DONALD 1er, LE ROI VERT

    Lorsqu’il était enfant, le petit Donald Trump a dû jouer au Monopoly comme vous et moi. Si vous vous en souvenez, les pions s’arrêtent dans les principales rues commerçantes du pays, aux gares, à la compagnie des eaux et à la centrale électrique. Ils risquent même la prison. Mais jamais ils ne mènent les joueurs dans le moindre espace vert. Ni parc, ni bois, ni forêt. Seul le plateau du jeu est vert, ce qui est aussi trompeur que la couleur d’emballage de certains produits qui veulent attirer le chaland alors qu’ils ne sont pas bio.  

   Or, comme l’a écrit le psychologue américain F. Dodson « tout se joue avant six ans ». Ce qui explique sans doute que Donald Trump, qui a passé sans difficultés du stade oral au stade anal, n’ait jamais réussi à passer au stade environnemental. D’où son obsession chaque fois qu’il revient au pouvoir à déchirer aussitôt l’Accord de Paris et à considérer l’écologie comme une maladie honteuse qu’il faut combattre avec au moins autant d’énergie que l’égalité entre les citoyens, les règles contre les discriminations et les politiques de diversité et d’inclusion.

    Dans la même veine, si l’on ose dire, il relance l’exploitation du charbon et les forages tous azimuts dans des zones protégées. Et barre l’entrée aux Etats-Unis des produits du reste du monde avec des taxes prohibitives. 

   Paradoxalement, cette rage taxatoire peut faire de Trump le président qui aura le plus œuvré pour la diminution des émissions de CO2, principal responsable du réchauffement climatique. Le commerce international représente environ 30 % des émissions de CO2. La guerre commerciale qu’il a déclenchée aura comme effet une contraction importante du commerce mondial et du transport des biens autour de la planète ainsi que la faillite de nombreuses entreprises industrielles. Ce qui pourrait valoir au 47ème président américain le prochain Prix Goldman (équivalent du Nobel pour l’environnement), ce qui sera un choc pour lui qui rêve plutôt du Nobel de la Paix – un prix qu’il est prêt à partager avec Vladimir Poutine, s’il le faut. 

 Quelques-unes des plus grandes découvertes sont le fruit du hasard. Archimède qui formule son théorème en prenant son bain, la naissance du télégraphe par Oersted tenant à la main un fil de cuivre réuni à une pile de Volta, la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming, résultat de la contamination accidentelle d’une boîte de champignons ou le Viagra qui était étudié pour soigner des affections cardio-vasculaires ou la loi de la gravitation universelle formulée par Newton après avoir reçu une pomme sur le crâne pendant qu’il faisait la sieste sous un pommier. 

  Pourquoi alors s’étonner que le hasard va conduire Donald Trump à devenir un des plus grands héros de l’environnement et un sauveur de la planète ?   

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A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

  Qu’aurait dit le Lapin Blanc qui courait devant Alice au Pays des Merveilles en s’écriant sans cesse « en retard ! en retard ! » si l’Angleterre avait introduit le changement d’heure au temps de Lewis Carroll ? Le Lapin en aurait perdu la tête avant même que la Reine ne la lui fasse couper. 

Non mais ce changement d’heure, quel scandale ! De quel droit nous prive-t-on d’une heure de notre vie ? Et sans indemnité ! 

Donald Trump aurait eu sa place parmi les personnages d’Alice, entre le chapelier fou et la reine de cœur. Il est en train de nous voler nos industries et nos règles démocratiques. Mais il n’a pas (encore) songé à nous voler le temps (chut ! que personne ne lui souffle l’idée !) 

 « Longtemps je me suis couché de bonne heure » écrivait Marcel Proust mais c’était son libre choix. Or, voilà que la loi à présent nous y oblige. Rendez-vous compte de tout ce que vous auriez fait pendant cette heure qu’on nous vole depuis près de cinquante ans, soit deux jours entiers de la vie de ceux qui étaient nés en 1977. 

  Vous auriez pu dormir c’est-à-dire rêver une heure de plus, réciter à votre ami ou amie l’intégralité du sublime poème de Blaise Cendrars « La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » : « J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance/ J’étais à 16 000 lieues du lieu de ma naissance/ J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares/ Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours/ Car mon adolescence était si ardente et si folle/ Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche ».

