont ils ne voulaient plus ou auxquels ils étaient obligés d’offrir un bâton de maréchal. Dans le lot, il y avait donc souvent pas mal de fins de série et de soldes à prix cassé. A chaque nouvelle commission, on nous promet que cette époque est révolue. Mais chaque fois, on dirait que c’est pire.

Pouvait-il y avoir plus poussiéreux rossignol à offrir à la clientèle européenne que le « président» Barroso ? Cireur de pompes infatigable des chefs d’état puissants et véritable fossoyeur de la politique européenne dont il symbolisait tous les défauts : technocratie incompréhensible, opaque et inhumaine. Auxquels on peut ajouter, depuis son reclassement chez les brigands de Goldman Sachs, l’amour immodéré du pognon et le mépris des citoyens au service desquels il  prétendait œuvrer.

Avec Jean-Claude Juncker, on croyait cette page tournée. Mais non, la liquidation continue pendant les travaux. Bien sûr, après sa défaite électorale de 2013, le nouveau gouvernement luxembourgeois a été heureux de le refiler vite fait à Bruxelles mais ses déclarations musclées au début de son mandat laissaient croire que lui et ses compères avaient enfin compris la nécessité d’un rebond. On allait voir ce qu’on allait voir. Une Europe vent debout, nettoyant ses placards et liquidant ses momies.

Las ! On a vu des dirigeants assommés par la sortie de la Grande-Bretagne, incapables de se présenter devant le Parlement avec une feuille de route offrant une vision et des perspectives aux citoyens de l’Europe continentale.

Le président Juncker semble aussi aveugle et sourd à propos de la perfidie de son prédécesseur qu’il l’avait été quand les services de renseignement de son pays avaient constitué des fichiers illégaux (ce qui avait provoqué sa démission), ou lors de la publication des Panama Papers qui montraient les liens entre son pays et le paradis fiscal bananier. Il n’avait pas prévu non plus que l’opacité et les à peu près du Traité CETA allaient lui péter à la figure.

Et le voilà maintenant même incapable de remonter les bretelles de son commissaire Günther Oettinger. Le commissaire à l’économie et à la société numérique a un langage très châtié. Traitant « nos amis Chinois » de types « peignés de gauche à droite avec du cirage noir », l’Allemagne de pays qui s’occupe de « rendre le mariage homosexuel obligatoire » et la Wallonie de « micro-région dirigée par des communistes».

En remerciement de ce langage « vrai » et « viril », M. Oettinger reçoit en prime le portefeuille du budget et des ressources humaines avant peut-être de devenir vice-président de la Commission.

Ne reste-t-il donc que Trump, devenu président des Etats-Unis, pour lui écraser la gueule ?

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CRUCIFIXION

D’après les derniers sondages, la cote de popularité du président Hollande est sur le point de plonger en dessous de zéro. Comme dans les banques, il faudra bientôt payer pour l’aimer…

Cette histoire de sondages, vous savez, ça va, ça vient. Hitler bénéficiait d’une cote de popularité au zénith en Allemagne et en Autriche (et dans quelques pays voisins) à la fin des années trente. Ou Staline juste après la guerre. Aujourd’hui, ach ! ce sont des monstres qu’on évoque pour faire peur aux enfants en ces jours de Halloween.

Que Hollande se console en se disant que les sondages réalisés à Jérusalem en l’an 33 montrent que Jésus de Nazareth était encore plus impopulaire que lui. Rien n’est donc perdu. Si François Hollande rêve d’un destin aussi exceptionnel que son jeune collègue, on lui conseille quelques trucs, qui ont permis que le Nouveau Testament reste en tête du hit parade depuis plus de deux mille ans. Et que son programme de réformes soit toujours un modèle, mais si, mais si.

Première règle : changer le calendrier. L’idée de décliner les années à partir de la mort de Jésus n’a pas été pour peu dans son succès, la médiatisation de son nom dans tous les foyers, le rappel incessant de sa personnalité.

