EINSTEIN, REVEILLE-TOI, ILS SONT DEVENUS FOUS !

  On savait que le Belge a une brique dans le ventre. Mais pas de cette dimension. La Flandre veut construire en mer du Nord une « autoroute de drones ». Ne me demandez pas la signification de cette entreprise. Est-ce une rampe de lancement pour permettre à l’armée belge d’envahir la Grande Bretagne ? 

C’est ce que je pensais jusqu’à ce que je lise une interview du CIO de Skyes, le gestionnaire du trafic aérien (dans La Libre Belgique) qui déclare que le système permettra « même de livrer des pizzas ». On comprend mieux l’utilité d’un investissement de cette importance.  

  Pendant ce temps, on se propose d’investir en Wallonie un milliard et demi dans la construction d’un gigantesque tunnel qui permettra d’observer l’espace grâce à un télescope géant baptisé Einstein (oui, il faut aller en dessous pour regarder au-delà). 

 Tunnel, aussi long que celui sous la Manche, qui sera financé par le budget fédéral, affirme le secrétaire d’état Thomas Dermine, pour autant que les Flamands marquent leur accord, ce qui nécessitera de prolonger le fameux tunnel pour le faire aboutir dans les Fourons, c’est-à-dire en Flandre. Je vous assure, c’est vrai ! Ce n’est pas un poisson d’avril !  

 Pendant ce temps, le délégué aux droits de l’enfant sonne l’alarme dans son rapport annuel sur la situation catastrophique de milliers d’enfants de notre pays dont une partie vit déjà sans abri et pas mal d’autres le deviendront à leur la majorité. Il n’y a pas assez de structure pour les accueillir, pas de logements, pas de personnel. Rien. Juste un bilan dramatique. Qui s’ajoute au nombre de plus en plus élevé de SDF qui guettent l’arrivée de l’hiver, dont ces demandeurs d’asile qui errent dans Bruxelles, à cause des budgets étriqués (dixit Nicole de Moor, qui manifestement ne bénéficie pas des mêmes largesses que son collègue Dermine). Ironie de l’histoire et lien imprévu entre ces deux actualités : Albert Einstein s’est réfugié en Belgique, fuyant le régime nazi. A l’époque, accueilli par le gouvernement, logé pendant plusieurs mois au Coq. Autre temps, autres mœurs, autres politiques.  

 Evidemment, on pourrait loger tous ces mineurs à la dérive, ainsi que les demandeurs d’asile, dans le fameux tunnel Einstein. D’abord, ils y seraient au chaud. Vu le prix qu’on est prêt à débourser pour sa construction, ouvrir quelques centaines de chambres (le tunnel s’étendra sur plusieurs kilomètres) ne devrait pas faire exploser le budget déjà pharaonique. D’une pierre deux coups, les enfants ainsi pris en charge pourront passer la journée l’œil vissée au télescope et observer l’univers tranquille. Et les demandeurs d’asile rêver à un monde plus serein que celui qu’ils ont fui et même celui où ils ont échoué.  

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HISTOIRE D’O

   On peut se noyer dans un verre d’eau. La preuve avec les déclarations débordantes de mièvrerie d’un certain nombre de responsables politiques wallons depuis la découverte que l’eau de plusieurs communes est contaminée depuis des années et que les consommateurs n’en ont pas été avertis.

   Venu constater une crue de la Garonne, le président français Mac-Mahon s’était écrié : « Que d’eau ! Que d’eau ! » Et le préfet de renchérir : « Et encore ! Vous n’en voyez que le dessus ! »

L’histoire se répète. Mieux vaut glisser les dessous des eaux wallonnes sous le tapis en attendant les élections. 

 Bonne chance de voir clair dans cet aquarium plein de piranhas. Tout le monde s’envoie des explications contradictoires ce qui permet aux ministres et administrations mis en cause de garder la tête hors de l’eau et de noyer le poisson. 

 Ainsi, on apprend que si, dans certaines communes, le taux de pollution dépasse les normes européennes, ce n’est pas grave puisque ces normes n’entrent en application que dans plus de deux ans. Donc, buvez sans crainte une eau qui ne sera sale que demain. Elle est propre aujourd’hui. Ce que confirme la SWDE (société des eaux wallonnes) qui assure sur son site que « l’eau est potable et respecte les normes en vigueur. »  Alors, pourquoi cette tempête ?

