SALAUD DE PAUVRES

Contrairement à ce que de méchants artistes affirment haut et fort, la ministre de la culture, Fadila Laanan a des lettres.

En se moquant dans un tweet du « combat de pauvres » auquel se livrent les artistes de théâtre, n’a-t-elle pas fait référence à l’une des plus belles nouvelles de Marcel Aymé, « La Traversée de Paris » ? « Salauds de pauvres ! » lance un des personnages (incarné à l’écran par Jean Gabin) aux clients d’un bistrot où il s’est réfugié pour échapper à une patrouille allemande dans le Paris de l’Occupation.

D’accord, madame Laanan ignorait sans doute la réplique fameuse de Marcel Aymé. Mais n’est-ce pas encore plus beau qu’une ministre connaisse l’œuvre d’un grand écrivain sans le savoir et même sans l’avoir lu ? Quel exemple pour la jeunesse, qui a tant de mal avec les classiques de la littérature. Ne vous fatiguez plus, jeunes gens, les grands écrivains parviennent désormais à faire entendre leur voix via vos tweets sans que vous soyez obligés d’ouvrir leurs livres.

Les pauvres ont la cote décidément dans notre pays. Mais tous ne sont pas tous traités de la même façon. Il y a les pauvres riches et les pauvres pauvres.

La banque Dexia, dont le déficit est plus grand que toutes les taxes que le père Fouettard nous apporte cette année dans son panier, doit paraît-il garder belle allure parce qu’elle représente ce que la Belgique fait de mieux. Cadeau : quelques milliards.

Les artistes en revanche dont la ministre de la culture n’a jamais très bien compris à quoi ils servent sont bons pour se serrer la ceinture : les fonctionnaires sont tellement plus utiles pour représenter la culture de la communauté française et tellement plus simples à mettre en scène : il ne faut ni les maquiller ni les habiller. Et ils répètent parfaitement les textes qu’on leur donne sans discuter les répliques.

Les poivrots aussi ont des soucis à se faire. Quand le gouvernement ne se met pas d’accord sur les recettes nouvelles, c’est toujours eux qui trinquent…

Imaginez alors la situation d’un artiste poivrot. Sa vie est devenue impossible. D’autant que,  pour se consoler, il n’aura même plus de quoi se payer un paquet de cigarettes. Vu leur prix, il n’y a plus que les ministres qui pourront en acheter, les exilés fiscaux français. Et les dirigeants de Dexia.

Ajoutons à la liste des pauvres pauvres les chômeurs, condamnés à devenir mendiants s’ils refusant les nombreuses offres de boulot que leur proposent les  entreprises de leur région, Ford, Mittal, Duferco, Philips, etc.

S’ils veulent éviter de faire la manche, on ne peut que leur conseiller de devenir artiste. C’est plus chic d’être insulté par une ministre que par un bête passant.

 

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DE VAMPIRE EN PIRE

La sortie sur tous les écrans du dernier épisode de Twilight, annoncé comme le blockbuster de cette fin d’année, confirme l’étonnant retour en force des vampires sur la terre.

Coïncidence ? Le retour des vampires est aussi étrangement cyclique que celui des grandes crises du siècle.

Après son apparition à la fin du XIXème siècle sous la plume de l’écrivain irlandais Bram Stoker, le comte Dracula a connu la gloire au cinéma au début des années trente en pleine crise économique avant de disparaître dès que l’Amérique a été remise sur les rails. Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, les vampires, dégoûtés de ce déluge d’hémoglobine, sont retournés à la poussière.

L’aventure reprend à la fin des années cinquante. Le comte transylvanien ressort de son tombeau dans les studios de la Hammer Films à Londres sous les traits du magnifiquement inquiétant Christopher Lee. Le succès de sa réapparition coïncide avec une nouvelle crise qui secoue la Grande-Bretagne, impuissante face à l’effondrement définitif de son empire et de sa puissance économique et militaire.

Malgré quelques tentatives peu convaincantes, il faut attendre 2005 et le début de la publication de la saga de Stephenie Meyer (plus de cent millions de lecteurs) pour assister à une nouvelle résurrection du plus mordant des héros. Son adaptation triomphale au cinéma suit de peu la faillite de la banque Lehman Brothers et le tsunami qui a ébranlé l’ensemble du monde bancaire. Ce n’est pas un hasard.