Si un jour, on commence à compter à partir de la mort politique de FH, ce n’est pas encore gagné mais c’est déjà un premier pas vers la gloire. Saluer l’élection de Ségolène Royal en l’an 10 après FH, avouez que ça a une autre gueule que d’écrire qu’elle a été élue en 2027 après JC (exactement au même âge qu’aura Hillary Clinton lorsqu’elle briguera un second mandat).

Faut aussi qu’il s’assure quelques belles plumes pour saluer son bilan, répéter ses plus belles citations et lui tresser des lauriers. La grande erreur du président français est d’être incapable de déléguer. Il veut à tout prix faire le travail lui-même. Résultat, il se plante. Ses petites pensées, ses petites phrases, ses petites envolées ne suscitent pas le moindre écho, sinon quelques sarcasmes, quand c’est lui qui les exprime.

Socrate a été assez malin pour ne pas laisser la moindre trace écrite. Depuis des siècles, grâce à Platon et à Xénophon, il est devenu l’un des piliers de la philosophie.

Et Jésus ? Ce sont ses fans qui en ont fait une icône, Matthieu (un ancien collecteur d’impôts comme Macron), Luc (un médecin comme Cahuzac) ou Paul (grand voyageur comme Laurent Fabius, son ex-ministre des affaires étrangères). Evidemment, réunir dans un même volume une hagiographie de Hollande signée par Macron, Cahuzac et Fabius paraît plus insurmontable que de faire le chemin de croix à genoux ou de marcher sur le lac Tibériade. Mais si ce miracle se réalise, pas de doute, Hollande sera un Dieu. Sinon, ce sera l’Apocalypse…

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CETA, C’EST MOI !

Paul Magnette dans le rôle du Roi-Soleil, faiseur et défaiseur de l’Europe ?

N’exagérons pas. Même si le cou du président wallon a gonflé de manière inquiétante ces dernières semaines au rythme des interviews accordées à la presse internationale, venue en masse découvrir à quoi ressemble le cœur de la courageuse résistance socialiste contre les manœuvres des redoutables multinationales américaines.

Oublions Louis XIV. Le budget de la région n’a pas de quoi s’offrir Versailles et ne paraît pas attirer à l’Elysette un Molière, un Racine ou un Corneille carolo. Quoique le CETA soit un excellent sujet de comédie et de tragédie. Entre « Les Femmes savantes » et « L’Illusion comique ». Espérons néanmoins que le règne du président wallon ne se terminera pas comme celui du monarque français par une gigantesque famine doublée d’une guerre civile.

Disons plutôt qu’avec le président du Parlement wallon, André Antoine, Magnette ressemble à Astérix et Obélix, symboles du petit village gaulois qui résiste à l’envahisseur.

Le duo comique a décidément la cote en politique belge. Du côté fédéral, le couple Michel-De Wever évoque une autre paire comique, Laurel et Hardy (le génie humoristique et le talent en moins évidemment.)

Toutes les autres régions d’Europe, dont la Flandre, et tous les Etats membres ont bêtement accepté les yeux fermés que l’Europe signe l’accord commercial négocié depuis des années avec le Canada. Sauf la Wallonie.

C’est vrai, il arrive qu’un homme ait raison seul contre tous, qu’un Galilée ou un Giordano Bruno ouvre les yeux de la multitude. Mais, je l’avoue, je n’ai pas eu la patience ni le courage de lire l’accord CETA jusqu’au bout de ses mille cinq cents pages de texte en anglais. Et je parie mon billet de l’EuroMillions qu’il n’y a pas beaucoup de députés wallons qui ont pris la peine d’analyser chaque page de ce texte avant de le rejeter…

Et tout aussi peu de représentants italiens, espagnols, slovaques, flamands, polonais ou bulgares qui l’ont approuvé après avoir sacrifié leurs soirées télé pour étudier les mille et une dispositions qui libéralisent le commerce entre les deux côtés de l’Atlantique nord.

Dire que certains suggèrent de soumettre l’approbation du Traité à référendum de la population !

L’inquiétant de cette affaire ? Ce n’est ni les poses électoralistes des uns ni les appels à la raison des autres. C’est que ni les uns ni les autres n’y comprennent rien. Les citoyens comme leurs principaux dirigeants ne savent exactement de quoi on parle.

