OETTINGER EPAIS

Jadis, beaucoup de gouvernements envoyaient à la commission européenne les politiciens dont ils ne voulaient plus ou auxquels ils étaient obligés d’offrir un bâton de maréchal. Dans le lot, il y avait donc souvent pas mal de fins de série et de soldes à prix cassé. A chaque nouvelle commission, on nous promet que cette époque est révolue. Mais chaque fois, on dirait que c’est pire.

Pouvait-il y avoir plus poussiéreux rossignol à offrir à la clientèle européenne que le « président» Barroso ? Cireur de pompes infatigable des chefs d’état puissants et véritable fossoyeur de la politique européenne dont il symbolisait tous les défauts : technocratie incompréhensible, opaque et inhumaine. Auxquels on peut ajouter, depuis son reclassement chez les brigands de Goldman Sachs, l’amour immodéré du pognon et le mépris des citoyens au service desquels il  prétendait œuvrer.

Avec Jean-Claude Juncker, on croyait cette page tournée. Mais non, la liquidation continue pendant les travaux. Bien sûr, après sa défaite électorale de 2013, le nouveau gouvernement luxembourgeois a été heureux de le refiler vite fait à Bruxelles mais ses déclarations musclées au début de son mandat laissaient croire que lui et ses compères avaient enfin compris la nécessité d’un rebond. On allait voir ce qu’on allait voir. Une Europe vent debout, nettoyant ses placards et liquidant ses momies.

Las ! On a vu des dirigeants assommés par la sortie de la Grande-Bretagne, incapables de se présenter devant le Parlement avec une feuille de route offrant une vision et des perspectives aux citoyens de l’Europe continentale.

Le président Juncker semble aussi aveugle et sourd à propos de la perfidie de son prédécesseur qu’il l’avait été quand les services de renseignement de son pays avaient constitué des fichiers illégaux (ce qui avait provoqué sa démission), ou lors de la publication des Panama Papers qui montraient les liens entre son pays et le paradis fiscal bananier. Il n’avait pas prévu non plus que l’opacité et les à peu près du Traité CETA allaient lui péter à la figure.

Et le voilà maintenant même incapable de remonter les bretelles de son commissaire Günther Oettinger. Le commissaire à l’économie et à la société numérique a un langage très châtié. Traitant « nos amis Chinois » de types « peignés de gauche à droite avec du cirage noir », l’Allemagne de pays qui s’occupe de « rendre le mariage homosexuel obligatoire » et la Wallonie de « micro-région dirigée par des communistes».

En remerciement de ce langage « vrai » et « viril », M. Oettinger reçoit en prime le portefeuille du budget et des ressources humaines avant peut-être de devenir vice-président de la Commission.

Ne reste-t-il donc que Trump, devenu président des Etats-Unis, pour lui écraser la gueule ?

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CETA, C’EST MOI !

Paul Magnette dans le rôle du Roi-Soleil, faiseur et défaiseur de l’Europe ?

N’exagérons pas. Même si le cou du président wallon a gonflé de manière inquiétante ces dernières semaines au rythme des interviews accordées à la presse internationale, venue en masse découvrir à quoi ressemble le cœur de la courageuse résistance socialiste contre les manœuvres des redoutables multinationales américaines.

Oublions Louis XIV. Le budget de la région n’a pas de quoi s’offrir Versailles et ne paraît pas attirer à l’Elysette un Molière, un Racine ou un Corneille carolo. Quoique le CETA soit un excellent sujet de comédie et de tragédie. Entre « Les Femmes savantes » et « L’Illusion comique ». Espérons néanmoins que le règne du président wallon ne se terminera pas comme celui du monarque français par une gigantesque famine doublée d’une guerre civile.

Disons plutôt qu’avec le président du Parlement wallon, André Antoine, Magnette ressemble à Astérix et Obélix, symboles du petit village gaulois qui résiste à l’envahisseur.

Le duo comique a décidément la cote en politique belge. Du côté fédéral, le couple Michel-De Wever évoque une autre paire comique, Laurel et Hardy (le génie humoristique et le talent en moins évidemment.)

Toutes les autres régions d’Europe, dont la Flandre, et tous les Etats membres ont bêtement accepté les yeux fermés que l’Europe signe l’accord commercial négocié depuis des années avec le Canada. Sauf la Wallonie.

C’est vrai, il arrive qu’un homme ait raison seul contre tous, qu’un Galilée ou un Giordano Bruno ouvre les yeux de la multitude. Mais, je l’avoue, je n’ai pas eu la patience ni le courage de lire l’accord CETA jusqu’au bout de ses mille cinq cents pages de texte en anglais. Et je parie mon billet de l’EuroMillions qu’il n’y a pas beaucoup de députés wallons qui ont pris la peine d’analyser chaque page de ce texte avant de le rejeter…

Et tout aussi peu de représentants italiens, espagnols, slovaques, flamands, polonais ou bulgares qui l’ont approuvé après avoir sacrifié leurs soirées télé pour étudier les mille et une dispositions qui libéralisent le commerce entre les deux côtés de l’Atlantique nord.

Dire que certains suggèrent de soumettre l’approbation du Traité à référendum de la population !

L’inquiétant de cette affaire ? Ce n’est ni les poses électoralistes des uns ni les appels à la raison des autres. C’est que ni les uns ni les autres n’y comprennent rien. Les citoyens comme leurs principaux dirigeants ne savent exactement de quoi on parle.

N’est-ce pas de plus en plus souvent le cas de ces textes qu’on bricole entre grand messe gouvernementale et commissions parlementaires nationales ou européennes et que personne ne parvient à traduire en termes simples, seule garantie de la démocratie ?

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