TROP MONOPOLY POUR ÊTRE HONNÊTE

Le Monopoly change d’époque : aujourd’hui on n’achète plus de terrains, de maisons ou d’hôtels (ne parlons même pas d’actions.) Quand on n’a rien à faire de son argent, on s’offre un pays. C’est ainsi que les Lettons supplient le milliardaire russe Roman Abramowicz d’acheter leur pays, au bord de la banqueroute. L’idée est moins sotte qu’il ne paraît. Songez à la paix si Gaza devenait le cinquante-deuxième état américain.
Et B.H.V. ? Vendue au Liechtenstein, sa fortune serait assurée. Bien sûr, on n’y parlerait plus qu’allemand mais, enfin, quand on compte, on ne cause pas beaucoup.
Pour renflouer les caisses de l’état, Herman Van Rompuy pourrait jouer la banque et tenter de racheter le Congo. Pas de bol ! Il n’est pas le premier à y songer. Il devra même négocier en chinois. Mais, c’est toujours plus facile que de parler le volapük belge institutionnel, où il a déjà perdu son latin.
En France, la cause est entendue et les contrats signés, si l’on croit le Figaro Magazine, pourtant très proche de la cour : rois du pétrole, milliardaires russes, capitalistes chinois et tycoons indiens (qui valent mieux que deux tu l’auras) ont subrepticement déjà raflé la mise et les bijoux de famille de la république. Dans quelle langue Sarkozy avale-t-il cela ? L’hebdo ne le dit pas. Et Martine Aubry a d’autres chattes à fouetter.
Pour sauver notre avenir (et celui du capitalisme), on nous exhorte à consommer. Mais on n’avait jamais pensé si gros. Remarquez : la civilisation progresse. Dans le temps, quand on voulait s’emparer d’un territoire, on le raflait à la pointe de la baïonnette. Aujourd’hui, non seulement on passe à la caisse mais on fait la file. A Madagascar, des pans entiers de l’île sont aux mains de qui les paye. On peut s’offrir une province, voire plus si affinités.
On peut enfin rêver. Guy Verhofstadt et Karl de Gucht ne se sont offert qu’une modeste chaumière toscane. Pourquoi ne pas racheter toute l’Italie ? Les Français et les Hollandais ne viennent-ils pas de mettre la main sur Alitalia ? Restent les plages, les Pouilles et le Pô. Ainsi que Rome, Naples et Venise (quelques travaux à prévoir mais eau à tous les étages). Bien sûr, certains locataires sont tonitruants (ne dites pas à haute voix : tony truand) et Berlusconi and coni ont un bail en or massif. Mais la vue vaut les inconvénients.
Et pourquoi l’Italie quand on peut acheter l’Amérique ? Les géants de l’automobile en perdition, les banques en chute libre, l’immobilier à vendre. Avec un bon petit crédit bancaire à la belge, garanti par l’état et Didier Reynders, il ne doit pas être impossible, en ces temps de soldes, de voir grand. Yes, we can !

Alain Berenboom
www.berenboom.com