Vous auriez pu visionner « La Jetée » le court film déconcertant et inoubliable de Chris Marker (dont l’ « Armée des douze singes » de Terry Gilliam est un remake parfait mais beaucoup plus long !)

Vous auriez aussi pu pousser la porte d’un café, vous asseoir à une table et découvrir à la table voisine, coup de foudre, la femme ou l’homme de votre vie. 

En une heure, celle qu’on nous a volée, des politiciens moins insensés que ceux que nous avons élus auraient pu constituer un gouvernement pour la Région de Bruxelles et même boire une gueuze grenadine à la Mort subite pour fêter l’événement avant d’en venir aux mains.  Vous auriez aussi pu battre le record du monde de l’heure à vélo de Filippo Ganna. Nous avons été privés de 56, 792 km en une heure. 

D’après un sondage de la Dernière Heure, 7 Belges sur 10 seraient favorables à la suppression du système de changement d’heure, ce que le Parlement européen a voté il y a six ans…

Comme l’écrivait Vaclav Havel : « Le temps politique est un temps différent de celui que nous vivons dans le quotidien ».  

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ABRACADABRA

   Pour sceller le sort des universités, le président Trump a été aussi vite et presqu’aussi fort qu’à l’égard de l’Ukraine en suspendant l’attribution d’une grande partie des fonds fédéraux aux plus prestigieux établissements du pays sous des prétextes tout aussi fumeux que ses discours.

Sont visées d’abord les études sur la santé, le climat ou des projets associés aux programmes de diversité, d’équité et d’inclusion. Mais le reste suivra : le président signera par décret la suppression de l’enseignement du droit si les tribunaux fédéraux s’obstinent à déclarer ses ukases illégaux. Pourquoi encore fabriquer des juges et des avocats qui ne comprennent rien à la geste trumpienne ? Laissons l’intelligence artificielle mitonnée par son bouffon, Elon Musk, pondre désormais les jugements. 

Puis il effacera l’histoire car les profs ne parlent que du passé au lieu d’expliquer que le pays vit le moment le plus important de son histoire sous la direction du plus génial dirigeant que le monde a jamais connu. De plus, les historiens ne racontent que des craques : les nazis auraient attaqué les démocraties occidentales, l’Italie aurait été dirigé par une clique de fascistes, le président Poutine aurait dévitalisé toutes les institutions démocratiques mises en place à la chute de l’URSS et fait tuer ses opposants, les Amérindiens auraient été massacrés par des bandes d’immigrés venus peupler les Etats-Unis… Que des bobards débités par des nullards gauchistes. A la porte, bande de provocateurs ! Avec tous les fonctionnaires fédéraux ! Eux aussi remplacés par l’IA. Dieu, que c’est reposant de ne plus croiser un seul être humain dans les couloirs des bâtiments de l’administration ! Tout sera automatique de la naissance à la mort. D’ailleurs, pourquoi encore des êtres humains, je veux dire d’autres êtres vivants que Trump et son fidèle entourage ? 

  L’explosion régulière des fusées de l’entreprise Musk devrait pourtant emmener ce brave homme à s’interroger sur la qualité de ses dispositifs. Il devrait s’empresser d’engager quelques spécialistes pour sauver son business spatial avant qu’ils ne disparaissent dans la nature, licenciés faute de budget. Le départ programmé des Terriens vers Mars est mal parti…  

En cas de nouvelle pandémie aux Etats-Unis, on ne sait trop ce qui va se passer. Près de 10% des agents de la NIH, la principale agence américaine chargée de la recherche biomédicale et de la santé publique, ont déjà été licenciés. Et le ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, est connu pour ses informations mensongères sur les vaccins, le covid, etc. Qui pourra encore soigner les Américains ? Reste peut-être quelques sorciers guérisseurs dans les tribus indiennes. On espère qu’ils réussissent à retrouver les remèdes traditionnels qui permettaient de combattre la sorcellerie puisqu’elle a l’air de frapper la classe dirigeante du pays…

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BRUXELLES, MA BELLE ?