 Côté responsabilité du cafouillage, c’est comme toujours la bouteille à encre. Personne ne conteste que la ministre flamande de l’environnement, Zuhal Demir, a prévenu les autorités régionales bruxelloises (pour une pollution à Halle) et wallonnes il y a plus d’un an. Mais ensuite, cette bouteille jetée à la mer semble s’être égarée. 

 La ministre Tellier (Ecolo) a saisi la SWDE, pendant que la ministre socialiste de la Santé, Christie Morreale regardait les courriers flotter. De son côté le ministre bruxellois Alain Maron (Ecolo) assure avoir prévenu l’intercommunale des eaux concernée tout en remarquant qu’une pollution dans une commune flamande n’est pas son affaire. 

 Quelqu’un a-t-il demandé des comptes à la SWDE ou à l’intercommunale bruxelloise ? Les ministres interpelés ont-ils considéré qu’ils avaient tiré leur épingle du jeu dès lors qu’ils avaient refilé la patate chaude ? 

 Arthur Schnitzler écrivait : “Il y a trois sortes d’hommes politiques : ceux qui troublent l’eau ; ceux qui pêchent en eau trouble ; et ceux, plus doués, qui troublent l’eau pour pêcher en eau trouble.” Bien malin pour reconnaître ceux qui ont gardé les mains propres.  

 Ajoutons que les communes qui ont proposé de distribuer de l’eau en bouteille ont dû essuyer les reproches d’associations de l’environnement : Assez de plastique dans les décharges ! 

C’est vrai ça. Pourquoi ne pas distribuer plutôt du champagne pour faire oublier aux citoyens comment est géré l’eau de leurs robinets ?   

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TEMPS DE CHIEN

 L’opulente mamma entraînant sa marmaille désordonnée et bruyante, cette image classique des comédies italiennes des années cinquante est un chromo du passé. A ranger entre le chianti en fiasque de paille et la Lambretta. L’an dernier, les naissances en Italie sont passées en dessous du seuil des 400.000, quatorzième baisse consécutive et chute record de la natalité. A ce rythme, l’hiver démographique, comme on l’appelle là-bas, pourrait faire baisser la population de la péninsule de quatorze millions d’habitants dans quelques dizaines d’années. C’est dire le grand écart auquel doit se livrer la première ministre, Giorgia Meloni, tenaillée entre un besoin croissant de main d’œuvre et de travailleurs actifs finançant le régime des pensions et sa politique violemment anti-immigrés. Pour repousser les malheureux venus chercher une vie meilleure dans le plus beau pays du monde, la Meloni a chargé l’Albanie d’ouvrir des centres (gérés par les Italiens) pour accueillir les immigrés sauvés en mer.

   En Espagne, la situation n’est pas meilleure en tout cas pour les bébés alors que les pays de la Méditerranée ont longtemps battu les records européens du nombre de familles nombreuses. Désormais, nous apprend la presse ibérique, moins les couples font d’enfants, plus ils achètent de chiens. Il y aurait plus de toutous que de marmots dans la patrie de Felipe VI. 

   Pourtant faire taire un chien qui aboie est encore plus difficile que d’apaiser un enfant braillard. Ce n’est donc pas le bruit qui explique cette préférence pour la race canine. 

  Que l’on hésite à faire des enfants en ces temps troublés, les explications sont nombreuses, désarroi et angoisse devant la perspective des changements climatiques, soubresauts politiques de plus en plus sanglants à nos portes, manque de souffle et d’imagination à propos de notre sort dans l’avenir. Mais ce destin funeste qu’on ne veut pas faire subir à une nouvelle génération d’êtres humains, pourquoi l’imposer aux pauvres clebs ? 

  Certains expliquent l’amour récent des Espagnols pour les chiens par la crainte d’une ère de plus en plus sauvage. Où il faudra se prémunir des attaques de voyous ou de voisins alors que la force publique aura laissé tomber les bras. Dans ce cas, un chien méchant est beaucoup plus efficace qu’un bébé Cadum. 

