REVENANTS

Que faire de tous ces voyageurs belges perdus en Syrie et qui commencent à revenir chez nous avec armes et enfants (les femmes suivent derrière avec les bagages) puisque le président Assad a sifflé la fin de la récréation ?
Je vous résume les propositions les plus intéressantes que j’ai relevées.
Avec la perspective d’un Brexit difficile, certains suggèrent que, dès leur retour, nos compatriotes soient engagés comme douaniers. Justement, on doit en recruter en masse pour empêcher les immigrés britanniques de prendre la place des réfugiés libyens ou somaliens au parc Maximilien. Les « revenants » ont toutes les qualités pour remplir cette mission difficile. Ils savent tirer. Ne se laisseront pas attendrir par le récit des malheurs des pauvres Ecossais. Et ils n’auront pas peur des fantômes qu’ils auront emportés dans leurs bagages. Les « revenants » en ont eux-mêmes ramenés tant avec eux qu’ils savent comment les dresser.
Autre offre, venue cette fois de l’Agence spatiale européenne. Pourquoi ne pas envoyer les « revenants » dans l’espace ? Ils viennent de l’enfer ; on les renvoie au paradis.
L’ASE qui prépare depuis des années des vols habités a bien du mal à recruter des candidats. Dès que l’Agence leur promettra un passeport et un engin direction le ciel, qui peut douter que les « revenants » n’accueillent cette proposition avec ferveur ? Les 72 vierges ? Oui, elles attendent là-haut, promis, juré. Mais, l’Agence ne garantira pas qu’elles seront déjà prêtes pour accueillir les voyageurs du premier voyage. Restons sérieux.
Les transports semblent beaucoup inspirer ceux qui veulent recaser les « revenants ». S’ils ne peuvent tous embarquer dans les capsules spatiales, ils trouveront un job dans les bus. Un des dirigeants des TEC m’a glissé à l’oreille que sa société pourrait charger les meilleurs d’entre eux de remplacer les chauffeurs des TEC les jours de grève. Soit pratiquement un boulot plein temps garanti. Ceux qui ont eu l’expérience des chemins de Syrie ne seront guère surpris par l’état des routes wallonnes.
Une dernière idée imaginée à l’occasion de la Foire du Libre de Bruxelles qui s’ouvre dans quelques jours. Beaucoup de parents se dévouent pour lire des livres aux petits dans les écoles. Les « revenants » pourraient les aider. Qui mieux qu’eux pourraient leur lire avec un accent de vérité et des sanglots dans la voix des extraits de livres dont l’action se déroule au Moyen Orient ? « Tintin au Pays de l’Or noir », « Salut aux coureurs d’aventures » de John Buchan ou les récits des « Mille et une nuits ».
On peut discuter mais il faut reconnaître que ces « travaux d’intérêt général » seraient autrement plus utiles pour les « revenants » – et moins inquiétants pour nous- que de bourrer les prisons et de les laisser convertir les autres détenus aux idées radicales…

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CASSEZ LA VOIE

On ne remerciera jamais assez les agents des TEC. Voilà des Belges respectueux de la régionalisation du pays et qui prennent bien soin, à chacune de leurs grèves, de n’emmerder que les Wallons. Tous les Wallons. Mais rien que les Wallons.

Ce sont bien les seuls de toute l’Europe, de toute la planète, qui ne descendent jamais à Bruxelles pour crier, casser et pire si affinités. Même leurs bus ne viennent pas polluer nos rues vu qu’ils restent la plus grande partie de l’année sagement rangés au garage.

Alors que les indépendantistes catalans, les ex-sidérurgistes lorrains, les agriculteurs allemands et français, les fans de foot marocain, les enragés du R.S.C. d’Anderlecht, les Kurdes, les opposants russes, les groupies de Vargass 92, la star de Snapchat (vous suivez ?) sont attirés par la capitale belgo-européano-flamande comme les rats par le fromage. Même les Anonymous s’en viennent protester bras dessus, bras dessous dans les rues de la capitale, ce qui est un peu paradoxal. Mais est-ce plus logique de casser les vitrines de la place de la Monnaie pour faire la fête à une vedette des réseaux sociaux ? A Bruxelles, la différence entre réel et virtuel tend à s’estomper. Façon de prouver qu’elle est une ville high tech, une cité du futur. Même si les embouteillages, les tunnels en ruines et les chantiers de travaux interminables nous font heureusement bien vite retomber sur terre.