Une fois encore, alors que le monde s’enfonce dans la crise, les vampires agitent triomphalement leurs dents.

Même le prince Charles leur donne un titre de noblesse. Selon une étude attentive de son arbre généalogique, il descendrait du voïvode roumain Vlad III, dit l’Empaleur, prince de Valachie en 1448, qui inspira à Bram Stoker le personnage de Dracula. Les rois déments mis en scène par Shakespeare ne suffisant plus au descendant de la couronne britannique, voilà qu’il essaye de s’approprier les autres déments des pays de l’Union européenne ! S’il est preneur (et qu’il paye bien), les quelques fous sanglants de l’histoire de Belgique sont à lui, comme Godefroid de Bouillon. Nous avons aussi quelques politiciens toujours en activité qui adorent mordre et que nous lui cédons volontiers.

Dans une époque qui a perdu tout repère idéologique, toute espérance, le vampire vient à point nommé pour nous redonner une nouvelle jeunesse. Rien n’est perdu. Stimulés par une bonne pinte de sang frais, les plus mordants d’entre nous sont prêts à reprendre les galipettes bancaires et financières. Quant aux mordus, ils défilent dans les rues en criant leur désespoir. Mais, qu’ils ne s’en fassent pas. Mordu aujourd’hui ; vampire demain.

 

 

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COMMENT DIT-ON « YES WE CAN » EN CHINOIS ?

  Pour le nouveau président chinois, la victoire ric-rac de Barack Obama sur son fade adversaire est un signal d’alarme. En politique, l’état de grâce est aussi éphémère que la mode des présidents normaux.

On conseille donc à M. Xi Jinping de se garder de commettre les erreurs qui ont failli renvoyer dans les rues de Chicago en plein hiver le plus charismatique président américain des cinquante dernières années.

Qu’il évite d’abord toute note d’espoir. Le premier mandat d’Obama a commencé sur l’air de « Yes, we can ! » Ce qu’en Belgique on traduit par : Demain, on rasera gratis. Heureusement, voilà un slogan qui n’a pas d’équivalent en chinois. Certes, les enfants de Mao sont capables d’exploits : construire un building en une nuit, un barrage en un week-end et même une route asphaltée au Congo en moins de dix ans. Mais que Xi Jinping ne s’avise surtout pas de promettre la liberté de la presse, des élections libres ou une loi pour combattre l’enrichissement débridé de ses collègues. Sinon, il sera balayé avant même les fêtes du nouvel an.

Qu’il ne s’aventure pas non plus dans un projet d’assurance obligatoire pour les soins de santé. Les gens n’ont pas envie d’entendre parler de maladies, d’hôpitaux, de docteurs. Qu’il autorise plutôt la vente libre des armes comme le garantit la Constitution américaine. C’est autrement plus radical et plus efficace que les soins médicaux, beaucoup moins coûteux pour le budget public. Et plus conforme à la tradition. Le feu d’artifices n’a-t-il pas été inventé en Chine il y a près de quinze siècles ? Ce qui ne nous rajeunit pas. A ce sujet, la politique de limitation des naissances risque d’obliger bientôt les Chinois à importer de la main d’œuvre européenne.

J’en profite pour signaler au nouveau boss de l’empire du milieu quelques spécialités de chez nous immédiatement disponibles. Des ouvriers qualifiés, des gardiens de prison haut de gamme et même des camps de détention pour sans-papiers donnés en prime à l’achat d’une aciérie wallonne ou d’une chaîne de montage automobile flamande, le tout livrable clé en mains. Nous vendons aussi quelques secrets très recherchés comme le « pot belge » bien connu des véritables amateurs (et aussi des professionnels), autrement plus efficace que sa contrefaçon américaine, trop facile à détecter. Un champion chinois ramenant le maillot jaune à Pékin, quelle image pour assurer dans cinq ans la réélection de M. Xi !