N’est-ce pas de plus en plus souvent le cas de ces textes qu’on bricole entre grand messe gouvernementale et commissions parlementaires nationales ou européennes et que personne ne parvient à traduire en termes simples, seule garantie de la démocratie ?

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LETTRES D’AMOUR

La publication des lettres d’amour de François Mitterrand à Anne P. révèle bien des choses. L’homme politique dévoré par l’ambition l’était aussi par la passion amoureuse. Caché au fond de son cœur glacé, il y avait donc un coin vivant et brûlant ? Bonne nouvelle pour les astronomes. Les mondes de pierre qui nous entourent ne sont peut-être pas aussi morts qu’il y paraît.

Que la destinataire de ces missives prenne l’initiative de les publier est aussi révélateur. La vie privée a fondu comme neige au soleil. La femme de César était aussi transparente que celles du général de Gaulle ou de Léo Tindemans. A une époque où les hommes et les femmes politiques ne sont plus capables de faire de la politique, que peuvent-ils nous proposer sinon leur jardin plus ou moins secret ? Leurs amours plutôt que leurs petites idées pour réaliser des économies dans les soins de santé ou sur les chômeurs. Charles Michel aurait dû y penser avant de se lancer dans son épuisant raout budgétaire. Une partouze au château au lieu d’un conclave. Kris Peeters n’aurait jamais pris la porte.

Des missives romantiques au lieu d’un programme ? Cette ruse machiavélique peut séduire les électeurs en mal de « nouvelles frontières » (une expression qui faisait jadis rêver mais que personne n’oserait plus utiliser depuis que la crise des réfugiés est au cœur des campagnes électorales).

François Hollande, qui n’a plus rien à perdre, pourrait peut-être tenter la manœuvre en laissant fuiter les bonnes pages de sa correspondance avec Angela Merkel.

« Meine Liebe,

J’ai bien du remords à l’idée d’arrêter la centrale nucléaire de Fessenheim. Si je ne cesse de reporter le stupide engagement que j’ai pris pour me faire élire, c’est que je ne supporte pas l’idée de voir son cœur se refroidir peu à peu alors que le mien brûle de te réchauffer et le tien de m’éclairer. »

Hélas pour Hollande, le roi de la malchance, Vladimir Poutine dont l’image en Occident est calamiteuse, vient d’envoyer à son éditeur copie des bafouilles qu’il avait adressées à l’époque où il était agent du KGB en Allemagne de l’Est à l’ardente Angela, une joyeuse époque où ils flirtaient tous les deux sous le mur de Berlin.

« Meine Liebe,

Je passe mes nuits à lire et relire ton mémoire sur l’« Influence de la corrélation spatiale sur la vitesse de réaction dans les réactions élémentaires bi-moléculaires en milieu dense ». J’en sors fiévreux, haletant. J’ai compris le message subliminal que tu m’envoies à travers ton travail. La vitesse de réaction, les réactions élémentaires. Oui, c’est de moi que tu parles. Et le milieu dense, celui dans lequel les molécules de nos corps vont fusionner. Ach ! »

De la raison politique au délire amoureux, a-t-on vraiment perdu au change ?

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CHERE MADAME LA BANQUE

Qu’il est loin le temps où je vous contais fleurette.

Quand j’étais bambin, je vous aimais déjà en secret. Chaque semaine, je collais dans le carnet d’épargne jaune que vous m’aviez offert des timbres de 1 franc, de 5 francs, parfois de 10. A la fin de l’année, je venais fièrement vous montrer mon carnet plein de taches multicolores avec autant d’émotion que j’allais serrer la pince de Saint Nicolas à l’étage d’un grand magasin de la rue Neuve.

Plus tard, nos relations ont continué, plus intimes, plus intenses. Je vous rendais visite à l’insu de mes parents. Vous et moi, vous en souvenez-vous ?, nous parlions argent et c’était bon – contrairement à ce que racontent quelques esprits gnian-gnian.

Vous m’avez tout appris, tout montré, tout permis, emprunter, placer, déplacer, assurer, dépenser, surtout dépenser. Qu’est-ce que j’ai pu dépenser pour vous plaire ! Rien n’était trop cher.