Paradoxe pourtant parce que, jusqu’il y a peu, les Espagnols étaient tristement connus pour maltraiter les chiens. Ainsi, beaucoup de chasseurs n’hésitaient pas à pendre aux arbres leurs lévriers galgo quand l’âge les rendait plus lents et moins utiles dans la poursuite du gibier. 

  On ne peut que se réjouir de cette réhabilitation du « meilleur ami de l’homme » (et de madame) car comme le disait Boris Vian : « Un bon chien vaut mieux que deux kilos de rats ».          

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Ô LANGUE, Ô DESESPOIR …

 Ce n’est pas pour me vanter mais j’ai mal à la langue. Help, docteur ! Y a-t-il un sensitivity reader dans les parages ? Figurez-vous que certains éditeurs payent cette nouvelle race de correcteurs qui pèsent chaque mot des manuscrits qu’ils envisagent d’éditer sur une balance de pharmacien. C’est dire que la maladie s’étend et qu’il faut éviter de faire monter la fièvre. 

 Un exemple parmi mille autres, a été considérée comme « shocking » la publication sous le titre de « Noire » d’une BD dessinée par une auteure blanche (pourtant adaptée du roman du même nom de l’auteure noire canadienne Tania de Montaigne). Certains vont même jusqu’à brûler des livres dans leur croisade pour imposer la pensée pure (la leur), comme cet autodafé au Canada d’albums de Tintin, Astérix ou Lucky Luke (jugé injurieux pour les Indiens…) au cours d’une cérémonie dite de purification.

  On se racrapote sur son petit monde pour en exclure les autres. On se prétend racisé pour fermer la porte à qui ne fait pas partie de sa communauté.  

   Partout, la langue est sous le coup de polémiques de plus en plus vives. Ainsi, le Sénat français vient de voter l’interdiction de l’écriture inclusive, procédé dénoncé par une sénatrice comme une idéologie. Application du dicton « l’enfer est pavé de bonnes intentions », la conséquence de l’écriture inclusive, c’est l’exclusion (du lecteur autant que de la lectrice).   

   Autre monde où la langue est malmenée, les réseaux sociaux. A chaque utilisateur il faudrait rappeler de tourner sept fois son petit doigt sur la touche avant de s’exprimer. Voilà bien un univers dans lequel les sensitivity readers auraient du pain sur la planche. 

 Par exemple en lisant ce qui s’écrit à propos du conflit au Proche-Orient (une expression, vous l’aurez remarqué, qui me permet d’éviter à la fois de faire référence aux horreurs commises par les terroristes du Hamas et les bombardements de civils à Gaza sans compter l’occupation israélienne de la Cisjordanie). 

Or ces précautions sémantiques ont volé en éclats. Depuis le 7 octobre, on ne sait quelle mouche a piqué tant de beaux esprits à vouloir à tout prix s’exprimer sur le sujet sans avoir rien à en dire sinon des vœux pieux ou des stupidités. Dans le genre, les Oscars (très disputés) sont attribués à l’ancien président de la Chambre André Flahaut (comparant Gaza au ghetto de Varsovie, comme en écho au président Poutine qui comparait Gaza à Stalingrad). Ex-aequo avec le boss des Mutualités socialistes Jean-Pascal Labille re-tweetant une caricature abjecte mêlant croix gammée et étoile de David. Pierre Dac le disait déjà : « Il vaut mieux se taire que de ne rien dire ». François Mauriac ajoutant : « Moins les gens ont d’idées à exprimer, plus ils parlent fort ».

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VAN TIG, L’AMER DU NORD

  Van Tig succède à Van Quick comme ministre de la Mer du Nord, y compris la politique de mobilité maritime. Il exercera aussi, s’il a le temps, d’autres attributions, notamment la Justice. Dans certains cas, ces deux compétences pourraient se compléter mais hélas aussi entrer en conflit. Ainsi, si un terroriste s’approche de la côte belge en pédalo, le ministre a deux bonnes raisons de défendre notre territoire. Mais comment savoir si c’est son cabinet Mer du Nord ou son cabinet justice qui doit intervenir ? Grave question qui explique que M. Van Tigchelt a immédiatement créé un conseil supérieur pour l’aider à décider cas par cas. Lequel conseil sera composé de magistrats, débarrassant ainsi les tribunaux de juges en surplus qu’on n’a pas réussi à fourrer déjà au conseil supérieur de la justice, au collège de ceci et celui de cela. 