Enfin, pour le renouvellement du comité central, nous tenons à la disposition du PCC un certain nombre de politiciens inoccupés à qui il suffit de préciser dans quel sens voter pour qu’ils s’exécutent puisqu’ils ne parlent de toute façon pas un mot de mandarin. Et pas toujours une autre langue.

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LE VRAI HEROS DES COMMUNALES

  On peut raconter les élections communales de dimanche dernier de bien des manières. Parler de victoires surprise, de défaites déchirantes. S’intéresser aux nouveaux maïeurs plébiscités par l’électeur. Faire le portrait de ceux qui ont obtenu leur trône par traîtrise ou par diplomatie. Mais, comment distinguer un traître d’un diplomate ? Un vainqueur (je suis le champion des voix de préférence !) d’un autre (moi, j’ai réussi à fédérer mes « amis » et à décrocher la majorité absolue !) Un démocrate (ma liste est largement en tête) d’un autre (mon équipe représente la majorité des électeurs !) Tout dépend du point de vue où l’on se place.

Comme dans toute bonne histoire, il n’y a autant de vérités que d’acteurs sur la scène.

Bart De Wever, par exemple. Héros ? Il est le premier homme politique à mettre l’extrême droite K.O. à Anvers. Ou danger mortel ? Il s’est nourri des voix du Vlaams Belang qui risquent d’orienter sa politique.

On pourrait poursuivre l’exercice avec la valse des majorités constituées au gré des amitiés apparentes et des haines secrètes, des intérêts à moitié avoués, alimentés par quelques tenaces rancunes, avec au dernier acte de la pièce, son lot de vedettes défaites ou abandonnées.

Mais une vedette n’est jamais défaite qu’un soir. Joëlle Milquet, Laurette Onkelinx, Patrick Janssens, Stefaan De Clerck et même Philippe Moureaux sont assurés de rester des stars, toujours sous les spots.

En revanche, que va devenir Renaud Carlot ? Carlot, 0 voix de préférence sur la liste CH à Hélécine.

Zéro voix ! Même pas la sienne ! Ni celle de sa famille ! Alors que Joëlle Milquet, avec ses cinq mille voix en sa faveur, sait que ses enfants ont voté pour elle.

La modestie sublime de R. Carlot n’est-elle pas un modèle pour toutes ces grandes gueules qui nous gouvernent ? Carlot ne règnera pas sur la Belgique – peut-être tant mieux- ni sur sa commune. Pourtant, n’a-t-il pas passé autant de temps que Rudi Cloots (champion des voix de préférence du coin avec ses 1008 fans) à coller ses affiches, à distribuer ses tracts, à serrer des mains en souriant bêtement le jour de la kermesse aux boudins au lieu de regarder « Belgium’s got Talent » sur RTL ? Sans le moindre résultat.

Sans doute, n’a-t-il pu s’empêcher pendant les nuits qui précédaient le scrutin de se voir en costume trois pièces, ceint de l’écharpe tricolore, début d’une irrésistible ascension. Bourgmestre de Hélécine d’abord, premier ministre demain, président des Etats-Unis d’Europe dans la foulée. Mais avec zéro voix ?

Allez, Renaud, une petite consolation pour finir. Calogero Vinciguerra a fait une voix sur la liste Vinci à Tubize. Veni, vidi, vici

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POURQUOI VOTER ?

  Je sais pourquoi vous n’irez pas voter. Les communales, ça ne sert à rien, les jeux sont faits, le programme des candidats, c’est du vent, ils ont déjà promis tout ça la dernière fois et la fois d’avant et leurs pères ou mères qui dirigeaient jadis la commune s’y étaient engagés avant eux. Sur les affiches, toujours les mêmes têtes. Même les nouveaux sont des clones des anciens, le sourire sournois y compris. Et surtout, pas un, pas un, qui soit un peu sexy. Ah ! Si George Clooney se présentait chez nous, à Jehay-Bodegnée… Mais non, il s’attarde bêtement sur les bords du lac de Côme alors qu’il lui suffirait d’apparaître dans n’importe quelle commune belge, le plus petit trou perdu de Wallonie ou de Flandrepour que la campagne électorale en soit bouleversée. Clooney, dix-septième sur la liste Samen ou Hollywood op Schelde dans l’arrondissement de Steenokkerzeelet tout le monde aura oublié la N-VA ! Mais non ! Il préfère sa maison battue par les vents près de Laglio à un bon feu de bois dans une maison communale cosy de chez nous…

Malgré l’absence de Clooney, laissez-moi vous prouver que vous avez tort de jeter votre convocation à la poubelle (attention ! uniquement en sac jaune !) Voici, au hasard, quelques bonnes raisons de vous déplacer dimanche.