Il faut vraiment être coincé pour ne pas venir casser sa voix à Bruxelles. Les habitants de Bali ont renoncé à défiler dans le quartier européen pour dénoncer le réveil du volcan Agung à cause de la fermeture de l’aéroport. Les astronautes de la Station Spatiale Internationale n’ont pas réussi à décrocher l’autorisation d’atterrir pour avertir Jan Jambon de l’invasion imminente des Martiens tant que les négociations entre le fédéral et les trois régions sur le survol de Bruxelles ne sont pas clôturées, que le Conseil d’Etat n’a pas donné son avis, ceci sous réserve des recours des habitants devant les tribunaux.

Quant aux fans de Johnny Halliday, assommés par la disparition de leur idole, ils sabotent le voyage à Bruxelles parce que le père du chanteur qui l’avait abandonné à sa naissance y est enterré.

Tout le monde défile à Bruxelles sauf les Bruxellois. Quelle que soit leur origine, ils sont les seuls à ne pas arpenter la ville au pas de Loi. Eux, ils préfèrent flâner et admirer les facettes extravagantes de cette cité folle, mal foutue et délirante qu’ils aiment tant.

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Ps : Allez plutôt défiler devant la magnifique et hilarante collection de cartoons de nos meilleurs artistes réunie sous le titre « Belgium Art Cetera » qui revisite l’histoire de l’art belge. Jusque fin janvier au Musée Belvue.

DEBOUT LES DAMNES, ETC

Goblet, reviens, ils sont devenus fous !

Depuis que Marc Goblet s’est retiré, tout va de travers: les patrons licencient à la pelle et les travailleurs, au lieu de se révolter, de défiler dans les rues de Charleroi sur les énormes engins flambant neufs qu’ils viennent de fabriquer, continuent d’aller tranquillos au turbin. Même les TEC n’ont pas connu un jour de grève. Même les TEC !

On pensait que la classe ouvrière n’avait plus que ses yeux pour pleurer et le mouchoir de Paul Magnette pour les essuyer jusqu’à l’annonce surprise de Charles Michel.

Je suis prêt, a-t-il annoncé la voix un peu tremblante tout de même, et le poing timidement levé, de reprendre le rôle du flamboyant leader syndical, après le refus cassant de Marie-Hélène Ska. La patronne de la CSC a déclaré en effet à propos de son ancien collègue, désolé, les mecs, un mâle pareil, il n’y qu’un autre mâle pour le remplacer. Imagine-t-on le Roi Lear jouée par une femme ?

Avec sa belle barbe, Charles Michel a donc senti que l’annonce de la fermeture de Caterpillar ouvrait une nouvelle page de son destin. Du ciel, une voix lui a murmuré à l’oreille : Charles, le moment est venu pour toi de changer de registre.

Fini les cocktails avec les patrons, où il est obligé de parler néerlandais pour tenir son rang face aux leaders de la N-VA, fini les voyages autour de la planète pour vanter en anglais les bienfaits des intérêts notionnels et de toutes nos autres turpitudes fiscales réservées aux capitaux lointains pour les attirer dans notre pays fatigué. Fini tout ça. Charles $ Michel est mort. Vive Charles camarade Michel !

Dans son nouvel habit, il peut crier haut et fort et en wallon sa solidarité avec le prolétariat. Debout les damnés de la terre wallonne ! Paul Magnette et Raoul Hedebouw en restent comme deux ronds de flancs, dépassés sur leur extrême gauche. Celui-là, ils ne l’avaient pas vu venir. Pas plus que son appel à faire « l’union sacrée » avec toutes les forces de Wallonie, entendez les socialistes pour « soutenir les travailleurs » contre l’abominable capitaliste américain. Tremblez, au fond de l’Illinois !