  C’est à se demander s’il n’y a plus que les dealers qui aiment Bruxelles au point de se battre à coup de kalachnikov pour y rester ! Il faut leur reconnaître beaucoup plus d’attachement à notre ville que les politiciens du cru qui sont cuits, brûlés même après avoir déposé les armes. 

N’y a-t-il donc personne pour gouverner la capitale de l‘Europe, accessoirement de notre charmant royaume ? En politique, il y a toujours une solution. Plus elle est absurde, mieux elle fonctionne. Il n’est que d’admirer la construction du gouvernement Arizona qui allie la droite séparatiste flamande aux unitaristes belgicains wallons sous le regard des socialistes de Flandre. 

Voici quelques suggestions pour que ces pauvres David Leisterh et Ahmed Laaouej cessent d’errer comme des poules sans tête. 

Pourquoi ne pas tenter la jachère ? Un procédé classique en agriculture, qui consiste à laisser la terre se reposer pendant quelques années. Après, les plantes repoussent plus vivaces que jamais. 

Appliqué à la région, ce procédé aura pour conséquence d’arrêter tout, projets d’infrastructure, subventions, transports, engagements de personnel, etc. Le temps de laisser la nature reprendre possession de la ville, des rues, des maisons. Dans quatre ans, vous verrez avec quelle énergie, les citoyens se précipiteront aux urnes pour choisir enfin des dirigeants responsables. 

Actons la démission des politiciens bruxellois, plus prêts à cultiver leur ego que notre capitale. Laissons-les se retirer sur leurs terres. Et confions l’exécutif bruxellois à l’Union européenne. L’Europe a intérêt à sauver sa capitale. 

Les vingt-sept chefs d’état se partageront les portefeuilles. Le chancelier allemand au bien-être animal, Macron à l’environnement, Orban à la protection du patrimoine. Problème : la Région n’a droit qu’à cinq ministres. Mais on peut y ajouter des secrétaires d’état. Cependant, cette suggestion se heurte un gros obstacle. Sur cinq excellences, deux doivent être flamandes. Sauf à pousser Orban et Macron à se mettre au néerlandais, voilà un vrai casse-tête.   

Pourquoi ne pas alors faire appel à Trump ? Les gouvernements danois, groenlandais, canadiens, panaméens s’opposent à ses rêves d’étendre son empire. Mais le gouvernement bruxellois étant aux abonnés absents, personne ne l’empêchera de faire de Bruxelles sa seconde capitale. District of Brussels. Lui qui a qualifié notre ville de « trous à rats » voudra investir massivement pour en faire sa vitrine. Peut-être aussi qu’il l’offrira comme jouet à Elon Musk. 

On voit d’ici comme Elon va s’amuser. Après l’envoi de tous les parlementaires et fonctionnaires sur Mars, il expérimentera sur le reste de la population ses procédés d’implants dans le cerveau. De quoi s’assurer qu’aux prochaines élections régionales, il n’y aura plus qu’un seul gagnant, le Vlaams Belang. 