  • Désormais, la loi électorale en Wallonie se base sur le taux de pénétration pour appliquer ou non le cumul des mandats. Et vous voudriez rater ça, le grand frisson de la pénétration ?

  • Votre commune a adopté le vote électronique et la machine contient certainement quelques jeux vidéo sanglants que vous ne connaissez pas. L’imagination des politiques en la matière est imbattable.

  • Sans votre voix, Obama risque d’être battu par le sinistre Romney.

  • Allez voter pour éviter un nouveau coup de Trafalgar de Bart De Wever. Si le redoutable Bart échoue à Anvers, il a déjà prévu en secret une position de repli à Jehay-Bodegnée. Une fois élu bourgmestre par ses quelques amis, parce que vous et vos voisins avez préféré vous abstenir, il proclamera aussitôt l’indépendance de sa commune, prélude à celle de la Wallonie, ce qui rendra automatiquement la Flandre indépendante. Vous me suivez ? Ca s’appelle prendre à revers.

  • Pour permettre aux bourgmestres empêchés de ne pas devenir bourgmestres. De quoi aurait l’air par exemple le premier ministre s’il ne recueille que sa seule voix à Mons ? Un tel camouflet l’obligera à démissionner du gouvernement. Il n’aura plus alors que le maïorat pour assurer ses fins de mois alors que le point essentiel de son programme, c’était d’être élu justement pour qu’on l’empêche de devoir gérer Mons.

  • Vous pouvez enfin aller voter pour dire non aux grandes gueules qui vous agacent depuis six ans…

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TENDANCE GROUCHO

Lorsque Didier Reynders affirme que le gouvernement auquel son parti participe est truffé de marxistes, il sait de quoi il parle. N’est-il pas l’enfant chouchou de Jean Gol, le fondateur du parti wallon des travailleurs, dépendant de la IVème internationale trotskiste ?

Félicitons donc le camarade Didjé de reconnaître enfin ses orientations marxistes, rendant hommage au passage au leader bien aimé respecté qui l’a formé. On ne voit pas pourquoi l’aveu fait tant de vagues. Si M. Reynders a décidé de lutter contre le capitalisme comme Bart De Wever contre la mauvaise graisse, c’est la preuve que nos hommes politiques ont des convictions chevillées au ventre.

Ce qui est moins sympathique, en revanche, c’est sa dénonciation de ses petits camarades. Qu’il lève le drapeau rouge, d’accord, mais pourquoi désigner dans la foulée les autres militants de sa cellule ?

Cela rappelle le funeste souvenir de la guerre froide lorsque, au début des années cinquante, quelques cinéastes autrefois communistes, comme Elia Kazan, étaient venus livrer le nom de leurs anciens amis à la commission du Sénat américain, présidée par Joseph Mc Carthy.

Une autre question encore se pose, à propos des membres marxistes du gouvernement belge.  A quelle chapelle appartiennent-ils ? Il y a en effet à peu près autant de marxisme que de make-up sur la table de maquillage de la camarade Joëlle Milquet. Quoi de commun entre le marxisme anti-syndical tendance barbe de trois jours de Paul Magnette et le marxisme maatjes-crevettes fraîches de Johan Van De Lanotte ? Et comment qualifier celui de Vincent Van Quickenborne ? Marxisme tendance libérale-fêlée toujours à côté de la plaque ? Et celui du chrétien Pieter De Crem ? Marxisme façon sabre et goupillon ?