  Ne croyez pas les médisances à propos du nouveau ministre. Il doit être plein de qualités vu son expérience passée. Comme il a été chef de cabinet adjoint et porte-parole de Patrick Dewael au ministère de l’Intérieur, on attendait la réaction de son ancien boss. En apprenant la nomination de Van Tig, Patrick Dewael a aussitôt décidé de se distancer de son parti et de siéger désormais comme indépendant. Quant au bourgmestre d’Ostende, Bart Tommelein, également VLD, il a quitté le bureau du parti en découvrant le nom du nouveau ministre de la Mer du Nord. 

Les autres fonctions exercées par notre nouvelle excellence ont aussi laissé des traces. Nommé procureur général adjoint à Anvers, il se flattait d’être le premier à vraiment s’attaquer aux trafiquants de drogue. Depuis son départ de la métropole, les trafiquants ne se contentent plus de se livrer à leur commerce. Ils se aussi sont mis à tirer dans les rues. 

En janvier 2016, Van Tig prend la tête de l’OCAM. Deux mois plus tard, des terroristes que l’OCAM n’a pas vu venir provoquent les plus graves attentats de l’histoire de Belgique.

Avec Van Tig, la Justice va bouger. Surtout les meubles. 

En découvrant que le dossier d’extradition du terroriste de la place Sainctelette a été oublié pendant des mois au fond d’une armoire, le nouveau ministre a pris une mesure radicale et courageuse. Il a ordonné la suppression de toutes les armoires des palais de justice du pays. 

Voilà l’homme d’action qu’on attendait ! Il a cependant omis de préciser ce que les magistrats devront faire des dossiers rangés dans ces armoires promis à la disparition. Pourquoi pas les brûler, meilleur moyen d’éviter de devoir reconnaître un jour qu’on a négligé de les traiter ? 

Il a raison, Van Tig, de s’attaquer aux meubles. C’est ainsi qu’on se souviendra de lui. Comme le racontait la rappeur Abd Al-Malik : « J’ai été reçu par des ministres de la culture. Ils m’ont fait visiter leurs bureaux. Leur fierté s’arrêtait au mobilier ». 

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TU VEUX MA PHOTO ?

 Entre les suicides d’ados persécutés et filmés par leurs « copains » sur Facebook et les terroristes s’exhibant avant, pendant ou après leurs méfaits sur You Tube ou Instagram, on ne sait plus où donner de la tête surtout que, pendant ce temps-là, se répandent des millions de messages haineux, montages tronqués et fausses informations auxquels s’ajoutent des commentaires qu’on appelait jadis le blabla du café du commerce. A cette différence qu’au café, on pouvait regarder dans les yeux l’interlocuteur qui balançait des conneries et lui mettre le poing sur le nez alors que dans le bistrot virtuel, ce sont des anonymes-pseudonymes qui lèvent leur verre virtuel en déversant leur fiel impunément.

Au café du commerce, quand il en avait marre de vous entendre pérorer, le patron vous flanquait à la porte. Les boss de X, Tik Tok et autres Facebook n’ont pas ce réflexe. Ils ne vous entendent pas. Ils ne regardent pas ce qui défile sur leurs écrans, sinon les pubs. Car elles représentent leur seule préoccupation, le fric qui tombe dans leur escarcelle. Plus il y a de followers, plus il y a des dollars. Peu importe ce qui produit leurs revenus. 

Il n’est pas certain qu’avoir placé un appareil photo sur chaque téléphone marque un grand progrès dans l’histoire de la civilisation mais ce qui est sûr c’est que laisser se répandre les horreurs des réseaux sociaux sans filets constitue un crime contre l’humanité. 

Certains crient à la censure quand des voix s’élèvent réclamant aux réseaux sociaux de modérer les contenus, bloquer les horreurs et les monstres, responsabiliser les auteurs des messages en les obligeant à apparaître sous leur véritable identité. 

Journaux, radios, télés, tous les organes classiques d’information ont placé depuis toujours des filtres, vérifient ce qui est publié. Des éditeurs relisent ou visionnent avant de laisser publier. Y a-t-on jamais vu une atteinte à la liberté d’expression ? Au contraire. 

