RTBF

Alain Berenboom présente son livre « Périls en ce Royaume »:

– sur la RTB-radio-La Première, en compagnie de Jean-Pierre Hautier: le mardi 12 février de 9h15 à 9 h 45
– sur la RTBF-Télé-La Deux, également le mardi 12 février dans l’émission Mille Feuilles à 22 h 45 (redifusion le mercredi 13 à 10 h)

Mazâr-e Charif

chronique
Ne pas confondre Mazâr-e Charif avec Laurel et Hardy. Mazâr-e Charif est afghan, tandis que Laurel et Hardy sont universels. Un point commun tout de même : dans les deux cas, il est question de liberté. Laurel et Hardy ont donné aux spectateurs du monde entier le droit à un rire destructeur, parfois jusqu’à l’anarchie. A Mazâr-e Charif, un jeune journaliste de vingt-trois ans, dénommé Sayed Perwiz Kambakhsh, avait cru aussi que la liberté de s’exprimer aère le cerveau. Mal lui en a pris. Le tribunal l’a condamné à mort. A mort ! Pour avoir reproduit les commentaires d’un site iranien (où apparemment la liberté de penser est plus grande qu’en Afghanistan) à propos de la place de la femme dans le Coran. La femme doit être l’égal de l’homme, écrivait-il. Et puisque l’homme a droit à plusieurs femmes, pourquoi la femme ne pourrait-elle revendiquer un droit équivalent ? Blasphème ! ont tranché les juges du cru en envoyant le jeune homme en enfer. Où il rejoindra Giordano Bruno, Salman Rushdie et quelques autres imprudents à la langue trop pendue. Rôtir en bonne compagnie, est-ce vraiment une consolation ?
D’après la météo, il fait à peine zéro degré à Mazâr-e Charif. Le froid ambiant explique sans doute que les juges aient préféré siéger à huit clos (le public qui entre dans la salle d’audience, ce sont des courants d’air garantis) et sans avocat (plus vite terminé, plus vite au chaud devant un bon verre de thé). Selon le président de l’Association des journalistes indépendants d’Afghanistan (rapporté par Reporters sans frontières) Sayed Perwiz Kambakhsh a un autre défaut, un frère, lui aussi plumitif (tous piqués dans cette famille ?) qui a publié des articles critiques dénonçant les abus des seigneurs de la guerre qui mettent la région en coupe réglée.
C’est dans ce sympathique et accueillant pays que débarque un contingent supplémentaire de militaires belges. Certes, notre ministre des affaires étrangères s’est fendu d’une convocation de l’ambassadeur afghan et d’un appel à son gouvernement sur l’air de démocratie et droits de l’homme doivent être respectés (ou au moins veiller à ne pas étaler leurs violations dans la presse). A quoi, les autorités afghanes ont opposé, aussi sec, le respect de la séparation des pouvoirs. Ah ! « L’état de droit », encore un beau cadeau de l’Occident, avec les armes et les 4×4. Pavot, pas pris.
A propos, ne ratez pas le splendide documentaire belge de Dan Alexe « Cabale à Kaboul », images décalées sur les deux derniers Juifs de la capitale afghane qui vivent, en se haïssant, dans une synagogue en ruines. Un film tranchant sur ce pays de nulle part, où la « justice » se rend sous le regard indifférent des soldats de l’OTAN.

Alain Berenboom
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PERILS EN CE ROYAUME

Perils en ce RoyaumeParution en février du nouveau roman d’Alain BERENBOOM, aux éditions Bernard Pascuito

UN DETECTIVE EXPLORE LES FÊLURES DE LA BELGIQUE AU TEMPS DE L’AFFAIRE ROYALE

La Belgique est sur le point d’exploser : les francophones craignent la scission du pays, les flamands veulent chasser le roi et instaurer une république indépendante.
Mais, en vérité, c’est au sortir de la guerre que la crise a commencé.

Périls en ce Royaume commence en janvier 1947.

Un jeune fonctionnaire aux Affaires étrangères, qui fut résistant pendant la guerre, disparaît brusquement. Sa famille fait appel à un détective privé, Michel Van Loo.

Les temps sont agités en Belgique : règlements de compte entre résistants et anciens collaborateurs, sur fond de guerre civile larvée entre les partisans du roi Léopold III et ceux qui veulent une république, cependant que les communistes de tous poils se disputent entre eux, sûrs de prendre le pouvoir.

C’est dans ce climat délétère qu’enquête Michel Van Loo et ses amis, Anne, une shampouineuse, Fédérico, un coiffeur, ancien partisan communiste italien, le pharmacien juif Hubert et même son bébé.

