BIZUTAGE A TOUS LES ETAGES

     A quoi sert donc le bizutage, baptême, peu importe comment on appelle ce soi-disant rite d’initiation des écoles (mais pas seulement, le trimestriel « Medor » évoque dans son dernier numéro les « rites » de totémisation de certains scouts et guides) ? A créer un esprit de groupe, un sentiment de solidarité avec les étudiants plus âgés, à sortir de l’enfance. Mais pourquoi se serrer les coudes doit-il se faire en-dessous de la ceinture ? Pourquoi cette « cérémonie » doit-elle s’accompagner de l’humiliation des nouveaux venus pour décrire en un mot bien trop sobre la série d’épreuves honteuses, avilissantes, que certains s’accordent le droit d’imposer à leurs nouveaux congénères ? 

A lire l’arrêt de la cour d’appel d’Anvers du 26 mai dans l’affaire Sanda Dia, victime d’épreuves particulièrement abjectes (avec un fort relent de racisme), on a l’impression que les magistrats ont montré une complaisance choquante envers les jeunes meurtriers genre « ce qu’ils ont fait n’est pas très sympa mais, bah, faut que jeunesse se passe ».

Si les brimades font des « bleus » des hommes meilleurs, pourquoi ne pas les imposer partout où le renforcement de l’esprit de camaraderie est tout aussi indispensable. Par exemple, lors de l’entrée d’un nouveau ou d’une nouvelle promue ministre, ce qui développerait un esprit d’équipe qui manque tellement à nos gouvernements. 

On ferait appel aux anciens pour plonger les nouvelles et tendres pousses dans l’enfer du pouvoir. Au sein de la Vivaldi, Frank Vandenbroucke, le plus expérimenté de l’orchestre, pourra faire facilement appel aux anciens comitards du cercle de Médecine d’Anvers. Lesquels ont l’expérience et le temps puisqu’ils ont été suspendus par les autorités académiques après un baptême à la rentrée 2021 où des étudiantes ont été obligées de se déshabiller. 

Quel plaisir pour lui, aidé des autres « vieux », Van Quickenborne ou Clarinval, de plonger les nouveaux venus, les Dermagne, Dermine, Khatabbi, Gilkinet ou Hadja Lahbib dans un tonneau de sirop de Liège, les obliger à goûter à de la nourriture pour chiens ou pire.  

Madame Dedonder serait envoyée à la frontière russe, habillée en schtroumpfette, pour vérifier en personne si les munitions de la FN ne servent pas à faire la guerre, Karine Lalieux forcée de passer une semaine à nettoyer les vieux pensionnés dans une maison de retraite du CPAS, M. Gilkinet obligé à ramper sous la pluie dans le chantier boueux du tram de Liège en chantant La P’tite Gayole.

Après ces bizutages, une ou deux bonnes douches, un passage par l’hôpital et un autre par un psy, quelle belle équipe solidaire ils formeraient autour d’Alexander De Croo au lieu de ce chœur d’ados toujours en brouille et en chicane qui navigue à hue et à dia.   

www.berenboom.com