Laisser se répandre des fakes news, des éloges de la terreur, la barbarie mise en scène, voilà des atteintes à la liberté des citoyens. Imposer l’image d’enfants égorgés ou laisser un terroriste se filmer lui-même (et toujours de façon médiocre sans le moindre talent !) en train de canarder des civils, où est la liberté ?

Au contraire, cette diffusion en flots continus d’images et de textes dégueulasses est une façon d’étouffer le spectateur sous le déluge d’horreurs. L’empêcher de réagir par l’intelligence. Ce qui est l’essence même de la communication.

Comme le relevait Michaël Crichton, dans la société de l’information, personne ne pense. Nous pensions bannir le papier. Mais en fait nous avons banni la pensée.    

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LES MEILLEURS MANQUENT DE TOUTE CONVICTION

  Dans la série de crises barbares que nous traversons, Ukraine-Russie, Israël-Palestine, on constate une inadéquation consternante du discours politique avec la réalité tragique des événements.

  Que Poutine raconte des craques, que les Iraniens mentent comme des arracheurs de dents (pardon à ma délicieuse dentiste !), le monde entier le sait. Mais que les représentants de nos démocraties racontent d’importe quoi face aux ténèbres, voilà qui est affligeant. 

  Yeats écrivait déjà au début du vingtième siècle : « Les meilleurs manquent de toute conviction. Les pires, eux, sont animés d’une intense passion ». (Le grand poète était aussi nationaliste irlandais.)

   Façon aimable de regretter la passivité de nos politiques qui ont fermé les yeux quand Poutine a tranquillement annexé la Crimée, découpé la Géorgie, fait occuper le Donbass, et même laissé abattre un avion de ligne avec 298 personnes à bord. Tout au long de ces années, les Européens faisaient semblant de croire qu’il suffisait d’acheter pétrole et gaz russes et faire des risettes pour que l’ours se tienne coi.  

   Chez nous aussi, on s’est beaucoup tortillé avant de soutenir l’Ukraine autrement qu’avec de bonnes paroles. Au début de la guerre, aux Ukrainiens qui demandaient des armes, notre charmante ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, promettait l’envoi de casques… Quand ils réclamaient des avions, la même refusait de se séparer de nos précieux F16 sous prétexte qu’ils étaient trop vieux. Un an plus tard, elle consent à en envoyer deux, peut-être quatre, dans deux ans. Le temps d’une cure de jouvence ? 

   La crise israélo-palestinienne a aussi entraîné un florilège de bonnes paroles sans aucune initiative concrète, notamment pour dénoncer la montée de la violence du Hamas et sa soif insatiable d’armes. Sans comprendre que cette culture de la haine engendrerait un déchaînement de sauvagerie. 

   Plus consternant encore d’entendre certaines de nos éminences fermer les yeux même après le déroulement des terrifiants actes terroristes commis par ce mouvement. Le PTB trouve la source de cette violence il y a 75 ans autrement dit, il approuve la revendication du Hamas de supprimer purement et simplement l’Etat d’Israël. Tout aussi consternant, les messages de la gauche socialiste, d’abord silencieuse devant les massacres. Puis, s’exprimant à travers une déclaration de la présidente de la Chambre, Eliane Tillieux, qui a tenté un choquant « équilibre » de condamnations, un coup contre le Hamas, un coup contre Israël. Comme l’a fait la présidente d’Ecolo. Cherche la gauche belge désespérement…

Pendant ce temps, le Comité Nobel, sauvant l’honneur des Européens, a attribué le prix Nobel de la Paix à Narges Mohammadi, qui s’est dressée contre les ayatollahs rassis d’Iran, les commanditaires des abominations du Hamas. 

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L’ETE INDIEN

   En 1975, un Joe Dassin prémonitoire portait aux nues l’été indien. D’accord, vous n’étiez pas nés mais ça chaloupe, ça vous entraîne. Même si c’était « il y a un an, y a un siècle, y a une éternité ». 