L’âge venant, vous paraissiez un peu moins folle. Plus maquillée. Plus rondelette – beaucoup plus rondelette. C’est que j’aime me nourrir de mes voisines, m’avez-vous expliqué avec un petit rire quand je me suis permis de vous en faire la remarque.

Vos goûts anthropophages m’ont effrayé, je l’avoue. Vous commenciez aussi à devenir trop grande pour moi et je lisais dans vos beaux yeux qu’un jour peut-être, pour combler une petite faim, je risquais moi aussi de passer à la casserole.

Un autre événement est venu bouleverser nos relations. Je n’ai pas aimé que vous perdiez votre accent bruxellois. J’appréciais beaucoup votre naturel, votre laisser-aller.

Je sais mais c’est devenu un handicap pour séduire la nouvelle génération, m’avez-vous répondu sans gêne. J’ai compris que c’était votre façon élégante de me faire entendre que je ne suffisais plus à votre bonheur. Croyant attirer d’autres hommes, plus jeunes que moi, et qui ne connaissaient pas encore tous vos trucs, vous vous êtes mise à parler avec l’accent français, hollandais, américain. Cela me choquait. J’avais l’impression d’entendre une star dont la séduisante voix originale a été mal doublée.

Enfin, vous vous êtes acoquinée avec des voyous, que vous acceptiez d’accompagner dans des voyages lointains, des mecs improbables qui vous promettaient la lune, qui vous faisaient croire qu’ils avaient encore plus d’argent que vous et que vous alliez pouvoir vous aussi profiter de leurs combines pourries et de leurs mises en scène bling-bling.

Cette fois, c’est vous qui êtes tombée dans le piège. Et vous avez failli y laisser votre peau. Vous avez tenté de revenir en arrière, de retrouver votre virginité. Mais c’était trop tard.

On ne veut plus de vous. Vous avez fait votre temps. Place aux créatures du vingt et unième siècle, poupées gonflables et robots.

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TROUBLANT TROU NOIR

Quelle histoire pour un trou noir de quatre milliards et des poussières alors qu’en Arabie saoudite, le gouvernement cherche près de nonante milliards au fond des sables sans susciter la moindre protestation des chameaux. Evidemment, dans ce royaume, il suffit d’augmenter de quelques dollars le prix du baril de pétrole pour que ses habitants puissent à nouveau faire leur marché chez les joailliers de Genève après un petit détour par la F.N. de Herstal.

L’augmentation du prix du tonneau de bière ne risque pas d’entraîner les mêmes effets sur notre budget fédéral. Surtout que notre gouvernement n’a aucune prise sur le cours de la bière belge vu qu’elle est devenue brésilienne ni sur aucun de nos autres bijoux de famille qui, un à un, ont été dispersés aux quatre coins du monde.

La vraie différence entre l’Arabie et la Belgique tient à la qualité de la communication. Qui a jamais entendu un discours du premier wahhabite ? La moindre promesse de sa part ?

Nos dirigeants, eux, se croient obligés de jouer sans cesse les Matamore, de promettre le retour du printemps alors que l’automne vient de commencer. Lors de la mise en orbite du gouvernement kamikaze, pourquoi avoir annoncé que l’équilibre des finances publiques, c’était pour demain ? Que la droite faisait des économies là où les socialistes ne sont capables que de dépenser ? Blablabla. Ca a peut-être permis à Charles Michel de caracoler pendant quelques mois en tête du hit parade en Flandre, entre deux présentatrices de la télé flamande. Mais plus dure sera la chute.

Notre Micheleke ressemble soudain au pauvre président Hollande qui avait promis aux Français la diminution du chômage, la main sur le cœur (à gauche). Il avait même ajouté : si le chômage ne baisse pas, juré-craché, je ne me représenterai pas. L’a l’air malin maintenant.

Charles Michel a un peu plus de temps que lui pour sortir de ce pétrin mais pas beaucoup.

Conscient des prochaines échéances, il s’est mis en chasse. Lors de son voyage à New York, il s’est littéralement jeté sur George Clooney. Vous avez vu cette photo où la star essaye à toute force de s’arracher à l’étreinte de cet étrange barbu qu’il n’a jamais vu et qu’il prend pour un mendiant un peu collant ?

