PEACE & LOVE

     A propos de l’EVRAS (le cours d’Education à la vie relationnelle, affective & sexuelle), qui contesterait aux parents le droit d’éduquer leurs enfants à la vie affective, sexuelle, etc ?  Même si, pour ce qui me concerne, je n’ai pas le souvenir que mes parents, intellectuels laïcs et cultivés aient fait le moindre effort à ce sujet. Je me suis d’ailleurs empressé de ne rien leur demander.

Je pense avec candeur peut-être que les choses ont peu changé et que beaucoup d’enfants préfèrent interroger ChatGPT sur les questions sexuelles que papa, maman ou le curé (mieux vaut l’éviter), quand ce ne sont pas des sites nettement moins recommandables ou les réseaux sociaux.  

Malgré leur bonne volonté, il y a des choses que les parents ne peuvent pas leur apprendre. D’abord la signification du mot Evras. Evras ? Cesse de poser des questions idiotes, Toto et mange ta soupe. Tu n’as pas l’âge d’escalader l’Evras. 

Il y a aussi toutes ces magnifiques expressions que l’on trouve au fil des chansons de Brassens. Certaines doivent être au programme du cours de littérature française – je l’espère. Mais sans traduction, bonne chance pour les petits !  

Que signifie « Effeuiller la marguerite », maman ? Et vlan ! Toto, encore une grossièreté à table et tu vas l’avoir ton Evras ! Avec la marguerite en prime où je pense ! 

Quant à l’endroit le plus enivrant et enfiévré du corps féminin, est-ce papa qui va en distiller la magie ? Il est déplorable, se lamente tonton Georges, dans « Le Blason », que les vocables qui le distingue soient aussi pauvres, grivois, quand ils ne sont tout simplement pas grossiers et vulgaires. « C’est la grande pitié de la langue française, c’est son talon d’Achille et c’est son déshonneur/ de n’offrir que des mots entachés de bassesse/ à cet incomparable instrument de bonheur. »

Faut-il forcer les parents à décoder la chanson de Mélanie, la bonne du curé qui « Dedans ses trompes de Fallope/s’introduit des cierges sacrés » ? 

Et est-ce plus simple de dire en français d’aujourd’hui « Avec le pampre de la vigne/ un bout de cotillon lui fis/mais la belle était si petite/qu’une seule feuille a suffi » ? 

J’en ai assez entendu comme ça, Toto ! Oublie cette vieille barbe de Brassens. Ecoute plutôt les filles. D’accord, maman, que veut dire France Gall quand elle propose des sucettes à l’anis ? Et Lio qui explique les effets de son « Banana split » ? J’en ai assez, Toto ! Remets plutôt « Au clair de la Lune ». Cette fois il n’y a pas de risque. 

« Va chez la voisine, / Je crois qu’elle y est, / car dans sa cuisine / On bat le briquet.» Ce qui signifie en vieux français qu’on s’envoie en l’air. 

Tout compte fait, Toto, je pense que les Talibans ont raison. Pour sauver la jeunesse, mieux vaut interdire tout simplement la musique… Et l’école…

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LE JEU DES 7 ERREURS

Lors de sa réapparition, qui marque l’arrivée de l’automne et des feuilles mortes, Bart De Wever s’est adressé aux francophones, entendez aux Wallons, porteur d’une grande annonce. Pour la résumer simplement, sa proposition est de séparer le pays en deux à l’occasion de la prochaine législature. Vous avez intérêt, nous dit-il, à accepter ma main tendue. Sinon, malheur à nous, nous devrons affronter le grand méchant Vlaams Belang. Cette séparation du pays, il l’appelle le confédéralisme (tout son programme est dans la première syllabe, on l’aura compris). 

Or que veut le Vlaams Belang ? Séparer le pays en deux…  

Attendez, attendez, où est alors la différence entre la N-VA et le Vlaams Belang ? C’est comme dans le jeu des sept erreurs où on vous montre deux images semblables au premier coup d’œil mais qui contiennent de légères discordances après un examen attentif. 

Première différence, le Belang est une bande de fachos alors que la N-VA c’est un club de démocrates – très à droite. Ce qui rappelle le contraste entre Marine Le Pen et son Rassemblement National et le parti Reconquête d’Éric Zemmour et de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Marine expulse les étrangers avec le sourire et un petit cadeau, Marion avec colère et sans boîte de chocolats. 