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LE DIALOGUE DE LA SEMAINE

  • Allo, Donald ?
  • Oh ! Tovaritch Vladimir, je comptais justement vous appeler. Télépathie ! On dirait que nos cerveaux fonctionnent en parfaite harmonie ! Que me vaut le plaisir… ?
  • D’abord vous féliciter. Fiesta, discours, tout était très réussi. Surtout le chapeau de votre épouse. J’aimais particulièrement les petites marionnettes qui s’agitaient dans votre dos pendant votre prestation de serment.
  • Marionnettes ?
  • Oui cette série de charmants garçons qui faisaient la claque et qui riaient à chacune de vos saillies. 
  • Zuckerberg, Bezos, Musk et compagnie ?
  • On aurait dit des figurants dans un film des Marx Brothers. Je pensais les inviter à Moscou pour ma prochaine apparition devant la Douma. Ça serait tellement plus drôle pour mes députés de les regarder s’agiter plutôt que le portrait figé de Lénine.  
  • Difficile, Vladimir. Hélas, les sanctions courent toujours. J’aurais voulu les annuler, croyez bien, mais ça ne dépend pas que de moi. 
  • Je ne comprends pas, Donald. Pendant qu’il faisait ses malles, Joe Biden a accordé la grâce présidentielle à un paquet d’individus condamnés par les tribunaux, dont certains sont morts depuis un siècle. 
  • Vous connaissez l’expression : la vieillesse, quel naufrage !
  • Je n’oserais pas ajouter que vous aussi, vous avez gracié toute sorte de personnages autrement plus louches que moi. Aucun tribunal ne m’a jamais condamné, moi. 
  • Tout de même, il traîne un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale… 
  • Et la présomption d’innocence, vous l’avez déjà effacée de vos lois ?
  • Non, non, bien sûr. Sinon, je n’aurais même pas pu participer à l’élection présidentielle…
  • Ces braves gens pourraient simplement présenter leur entreprise pour booster un peu mes oligarques, vraiment trop endormis. 
  • Mais que feriez-vous de leurs produits, Vladimir ? 
  • Tenez, si Amazone s’installait chez nous, je pourrais commander des soldats nord-coréens d’un simple clic. Avec moi, Bezos doublerait sa fortune. Je serais même prêt à payer les commandes en crypto monnaie. Par galanterie, je choisirais celle qu’a lancé votre charmante épouse. 
  • Ah non ! Du trump ou rien ! 
  • Vous êtes dur en affaires, Donald. Mais, d’accord ! J’achèterai mes petits soldats en trump. Musk a aussi une quincaillerie qui peut nous intéresser, satellites, fusées. 
  • Oui mais, entre nous, elles explosent une fois sur deux
  • Je sais ; je les achète pour les refiler aux ukrainiens en disant qu’elles sont livrées par les Etats-Unis, ce qui contourne les sanctions.
  • Payées aussi en trump.
  • Evidemment, Donald.
  • J’y réfléchis. Et Zuckerberg ? 
  • Pour être franc, Facebook ne nous intéresse pas. Mais lui aussi je songe à le vendre aux Ukrainiens à qui il expliquera comment on fait pour être un homme, un vrai…
  • Merci, bon débarras !

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LES  INVITES  DE  LA MAISON SUPER BLANCHE

   Que feront les invités de Donald Trump le jour d’investiture du nouveau président ? Ils applaudiront d’abord le Village People reprendre leur invraisemblable chanson YMCA, icône de la communauté gay lors de son enregistrement, il y a cinquante ans. Vivian Jenna Wilson (née Xavier Musk), la fille du milliardaire préféré de Trump (lequel n’a pas supporté que son aîné.e ait changé de sexe) a peut-être eu tort d’annoncer qu’elle quitte les Etats-Unis ce jour-là. Elle aurait pu faire la fête une dernière fois avant de larguer les amarres. Après le concert, il est vrai, les invités se retrouveront entre hétéros bien-pensant. Orban, Meloni, Milei et même Bolsonaro. On dirait que cette liste est une blague imaginée par Charlie-Hebdo. 

Trump a pourtant voulu que chaque pays soit représenté à la cérémonie par ses plus brillants représentants. Pour la Belgique, ce sera Tom Van Grieken. Geert Wilders pour la Hollande. Récompensés du magnifique score électoral qu’ils ont réalisé, preuve que certains pays d’Europe, dont le nôtre, sont mûrs pour virer trumpo-compatible. 

 Georges-Louis Bouchez espérait aussi être du voyage. Il comptait sur l’intronisation vite fait d’anciens du parti néo-fasciste « Chez Nous » en guise de laisser-passer. Mais c’est raté : en obligeant ses nouveaux baptisés Bleus à renoncer aux « idées » qu’ils ont défendues lors des dernières élections, Bouchez s’est lui-même exclu du club des copains à Trump. Caramba ! Encore raté ! 

Qu’il se console en songeant que la France sera représentée par Eric Zemmour, dont le score électoral a été autrement plus dérisoire que le sien. Et que le pauvre Trudeau, le premier mort de la guerre américano-canadienne, n’a même pas été convié à fêter à la Maison Blanche ses propres funérailles. 

On comprend que Xi Jinping, qui a trouvé un carton dans sa boîte aux lettres, s’est empressé de s’excuser de ne pouvoir se joindre aux invités. Même lui n’a pu retenir un rictus de répulsion à la perspective de se mêler à ce beau linge. 