Quand il a appris le montant de la fortune de Brad Pitt, on comprend que notre Premier ait eu l’idée de taper son copain George. Mais était-ce vraiment le bon interlocuteur ?

On peut adorer l’acteur, peut-être le meilleur de sa génération (who else ?), et considérer qu’il est nettement moins doué en politique. L’indépendance du Sud-Soudan, c’était son œuvre. A côté de la guerre civile qui se déroule dans ce pays à peine né et déjà en état de mort clinique, les querelles entre Flamands et francophones sont d’aimables ketjesspel.

On ne vit peut-être pas si mal avec une petite ardoise…

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ZOMBIES. LE RETOUR

Ce sont les esclaves qui ont apporté jadis dans les Caraïbes le culte des morts vivants, ces êtres maléfiques et terrifiants qui s’en prennent avec violence aux humains. Mais il ne faut pas croire que les zombies ne hantent que l’île d’Haïti. Une partie d’entre eux sont restés dans la brousse où ils continuent d’errer, de faire peur et de persécuter les êtres vivants qui ont le malheur de tomber sous leur coupe. Dans l’ouest du Congo, on les appelle les  Mvumbi et les Nsumbi. Dans la province du Bandundu, le peuple Kongo les désigne en tremblant sous le nom de Nzambi ou de Nzumbi.

Jusqu’ici, on ne les apercevait que dans les campagnes, la nuit, où ils s’en prenaient aux audacieux qui osaient défier la lune et le sommeil. Voilà qu’ils gagnent les villes. Leur équipée spectaculaire et sanglante sur Kinshasa a provoqué d’épouvantables massacres. Se faisant passer pour des membres des troupes présidentielles ou se déguisant en militaires, ils se sont jetés sauvagement sur les manifestants, des civils, des citoyens, qui défilaient sans armes pour faire respecter la loi et la constitution congolaise.

Personne ne peut penser que les troupes régulières d’un président qui se prétend démocratiquement élu se soient comportés avec une telle barbarie. Seuls des Mvumbi et des Nzumbi sont capables de telles atrocités. Ou alors, il faut croire que le président Kabila, victime d’un terrible sorcier, s’est transformé lui-même en zombie, ce que son comportement suggère de plus en plus régulièrement.

De qui alors Kabila jr est-il la réincarnation ? On n’a que l’embarras du choix. L’histoire congolaise n’est faite que de violences. Celle d’une partie des colonisateurs belges dès qu’ils se sont emparés de cette terre merveilleuse. Mais, dès l’indépendance et depuis, un certain nombre de personnages se sont empressé de jouer eux aussi aux monstres, de tuer sans états d’âme pour le profit, le pouvoir ou même pour le plaisir. Allez comprendre la psychologie d’un mort-vivant….

Mobutu a été gagné par la fièvre zombie dès qu’il est monté sur le trône. Le pouvoir est une maladie mortelle et contagieuse. Ses successeurs l’ont prouvé. Ainsi que les barbares qui ravagent l’est du Congo ou les génocidaires hutus installés au Congo.

Ne nous voilons pas la face, à l’heure de la mondialisation, les morts-vivants traversent les continents aussi facilement que les fonds de pension, les multinationales et l’ex-commissaire européenne Neelie Kroes. Ils sont partout, au Moyen Orient, derrière les attentats terroristes chez nous,  excitant les fous de la gâchette aux USA.

Méfions-nous de Trump et de Sarkozy. Avant de leur donner le code de l’arme atomique, exigeons qu’une commission médicale les examine pour vérifier s’ils ne sont pas déjà des morts-vivants comme le murmurent certains initiés.

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CA VOUS CHATOUILLE OU CA VOUS GRATOUILLE ?

Selon le médecin personnel de Donald Trump, son patient sera « la personne dotée de la meilleure santé jamais élue à la présidence des Etats-Unis ».

On suppose qu’en bon scientifique, respectueux de la déontologie et des règles élémentaires de sa profession, le toubib a pris soin d’examiner l’état des quarante-quatre prédécesseurs de son client – dont un certain nombre au fond de leurs tombes – avant de poser d’un ton péremptoire ce diagnostic qui tue.