Autre différence, le Vlaams Belang danse le tango avec le répugnant leader de Schild en Vrienden, Dries Van Langenhove, alors que la N-VA n’est composée que de braves gens comme Théo Francken (qui, lorsqu’il dérape, s’empresse de s’excuser) ou Liesbeth Homans (pour qui le racisme est « un concept relatif »). 

La N-VA a souvent accusé le Belang d’être un parti « révolutionnaire », décidé à scinder unilatéralement le pays. Mais voilà qu’à son dernier congrès, en juin dernier, le VB a présenté un plan pour une indépendance progressive qui passerait par une négociation avec les Wallons. Seule façon, soi-dit en passant de ne pas se retrouver à la porte de l’Union européenne et des autres organisations internationales dont la république de Flandre aurait absolument besoin si elle larguait les amarres. De son côté, Bart De Wever avait, quelques mois plus tôt, affirmé que « l’occasion de réformer dans le légalisme est passé ». 

Pardon, mais on s’y perd avec cette rafale de déclarations contradictoires. Quand l’un des deux compères de la droite flamande veut rompre brutalement, l’autre préfère le faire avec des fleurs et quand l’autre se montre prêt à discuter, le premier se moque des lois. 

Pendant que les deux frères jumeaux mais ennemis tentent d’arracher le leadership de leur communauté, le citoyen flamand continue de se déclarer majoritairement contre l’explosion du pays, selon les sondages. 

On comprend qu’aucun des deux compères n’a choisi de poser la question par référendum.   

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MANNEKEN PIS ET AUTRES DELICES DE LA RENTREE

  Si l’on reconstitue la soirée d’anniversaire du ministre de la Justice, la première pièce du dossier est un combi de policiers stationné devant son domicile pour le protéger des trafiquants de drogue. 

  Ensuite, des invités apparemment tous mâles triés sur le volet par le jubilaire pour souffler ses cinquante bougies. 

  A propos de Jupiler, les fameux invités en ayant manifestement abusé par casiers entiers, les voilà déversant leurs larmes de joie sur le fameux combi. Qu’ils découvrent vide. Ils auraient préféré sans doute exprimer leur griserie contre la jambe des policiers mais ceux-ci sont aux abonnés absents. Ce qui soulève une question de taille : où sont donc passés les pandores censés protéger le ministre ?

 Soit, ils courent derrière les innombrables trafiquants dont la Belgique est devenue le nid, soit ils sont partis mendier quelques pièces en ville, ce qu’ils font désormais tous les soirs, vu l’état des finances de la police fédérale. Ou alors ils sont enfermés dans les toilettes de la villa du jubilaire, ce qui explique que ses invités, trouvant porte close, sont obligés de se soulager sur leur véhicule. 

 On imagine en passant ce qui se serait passé si les joyeux Manneken Pis étaient des demandeurs d’asile en goguette ou des ados plus ou moins colorés plutôt que d’éminents notables de Courtrai…

 A quelques jours de l’attentat urinaire des amis du Vice-Premier, un autre jet se déroule à environ 200 km de là, à Liège. Une tarte à la crème contre le président du MR venu signer le premier tome de ses œuvres complètes. Comme en écho aux attentats pâtissiers de jadis du Gloupier (qui avait également entarté quelques politiciens dont Karel Dillen, président du Vlaams Blok). Jean-Luc Godard, entarté au festival de Cannes, aurait réagi en disant : « c’est la revanche du cinéma muet sur le cinéma parlant. » 

 Moins inspiré et comme soudain en mal de mots, Georges-Louis Bouchez s’est contenté d’entarter à son tour son agresseur maintenu à terre par le service de sécurité… 

Lorsque notre quotidien favori a interrogé les présidents de partis francophones sur l’état de notre démocratie, aucun d’eux ne s’est demandé si le comportement de certains collègues n’expliquait pas au moins en partie le désenchantement de beaucoup de citoyens. 