Pourtant, on a l’impression que le nouveau président américain a voulu que ce Barnum fasse mentir cette réflexion de Marilyn Monroe : « La pire chose qui arrive aux gens quand ils s’habillent et vont à une fête, c’est qu’ils laissent leur vrai eux-mêmes chez eux. »

Ici, le pire, ils l’emmènent avec eux. Le mieux que l’on puisse espérer c’est qu’ils le laissent à la Maison Blanche avant de rentrer chez eux… 

Peut-être qu’il y aura un invité surprise à ces agapes, qui sortira du grand gâteau final avant d’éteindre les lumières. Comme le chef de la fête est prêt à tout, qui sera surpris de voir Poutine jaillir au milieu de la crème ? Caviar à volonté pour tous ceux à qui le reste de la cérémonie n’a pas coupé l’appétit…

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CHARLIE, REVIENS, ILS SONT TOUJOURS PLUS CONS !

     Dix ans après l’assassinat des grandes plumes de Charlie, que reste-t-il de l’esprit Charlie, ce mélange de provoc et d’émotion, d’humour ravageur qui se mêlait à l’amour des gens et de la vie ?

 On a l’impression qu’une fenêtre s’est refermée, que l’air s’est raréfié, que la bulle s’en est allée. On ne peut plus rire de tout sans entraves. Peu à peu le plaisir du pied de nez est grignoté par la culture de l’effacement. Ce réflexe qui censure progressivement l’expression de la pensée qui dérange, rogne les ailes, s’insinue dans la tête de ceux qui écrivent, dessinent, filment. Inconsciemment, ils ont tendance à freiner leurs plumes, leur pinceau, leur caméra. Ils coincent à l’idée que tel ou tel groupe se sente offusqué, offensé et dénonce la liberté que s’est arrogé l’auteur comme une injure, une calomnie, une atteinte à leur personnalité, à leurs croyances, leurs idées. Avec la prolifération des réseaux sociaux, qui s’étendent comme des pieuvres, il se trouve toujours un petit dictateur de quartier mal dans sa peau qui ne supporte pas le rire, l’humour, la moquerie. « C’est dur d’être aimé par des cons ! » s’écriait Mahomet sur une couverture célèbre de Charlie-Hebdo dessinée par Cabu.

On pourrait croire que la prolifération des réseaux et des technologies, leur accès ouvert à tous, allait contribuer au développement de la liberté d’expression. Paradoxalement, c’est le contraire ! Chacun désormais veut dicter sa loi et empêcher qu’on se moque impunément de ses opinions ou de ses convictions.

Remarquez, le constat n’est pas neuf. Dix ans avant la prise de la Bastille, Beaumarchais écrivait : « Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. » Déjà le règne de la culture woke !

En 2025, les humoristes paraissent des petits bras comparé aux nouveaux rois de la provoc et de l’impertinence. Donald Trump, Poutine, Xi Jinping, Erdogan, Khamenei et quelques autres ont remplacé Cabu, Charb ou Honoré mais avec une différence de taille : ils ont banni l’humour sous peine de prison et professent de pires énormités que les dessinateurs de Charlie Hebdo mais avec un sérieux imperturbable. 

En janvier 2015, le président des Etats-Unis était Barack Obama. Dix ans plus tard, les Américains ont plébiscité Donald Trump. Dont le sinistre fou du roi, Elon Musk, cet agité du bonnet, manie la provocation pour saper la démocratie et étouffer les idées qui ne lui plaisent pas. Surtout pas pour faire rire et réfléchir. Lui qui veut envoyer les hommes sur la planète Mars étouffe l’espace de la liberté d’expression.  

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LE ROI DE LA BANQUISE

  En guise de cadeau pour fêter l’an neuf et son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a vu grand. Faute de pouvoir annexer Mars, malgré les fanfaronnades d’Elon Musk, il réclame le Groenland. C’est tout aussi froid que la planète rouge mais c’est plus près de l’Amérique. Et assez grand pour satisfaire son insatiable appétit – trois fois le Texas.