Un polar nostalgique et drôle qui explore les coulisses de la Belgique à la veille de l’explosion.

SOUVENEZ-VOUS DE FACHODA !

chronique
Je traînais dans un magasin (à la recherche de chaussures en soldes si vous voulez tout savoir) lorsque le bruit d’une altercation au comptoir me fit lever la tête. Depuis un moment, la jeune vendeuse et un vieil homme discutaient vivement. J’avais cru vaguement entendre qu’elle lui avait manqué de respect. Je n’y avais guère prêté attention, pas plus qu’aux propos qu’ils échangeaient, lorsque l’homme s’écria soudain, les yeux flamboyant : « Souvenez-vous de Fachoda, mademoiselle ! »
Là-dessus, il tourna les talons et, d’un air très digne, sortit en claquant la porte.
Fachoda ? La vendeuse regarda les clients dans la boutique. Qui était Fachoda ? Un parent à elle ? Son profil méditerranéen pouvait peut-être le faire croire. Mais, elle l’aurait reconnu et n’afficherait pas cette expression ahurie sur son visage trop maquillé. Un type se mit à ricaner. Une dame demanda ce qui s’était passé. La vendeuse haussa les épaules. « Un fou », dit-elle. « Il était furieux parce qu’elle refusait de lui parler en flamand », expliqua un jeune homme qui fouillait les bonnes affaires près du comptoir.
« On est à Bruxelles, non ? » fit la vendeuse, les lèvres pincées.
« Et Fachoda ? » demanda la dame. Plus personne ne s’intéressait aux chaussures.
C’est alors que l’histoire me revint. Je l’avais lue jadis. Les Français s’étaient emparés de Fachoda, un poste à la frontière du Soudan vers 1880, qu’ils avaient dû évacuer après que les Anglais aient menacé la France d’une guerre. Léopold II avait essayé de profiter de la tension entre nos grands voisins en envoyant dare-dare un corps expéditionnaire pour étendre l’empire colonial belge mais l’opération avait échoué, l’avant-garde, confiée à des anthropophages, ayant dévoré les officiers.
Tout le magasin se tourna vers moi. La vendeuse, effrayée me demanda s’il fallait prendre ces menaces au sérieux ?
– Vous n’êtes pas un officier même si ce bonhomme est, d’une certaine façon, un indigène… Rassurez-vous. Je crois qu’il pensait à l’humiliation française. A l’époque, elle avait tellement marqué les esprits qu’une méfiance durable s’est installée entre Français et Anglais, dont les pétainistes avaient encore joué plus de cinquante an plus tard. Tout le monde hocha la tête, perplexe.
Qu’au début du nouveau siècle, un homme puisse encore lâcher à une vendeuse « Souvenez-vous de Fachoda ! » était fascinant. Rassurant même à une époque qu’on dit sans mémoire où la culture de la veille disparaît dans un grand trou noir. Mais, comment ne pas en même temps s’inquiéter que le souvenir de vexations anciennes continue à tourmenter autant de bons esprits ? En espérant que personne ne s’écrie un jour : « Souvenez-vous de Bruxelles » !

Alain Berenboom
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Mille Feuilles – RTBF

Passage d’Alain Berenboom et présentation de son livre dans l’émission « Mille Feuilles » sur la Deux (RTBF) le mardi 12 février à 22 heures et rediffusion le lendemain 13 février à 10 heures du matin.