 On notera l’absence du président du PS à cette fiesta. Que craignait-il ? Une tarte à la crème d’un de ses collègues ? Ou pensait-il que notre journal, ayant prévu une collation, il allait se retrouver aussi coincé que Van Quickenborne face à ses invités ? A moins qu’il n’ait pas voulu diviser son électorat en se rappelant cette phrase de Jacques Prévert : « La différence entre un ouvrier et un intellectuel ? L’ouvrier se lave les mains avant de pisser, l’intellectuel après. »

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DESTINATION CANOSSA

On imaginait bêtement que la politique visait à sortir la société un tant soi peu du chaos et à donner un brin de souffle pour faire rêver à un avenir meilleur. 

Bien sûr notre attente n’est pas la même selon que l’autorité est exercée par le président du parlement wallon ou par le président des Etats-Unis. Mais, toutes proportions gardées, ils ont l’un et l’autre le même rôle. 

Or, depuis quelque temps, on a l’impression qu’on attend de ceux qui sont entrés en politique non plus qu’ils agissent mais qu’ils s’excusent d’avoir agi. Au fond, on s’est mis à détester les hommes et les femmes au pouvoir quels qu’ils soient. Et on veut les entendre demander pardon à chaque étape de leur chemin. 

Est-ce un effet pervers des réseaux sociaux où l’on a l’impression d’être tous égaux, tous amis ?   

La destination des politiques désormais, c’est Canossa. En murmurant sur le chemin des soupirs de contrition, des gémissements de remords et des promesses de pénitence.    

Emmanuel Macron s’est fait le champion de cette mode en présentant ses excuses pour à peu près tout, sa gestion de la crise des gilets jaunes, celle des soignants, un discours où il avait traité des salariés d’illettrés et même pour la diffusion lors du match France-Albanie au Stade de France de l’hymne d’Andorre au lieu de l’albanais. Pardon, mille fois pardon. 

Les excuses du président Biden sont aussi nombreuses que les coups de menton de son prédécesseur. A un journaliste noir il a reconnu qu’il avait tenu des propos racistes en lui disant qu’il n’était pas noir s’il votait Trump. A une journaliste à qui il avait répondu trop sèchement, etc. Le président a l’habitude même de s’excuser de s’être excusé.   

Le truc des excuses est devenu aussi une seconde nature en Belgique. Depuis qu’on a cessé de se confesser dans les églises, on le fait à présent en public. 

Mais l’art consiste à les habiller plus ou moins habilement.   

Ainsi, Pascal Smets, obligé de démissionner après avoir invité à son congrès des grandes villes du monde le maire de Téhéran, a réussi à limiter ses excuses à l’initiative de son collaborateur de payer le logement du bourgmestre iranien, ce qui lui permettait de passer sous silence le fait que c’est lui qui avait pris l’initiative de le faire venir à Bruxelles sans en avertir personne. 

Laissant seule sur le champ de bataille la ministre Hadja Lahbib. Celle-ci a eu beau expliquer la chronologie de l’incident, les raisons pour lesquelles il n’était plus possible de faire machine arrière dans la délivrance des visas de la délégation iranienne. Rien n’y a fait. Au fond, ce compte-rendu n’intéressait pas les députés. Ce qu’ils voulaient vraiment, c’était son scalp parce que sa tête dépassait un peu trop depuis la libération d’Olivier Vandecasteele. Pardon, pardon, la corde au cou et le ticket pour Canossa à la main…  

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COKE EN STOCK

Qui a fermé les yeux pendant que ce maudit rafiot débordant de réfugiés errait en perdition au large de la Grèce ? Et qui assume la responsabilité de ces centaines de noyés ? Pas Pascal Smets, c’est entendu. Lui se contente d’inviter en grande pompe le maire de Téhéran et ses sbires, qui ont sur les mains le sang d’autres centaines de morts et détenus politiques en Iran. Et sa seule faute avouée est d’avoir payé leurs nuits d’hôtel à Bruxelles…

Qui alors incriminer ? L’agence Frontex a notamment pour mission « les activités de recherche et de sauvetage ». Sauvetage de qui ? Pas des réfugiés en détresse manifestement. Plutôt le sauvetage des états contre les réfugiés. Le rôle de cette agence est d’empêcher des non-Européens de fouler leur sol sacré, au besoin par la force. 