Pour un premier essai, franchement, c’est pas mal, mais pas encore tout à fait ça. Le vocabulaire est un peu pauvre, un peu plat, la voix ne porte pas très loin, certainement pas jusqu’aux Etats-Unis. On sent notre jeune Premier pas tout à fait à l’aise dans le costume, avec son foulard rouge trop neuf, un casque jaune tout juste sorti du stock américain et la photo de Raoul Hedebouw au mur.

Charles devrait peut-être potasser son Shakespeare pour monter en puissance. Dans « Le Roi Lear » justement, il trouvera une belle formule : « C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles ». A condition de préciser que le fou est américain et non pas le chef du gouvernement belge…

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LES ROBES RETROUSSENT LEURS MANCHES

Si tout le monde laisse tomber les bras, cheminots, gardiens de prisons, éboueurs et même Jacqueline Galant, pourquoi pas les magistrats ?

Imaginez les immenses palais de justice, aux longs couloirs sombres, aux plafonds perdus dans une nuit éternelle, tremblant sous l’effet de deux siècles de courants d’air, soudain vidés de toute présence humaine. Juges, procureurs, greffiers se croisant les bras devant les lourdes portes scellées pour l’éternité. A l’intérieur, ne resteraient que les araignées et les rats enfin libres de dévorer paisiblement les dossiers abandonnés dans les armoires qui ne ferment plus depuis longtemps.

Certains prêtent à notre premier ministre des pouvoirs magiques pour faire rouler les trains malgré les syndicats et même les bus des TEC que seuls quelques anciens se rappellent avoir vu parcourir jadis les campagnes wallonnes.

« C’est quoi les TEC, papy ? » demandent les enfants en voyant leur grand-père essuyer une larme au passage d’un mystérieux véhicule malodorant portant trois lettres rouges barrées d’une épaisse ligne jaune.

« Tu es trop jeune pour comprendre, petit », murmure l’aïeul.

Les grèves du printemps ont prouvé à ceux qui plaidaient pour la disparition des services publics qu’un état sans service public n’est plus qu’un pays en mauvais état.

Devant la statue de Themis, Charles Michel reste aveugle, les bras ballants. Ce qui oblige les magistrats à mettre les mains dans le cambouis. Heureusement, ils disposent de quelques ressources dans leur boîte à outils.

Dans les cellules surpeuplées, ils trouveront bien l’un ou l’autre hacker prêt à leur bricoler enfin un système informatique si puissant qu’il permettra d’explorer les données les plus secrètes de tous les suspects, ce qui épargnera les frais et la longueur des instructions.

Un droit d’entrée sera désormais réclamé à ceux qui entrent dans les salles d’audience, parties à la cause comme avocats, ce qui permettra d’acheter stylos à bille et cartouches d’imprimante et de couvrir les frais de nettoyage des robes et des bavettes.

Pour les impatients qui se plaignent de la lenteur de la justice, des tueurs ukrainiens et albanais seront mis à disposition, ce qui réglera en même temps un autre problème insoluble, l’encombrement des prisons.

Financés par le tax shelter, les cinéastes belges ont d’ores et déjà accepté de donner un coup de main aux magistrats en filmant les procès les plus spectaculaires qui seront vendus au profit de la caisse des pensions du personnel de la justice.

Certes, d’aussi audacieuses mesures nécessitent de profondes réformes des lois en vigueur mais le club des anarchistes a accepté avec enthousiasme de les réécrire gratis pro deo. Dieu merci, il reste des gens généreux.

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QUAND LES TERRORISTES SE SERRENT LA CEINTURE

Ils voulaient un état ? Eh bien, ils l’ont, ces pauvres djihadistes, et les soucis s’accumulent. Au début, c’était rigolo. On s’amusait à choisir un drapeau. Celui qu’était pas d’accord avec le chef, il passait à la casserole. Puis, on a imprimé des tas de billets de banques dont on a rempli plein de coffres, une vraie caverne d’Ali Baba. Le premier qui touche à mon trésor, il a un doigt tranché ! a prévenu le chef. Le deuxième, deux doigts. Et ainsi de suite.