Reste le plus difficile : identifier à quelle chapelle appartient Elio Di Rupo. Bonne chance ! Il change de marxisme plus souvent que de nœuds pap’. Un jour gauche caviar, l’autre tiers mondiste à Porto Alegre, après avoir participé comme ministre à la privatisation de la  CGER, confiée à la Générale de Banque puis à Fortis avec, au bout de l’aventure, une vraie explosion de la finance, balayée par l’effondrement du système bancaire comme en rêvaient les marxistes de jadis. Ce n’est plus du marxisme, c’est du terrorisme bolchévique !

Tous les marxismes représentés au gouvernement ? Non. Manque de pot, je n’en vois pas un qui se revendique du marxisme tendance Groucho. Ne dirait-on pas pourtant que Groucho Marx décrivait le gouvernement Di Rupo lorsqu’il disait : « Ne vous vous fiez pas aux couples qui se tiennent par la main. S’ils ne se lâchent pas, c’est parce qu’ils ont peut de s’entretuer. »

 

 

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L’ESPRIT DE L’ESCALIER

   L’autre jour, en arrivant à Liège, j’ai désespérément cherché un escalator pour changer de quai à la gare des Guillemins. Pas d’escalier mécanique, pas de banc non plus. Tout le mobilier s’était envolé, emporté dans les ailes si belles tracées par Calatrava, un architecte qui fait dans le génie, pas dans les transports en commun. Un artiste qui n’a jamais dû prendre un train dans sa vie. Jamais attendu dans une gare, jamais porté de bagages.

A la gare du Palais, une petite halte quelques kilomètres plus loin, signée d’un architecte modeste et inconnu, enfin un escalator ! Mais à l’arrêt ! Bien échauffé grâce à Calatrava, j’ai grimpé allègrement les marches de l’escalier mécanique aussi figées que le robot qu’affrontaient Jo, Zette et Jocko dans « Le Manitoba ne répond plus ». Au sommet, un avis m’attendait : la SNCB présente ses excuses aux voyageurs. L’escalator est définitivement hors service.

Définitivement hors service. Rêvons un peu. Tout s’arrête une fois pour toute. La Belgique, l’Europe, le monde. Enfin ! Plus un bruit, plus ce mouvement incessant, cette alerte permanente, ces écrans scintillants qui nous encerclent, nous interpellent, nous donnent des ordres auxquels nous obéissons sans plus réfléchir, saoulés par la marée. Hors service. Quel soulagement !

Imaginez que dans deux dimanches, au moment de voter Bart de Wever, l’écran annonce à l’électeur anversois dewéverisé: le ministère de l’intérieur présente ses excuses aux électeurs. La machine est définitivement hors service.

Ou en Floride, au moment de bourrer les urnes de faux bulletins à la gloire de Romney, soudain, la machine se révolte et les rejette en crachotant. Hors service !

A quoi bon voter d’ailleurs ? Les résultats sont, paraît-il, courus d’avance. Les sondages, les réseaux sociaux en état de vote permanent et les accords électoraux pour éviter toute surprise semblent avoir bouclé une fois pour toute le sort de la démocratie communale. Tout est bloqué ? Nous votons comme les sondages, Facebook et les partis l’ont décidé ?

A moins que quelques courageux ne s’avisent de bousculer la soi-disant logique, d’arrêter le mouvement perpétuel-consensuel pour grimper en haut de l’affiche à la seule force de leurs muscles.

Certes, Di Rupo se passera bien d’escalators en panne ou pas. Lui, il est assuré d’être déposé au sommet du maïorat de Mons comme un plume sur un nuage. Mais à Anvers ? Et dans quelques autres villes phares du pays ? On tremble à l’idée que l’escalator se remette en route et emporte tout au passage ! Pourvu que les effets mécaniques, promis par les sondages et le web s’arrêtent pour laisser les meilleurs s’affronter vraiment à la force du poignet !

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FATWA AWARDS

Une mauvaise vidéo sur You Tube à propos du prophète et c’est la castagne ? Depuis quand les gens manifestent-ils devant la médiocrité ? A-t-on vu des foules en colère lors de la sortie du nouveau disque de Céline Dion, du dernier film de Terence Malick, d’un roman de Michel Houellebecq ?