LA ROUE TOURNE

chronique
Viendra un jour où le salon de l’auto se transformera en salon du vélo. Déjà, qu’on y célèbre la lutte contre la pollution. De mauvais esprits parlent à ce propos de cynisme, de rideau de fumée. Alors qu’un petit tour dans les travées du Heysel leur aurait permis de découvrir que les 4×4 sont désormais fournies avec des pédales et que les dernières voitures pour branchés, type blindés, importées directement de Bagdad, sont strictement réservées aux victimes de car jacking sur prescription médicale d’un psychiatre.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la planète, les cyclistes sont progressivement chassés des rues de Pékin et de Shanghai pour ne pas perturber le trafic grandissant. Et ne pas mourir étouffés par le diesel.
Faut-il s’en plaindre ? L’industrie du cycle va disparaître des pays « émergents » où elle s’était délocalisée pour revenir chez nous. La cour des comptes vient de le souligner : dans l’état de délabrement où elles sont, qui peut encore circuler en voiture sur les routes du sud du pays ? Il n’y a plus que les aveugles et les alcooliques qui imaginent un avenir pour le réseau routier wallon. Le aveugles, les alcooliques et Michel Daerden.
Peu à peu, la campagne reprendra possession de nos régions. On ne circulera plus qu’à pied, à cheval et en vélo. Avec pour conséquence la fermeture des industries polluantes dont les produits ne pourront plus voyager. Adieu, monsieur Mittal et votre soif de CO2 ! Adieu MM. Carrefour et Delhaize et vos gigantesques parkings de béton ! Supprimons l’électricité, pour prévenir la fin du pétrole. Et de l’internet pour prévenir la fin de l’électricité. Du frigo et des hôpitaux. Et du téléphone pour cesser de se plaindre. Le chômage ? Ne vous en faites pas. On remplacera les boulots terribles, la sidérurgie, le montage de voitures, la chaîne, les grandes surfaces par des métiers disparus : maréchal ferrant, aiguiseur de couteaux, allumeurs de réverbères, crieurs publics, cantonniers.
Et ce jour-là, les nouveaux pays producteurs, la Chine, l’Inde et les autres, découvriront qu’il existe à l’ouest une région vierge, un nouveau marché à conquérir, de futurs consommateurs pour leurs produits. Vous les verrez débarquer en Wallonie et construire à nouveau routes et autoroutes, bâtir des usines flambant neuf, des équipements sportifs dernier cri, apporter bagnoles, ordinateurs et autres appareils. Un petit effort et nous aurons épargné la coûteuse « petite vignette » de M. Daerden et les travaux pharaonesques de type Country Hall de Liège. Et nous nous serons peut-être débarrassés entre temps de quelques « gestionnaires » du genre dévastateurs de la Wallonie…
Vive le vélo !

Alain berenboom
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A TABLE !

chronique
Cette semaine, en marge de l’Open d’Australie, Bruxelles accueille un nouveau championnat de tennis de table, l’Octopus, un machin qui rassemble plein de stars mais qui ressemble à un jeu concours. Alors, prêts ? Jouez !
Première question : combien de pieds a la table ? Si l’on annonce dix-huit invités, ils sont en réalité vingt, à lire les noms des participants. Donc : chercher les intrus. Quand vous les aurez trouvés, passer à la question suivante…
Pourquoi « Octopus » ? Ce mot (venu de l’anglais, adopté par le néerlandais mais inconnu en français) désigne un poulpe à huit bras, une bête redoutable qui étouffe tous ceux qui passent à sa portée. Devinez qui va étrangler qui ? Puis continuer…
Quelle sera la forme de la table ? Ronde sans aucun doute comme la plus célèbre table de l’histoire, celle des chevaliers réunis autour du roi Arthur, sur la suggestion de Merlin.
Mais, si Leterme est Arthur, qui joue Guenièvre, son épouse (laquelle, on s’en souvient, trahit le roi en se jetant dans les bras de Lancelot) ? Et qui est l’enchanteur, détenteur de la baguette magique ?
Le nom de tous les chevaliers de la table ronde est connu, sauf un, celui qui a droit au « siège périlleux ». Cette place est réservée au mystérieux invité qui aura déposé le Graal sur la table. Quiconque s’avise d’occuper « le siège périlleux » sans en avoir la qualité est aussitôt englouti. Question : devinez qui va disparaître du groupe Octopus parce qu’il se sera imprudemment assis sur le siège périlleux en prétendant avoir apporté le vrai Graal ? Et passer à la question suivante.
La table est donc ronde, c’est entendu. Mais de quel bois est-elle faite ? Question plus redoutable qu’il n’y paraît. Leterme, tel qu’on le connaît suggérera à coup sûr le bouleau. Mais ses vertus de travailleur n’ont accouché jusqu’ici que d’une souris. Alors, on préférera qu’elle soit taillée dans un autre bois. Du sapin ? Il sent l’enterrement. Le chêne, on ne pourra s’en dépêtrer. Le noyer, mieux vaut ne pas y penser même si c’est le sort annoncé du groupe…
A moins qu’il ne se disperse auparavant en passant par la case chaise musicale. Grâce au futé Christophe de Borsu, brillant journaliste de la RTBF, on connaît les qualités de chanteur du président de l’Octopus. Tout le monde sait aussi que le groupe est trop nombreux pour accoucher de propositions sérieuses. L’élimination sur l’air de la Brabançonne permettra peut-être de resserrer les rangs. Nul doute que lorsque Yves Leterme restera seul à table, la solution à tous nos problèmes institutionnels sera enfin en vue. Sauf si, selon sa bonne habitude, le docteur Leterme étouffe Mister Yves. Mais peut-on vraiment tabler là-dessus ?