Enfin, des timbres. Comme la loi interdit les images mais que le chef voulait être collé sur toutes les cartes postales, le graphiste a eu l’idée de dessiner un rond rose avec une petite houppe. Il y en a un qui a dit : Tiens ? On dirait Tintin. Mais non, c’est le chef, imbécile ! Chez nous à Bruxelles, une tête ronde avec une houppe, c’est Tintin.

Chez nous, tu dis ?

Voilà les premières difficultés. La belle unanimité des combattants se fissure et apparaissent les différences comme les taches sur un mur mal peint. Toi, le Molenbeekois, du vent ! Dans notre brigade, on ne veut que des Tchétchènes. Nous, les gars, on vient d’Algérie. Des pros du terrorisme. Sans nous, vous auriez jamais réussi à créer un nouvel état.

Et puis, il y a les Belges. Toujours gentils, les Belges. Font des blagues. Cirent les pompes du chef. Z’achètent des timbres pour écrire à la famille. Travaillent de 7h 30 à 16 h 30. Consciencieusement et sans se plaindre. Sauf qu’ils ne travaillent qu’une semaine par mois. Vous êtes fous ? demande le chef. Non, c’était comme ça en Belgique. On était aux TEC. Une semaine de travail, trois semaines de grèves. Couvertes par les syndicats. Demandez à M. Goblet. C’est notre chef. Votre chef ? s’étrangle le chef. Et moi, c’est qui ?

C’est comme ça, chef, ou c’est la grève générale ! Bon, soupire le chef. Diriger un état, c’est l’art du compromis. Pardon, pardon, interviennent alors quelques autres Belges. Si vous faites des concessions aux Wallons, faut nous en faire à nous ! Qui c’est vous ? s’étrangle le chef. Nous ? Les Flamands. Nous travaillons tous les jours. Mais en échange d’une villa quatre façades, d’une 4/4 et du droit de recevoir les ordres en néerlandais.

Résultat, le chef a décidé de diviser par deux les salaires de tous les combattants. Grave erreur, mon pauvre Daesh ! Va découvrir le front commun syndical, la grève au finish, la suspension des livraisons de la FN. Et si ça ne suffit pas, la création d’un nouveau parti la N-VA (Nouveaux Voyous d’Allah) qui vont proclamer l’indépendance d’un bout de territoire réservé aux islamistes flamands, avec puits de pétrole et côte maritime.

Envoyer des Belges en Syrie ? Bravo ! Brillante idée des auteurs du programme de déradicalisation ! Et bien plus efficace que les drones.

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DE DIEU A VOLKSWAGEN

« J’ai le regret de vous informer que je ne crois pas en la Bible comme révélation divine, et donc pas en Jésus-Christ comme fils de Dieu ». Attendez avant de brûler votre quotidien favori ! L’aveu n’est pas de moi. Il est signé Charles Darwin dans une lettre à un de ses correspondants en novembre 1880. Si vous avez des doutes (à ce sujet), allez vérifier l’original qui vient d’être vendu 197 000 $ lors des enchères de la salle de vente Bonhams cette semaine à New York.

Cette excellente opération pourrait inspirer tous ceux qui ont des problèmes pour boucler leurs fins de mois. Evidemment, recopier cette déclaration et la faire signer du premier quidam venu ne suffit pas. Il faut faire preuve d’un peu d’inventivité. Si vous parvenez à faire  contresigner une copie de la lettre de Darwin par le pape François ou seulement le début du texte par le roi d’Arabie saoudite ou l’iman Khamenei, ce sera banco. En revanche, si vous ne parvenez qu’à convaincre Jacqueline Galant, vous risquez de ne pas recevoir même l’équivalent du prix d’un ticket Bruxelles-Jurbise (sauf si la ministre des gares ajoute en PS qu’elle s’engage à ne prendre qu’un aller simple sans retour en cas de réussite de la vente).

