Venez écouter Alain Berenboom

A la librairie Chapitre XII
dialogue avec Rudy Aernoudts

Alain BERENBOOM et Rudy AERNOUDT
comparereont leurs visions de de Bruxelles
à la Librairie Chapitre XII
12, avenue des Klauwaerts à Ixelles (étangs d’Ixelles, près de la place Flagey)

le mardi 29 avril à 18 h 30
avec Monique Toussaint.

« Bruxelles, la bien aimée ! Bruxelles, la mal aimée ! D’un côté, Alain Berenboom, de l’autre Rudy Aernoudt, flamand économiste, philosophe, plein d’humour et de pertinence »

TRAMONTO DI ROMA

chronique
La réélection du Cavaliere à la tête de l’Italie réjouira tous ceux qui, comme nous, aiment goûter aux délices sans cesse renouvelés du fédéralisme de désunion à la belge. Sorti comme un diable de sa boîte de la grande coalition de S. Berlusconi, le principal vainqueur des élections italiennes est en effet Umberto Bossi, le patron de la Ligue du Nord. Bossi a dû être fabriqué par un savant fou d’origine belge qui avait en magasin les gènes de Bart De Wever pour l’arrogance, de Filip De Winter pour le programme et de Michel Daerden pour le populisme. Ce Frankensteineke a mélangé le tout qu’il a saupoudré de peperone, le légume qui rend fou.
Pour situer le personnage Bossi, alors ministre, il a proposé de canonner en mer les embarcations des immigrants et des trafiquants. Peu après, une maladie l’a plongé dans un coma dont il n’a émergé que près d’un an plus tard. Sa promenade sur les rives du Styx l’a rendu plus dément que jamais. Célèbre aussi pour son programme sécessionniste, il a imaginé détacher de l’Italie le nord et ses hommes aux « valeurs civiques » en créant une république de Padanie, se réclamant de façon fantaisiste d’une vague origine celte. Amoureux des péplums en carton-pâte fabriqués à Cinecitta, il a descendu le grand fleuve à la tête d’une procession d’illuminés en chemises vertes. Arrivé à Venise, là où le Pô se jette dans la mer, Bossi, tel un moine sur les bords du Gange, a cérémonieusement versé dans la lagune un récipient contenant de l’eau pris à la source du fleuve.
Les immigrés ne sont pas les seules têtes de Turcs de la Ligue. Son autre ennemi est Rome dont Bossi annonce « il tramonto » (le crépuscule) : « Notre première initiative, promet-il, sera le fédéralisme fiscal. Il est impensable que tout l’argent (du nord) atterrisse toujours à Rome. »
Le retour de Bossi et de sa clique au pouvoir fait naître un grand espoir pour les chômeurs wallons et pour certains hommes politiques de chez nous, que leur grand chef de parti a mis sur le bord de la route. Un boulot de consultant les attend à Milan. Fort de son succès, Bossi veut réviser sans attendre la tuyauterie institutionnelle italienne. Sur la question, nos spécialistes sont imbattables et sans concurrents dans le monde. Grâce à eux, Bossi pourra développer un projet aussi farfelu que le nôtre : communes à facilités dans le sud pour les Pépées (Purs Padaniens), règles particulières pour le survol à basse altitude des villes non padaniennes par Alitalia, transfert des ordures de Naples au Congo belge, etc.
Des Wallons en Padanie ? Juste retour de nos travailleurs pour libérer un pays qui, il y a soixante ans, nous a permis de développer le nôtre.