Alain Berenboom
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CONVERSATION CHEZ LES LETERME, MADAME MILQUET ABSENTE

chronique
Yves : Tu as entendu le président Sarkozy, Bart ? Avec Carla, paraît que c’est sérieux.
Bart : Ah ! Si nous parvenions à offrir à nos citoyens des projets aussi ambitieux et mobilisateurs que les siens.
Yves : Même qu’il lui a offert une bague de chez Dior. Dis Bart, j’y pense. T’offrirais pas une pareille à Joëlle Milquet ? ça arrondirait un peu les angles lorsque viendront les ides de mars, tu vois ce que je veux dire ?
Bart : A ce prix-là, sa bague est un exemplaire unique à mon avis…
Yves : Pas du tout, Bart. Il paraît que Cécilia avait reçu exactement la même auparavant. J’ai lu ça dans « Gala ».
Bart : Ah ? Et tu crois qu’en passant par Sarkozy, Dior me fera une réduction ?
Yves : Tu fais comme tu le sens, Bart. Mais tu sais qu’en politique, on ne se fait guère de cadeaux.
Bart : Enfin, Yves ! Que veux-tu qu’il me demande en échange ? Une nuit à Val Duchesse pendant la prochaine discussion sur la scission de B.H.V. ? Il est le bienvenu ! Je lui préparerai même quelques pistolets à l’américain et un Thermos de café.
Yves : Sarkozy voudra quelque chose de même valeur : la perle de la côte belge, par exemple, le rattachement de Knokke à la France.
Bart : On peut discuter, non ? Proposer Duinbergen ?
Yves : Bon. Disons que tu as la bague. Et alors ? Tu la donnes dans quelle langue ?
Bart : Pff ! Si je fais un discours, Joëlle va dire Neen !
Yves : Moi, je trouve que pour un brillant de près de 20.000 euro, elle peut faire l’effort de répondre : Dank U wel Bart ! Et même te donner une kusje face aux caméras. Tu remarqueras que devant les journalistes, elle n’hésite pas à s’exprimer dans un flamand convenable.
Bart (méfiant) : Dis-moi, Yves, pourquoi veux-tu à tout prix me pousser dans les bras de cette péronnelle ? Déjà qu’elle a failli mettre notre ménage en l’air.
Yves : Fais un effort, Bart, je t’en prie. Sans elle, c’est Guy l’Italien qui ramasse tout ce qu’on a semé. Nous, on perd tout. Adieu veau, vache, cochon, couvée.
Bart : Leterme qui cite La Fontaine et qui fait la pub de Milquet. Yves, tu as passé trop de temps avec les fransquillons ! Si tu veux absolument avoir l’air moderne et faire ménage à trois, pourquoi ne pas draguer chez nous ? La petite Caroline Gennez du S.P.A, par exemple ?
Yves : Une rouge ? Pourquoi pas Bea Ghysen, la patronne de Spirit ? Elle a l’air assez libérée…
Bart : Une ancienne Volksunie ? Non, merci. Les relations incestueuses, ça me dégoûte !
Yves (avec un soupir) : Alors, retour à la case départ : Milquet.
Bart : Bon. Mais la bague, on l’achète chez nous, à Carrefour !
Yves : Carrefour ? Mais, c’est comme Dior : le fief de Sarkozy !