L’agence reconnaît avoir constaté quelques heures avant le naufrage que ce bateau était à la dérive. Scandaleusement surchargé, il était évident pour ceux qui l’observaient qu’il n’était pas capable de gagner la terre ferme, encore moins l’Italie, sa destination. Il allait donc disparaître. Bon débarras. Cela n’empêchera pas dans quelques jours les touristes européens de plonger à leur tour dans la Méditerranée…

Frontex, c’est nous. Nos gouvernements assurent son existence, son financement et le recrutement de ses agents qui laissent ainsi périr sans réagir des malheureux poussés à l’exode. 

Et les garde-côtes grecs ? Le bateau ayant affiché se rendre en Italie, eux aussi se sont lavé les mains et ont détourné le regard, la conscience tranquille, pendant qu’il sombrait au large de Pylos.

Et nos gouvernements ? Qui laissent l’Italie et la Grèce se débrouiller avec les réfugiés, les laissent dépérir dans des camps immondes ou parqués au fond de la Turquie ou de ce qui reste de la Lybie. Trop contents que l’envoi d’un gros chèque aux gouvernements de ces pays (ainsi que de Tunisie) leur permettent de ne pas devoir traiter le cas de ces potentiels demandeurs d’asile. La Vivaldi a déjà assez de soucis comme ça avec ses bagarres internes, ses présidents de parti et ses ministres pour se soucier de ces Africains qui ne peuvent qu’énerver les électeurs s’ils devaient rejoindre nos frontières. Sept mille condamnations de Fedasil par les tribunaux et la Cour européenne… Des jugements restés largement inexécutés malgré les astreintes. Le plus étrange c’est que personne ne réclame la démission des ministres en charge de loger les demandeurs d’asile alors que le ministre bruxellois Smets démissionne pour avoir, lui aussi logé des étrangers, des Iraniens, il est vrai et arrivés en avion.  

A force de tire à hue et à dia, on a pourtant l’impression que dans ce jeu de combat naval, on criera bientôt gouvernement coulé… 

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20000 BACI

Pourquoi j’aime l’Italie ? Parce que Claudia Cardinale, Sophie Loren, Lucia Bosè, Ottavia Piccolo, Stefania Sandrelli, Giulietta Masina, Valeria Bruni-Tedeschi. 

  Pourquoi je n’aime pas l’Italie ? Parce qu’une bonne partie des Italiens ont élu et aimé Berlusconi pendant vingt ans.

Pourquoi j’aime l’Italie ? A cause des 24.000 baci d’Adriano Celentano, de Paolo Conte, de  Verdi et Puccini et que l’italien est la plus belle langue du monde. 

Pourquoi je n’aime pas l’Italie ? Parce qu’une bonne partie des Italiens ont élu et revendiqué Mussolini pendant vingt ans.  

Pourquoi j’aime l’Italie ? Parce que c’est le plus beau pays du monde, parce que la Toscane, les Pouilles, l’Ombrie, Turin, Naples ou Rome, parce que sa botte plonge dans la mer jusqu’à la taille et qu’on y mange 1.300 sortes différentes de pâtes.

Pourquoi je n’aime pas l’Italie ? Parce que ses promoteurs dévorés par la soif de l’argent, le cynisme et la corruption ont dévasté des villes entières, rasé des campagnes magnifiques, pour les remplacer par du béton.

Pourquoi j’aime l’Italie ? Parce que le cinéma italien a été le plus créatif, le plus tendre, le plus drôle de l’après-guerre jusqu’à ce que Berlusconi s’empare des commandes de l’audiovisuel de la péninsule, à cause des œuvres folles de Fellini, des comédies douces amères de Dino Risi, de Mario Monicelli, que Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Marcello Mastroianni, Nino Manfredi et toutes les dames déjà citées ont incarné à la perfection des modèles d’humanité, de tendresse, des personnages pleins de défauts et de tendresse, d’aspiration et de défaillances, qu’en s’identifiant à eux pendant deux heures, on s’est senti plus vivants, plus heureux. Et qu’on croise les doigts pour que Nanni Moretti, continue longtemps encore à nous enchanter. 

Pourquoi je n’aime pas l’Italie ? Parce que la télé italienne, propriété privée de Berlusconi, a détruit toutes ces valeurs, balayé cette poésie, banni l’humour, imposé la vulgarité, le bling-bling et le bunga-bunga. 