Alain Berenboom
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Olym-piqués

chronique
Quelle idée ont eu les Chinois de se battre pour organiser à tout prix ces foutus jeux olympiques ? A quoi bon se payer ce joujou formaté pour consommateurs occidentaux à coups de millions par la pub et la télé ? Pékin voulait prouver qu’elle valait bien Londres, Berlin ou Los Angeles ? Z’ont l’air malins maintenant.
Tant qu’ils jouaient leurs partitions, personne ne trouvait rien à reprocher aux Chinois. Mieux, ils étaient cités en exemple. Prenez la révolution culturelle. Une civilisation, des trésors historiques, des livres, des hommes et des femmes de talent, écrivains, professeurs, savants, détruits par milliers, par millions. Plus de livres, plus de musique, plus de films (sauf les « pensées » de Mao qui sont à la philosophie ce que TF1 est au septième art). Et les meilleurs intellectuels européens, nos « consciences », Sartre, Barthes, Sollers, d’applaudir, de déclarer sans rire jaune qu’il faut faire pareil, que Mao est un guide pour l’humanité – un peu isolé, un Belge, Simon Leys, dénonça vite la supercherie, le crime.
Ils peuvent faire travailleurs des enfants, payer des salaires de misère, n’accorder aucun droit syndical, ne pas prendre les précautions élémentaires sur les chantiers, exploiter des mines à côté desquelles celles de Marcinelle ou de Grâce-Berleur ressemblaient à un parc. Personne n’a songé à les boycotter, à ne pas importer leurs produits, à ne plus y envoyer nos entrepreneurs. Google, Microsoft, Yahoo caviardent tous les jours la toile, le doigt sur la couture du pantalon, et on continue de leur faire confiance et d’acheter leurs services. Et qui a pensé à critiquer les entreprises de luxe françaises et italiennes qui s’étalent derrière les marbres olympiques de leurs vitrines sur les grands boulevards de Shanghai ?
Mais les jeux olympiques, ça, c’est sacré. Peuvent pas nous les saloper.
Vraiment, ces Chinois ont fait le mauvais choix. Ils auraient pu, comme je ne sais quel émirat arabe, acheter les meilleurs footballeurs ou faire bâtir une réplique du Louvre avec ses collections les plus précieuses, on les leur aurait donnés. Ils auraient pu faire partir le tour de France de Pékin, on aurait salué l’initiative, invité le Dakar à écraser au passage leurs populations, personne n’aurait hésité. Racheter à coups de millions le festival de Cannes et transférer la croisette sur les bords du Yang-tseu-kiang, vedettes et journalistes auraient trouvé l’idée formidable et seraient venus en masse. Mais les olympiades, non. Les sportifs, c’est pur, dur, noble, c’est hors-commerce. Décidément, on ne nous fait pas marcher, on nous fait courir.

Alain Berenboom
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Enlivrons-nous avec Alain BERENBOOM

our son dernier roman : « Périls en ce royaume » (Ed.Pascuito 2008)
Dans ce « polar waterzooi », qui se déroule à Bruxelles en 1947, et dont le héros est un détective Schaerbeekois, l’auteur fait un voyage dans le temps et s’interroge sur la Belgique de demain à la lumière de circonstances passées. A travers ce roman drôle sur un fond historique qui ne l’est pas, Alain Berenboom nous dit aussi son amour pour ce pays, sans jamais se départir de son esprit critique et de son humour tantôt corrosif, tantôt tendre.

PAF 3€
Le mercredi 9 avril 2008 à 18H30
Centre Culturel d’Uccle, 47 rue Rouge, 1180 Bruxelles

La vache qui rit

chronique
Des chercheurs anglais viennent de fabriquer un homme en mélangeant des cellules humaines avec celles d’une vache. Influence du thé au lait, dont les Anglais font grande consommation ? Dévotion envers l’animal sacré du plus grand pays de l’ex-Empire ? Ou vrai progrès pour l’humanité ? Le cardinal britannique O’Brien vitupère : c’est une « attaque monstrueuse contre les droits de l’homme. » Les députés catholiques anglais préparent une motion. Des ministres menacent de démissionner. N’allons pas trop vite, messieurs-dames. Ne faut-il pas d’abord réfléchir aux aspects positifs de ce cocktail scientifique ?
Depuis l’aube des temps, des visionnaires et des illuminés nous promettent un homme nouveau, dont ils prétendaient avoir le secret, mais toutes leurs tentatives sont restées en rade. L’histoire de l’humanité a prouvé que le mélange entre un homme et une femme accouchait d’un produit imparfait. L’idée des Frankenstein anglais n’est donc pas tout à fait folle. Le brassage a toujours réussi aux civilisations, plutôt que le repli identitaire. Les Grecs déjà avaient imaginé le croisement entre l’homme et le cheval mais, comme les centaures n’étaient pas des personnages très sympathiques, selon le grand Homère, oublions les chevaux. Pour améliorer notre civilisation, il existe de meilleurs amis des hommes : moutons, chats, canaris, poissons rouges. Améliorer notre civilisation ? Oui, cette nouvelle technique de clonage pourrait régler bien des problèmes de l’humanité. La crise pétrolière, le réchauffement climatique. L’homme-oiseau pourra se passer d’avion et d’auto. L’homme-mouton à l’épaisse toison ne gémira plus devant ses factures de mazout et d’électricité. Et qui se plaindra de passer le samedi après-midi à brouter le gazon des jardins ou des squares plutôt qu’à faire la queue aux caisses de Carrefour ? Peut-être que la science trouvera même le moyen d’améliorer la vie politique et le talent de ceux qui nous gouvernent grâce aux cellules de quelques animaux soigneusement choisis ?
Faudra évidemment être attentif à ne pas laisser les savants fous choisir n’importe quel bête : évitons l’éléphant car les frais dentaires des enfants provoqueraient la faillite des systèmes de sécurité sociale, le mille pattes à cause du budget chaussures et chaussettes, le cochon pour ne pas attiser les guerres de religion, les phoques et autres bêtes à fourrures qui risquent de ramener Brigitte Bardot à l’avant de l’actualité.
La vache ? Pourquoi pas ? Vaut mieux des êtres mi-hommes mi-vaches qui regardent passer les trains que des soi-disant humains qui les font sauter. Evidemment, il y aussi des vaches folles. Mais sont-elles vraiment pires que nous ?