A-t-on cassé les vitres du 10 Downing Street lorsque, honte sur eux !, les producteurs de James Bond avaient osé remplacer le génial Sean Connery par le fade Roger Moore avant de confier le rôle de l’agent 007 à Daniel Craig, avec sa gueule de caricature de garde du corps de Vladimir Poutine ?

Normalement, c’est une œuvre de qualité, un coup de génie, qui suscite la haine et la violence des imbéciles. Pas la bêtise.

Profitant du désordre actuel dans le monde musulman et de la fureur anti-occidentale des barbus de tout poil, les dirigeants iraniens relancent la fatwa contre Salman Rushdie. Bravo ! Bien vu ! L’auteur des Enfants de Minuit, voilà le vrai danger ! Avec un écrivain de cette qualité, des citoyens décervelés peuvent en effet retrouver la vraie foi, celle de l’intelligence. Faire tomber le voile. C’est ce que l’iman Khomeiny, manifestement un excellent lecteur, avait compris en son temps. Et ses successeurs aujourd’hui, qui remettent le couvert. Oui, un livre peut changer le monde. Bien plus qu’un groupe de pauvres types en train de hurler et de lancer des cailloux. Plus même qu’un commando d’assassins. Ou une bombe islamique. Les dirigeants iraniens se gardent bien de lancer une fatwa contre Bashar el-Assad. A quoi bon ? Les discours du dictateur syrien n’ont jamais éveillé personne. Rushdie, si. Son propos est autrement pertinent, atomique, déstabilisateur.

En revanche, on ne comprend pas très bien pourquoi descendre dans la rue et faire une telle pub pour un vidéaste amateur dont le film est tellement calamiteux qu’il ne mérite même pas de figurer aux Razzie Awards. Qu’ils regardent le film avant de le lapider. Comment peut-on prendre au sérieux son réalisateur, le seul Egyptien de l’histoire qui a jamais tenté de se faire passer pour Israélien ?

Qu’on dénonce aussi le producteur de ce consternant navet, d’accord. Mais pourquoi le gouvernement américain ? Il faudrait peut-être expliquer aux foules de cinéphiles en colère qu’à la différence de la Communauté française de Belgique, le gouvernement américain ne finance pas son cinéma. Il n’a aucune responsabilité dans la fabrication de ce film ni dans sa diffusion. Pas plus qu’il n’est responsable de ses écrivains géniaux, comme John Updike qui écrivit il y a quelques années « Terroriste » (édition Le Seuil) où il expliquait par le menu comment se fabrique un terroriste. A lire avec ou sans barbe…

 

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BELGIQUE : LE REVE

En France, on grince des dents. En Belgique, on ricane mais discrètement. Depuis que, sur les excellents conseils de son collègue Johnny Halliday, Bernard Arnault s’est avisé qu’il était Belge.

Contrairement à ce que prétendent quelques persifleurs folliculaires (bientôt sous les verrous), Bernard Arnault ne demande pas la naturalisation belge. Il est Belge !

Jamais entendu Arnault chanter les Filles du bord de mer ? Et avec l’accent, s.v.p. !

Voilà pourquoi il quitte la France. Ce n’est pas Hollande qui le chasse en Belgique. C’est son vrai pays qui l’appelle. Ecoutez-le compter, le plat pays qui est le mien. Tendez l’oreille. Il est des nôtres. Il sait compter en belche, Arnault. Septante millions d’euros. Combien ? Nonante millions d’euros. Ah ! C’est mieux !  Neuf cent nonante millions d’euros. Là, le compte est rond.

Mais neuf cent nonante millions pour qui ? pour quoi ? Que doit-il acheter pour prouver ses racines ?

Une usine de gaufres, comme son pote Albert Frère ? Ce serait un investissement tellement belge. Hélas, le business des gaufres, c’est fini depuis que son principal homme sandwich, Bart De Wever, a renoncé à se vendre en 3-D et qu’il fait l’apologie des salades et des carottes râpées.

Les banques, l’électricité, l’édition de BD ? Aux mains des Français. La bière ? Chez les Brésiliens. La sidérurgie ? Liquidée par les Indiens. GB-Carrefour ? Déjà dans son escarcelle.

Quoi ? Il n’y a rien, vraiment rien, à se mettre sous la dent dans ce pays ?