Alain Berenboom
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PUZZLE

chronique
En ce début d’année, j’ai la curieuse impression que les choses ne s’emboîtent pas.
Tenez cette histoire de terrorisme qui a gâché les derniers jours de 2007 alors qu’on venait enfin de caser Leterme dans une armoire. Il paraît que d’affreux barbus se terrent quelque part dans l’ombre en menaçant de faire sauter Bruxelles. C’est l’alerte 4 nous annonce-t-on d’un air consterné (à nous de convertir ce chiffre par l’échelle de Richter pour mesurer le tremblement de terre qui nous pend au nez). Le jour de son installation, le premier ministre joue le mystère tragique, le ministre de l’Intérieur agite sa langue de bois et le feu d’artifices est supprimé pour éviter les rassemblements. Résultat : au lieu de se masser sur le mont des Arts, la foule envahit la Grand-Place. C’est en déplaçant la population de trois cent mètres qu’on a déjoué les plans diaboliques des barbus ? Si on n’a pas eu droit aux pétards, on a reçu un joli rideau de fumée.
L’affaire de la libération de trois otages en Colombie nous donne le même sentiment d’avoir été pris pour des ballots. Les FARC annonçaient un geste humanitaire (ce mot doit avoir pour eux la même signification que pour Staline ou pour Kadhafi), le président Chavez ronronnait sur tous les écrans du monde et les média décrivaient d’avance le déroulement des opérations, faisant déjà des FARC des guérilleros plutôt que des criminels, de Chavez un nouveau Mandela – oubliant au passage le sort des centaines d’autres otages détenus par les narco-terroristes. Aussitôt, le président colombien exhibait le soi-disant l’enfant otage, prétexte pour les terroristes de ne pas libérer les victimes promises. Après ce spectacle retransmis sans le moindre sens critique par les media, comment s’étonner de son épilogue ? La pièce étant déjà jouée et le public ayant applaudi, la libération des figurants n’aurait plus rien apporté aux acteurs vedettes.
Les puzzles incompréhensibles, les pièces qui ne s’emboîtent pas, risquent de se multiplier dans les mois à venir : l’élection présidentielle américaine est toujours l’occasion de promesses absurdes, de rêves glorieux et d’avenir enchanté. La campagne électorale de N. Sarkozy nous en a donné un avant-goût que la situation économique de son pays va l’obliger à prolonger. Poutine en fera autant pour étouffer les critiques sur l’état de survie de la majorité de la population russe.
Reste heureusement la politique belge : peu de risque chez nous de vivre pareilles mystifications après le gouvernement transitoire. 2008, on nous l’a promis, ne nous offrira ni rêves ni paillettes mais l’étripage autour de BHV, le crêpage sur la fédéralisation tous azimuts, le dépeçage du pays. Et on se plaint ?

Alain Berenboom
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UNE ANNEE TROP BELLE POUR TOI

chronique
Sarkozy, Hillary et Barak, Justine et quelques milliards de Chinois seront les héros de 2008. Mais qui seront les loosers de l’année ? C’est à eux, à ces futurs ratés de l’Histoire, que nous voulons présenter nos vœux.
Sans s’avancer beaucoup, on peut désigner le prochain président russe comme la vedette des anti-héros. Un homme dont personne ne connaîtra le nom, l’image, l’utilité et dont le programme sera prudemment pilonné avant même d’être distribué. Un destin de fantôme.
En Belgique, ce rôle sera tenu par Yves Leterme qui passera sans doute dans les manuels scolaires comme le plus mystérieux ex futur premier ministre. Tout le monde se doute qu’un nouveau grain de sable venu des plages de la Vlaamse kust grippera le mécanisme lorsque arrivera le moment promis de la passation de pouvoir. Coup de poignard de ses copains, croc-en-jambe de ses alliés, pied de nez de ses adversaires, peu importe d’où surgira le coup. Mais on voit déjà le visage pathétique du premier démo-chrétien contemplant le fauteuil inaccessible du premier fédéral. « Allons z-enfants de la patrie, le jour de gloire n’est toujours pas arrivé… »
En Grande-Bretagne, après les années Blair paillettes qui se sont terminées avec le goût du champagne éventé, on attendait l’homme qui a tant attendu. Et on n’a rien vu. Monsieur Brown, un produit blanc ? C’est la question à 1 000 £, celle que les bookmakers agitent pour faire monter les enchères. A moins qu’il ne sorte un truc de son chapeau ? L’indépendance de l’Ecosse par exemple, qui sera plus facile à proclamer que le retour de tous les Tommies d’Irak.
En Israël, on se demande avec angoisse quelle nouvelle gaffe ramènera E. Olmert à la une de l’actualité ? Entre scandales financiers, incapacité à négocier la paix et guerre ratée, il lui sera difficile de se surpasser. Certains murmurent déjà que Sharon, même dans son état, ferait mieux que son successeur.
Et l’Europe ? Eternellement enlisée dans un futur prometteur, va-t-elle enfin faire des claquettes dans son nouvel habit de lumière ? Le mini traité est sans doute un peu court mais, comme chacun sait, court c’est sexy. En attendant le super-président made in Europe dans une maison blancheke sur les bords de la Senne, les membres de l’Union continueront cahin-caha à se refiler anonymement la patate chaude tous les six mois.
Reste Charleroi. Courage, citoyens carolos ! Le reste du monde va mal. Mais Charleroi va de l’avant. Après le smog des comptes, le crachin politique et le brouillard de la pollution, que pourrait-il encore vous arriver ? Rien que du bon. C’est ce que nous vous souhaitons ainsi qu’à tous les lecteurs. Et même aux autres.

Alain Berenboom
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