Alain Berenboom
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ANTI-HEROS

chronique
Au cinéma, en littérature, ce serait l’heure de gloire pour les anti-héros, clament les gazettes, l’œil sur les hit-parades. Mais que faire si vous trouvez Bienvenue chez les Chtis ! désespérément indigeste (Seigneur, ayez pitié de nous ! rendez-nous Bourvil !) et que l’Elégance du Hérisson vous tombe des mains – boum ! – malgré votre bonne volonté ? Ose-t-on aussi avouer s’être endormi à Amélie Poulain ? Trouver Odette Toulemonde tarte ? Et pleurer la mort il y a quelques jours de Richard Widmark, qui incarna si admirablement à l’écran les personnages ambigus, tordus, noirs et déchirants ? N’était-ce pas lui qui représentait le mieux à l’écran les « anti-héros » dans des films où les grands cinéastes hollywoodiens des années cinquante analysaient de façon impitoyable le mal qui rongeait l’Amérique? Qu’on cesse donc de prétendre que les anti-héros sont sortis de l’œuf à Pâques 2008 ! Et le Joseph K de Kafka, les personnages de Woody Allen ou Ignatius Reilly, le sublime garçon perdu de La Conjuration des Imbéciles de John Kennedy Toole, alors ? D’accord, ils n’ont pas grand-chose de commun avec Dany Boon ou Eric-Emmanuel Schmitt.
Reste que les anti-héros ont aujourd’hui la cote, quelles que soient leurs performances. L’exemple vient d’en haut : dans le fauteuil de Roosevelt s’agite G.W. Bush, Sarkozy dans celui de de Gaulle, Ehud Olmert à la place de Ben Gourion et les jumeaux Lech Kaczinsky ont succédé aux héros de Solidarité. Même en politique, faut faire terne comme pour faire taire le passé : le fantôme sans nom de Poutine en Russie, des marionnettes grisâtres et inquiétantes en Chine. Passons un voile pudique sur la Belgique.
De là cette impression que le monde est divisé en deux : les tristes, modestes, incompétents d’un côté et les monstres de l’autre – Ahmadinedjad, le terrifiant mais caricatural premier ministre iranien, Ben Laden, les guérilleros des FARC ou du Congo- devant lesquels les modestes qui guident la communauté internationale restent impuissants.
Jadis, au moins, il y avait les bons et les méchants, c’était plus simple et plus passionnant. John Wayne contre Richard Widmark, Don Quichotte contre les moulins, Bob Dylan contre Frank Sinatra, et même Kennedy contre Nixon (on ne savait pas encore comme le héros était pourri), c’était autrement plus exciting que Bush contre Ben Laden, ou la gueguerre entre « pragmatiques » et « idéologues » au sommet du pouvoir à Téhéran…
Tiens, pour balayer cette mélancolie, allez donc voir « Darjeeling limited », le film de Wes Anderson, délicieuse balade de trois frères américains en quête de leur mère et d’eux-mêmes à travers l’Inde : en voilà des anti-héros qui ne sacrifient ni aux lieux communs, ni au gnangnan à la mode et qui démontrent que l’art de faire confus est parfois aussi un art !