Si. Reste une entreprise dont la croissance est dix fois celle de la Chine. La N-VA.

Après la veuve Cliquot, pourquoi Arnault ne s’offrirait-il pas Jambon ? Aucune entreprise n’est plus rentable que celle-là ! Elle le sera encore davantage, boostée par le talent d’un entrepreneur aussi madré que Bernard Arnault. Bien sûr, l’alliance Arnault-De Wever obligera chacun des partenaires à mettre un peu d’eau dans son vin. Arnault devra quitter son magnifique refuge d’Uccle pour s’établir au-dessus d’une taverne du port d’Anvers et les pontes de la N-VA accepter d’être managés en français.

Un autre danger guette Arnault s’il dynamise encore la N-VA. On l’appelle le plan B.

Un virus sournois qui peut faire exploser tout son projet. Et qui se révélera d’autant plus actif que la N-VA sera puissante.

Le jour où elle aura pris le pouvoir, la Belgique explosera. Et tous les efforts du pauvre Bernard, seront réduits à néant. Là, il aura l’air malin avec son beau passeport sentant le plastic frais lorsque sa propre entreprise annoncera la fin du pays. Et qu’en écho, les anciens départements du sud retourneront à la France. Avec lui dans les bagages, évidemment …

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UN COACH A MALONNES

Depuis qu’elles se sont mises en tête d’accueillir des brebis égarées, on imagine que, comme toute entreprise moderne, les sœurs clarisses de Malonne ont réfléchi à leur communication. On n’accueille pas un prêtre pédophile puis la criminelle la plus détestée du royaume et environs sans le renfort de consultants de haut vol. Hélas pour elles, les bonnes sœurs ont cru bon (et surtout bon marché) d’embaucher Mgr Léonard comme coach plutôt qu’Elio Di Rupo. On voit le résultat. En la matière, il ne faut pas faire de petites économies.

Il serait temps que ces braves dames se ressaisissent d’autant que le résultat de leur geste charitable tourne à la catastrophe et pas seulement pour elle. Pour madame Martin, aussi, elle qui a cru se servir des clarisses pour retrouver la liberté et qui se retrouve aujourd’hui plus prisonnière que jamais et avec plus de flics autour d’elle qu’elle n’avait de gardiens dans sa prison.

Avec l’aide du Seigneur, il n’est pas trop tard pour que les filles de sainte Claire reprennent la situation en mains. Elio, trop occupé ces jours-ci à rappeler au monde en général et à Mons en particulier son rôle dans l’histoire de l’humanité, risque d’être indisponible. Inutile de compter sur l’autre grand maître communicateur du royaume. Bart De Wever a déjà ses pauvres. Faudra donc qu’elles cherchent à l’étranger.

Peut-être pourrait-on leur suggérer le patriarche russe Kyrill 1er. Depuis que son poulain, Vladimir Poutine, s’est fait élire par la grâce du saint esprit et que les trois méchantes Pussy Riot sont reléguées dans un camp de travail, il devrait disposer d’un peu de loisirs. Sa grande expérience de la gestion des rapports entre église et politique pourrait être très utile à l’église belge et à ses institutions car plus rien ne va plus depuis que les sociaux chrétiens du nord et du sud ont sombré.

En quelques mois d’efforts et beaucoup de prières, le patriarche Kyrill 1er pourrait placer Mgr Léonard à la tête de l’état et ceux qui conspuent madame Martin et ses hôtesses en Sibérie. En contrepartie, on peut s’attendre à ce qu’il demande aux clarisses d’accueillir les Pussy Riot à Malonne, pour débarrasser son ami Poutine d’une très sérieuse épine. Pourquoi pas ? Plus on est de folles…

Le seul petit défaut de l’ami Kyrill est son prix. Il aime l’argent plus encore que la maffia russe. Mais madame Martin pourrait peut-être faire à son tour un geste charitable en offrant l’héritage de feue sa mère au patriarche ? Elle a d’ailleurs tout à gagner. Nulle doute que les Pussy Riot, venues la rejoindre, auront beaucoup plus à lui apprendre sur l’humanité et le respect des autres qu’une bête méditation solitaire…

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