   Cinquante ans après, on a l’impression que l’été indien, ce coup de chaleur de l’automne, n’a pas changé. Et pourtant. A l’époque, c’est « une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique ». Ici, on se gelait les miches. Là-bas, il ne faisait même pas 30°. Pourtant, aux demoiselles qui portaient d’affolantes robes longues transparentes déjà, Dassin lançait « Avec ta robe longue, tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin ». Maintenant, on croise des types en singlet et même torse nu dans les rues de Bruxelles en octobre. Ces rues où erre Tintin erre au début de « L’Etoile mystérieuse », arrachant ses souliers au macadam qui fond pendant qu’un illuminé en robe blanche se promène en hurlant que c’est la fin du monde. Plus lucide que Jo Dassin, Hergé aurait-il eu vent du réchauffement climatique ? On a envie de le croire. En réalité, l’histoire a été dessinée pendant l’occupation allemande et publiée dans Le Soir (volé) en octobre 1941. De quelque façon qu’on le regarde, ce mois-là ne ressemblait pas à l’été indien. Même en météo. L’épaisseur de la neige à Uccle était de 5 cm. 

  Mais, évitons de pleurer comme Jo Dassin les seventies. Profitons de l’été indien. Dans cinquante ans, un chanteur va célébrer avec nostalgie notre été indien de 2023. Il fredonnera « c’est une saison qui existait en Belgique », d’une voix pleine de regrets, lui qui se sera réfugié entre temps au nord du Groenland et qui émettra depuis un bunker climatisé sous la base américaine de Thulé, à une centaine de kilomètres au sud de la ville de Qaanaaq, devenue la seule cité encore vivable de la planète bleue. 

  « Je regarde cette vague qui n’atteindra jamais la lune » chante encore Dassin. Il ne savait pas que ce sera peut-être le cas dans quelque temps quand on ne maîtrisera plus rien. 

Pendant ce temps, voyant venir les élections dans huit mois et non les désastres climatiques dans huit ans ou plus, les gouvernements européens commencent à freiner des quatre fers sur la mise en place du Pacte vert. Tant qu’il ne s’agissait que de déclarations de bonnes intentions, type discours à la tribune de la COP, tout le monde était partant. Mais maintenant qu’il faut mettre les mesures en œuvre, c’est la panique. La présidente du Parlement européen allant jusqu’à mettre en garde contre les effets d’une politique environnementale trop affirmée. 

Veut-elle croire que « Toute la vie sera pareille à ce matin aux couleurs de l’été indien » ?  Peut-être. Mais imaginer le futur en torpeur vénéneuse et lascive ne vous sortira pas la tête de l’eau bouillante.    

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L’EXIL, UN SPORT DE COMBAT 

 Les récents errements de Nicole de Moor qui refuse d’exécuter un arrêt du Conseil d’Etat montre qu’il n’est pas sain de garder le même ministre dans les mêmes fonctions pendant trop longtemps.  

J’imagine Nicole comme une femme gentille avec sa concierge et ses enfants même s’ils viennent d’un autre coin de la planète (leurs papiers sont en règle), ainsi qu’avec les chiens des voisins même si ce sont des Galgos espagnols, des barbus tchèques et des Laïkas de Sibérie orientale. Elle les croise tous les jours et n’a jamais songé à demander leurs pedigrees à leurs propriétaires, même quand elle les a surpris à pisser sur sa voiture (mais que peut-elle dire à ce sujet sans se ridiculiser ?)

    Voyons, Nicole, quelle idée de passer sa vie à réglementer la circulation des demandeurs d’asile ! Elle qui a travaillé au Commissariat aux Réfugiés et apatrides, été chef de cabinet de son prédécesseur Sammy Mahdi (en voilà un qui doit remercier le ciel de s’être tiré des flûtes), et qui n’a jamais rien connu d’autre. Vis ta vie, nom de nom !

   Elle a élaboré des dizaines de réglementations plus byzantines les unes que les autres qu’elle a obligé les étrangers et ceux qui les accueillent à respecter sous peine de prison. Elle a appris à ses fonctionnaires de se montrer inhumains. La voilà maintenant exactement dans la peau de ces étrangers en détresse, « obligée » de ne pas respecter une décision judiciaire, de se soustraire à la loi, pour parler en juriste. Et elle demande qu’on ait pitié d’elle ? 