C’est vrai qu’il n’y a que de la glace, quelques igloos et une prison (dont vient de sortir Paul Watson, le défenseur des baleines). Il y a aussi quelques dizaines de milliers d’Inuit. Que faire de ces indigènes ? Pourquoi ne pas les envoyer dans une réserve rejoindre ce qui reste des tribus indiennes ? Vieille tradition américaine. De quoi se plaindront-ils ? Ils bénéficieront d’un bon soleil bien chaud toute l’année. Et ils pourront ouvrir des casinos. C’est plus amusant de jouer à la roulette que de faire des trous dans la banquise pour tenter d’attraper des flétans ou des loups de mer. 

Parlons sous. Trump n’est pas encore Poutine. Il est prêt à signer un chèque pour acquérir ce gigantesque bâton glacé plutôt que d’envoyer l’armée annexer le territoire. Pour estimer son prix de vente, il suggère de se baser sur le prix d’achat par les Hollandais de l’île de Manhattan, payée à l’époque soixante florins (environ mille dollars d’aujourd’hui). Ou sur l’acquisition de l’Alaska pour laquelle les Russes ont reçu, peu après la fin de la guerre de Sécession, 7.200.000 dollars. 

Mais, qu’il se méfie, ce n’est pas sans risque qu’on acquiert ce genre de territoire. Depuis un décret menaçant mais imprécis de janvier 2024, le président Poutine laisse entendre qu’après avoir remis l’Ukraine dans son escarcelle, il pense à reprendre l’Alaska pour poursuivre son rêve de reconstituer l’empire impérial. Trump devrait se méfier d’une offensive viking ou inuite s’il hisse la bannière étoilée sur Thulé ou sur Nuuk, la capitale. L’armée américaine a montré ces derniers temps bien du mal face aux ressortissants des pays qu’elle a voulu mater. 

Imaginons que la transaction se fasse. Que va faire le nouveau président de ces deux millions de km² de glace ? Construire quelque Trump Towers avec vue sur mer ? Mais il faudra bien du talent aux agents immobiliers pour convaincre les futurs propriétaires de passer leur vie à regarder des icebergs. Sauf à leur garantir qu’avec Trump, le réchauffement climatique va si rapidement s’accélérer que le pays ressemblera bientôt à la Riviera…  

Il pourrait aussi en faire une terre d’asile pour ces millions d’immigrants qu’il veut expulser. Mais qu’il se méfie : ce sont les meilleurs des immigrants qui ont fait des Etats-Unis la première puissance du monde. Si ça se trouve, dans quelques décennies, le Groenland leur tiendra la dragée haute…  

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THE LAST PICTURE SHOW

   L’arrivée de l’an neuf s’accompagne selon l’usage de plein de cadeaux. Le meilleur moment de la soirée, c’est celui où l’on contemple les paquets magnifiquement emballés, avec leur délicieux petit nœud rouge, brillant de tous leurs feux, si désirables sous le sapin. L’imagination galope. On se demande quelle merveille va sortir du chapeau. Mais, une fois les paquets déballés, la magie cesse d’opérer. Ce qui était excitant c’était de rêver les promesses cachées sous le papier brillant. 

     Ainsi en est-il aussi du cirque politique. Débarrassé de sa défroque de Saint Nicolas, que restera-t-il en de Bart De Wever en 2025 ? Un monsieur nerveux, l’air si sérieux dans son costume trois pièces mais incapable de monter le château de cartes qu’il nous a promis alors qu’il y a six mois, on a eu l’impression qu’il avait tous les atouts en main et même les jokers.

  Lui, il a déjà composé son gouvernement avant même de monter sur le trône. Donald Trump, vedette tonitruante du Buffalo Bill’s Wild West (à ne pas confondre avec le Monthy Python Flying Circus) a fait miroiter des numéros somptueux dès que s’allumeront les spots. Avec en prime pour tous les spectateurs qui n’ont pas boudé le spectacle, la fin de la guerre d’Ukraine en 24 h. Grâce à quel gadget ? Va-t-il bombarder le Kremlin ou Kiev ? Ou les deux ? Puis s’écrier : j’ai dit 24 h, hein ! Pari tenu ! Pendant que les balayeurs élimineront les gravats, il hurlera déjà dans le micro : Spectacle suivant ! Le Proche Orient ! Et de s’époumonner ainsi jusqu’à ce que le stock de fusées d’artifices soit épuisé… 

   Dans le genre cadeau mystérieux qui excite l’imagination, la Syrie. Le tyran barbare éliminé, les nouveaux rois de la fête viennent aussi le sac plein de promesses auxquelles il suffit de croire pour être joyeux. Ils jurent avoir abandonné la défroque de djihadiste et toute tentation terroriste, leurs bêtises de jeunesse. Ils seront gentils avec tout le monde, même avec les femmes et les chrétiens. Avec qui ils partageront la galette des rois. Tout le monde aura droit à un morceau du gâteau. Mais quelle récompense pour celui qui tombe sur la fève ? Cadeau sucré ou empoisonné ?

