IRAN LES ARMES

Tous les Iraniens ne sont pas raïssistes, loin de là. Les funérailles spectaculaires du président martyr Ebrahim Raïssi ne trompent personne même pas les pleureuses déployées le long du cortège qui auront trouvé là une occasion de se faire une petite dringuelle. 

Faute de sondage, on ne sait combien de partisans compte vraiment le régime, entre ceux qui en vivent, ceux qui en profitent ou simplement ceux qui ont peur. Mais on se dit que s’il y avait demain des élections libres (ah ! ah ! ah !) il ne resterait plus un seul membre de la nomenklatura qui dirige aujourd’hui l’empire perse. Députés, ministres, président, guide suprême de la révolution islamique, tous balayés.

Hélas, dans tout le Proche Orient, il n’y a qu’un seul état où se déroulent des élections vraiment libres, Israël, facile à sataniser. Il est vrai qu’on ne peut que se lamenter sur le choix de ses électeurs, mais ils vivent dans la peur de leurs voisins et d’au moins deux groupes terroristes effrayants. Avons-nous d’ailleurs des leçons politiques à leur donner alors que sous peu le premier parti de notre pays sera une formation d’extrême droite ?

   Nul doute que les cyniques qui dirigent l’Iran sont conscients de l’état de leur opinion publique. Et qu’ils doivent tenter cyniquement de l’aveugler par des mesures soi-disant d’apaisement, des emplâtres sur une jambe de bois susceptibles de calmer les braves gens pendant un moment, le temps de terminer la mise au point de la bombe atomique. C’est ce qu’ils ont tenté de faire en désignant à la présidence l’une ou l’autre figure étiquetée « modérée » pour l’occasion, comme Mohammad Khatami au tournant du siècle ou, plus récemment, Hassan Rohani, chantre de l’accord nucléaire avec les Occidentaux. 

Vu la manière dont le régime traite les femmes, allant jusqu’à les tuer si un cheveu dépasse du foulard, le coup le plus spectaculaire serait de nommer une femme. Ce qu’avait fait le président tunisien Saïed en bombardant une scientifique, Najla Bouden, première ministre en 2021. Un coup qui pourrait servir d’exemple et qui devrait rassurer les dirigeants iraniens, leur montrer qu’ils n’ont rien à craindre d’une représentante de l’autre sexe qu’il est d’ailleurs facile de renvoyer à son voile (Madame Bouden a été remerciée au bout d’un an et demi). De toute façon, le règne du président Raïssi l’a montré, comme avant ceux de Rohani ou de Khatami : le président n’a pas plus voix au chapitre dans ce régime qu’un roi en Europe. Raïssi avait beaucoup plus de pouvoirs quand il jouait au boucher de Téhéran. 

Comme le dit un proverbe iranien ancien : « Le mensonge qui fait du bien vaut mieux que la vérité qui fait du mal ». Un conseil qui n’est pas seulement appliqué par les dirigeants iraniens, comme on le verra en Europe au début du mois prochain…

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MORTS SUR LE NIL

  Le général al-Sissi a battu d’un cheveu Vladimir Poutine à l’applaudimètre. Elu avec 89 % des voix, il a bien mérité d’être récompensé par la Commission européenne qui s’est empressée de lui offrir 7,5 milliards d’euro tirés des poches des contribuables européens. Quand on aime, on ne compte pas. 

Après la Tunisie, la Lybie et la Turquie, il suffit donc d’être dictateur (pardon, d’être élu démocratiquement mais avec des scores qui dépassent largement ceux des rêves les plus fous des dirigeants des partis de la Vivaldi) pour avoir droit à un chèque-cadeau venu de Bruxelles. 

Il n’y a pas plus efficace que les flics égyptiens pour boucler à double tour les candidats à l’immigration vers l’Europe. Témoins, les soixante mille prisonniers politiques bouclés dans les prisons du pays plus étroitement que les pharaons dans les pyramides et, comme eux, pour l’éternité.

Question répression de l’immigration, al-Sissi a déjà fait ses preuves en verrouillant à double tour l’entrée des Palestiniens sur son territoire, Quand on lui a proposé de les accueillir pour des raisons humanitaires, il s’est écrié qu’il n’en était pas question. « Si la situation l’exige, a-t-il menacé, je demanderai au peuple égyptien de descendre dans la rue pour exprimer son refus. Des millions d’Egyptiens vont le faire ». 

Empêcher l’accueil de ses voisins est le seul cas qui permet aux citoyens égyptiens de descendre dans la rue. On suppose que cette annonce d’une manifestation remplit l’objectif du partenariat Egypte-Union Européenne qui promet de travailler « sur l’espace pour la société civile et la démocratie » comme l’a souligné Alexandre De Croo, qui était du voyage sur le Nil.  

L’épisode devrait donner des idées à Poutine. Pourquoi n’y avoir pas pensé plus tôt ? Il est toujours temps de se mettre sur les rangs. 

Ne serait-ce pas une bonne idée que la Russie soit candidate elle aussi à « accueillir » les immigrés des pays du Sud avec lesquels elle flirte ostensiblement depuis le début de la guerre d’Ukraine ? En échange, lui refusera-t-on l’habituelle contribution de Madame van der Leyen et consorts, le sourire crispé d’Alexandre De Croo et la poignée de mains virile de Charles Michel ?

Un million de Russes auraient quitté leur patrie depuis le début de la guerre. Il y a donc beaucoup de logements vacants d’autant que le vieillissement de la population et la démographie en berne assèchent le pays. Bienvenue donc aux errants chassés d’Afrique par la misère, la sécheresse ou la répression dans leurs pays, qui pourront se transformer en moujiks nouvelle génération avec le financement de l’Europe. En plus, ils formeront d’excellents soldats pour affronter les armes ukrainiennes, elles aussi financées par nos soins. Ubu, reviens !  

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