Pourquoi je n’aime pas l’Italie ? Parce que Berlusconi a, le premier en Europe, coupé le cordon sanitaire et ramené les fascistes au pouvoir, détruit de l’intérieur les valeurs de la démocratie, ce qui a conduit à une première ministre issue du moule mussolinien et à ses comparses, Salvini et tutti quanti. 

Pourquoi j’aime l’Italie ? Parce que le fascisme n’a jamais été mieux combattu que par les Italiens, notamment ses écrivains, Ignazio Silone, Natalia Ginzburg, Primo Levi ou Carlo Levi (dont le récit de l’exil forcé au fond de la Campanie est une parfaite radiographie du mal mussolinien), parce que Mario Soldati et Lampedusa (« Le Guépard »), deux des plus magnifiques écrivains du siècle dernier. Et parce que l’Italie a donné à la Belgique quelques-uns de ses meilleurs citoyens et citoyennes, dont la reine Paola.

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BIZUTAGE A TOUS LES ETAGES

     A quoi sert donc le bizutage, baptême, peu importe comment on appelle ce soi-disant rite d’initiation des écoles (mais pas seulement, le trimestriel « Medor » évoque dans son dernier numéro les « rites » de totémisation de certains scouts et guides) ? A créer un esprit de groupe, un sentiment de solidarité avec les étudiants plus âgés, à sortir de l’enfance. Mais pourquoi se serrer les coudes doit-il se faire en-dessous de la ceinture ? Pourquoi cette « cérémonie » doit-elle s’accompagner de l’humiliation des nouveaux venus pour décrire en un mot bien trop sobre la série d’épreuves honteuses, avilissantes, que certains s’accordent le droit d’imposer à leurs nouveaux congénères ? 

A lire l’arrêt de la cour d’appel d’Anvers du 26 mai dans l’affaire Sanda Dia, victime d’épreuves particulièrement abjectes (avec un fort relent de racisme), on a l’impression que les magistrats ont montré une complaisance choquante envers les jeunes meurtriers genre « ce qu’ils ont fait n’est pas très sympa mais, bah, faut que jeunesse se passe ».

Si les brimades font des « bleus » des hommes meilleurs, pourquoi ne pas les imposer partout où le renforcement de l’esprit de camaraderie est tout aussi indispensable. Par exemple, lors de l’entrée d’un nouveau ou d’une nouvelle promue ministre, ce qui développerait un esprit d’équipe qui manque tellement à nos gouvernements. 

On ferait appel aux anciens pour plonger les nouvelles et tendres pousses dans l’enfer du pouvoir. Au sein de la Vivaldi, Frank Vandenbroucke, le plus expérimenté de l’orchestre, pourra faire facilement appel aux anciens comitards du cercle de Médecine d’Anvers. Lesquels ont l’expérience et le temps puisqu’ils ont été suspendus par les autorités académiques après un baptême à la rentrée 2021 où des étudiantes ont été obligées de se déshabiller. 

Quel plaisir pour lui, aidé des autres « vieux », Van Quickenborne ou Clarinval, de plonger les nouveaux venus, les Dermagne, Dermine, Khatabbi, Gilkinet ou Hadja Lahbib dans un tonneau de sirop de Liège, les obliger à goûter à de la nourriture pour chiens ou pire.  

Madame Dedonder serait envoyée à la frontière russe, habillée en schtroumpfette, pour vérifier en personne si les munitions de la FN ne servent pas à faire la guerre, Karine Lalieux forcée de passer une semaine à nettoyer les vieux pensionnés dans une maison de retraite du CPAS, M. Gilkinet obligé à ramper sous la pluie dans le chantier boueux du tram de Liège en chantant La P’tite Gayole.

Après ces bizutages, une ou deux bonnes douches, un passage par l’hôpital et un autre par un psy, quelle belle équipe solidaire ils formeraient autour d’Alexander De Croo au lieu de ce chœur d’ados toujours en brouille et en chicane qui navigue à hue et à dia.   

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C’EST PAR OU LA SORTIE ? 

Deux déclarations m’ont frappé la semaine dernière. Celles des premiers ministres belge et français. Pour Alexandre De Croo, il faut faire « une pause » dans l’élaboration de nouvelles réglementations environnementales. Pour Elisabeth Borne, le Rassemblement national est « l’héritier de Pétain ». Quoi de commun entre ces deux interventions ?