Il n’y avait jusqu’ici pas grand-chose que Hillary Clinton pouvait emprunter à son adversaire pour booster sa campagne. Il y en a maintenant une, son médecin. Un homme qu’elle a intérêt à débaucher sur-le-champ et à n’importe quel prix. Depuis le médecin personnel de François Mitterand, aucun dirigeant politique n’a eu à son service de plus parfait charlatan. Si elle parvient à le faire changer de camp, bingo, c’est la victoire assurée pour elle le 8 novembre prochain.

Le dramatique coup de chaud d’Hillary – devenu quelques heures plus tard un sérieux coup de froid – démontre que, désormais, ce sont les virus et les microbes qui élisent les maîtres du monde et non les bêtes citoyens. Décidément, nos démocraties sont bien malades.

Donald Trump a cependant tort de se frotter trop vite les mains. Qu’il se rappelle cette réplique du Docteur Knock de Jules Romains : «  Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ! »

Cette affaire, qui en d’autres temps n’aurait été qu’une péripétie dans l’impitoyable campagne électorale américaine, survient dans un contexte électoral chargé. En France, en Espagne, en Italie, dans quelques mois en Allemagne, ça va chahuter dans les isoloirs. Société du spectacle  et de la communication oblige, les citoyens ont de plus en plus l’illusion de croire qu’il suffit que s’installe aux commandes de la nation une espèce de Superman/woman pour que, d’un coup de sa baguette magique kryptonienne, les terroristes (et les migrants) vont s’arrêter à la frontière, l’économie va repartir, les chômeurs vont reprendre en sifflant le chemin du boulot, les pensions vont augmenter et les impôts diminuer.

Même un président de la stature et de la classe d’Obama n’a pu mener à bien la plupart de se projets les plus incontestables, même pas réduire la place des armes à feu dans son pays. Ne parlons pas de Hollande qui, avec une majorité parlementaire quasi à sa botte, s’est englué  sous une pluie battante ininterrompue chaque fois qu’il pointait le bout de son nez avant de sombrer corps et biens.

Hélas, les populistes ne sont pas seuls à nous vendre ce récit simpliste. Nos dirigeants respectables ont aussi adopté cette manie de confondre parler et agir et distribuent leur image, comme au catéchisme, en guise de gri-gri contre tous les maux.

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DEBOUT LES DAMNES, ETC

Goblet, reviens, ils sont devenus fous !

Depuis que Marc Goblet s’est retiré, tout va de travers: les patrons licencient à la pelle et les travailleurs, au lieu de se révolter, de défiler dans les rues de Charleroi sur les énormes engins flambant neufs qu’ils viennent de fabriquer, continuent d’aller tranquillos au turbin. Même les TEC n’ont pas connu un jour de grève. Même les TEC !

On pensait que la classe ouvrière n’avait plus que ses yeux pour pleurer et le mouchoir de Paul Magnette pour les essuyer jusqu’à l’annonce surprise de Charles Michel.

Je suis prêt, a-t-il annoncé la voix un peu tremblante tout de même, et le poing timidement levé, de reprendre le rôle du flamboyant leader syndical, après le refus cassant de Marie-Hélène Ska. La patronne de la CSC a déclaré en effet à propos de son ancien collègue, désolé, les mecs, un mâle pareil, il n’y qu’un autre mâle pour le remplacer. Imagine-t-on le Roi Lear jouée par une femme ?

Avec sa belle barbe, Charles Michel a donc senti que l’annonce de la fermeture de Caterpillar ouvrait une nouvelle page de son destin. Du ciel, une voix lui a murmuré à l’oreille : Charles, le moment est venu pour toi de changer de registre.

Fini les cocktails avec les patrons, où il est obligé de parler néerlandais pour tenir son rang face aux leaders de la N-VA, fini les voyages autour de la planète pour vanter en anglais les bienfaits des intérêts notionnels et de toutes nos autres turpitudes fiscales réservées aux capitaux lointains pour les attirer dans notre pays fatigué. Fini tout ça. Charles $ Michel est mort. Vive Charles camarade Michel !