 Un de ces jours, pour échapper à la sanction qui frappe tous ceux qui ne respectent pas une décision judiciaire (le laxisme, c’est fini ! dixit son collègue de la Justice), cette pauvre Nicole va être obligée de quitter subrepticement son appartement, sa concierge et les chiens de ses voisins (dont on ne connait pas les pedigrees). Et de devenir réfugiée à son tour. 

  Dans le temps, à la Libération, l’église catholique était en mesure d’évacuer les dignitaires déchus avec lesquels elle entretenait certaines amitiés vers des cieux plus cléments. Mais c’est fini tout ça ! L’Eglise n’a plus les moyens ni les filières. De toute façon, un ministre démocrate-chrétien n’a plus beaucoup d’amis…  

Reste peut-être à roquer avec un de ses collègues. Nicole pourrait reprendre le ministère de la culture en Flandre, dont le portefeuille est vraiment trop lourd à porter pour le ministre-président Jan Jambon, qui s’en défera avec soulagement. 

Evidemment, quand Nicole s’apercevra que même parmi les hommes et les femmes qui représentent le mieux la culture flamande, il se trouve pas mal d’étrangers, il faut prier pour qu’elle oublie les réflexes de son ancienne vie …

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PEACE & LOVE

     A propos de l’EVRAS (le cours d’Education à la vie relationnelle, affective & sexuelle), qui contesterait aux parents le droit d’éduquer leurs enfants à la vie affective, sexuelle, etc ?  Même si, pour ce qui me concerne, je n’ai pas le souvenir que mes parents, intellectuels laïcs et cultivés aient fait le moindre effort à ce sujet. Je me suis d’ailleurs empressé de ne rien leur demander.

Je pense avec candeur peut-être que les choses ont peu changé et que beaucoup d’enfants préfèrent interroger ChatGPT sur les questions sexuelles que papa, maman ou le curé (mieux vaut l’éviter), quand ce ne sont pas des sites nettement moins recommandables ou les réseaux sociaux.  

Malgré leur bonne volonté, il y a des choses que les parents ne peuvent pas leur apprendre. D’abord la signification du mot Evras. Evras ? Cesse de poser des questions idiotes, Toto et mange ta soupe. Tu n’as pas l’âge d’escalader l’Evras. 

Il y a aussi toutes ces magnifiques expressions que l’on trouve au fil des chansons de Brassens. Certaines doivent être au programme du cours de littérature française – je l’espère. Mais sans traduction, bonne chance pour les petits !  

Que signifie « Effeuiller la marguerite », maman ? Et vlan ! Toto, encore une grossièreté à table et tu vas l’avoir ton Evras ! Avec la marguerite en prime où je pense ! 

Quant à l’endroit le plus enivrant et enfiévré du corps féminin, est-ce papa qui va en distiller la magie ? Il est déplorable, se lamente tonton Georges, dans « Le Blason », que les vocables qui le distingue soient aussi pauvres, grivois, quand ils ne sont tout simplement pas grossiers et vulgaires. « C’est la grande pitié de la langue française, c’est son talon d’Achille et c’est son déshonneur/ de n’offrir que des mots entachés de bassesse/ à cet incomparable instrument de bonheur. »

Faut-il forcer les parents à décoder la chanson de Mélanie, la bonne du curé qui « Dedans ses trompes de Fallope/s’introduit des cierges sacrés » ? 

Et est-ce plus simple de dire en français d’aujourd’hui « Avec le pampre de la vigne/ un bout de cotillon lui fis/mais la belle était si petite/qu’une seule feuille a suffi » ? 

J’en ai assez entendu comme ça, Toto ! Oublie cette vieille barbe de Brassens. Ecoute plutôt les filles. D’accord, maman, que veut dire France Gall quand elle propose des sucettes à l’anis ? Et Lio qui explique les effets de son « Banana split » ? J’en ai assez, Toto ! Remets plutôt « Au clair de la Lune ». Cette fois il n’y a pas de risque. 

« Va chez la voisine, / Je crois qu’elle y est, / car dans sa cuisine / On bat le briquet.» Ce qui signifie en vieux français qu’on s’envoie en l’air. 

Tout compte fait, Toto, je pense que les Talibans ont raison. Pour sauver la jeunesse, mieux vaut interdire tout simplement la musique… Et l’école…

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