SOFAGATE – SAISON 2

Erdogan contraint à un second tour, quelle mauvaise nouvelle pour les parlementaires wallons. Empêtrés dans le Fauteuilgate, ils espéraient liquider vite fait-bien fait tout ce mobilier clinquant, doré, somptueux qu’ils avaient commandé à une société amie pour le fourguer au président turc, qui a un besoin urgent de fauteuils confortables. Tapes à l’œil de préférence. Une fois réélu, il verra en effet défiler à Ankara les représentants de la communauté internationale, venus lui rendre hommage comme ils le font souvent quand un homme a réussi à montrer qu’il est le plus castard de tous. Pas question alors pour le président Erdogan de se retrouver comme il y a deux ans sans même une chaise de cuisine à offrir à la présidente de la commission européenne. On pourrait évidemment suggérer à M. Michel, qui ne voyage qu’en jet privé depuis qu’il a été couronné Charles roi de l’Europe, d’emporter un siège avec lui plutôt que de piquer celui du grand vizir sous le nez de sa collègue. Mais les autorités européennes risquent de refuser de couvrir cette nouvelle dépense somptuaire. 

  L’ancien président du parlement wallon et son greffier, qui font des efforts méritoires pour se faire pardonner leurs extravagances, se remuent sans compter (compter n’a jamais été leur spécialité) pour aider le Parlement à se débarrasser de leurs casseroles. 

  Après la tentative de céder le nouveau mobilier d’apparat à la Turquie (deux millions d’euros), ils tentent de revendre aussi le tunnel qu’ils ont fait construire pour que les députés ne se mouillent pas leurs petits souliers vernis. Mais l’ouvrage est difficile à liquider (trois millions d’euros). 

Au beau temps du mur de Berlin, ils auraient trouvé plein d’amateurs pour acquérir leur beau tunnel. Mais aujourd’hui à qui le refiler ? Aux migrants sud-américains qui pourront ainsi se glisser sous la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ? Graisser la patte d’un patrouilleur américain, même de toute une brigade, est beaucoup moins cher. 

Aux Turcs à nouveau ? Pour ouvrir un passage souterrain avec l’Ukraine à l’abri de la mitraille russe ? C’est une idée mais elle se heurte à un obstacle politique. Le président Erdogan préférant s’afficher avec son collègue Poutine qu’avec son voisin Zelensky, il voudra éviter les amers reproches du président russe si certains utilisent le tunnel wallon pour convoyer des armes vers les Ukrainiens. Non merci ! Vos meubles, d’accord mais le tunnel, gardez-le ! Moi, je préfère garder son amitié.   

Resterait alors, en désespoir de cause, à vendre les parlementaires eux-mêmes pour combler les déficits. Petite consolation. Les excellences wallonnes pourront se rendre à Istamboul par l’Orient-Express. Mais, attention, si les meubles sont magnifiques, ils sont vissés au plancher ! 

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LA DIALECTIQUE NE CASSE PLUS DES BRIQUES

    La guerre d’Ukraine est aussi un miroir tourné vers nous-mêmes. 

  Ainsi de l’aide militaire de la Belgique : d’abord mise à l’étude par la ministre de la défense et le gouvernement quand l’Ukraine réclamait désespérément du matériel pressentant un assaut imminent de la Russie. Une fois, les tanks fonçant sur Kiev, on songe enfin à envoyer à nos « amis ukrainiens » des casques et surtout des jumelles. Des jumelles ? Pour observer quoi ? A Kiev, il suffit d’ouvrir la fenêtre pour voir les chars défiler sur les boulevards. Peut-être pour dialoguer avec Poutine. Il s’est placé au bout d’une si longue table, que la seule façon de le regarder les yeux dans les yeux, c’est avec des jumelles belges…

    Tout aussi pathétiques, les contorsions du PTB et d’un certain nombre d’ « intellectuels de gauche » nostalgiques qui, dans un vieux réflexe pavlovien, s’empressent de souligner qu’il ne faut pas se montrer « simplistes » à propos de la Russie. Echo de ce qu’eux ou leurs parents avaient déjà dit lors de l’invasion armée soviétique de la Hongrie en 1956 et de Prague en 1968. Ils ont oublié que le communisme est enterré en Russie, camarades ! Poutine fait ami-ami avec l’extrême droite de chez nous, Assad, les mollahs de Téhéran. Vous êtes libres de critiquer la Russie désormais ! Vous ne devez plus craindre de procès populaire. Ni d’être traités de fascistes par vos amis parce que vous critiquez la ligne du parti. Hélas, il n’y a de pire sourd que le vieux militant qui ne veut pas entendre. Son cerveau est habitué il est vrai à se mettre à genoux dès qu’apparaît l’ombre de Staline ou de ses émules. 

   La culture de Poutine, ce n’est pas la littérature bolchévique. Ce sont les westerns. Hollywood ! Nul n’est plus proche des Américains que lui. Il a été fasciné par cette réplique culte de John Wayne à un jeune gradé : « Si tu sors ton revolver, tu dois être décidé à tirer. » 

  Le président Zelensky, devenu héros malgré lui, avec une dignité que doivent lui envier la plupart des dirigeants du monde, a réhabilité un genre longtemps oublié, celui du comique troupier. Rendez-vous compte que son arrivée au pouvoir à Kiev, c’est comme si Fernandel était devenu président en battant de Gaulle (ou Coluche à la place de Mitterrand). 

Jadis, Guy Debord et ses amis soutenaient que la dialectique peut casser des briques. On sait maintenant que c’est l’humour qui peut démolir les dictateurs. 

PS : Dans « Retour à Lemberg », Philippe Sands retrace avec brio le passé chaotique de cette ville, aujourd’hui Lviv, tout près de la frontière polonaise. En retraçant le destin de quatre personnes qui y ont vécu avant et pendant la seconde guerre. Deux d’entre elles y ont inventé le concept de génocide. Coïncidence ?     

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