De Croo croit apaiser les citoyens inquiets de l’arrivée de nouvelles réglementations nécessaires pour combattre la disparition des espèces en disant : « Dormez en paix pendant que je m’occupe tout seul de sauver les abeilles sans qu’elles ne vous piquent ». Tandis que la première ministre française prend le taureau par les cornes en dénonçant les discours réducteurs et mensongers de son opposition d’extrême droite. Dans un cas, on délivre un message simpliste, on fait semblant que l’on peut faire une pause en matière d’environnement, arrêter le temps et fermer les yeux. Dans l’autre, on se bat précisément contre les discours de l’extrême droite qui ramassent les votes des citoyens inquiets de la complexité des défis à réaliser et qui tremblent devant la perspective de réformes. 

Certes, on peut discuter de l’efficacité d’assimiler Marine Le Pen à Pétain. Il n’y a pas que la moustache qui sépare le maréchal sénile de la femme à poigne. Les différences entre les deux ne sont pas seulement physiques. Quatre-vingts ans les séparent. Un siècle, un autre monde, d’autres défis. Il y a quelques années, des opposants au Vlaams Belang avaient affiché pendant la campagne électorale des photos de Hitler rappelant le régime nazi sans que cela ait eu beaucoup d’effet sur les électeurs de la métropole. Qui n’ont pas voulu comprendre la parenté entre le parti flamand et le modèle national-socialiste. 

Peut-être Madame Borne a-t-elle commis la même maladresse mais elle assume et combat. Et elle a bien du mérite dans une époque et une Europe plongées dans la peur du futur, la perplexité et le repli.

En attendant les élections européennes, dont les résultats paraissent déjà menaçants, les élections récentes en Turquie et en Espagne (qui ont vu le succès d’un parti issu du franquisme), après les votes en Italie (qui ont porté au pouvoir des descendants néo-mussoliniens) ou en Scandinavie (où les gouvernements ne se maintiennent qu’avec l’appui de formations d’extrême droite), tout cela fait froid dans le dos, ce qui ne suffit pas à lutter contre le réchauffement climatique…

A force de se jeter en pleine conscience dans les bras d’ennemis de la démocratie pendant que la planète bleue commence à tourner à l’orange, on risque de réaliser cette réflexion d’Oscar Wilde : la démocratie, c’est l’oppression du peuple par le peuple pour le peuple. 

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QUICK ET FLUPKE. LE RETOUR.

   Vous vous souvenez des exploits de Quick et Flupke ? Sous la plume alerte d’Hergé, les deux ketjes de Bruxelles, de sales moutards il faut l’avouer, multipliaient les actes de vandalisme. Des briques ou des ballons dans les vitres des voisins, des passants renversés par leur caisse à savon ou leur traineau, de la peinture klachée sur les murs, des grosses femmes assommées ou écrasées. Sans parler des agressions physiques, particulièrement sur le flic de quartier, le pôvre agent n°15, leur souffre-douleur. 

  Avouez que leurs stût vous ont bien fait rire, que vous n’aviez aucune pitié pour leurs victimes. Eh bien, met’nant, toutes ces kluuterâ, c’est fini ! C’est ce que Quick a promis, juré-craché, depuis qu’il est devenu un grand gamin et fier avec ça. Et même ministre, tenez. Oué, le roi (Flupke) lui a fait jurer toute sorte de bazars dans les deux langues mais pas en bruxellois. Quick a promis qu’il serait désormais un dikke nek toujours propre sur lui et qu’il ne ferait plus honte à sa maman. Sauf qu’à peine nommé, crac, Quick s’est remis à faire des bêtises. On ne change pas les bonnes habitudes.  

Faut-il que Quick ait oublié toutes ses aventures pour proclamer l’interdiction de se promener en rue pendant trois ans à tous ceux qui ont jeté des briques dans les fenêtres des voisins, klaché sur les murs, renversé les passants, surtout les vieilles trut, assommé ou secoué les flics comme de vieux pruniers. Bref tout ce qu’il faisait quand il était snotneus. 

Amaï ! S’il fallait condamner Quick pour toutes les omnuzelderâ qu’il a commis avec Flupke jadis, not’ pôv minist’, il est bon pour rester enfermé jusqu’à sa mort à regarder les autres défiler sur son écran de télé.  

