LE VERT EST DANS LE FRUIT

  Le pangolin, une race menacée d’extinction par la chasse que lui livrent frénétiquement les amateurs de ses étranges écailles, a trouvé la parade : le coronavirus. Brave petit mammifère qui serait à l’origine de l’épidémie. 

  De son côté, la tomate elle aussi en a marre que les humains la mettent à toutes les sauces. En réaction, elle a développé elle aussi un virus, le BRFV, qui décolore les fruits, les déforme et les couvre de marbrure. Ce germe ne serait pas transmissible à l’homme. Mais qui aurait envie de croquer dans une tomate qui a l’aspect d’un zombie ? 

  Dans les forêts, les scolytes (espèces de coléoptères) sont à leur tour devenus fous. Eux qui ne s’attaquaient qu’au bois mort s’en prennent désormais aux arbres vivants – notamment aux épicéas wallons- réaction, paraît-il, au réchauffement climatique. 

 La nature devient folle, voilà enfin une explication scientifique au mal qui a atteint aussi les démocraties et les détruit de l’intérieur. Elections à répétition en Espagne, en Israël – bientôt sans doute en Belgique. Montée des extrêmes. Impossibilité de former un gouvernement. La faute aux désordres causés à l’environnement, à une maladie devenue épidémique ?  

  C’est aux sciences exactes qu’il faut demander un remède à notre blocage institutionnel, à l’anémie du compromis à la belge, plus aux sciences humaines. 

  En le regardant au microscope, on comprend mieux l’étrange rigidité du CD&V qui rappelle la dégradation des tomates infectées par le BRFV ou la propagation du COVID- 9. 

  L’ancien parti dominant de la vie politique belge a fondu comme neige au soleil (déjà un effet du réchauffement climatique ?) et ses membres se mangent entre eux, comme pris de folie anthropophage. De plus, ils se collent à leur principal concurrent, qui leur a pourtant piqué l’essentiel de leurs électeurs, telle une plante parasite, comme s’ils essayaient de sucer leur ami-ennemi pour se redonner une bouffée de tonus. Sans aucune précaution contre les virus du parti séparatiste.

  Et comment expliquer les inimitiés des ex-partis frères libéraux et socialistes autrement que par le désordre climatique et l’apparition de nouveaux virus ?

  Le socialiste flamand qui oserait prendre la défense de Paul Magnette après qu’il ait dit simplement non à la N-VA serait considéré comme dangereusement infecté par les bactéries wallonnes. Et gare au libéral flamand qui ne prendrait pas ses distances avec les déclarations d’amour à une Belgique plus unitaire de Georges-Louis Bouchez. Il serait aussitôt placé en quarantaine, un masque sur la bouche, le temps d’être soigné ou de périr.  

   C’est une chance que les soins de santé soient restés compétence fédérale. Le même remède de cheval aux politiciens du nord comme du sud, cela va peut-être sauver le pays mais gare aux dérapages budgétaires !

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LE RETOUR DE LA MOMIE

 

La campagne électorale algérienne inspirera à coup sûr les spin-doctors qui essayent désespérément de rendre nos hommes et femmes politiques un peu plus sexy. Tout le monde sait qu’Abdelaziz Bouteflika est mort depuis quelques années mais que les dirigeants algériens ont eu la bonne idée de conserver son enveloppe. Ce qui permet de le réélire éternellement. Mettre à la tête de l’état une momie, un zombie, quelle belle formule pour renouveler les démocraties occidentales en panne !

Pour le moment, la technologie est encore un peu primitive mais nul doute que dans les prochaines années, avec le développement des effets spéciaux, on parviendra à faire bouger la momie et à la faire parler, même en plusieurs langues à la fois. Ce qui devrait intéresser tous ceux qui cherchent à contrer enfin le vote protestataire. Devant la puissance de feu de Bart De Wever, tout le monde est conscient que Wouter Beke ne fait pas le poids. Mais si, face au redoutable bourgmestre d’Anvers, on opposait un zombie plutôt qu’un fantôme, on pourrait peut-être contenir la montée irrésistible de la N-VA.

Walt Disney s’est, dit-on, fait cryogéniser pour réapparaître dans quelques années. Revitalisé par les progrès de la médecine, il reprendra son crayon ou plutôt sa souris pour dessiner de nouveaux chefs d’œuvre, La vengeance de Donald, le Retour du Nez de Pinocchio ou de la Momie. On regrette que les dirigeants de nos partis politiques aient négligé, pour préserver l’avenir, de préparer l’éternel retour de leurs grands leaders tant qu’il en était encore temps.

On sent bien que dans plusieurs pays voisins, on se montre beaucoup moins imprévoyant en songeant déjà à la cryogénisation des dirigeants dont la population ne pourra jamais se passer, Berlusconi ou Poutine.

En France, on a aussi compris que la nomination de Manuel Valls n’empêchera pas l’évaporation du pauvre Hollande. Ah ! S’il avait eu sous la main le clone de Mitterrand ou, mieux encore de de Gaulle.

Les patrons de la politique belge n’ont pas eu non plus beaucoup de flair en laissant s’envoler l’âme de leurs meilleurs cadors. Ils ont naïvement cru qu’à chaque génération, ils trouveraient de nouvelles stars à placer en tête de liste. Et les voilà le bec dans l’eau. Avec sur les bras De Croo 2, Tobback 2, Wathelet 2, Ducarme 2 qui annoncent à leurs partis des accidents industriels. C’est maintenant qu’ils auraient besoin d’exhiber les momies de nos Bouteflika à nous, Paul-Henri Spaak, Kamiel Huysmans, Paul Van Zeeland, Charlier Jambe de bois ou mieux encore Achille Van Acker dont le slogan était « J’agis d’abord, je réfléchis ensuite ». Le seul programme qui peut servir d’arme de destruction massive contre le parti séparatiste flamand.

 

 

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