Il faut aussi se montrer astucieux, profiter du bon moment pour obtenir la signature de personnalités plus difficiles à convaincre en d’autres temps. Tenez l’ex-patron de Volkswagen. Je suis certain que monsieur Martin serait prêt à signer cette semaine à peu près ce que vous voulez à propos de Dieu et de ses bienfaits. Juste pour en terminer avec son chemin de croix pourvu qu’on lui ôte les épines qui blessent ses pauvres pieds usés à force de pousser sur l’accélérateur. Dieu ? Il n’en a plus rien à faire. Ni de Son Livre, ni de son Fils. Au départ, il s’était pourtant montré parfait ouaille, respectueux et tout des textes sacrés. En boss méticuleux, n’a-t-il pas loué le Seigneur (avec option d’achat) pour bénir ses super dispositifs anti-pollution ? N’a-t-il pas respecté la Bible qui dit (Apocalypse, 11, 18) qu’il est « temps de détruire ceux qui détruisent la terre » ? C’était même ça le but de son petit dispositif magique. Indiquer aux humains que la terre était toujours verte, l’air toujours pur et la VW toujours au diesel.

Mais Dieu avait manifestement la tête ailleurs quand les contrôleurs de l’environnement américains se sont penchés sur ses bagnoles. Dieu s’occupait peut-être de celles qui transportent les réfugiés en Europe (quoique …) ou Il s’inquiétait de l’absence prolongée de grèves aux TEC (entraînant une augmentation inhabituelle de carbone dans l’atmosphère wallonne).

Depuis qu’on sait que Dieu existe et qu’il vit à Bruxelles, plus rien ne nous étonnera ici-bas.

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MARCHE OU GREVE

Pourquoi seul le chroniqueur du « Soir » ne peut-il faire grève ? Les cheminots, les travailleurs de Delhaize, les profs, les dockers, les coiffeuses, même les sportifs, les juges et les avocats, et parfois même les chauffeurs des TEC, tout le monde a le droit de se croiser les bras une fois par semaine ou presque, et de transformer l’entrée des bureaux, des zonings et des magasins en BQ géants devant de joyeux braséros. Tout le monde sauf les chroniqueurs du « Soir » ? D’accord, je n’aime pas les BQ, les chipolatas carbonisées d’un côté et crues de l’autre mais je suis prêt à n’avaler que des pommes de terre en vidant une petite mousse – les grévistes savent pourquoi. Mais non, impossible. Faire la grève pour moi signifierait me mettre devant la porte de mon propre bureau avec un grand panneau « Bas la plume, chroniqueurs ! » pour m’empêcher moi-même d’entrer. La schizophrénie a ses limites.

Quelqu‘un me fait remarquer que je ne suis pas le seul à travailler les jours de farniente : les ministres non plus n’arrêtent jamais. Une grève des ministres ? Ce serait le chaos, disent-ils. Si Jambon faisait la grève de la faim chaque fois que tante Laurette lui rentre dans le lard, il ne lui resterait que la peau sur les os. Et Charles Michel ? Obligé de courir avec des seaux d’eau à chaque jet de flèche incendiaire, matin, midi et soir, sous peine de se retrouver avec quinze petits tas de cendres en guise de ministres.

Alors, ministre et chroniqueur, même combat ? Il y a des points communs, je le reconnais : mieux vaut être bilingue, prendre le public à témoin, avoir la dent dure mais éviter d’être blessants. Il y a tout de même quelques différences : à ma connaissance, aucun chroniqueur n’est payé par le contribuable, ni n’a droit à une voiture avec chauffeur. Aucun surtout n’a jamais vu sa chronique publiée dans Le Moniteur belge.

Mais, à bien y réfléchir, une grève des ministres, serait-ce vraiment un désastre ? Le monde politique n’a jamais été aussi populaire que pendant les 541 jours où il a laissé la Belgique tranquille, je veux dire sans gouvernement. Pas de guerre picrocholine entre gauche et droite, entre Flamands et francophones, entre Clochemerle et Merlecloche, même pas de guerre du tout. Bien sûr, sans exécutif, le pays n’aurait pas d’impôt sur le capital mais il n’y en a pas. Ni de musée d’art moderne. Mais est-ce plus malin  d’en avoir trois ? On éviterait le saut d’index mais, tenant compte du taux d’inflation et surtout de la manipulation du « panier de la ménagère » par le précédent gouvernement, qui s’en apercevrait ? Le principal avantage d’un arrêt de travail des ministres, c’est qu’ils seraient seuls en grève. Contre qui protester si les chefs restent dans les bras de Morphée ?

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