Et il a pensé à la manière dont les ayoen vont appliquer sa bête loi ? Comment l’ageïnt n°15 par exemple va s’y prendre pour vérifier pendant une manifestation qui c’est qui a le droit de crier dans la rue et qui c’est qui devait rester dans son oeïske ? Vous le voyez demander ses papiers un par un aux vingt mille peï et meï qui sont là à hurler autour de lui et à agiter des calicots ? Bonne chance ! A mon avis, c’est une nouvelle kroêmerâ de Quick pour faire rire ses lecteurs. 

On ne va pas lui reprocher d’avoir des remords à propos de toutes les espiègleries qu’il a commises quand il n’était qu’un schoppeke. On comprend aussi qu’il a ses nepkes, ses bichkes en écoutant à la radio tous ces schieve lavabos de syndicalistes qui n’arrêtent pas de le critiquer mais, kâ même, lui qui est passé par la case avocat, il doit savoir que sa loi c’est juste des zieverderâ ? Même les peï du conseil constitutionnel français ont effacé cette disposition quand le gouvernement de la république a tenté de la proposer. 

Allez, Quick, range tes bêtes papelards, et va retrouver Flupke pour une bonne partie de foot en attendant la victoire de l’Union…   

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SOFAGATE – SAISON 2

Erdogan contraint à un second tour, quelle mauvaise nouvelle pour les parlementaires wallons. Empêtrés dans le Fauteuilgate, ils espéraient liquider vite fait-bien fait tout ce mobilier clinquant, doré, somptueux qu’ils avaient commandé à une société amie pour le fourguer au président turc, qui a un besoin urgent de fauteuils confortables. Tapes à l’œil de préférence. Une fois réélu, il verra en effet défiler à Ankara les représentants de la communauté internationale, venus lui rendre hommage comme ils le font souvent quand un homme a réussi à montrer qu’il est le plus castard de tous. Pas question alors pour le président Erdogan de se retrouver comme il y a deux ans sans même une chaise de cuisine à offrir à la présidente de la commission européenne. On pourrait évidemment suggérer à M. Michel, qui ne voyage qu’en jet privé depuis qu’il a été couronné Charles roi de l’Europe, d’emporter un siège avec lui plutôt que de piquer celui du grand vizir sous le nez de sa collègue. Mais les autorités européennes risquent de refuser de couvrir cette nouvelle dépense somptuaire. 

  L’ancien président du parlement wallon et son greffier, qui font des efforts méritoires pour se faire pardonner leurs extravagances, se remuent sans compter (compter n’a jamais été leur spécialité) pour aider le Parlement à se débarrasser de leurs casseroles. 

  Après la tentative de céder le nouveau mobilier d’apparat à la Turquie (deux millions d’euros), ils tentent de revendre aussi le tunnel qu’ils ont fait construire pour que les députés ne se mouillent pas leurs petits souliers vernis. Mais l’ouvrage est difficile à liquider (trois millions d’euros). 

Au beau temps du mur de Berlin, ils auraient trouvé plein d’amateurs pour acquérir leur beau tunnel. Mais aujourd’hui à qui le refiler ? Aux migrants sud-américains qui pourront ainsi se glisser sous la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ? Graisser la patte d’un patrouilleur américain, même de toute une brigade, est beaucoup moins cher. 

Aux Turcs à nouveau ? Pour ouvrir un passage souterrain avec l’Ukraine à l’abri de la mitraille russe ? C’est une idée mais elle se heurte à un obstacle politique. Le président Erdogan préférant s’afficher avec son collègue Poutine qu’avec son voisin Zelensky, il voudra éviter les amers reproches du président russe si certains utilisent le tunnel wallon pour convoyer des armes vers les Ukrainiens. Non merci ! Vos meubles, d’accord mais le tunnel, gardez-le ! Moi, je préfère garder son amitié.   

Resterait alors, en désespoir de cause, à vendre les parlementaires eux-mêmes pour combler les déficits. Petite consolation. Les excellences wallonnes pourront se rendre à Istamboul par l’Orient-Express. Mais, attention, si les meubles sont magnifiques, ils sont vissés au plancher ! 

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