Autour de nous aussi, les lendemains sont pleins de mystères. Bien malin qui devinera de quel couleur sera le lapin qui sortira du chapeau en Allemagne en février prochain et après, y aura-t-il un gouvernement avant ou après nous ? Les paris sont ouverts. Tandis que chez nos voisins français, ce sont les jeux olympiques permanents. Les politiques font des rondes à la queue-leu-leu dans l’enceinte du cirque pendant que les lions guettent leurs proies.

Tous ces artistes improvisés devraient prendre exemple sur le seul acteur professionnel du lot, Volodymyr Zelensky, qui ne confond pas les deux métiers. Il sauvera l’Ukraine avant de remonter sur scène…

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 QUELLE EPOQUE FORMIDABLE !

    Une fois de plus, nous assistons, moroses, à l’installation d’une interminable crise pour la formation d’un gouvernement dont tous les participants souligneront, dès qu’elle sera dénouée, combien ils sont insatisfaits d’accéder au pouvoir, prétendant qu’ils n’ont accepté de jouer le jeu que pour le bien public, d’être devenus ministres pour sauver le pays et autres fariboles. 

 A force de tirer sur la ficelle des discussions sans fin sur le programme, la décomposition du pays et la liste des excellences, viendra le jour où le gouvernement ne sera pas encore formé lorsqu’arrivera l’échéance des prochaines élections législatives. Obligeant ainsi le gouvernement en affaires perpétuellement courantes de rester en place cinq ans, dix ans, quinze ans ou plus. Le très vieux Alexandre De Croo recevra l’arrière-petit-fils de Trump élu 54 ème président des Etats-Unis puis les participants de la COP 99 organisée à Schaerbeek devenu port de mer depuis que la Flandre a disparu sous les flots. 

 Et puis les ministres mourront de vieillesse les uns après les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Ce jour-là, le survivant, n’étant plus en conflit avec personne, pourra prêter serment devant le roi et constituer à lui seul un gouvernement qui ne suscitera plus aucune contestation. 

 Certains critiquent déjà cette solution en prétendant que les citoyens risquent d’être lassés d’attendre tant d’années ou de décennies avant la formation d’un gouvernement de plein exercice. C’est pourquoi on avance déjà que, puisqu’aucun être humain n’est capable en Belgique de sortir de ce nid de vipères, il faudrait faire appel à l’IA.

  L’IA qui offrira l’état de grâce à l’état défaillant.  

  Le robot ne connait pas d’état d’âme. Il n’est pas sensible aux animosités personnelles, aux querelles d’ego, aux subtilités byzantines des programmes. Bart De Wever, Georges-Louis Bouchez, Elke Van den Brandt ou Raoul Hedebouw ne sont que des données qu’il mélange en n’obéissant qu’à une seule instruction, former un gouvernement, peu importe les affinités. La super note de BDW ne promet pas assez d’argent public à distribuer ? Celle d’IA ajoute un ou deux zéros et le tour est joué. 

Mais l’IA comprendra assez vite que suppléer aux hommes et aux femmes politiques ne suffit pas. Il renverra donc les professionnels de la politique pour se substituer à eux. Plus d’êtres humains aux commandes et ça roule, ma poule ! IA super ministre, plus besoin de super note super raturée.   

Ne croyez pas que la Belgique servira de laboratoire comme souvent aux autres pays européens. Déjà, certains murmurent qu’Elon Musk a fabriqué un robot à l’effigie de Trump et que c’est lui qui va diriger le monde à partir du 20 janvier. Les premières décisions du président élu laissent penser que ce scénario n’est pas de la science-fiction…   

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