Dans son nouvel habit, il peut crier haut et fort et en wallon sa solidarité avec le prolétariat. Debout les damnés de la terre wallonne ! Paul Magnette et Raoul Hedebouw en restent comme deux ronds de flancs, dépassés sur leur extrême gauche. Celui-là, ils ne l’avaient pas vu venir. Pas plus que son appel à faire « l’union sacrée » avec toutes les forces de Wallonie, entendez les socialistes pour « soutenir les travailleurs » contre l’abominable capitaliste américain. Tremblez, au fond de l’Illinois !

Pour un premier essai, franchement, c’est pas mal, mais pas encore tout à fait ça. Le vocabulaire est un peu pauvre, un peu plat, la voix ne porte pas très loin, certainement pas jusqu’aux Etats-Unis. On sent notre jeune Premier pas tout à fait à l’aise dans le costume, avec son foulard rouge trop neuf, un casque jaune tout juste sorti du stock américain et la photo de Raoul Hedebouw au mur.

Charles devrait peut-être potasser son Shakespeare pour monter en puissance. Dans « Le Roi Lear » justement, il trouvera une belle formule : « C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles ». A condition de préciser que le fou est américain et non pas le chef du gouvernement belge…

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UBER ALLES !

Merci madame la Poste ! Une fois de plus, en avance sur l’histoire.

Après avoir remplacé les facteurs par des livreurs de pizza et les buralistes par des caissières de Delhaize, voilà une nouvelle trouvaille pour remplir ses obligations de service public : faire livrer les colis par les citoyens eux-mêmes plutôt que par les facteurs. Ils coûtent chers, les facteurs, ils sont syndiqués et se plaignent sans arrêt.

L’Uberisation va remplacer désormais toutes ces bêtes règles du droit du travail qui rendent nos entreprises si peu compétitives. En utilisant les voisins ou les voisins de nos voisins des villes voisines, c’est juste un p’tit coup de mains entre amis. Plus de rémunération minimum, de retenues sociales et fiscales, de préavis impayables, de congés payés. Fini, toutes ces absurdités d’un autre temps.

Et, si le voisin est trop pris par le football pour rendre un petit service à la poste, jouer taxi ou remplacer la comptable, il enverra ses lardons. Quoi le travail des enfants ? Encore une invention des socialistes pour contrarier le développement de nos industries.

Le foot, parlons-en. Nos clubs ne sont plus en mesure d’assumer les salaires vertigineux de stars bling-bling aux pieds cousus d’or sans faire appel à la maffia russe ou aux cheiks arabes ? Il y a un autre moyen. Remplaçons-les par les supporters. Ils seront peut-être moins efficaces que les pros de l’équipe adverse mais ils seront beaucoup plus nombreux sur le terrain. Surtout, ils ne coûtent pas chers et ils ont plein de copains pour les encourager au lieu de passer leur temps à critiquer joueurs et coach.

Les gardiens de prison s’entêtent à se croiser les bras ? Remplaçons-les par les détenus eux-mêmes. Vous verrez quelle discipline ils feront régner à Lantin et à Andenne.

Les chauffeurs des TEC laissent leurs véhicules rouiller dans les dépôts ? Quelques camionneurs polonais sont tout prêts à les remplacer entre deux livraisons.

La politique aussi a tout à gagner à la culture Uber. Fatigués d’une classe politique empêtrée dans ses querelles byzantines et incapable de nous faire rêver, les citoyens prendront avantageusement la place de nos excellences démodées.

Un barbecue à la centrale de Doel pour profiter des fuites, c’est tout de même plus drôle, plus rentable et plus utile qu’un discours de madame Marghem.

Pour soulager les policiers et les soldats accablés de fatigue après des mois de corvées, les artistes de cirque sont prêts à les suppléer. Un dresseur de lions face à un terroriste, c’est autrement plus sûr qu’un pauvre trouffion. Autant qu’un prestidigitateur pour faire disparaître en deux tours un colis suspect. Et, pour contenir des manifestants hostiles, qui sera plus efficace, des flics ou des clowns ?

Reste Charles Michel, irremplaçable dans le rôle de l’équilibriste.

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