Alain Berenboom
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LES DIX COMMANDEMENTS

Cher Yves,

Au moment où tu reçois, tel Moïse, la mission de guider notre peuple vers sa terre promise et BHV, je me permets de te rappeler quelques préceptes issus du Livre, que tu as peut-être oublié dans l’isoloir la dernière fois que ton président de parti t’a envoyé à confesse.
Tu n’auras pas d’autre dieu, tel est le premier commandement. Pas d’autre Dieu que qui? Cette question semble aussi vague et sujette à querelle que le reste de ton programme gouvernemental. Au choix, selon l’interlocuteur, tu n’auras pas d’autre Dieu que : la Flandre, la Belgique, Bart De Wever ou toi-même…
Tu ne feras point d’images, dit le second commandement. Facile : avant que quiconque songe à afficher ta photo dans son salon, l’eau aura recouvert la Belgique depuis longtemps…
Tu n’invoqueras pas le nom du seigneur en vain. Oublie le troisième commandement. Si tu avais juré un bon coup, tapé sur la table ou la figure de certains de tes futurs partenaires, si tu cessais de tout encaisser avec un bon sourire, t’aurais peut-être la santé et la longévité de Lazare Pontichelli.
Tu travailleras six jours mais le septième sera jour de repos : si tu n’avais pas bien entendu le précédent message, maintenant c’est clair ?
Honore ton père et ta mère. Dehaene et Moureaux comme papa et maman, je te concède que c’est pas du gâteau mais on ne choisit pas ses parents. A voir la coalition que tu diriges, tu n’as pas choisi non plus tes conjoints. En fait, tu ne choisis rien. Même pas de changer de métier.
Tu ne tueras point : ni Didier, ni Joëlle malgré ton envie irrépressible. Répète-toi souvent le sixième commandement car il est le plus difficile à respecter.
Tu ne commettras pas d’adultère : tu resteras fidèle à Bart De Wever et à la N-VA. La tentation est grande, je le sais, mon pauvre Yves. Mais, issu parti de Dieu, tu devras respecter ton épouse même si tu prétends l’avoir épousée voilée et n’avoir découvert son vrai visage que derrière les grilles de Val-Duchesse.
Tu ne voleras point. Le huitième commandement est sujet à exceptions. Tu ne voleras point dans la poche des contribuables sauf pour payer les pensions, la réforme fiscale, les chômeurs, les fonctionnaires, la réforme de l’état, l’essence des voitures de fonction, les voyages de Karl de Gucht, de Charles Michel et de Piet De Crem.
Tu ne porteras pas de faux témoignage. Ce n’est pas à un brave garçon comme toi qu’on rappellera le silence sur les colloques singuliers avec le roi.
Enfin, Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni sa femme, si son serviteur, ni son bœuf ni rien qui lui appartienne, ce qui ne te laisse guère de marge de manœuvre. Et nous ramène à la question initiale : es-tu vraiment fait pour ça ?

Alain Berenboom
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SI LE VENT TE FAIT PEUR

chronique
C’était la semaine du vent. Tempête dans les chaumières, frimas, dégâts et frissons. Secouée par la bourrasque, la vie politique belge allait-elle enfin bouger ? Hélas, ceux qui espéraient un programme gouvernemental qui décoiffe sont restés sur leur faim. Ecouter nos excellences, c’est entendre du vent. N’y a-t-il donc personne pour siffler la fin de la récréation ? Souffler quelques idées nouvelles à l’oreille de nos négociateurs ? Avec le temps qu’il fait, il paraît que Leterme (de Caracalla) refuse de se jeter à l’eau. Tant pis pour lui ! Que le vent le balaye et nous apporte enfin un souffle frais !
Il y a bien longtemps, Emile Degelin, cinéaste flamand avait tourné en français sur les bords de la mer du nord un film qui surfait sur la « nouvelle vague », intitulé Si le vent te fait peur. Titre prémonitoire d’une saison qui hésite entre hiver et printemps, qui nous laisse troublés et perplexes. Devons-nous avoir peur du vent du nord ? Faire craquer les digues ? Et croire que c’est du sud – de la Sarkozie- que viendra le souffle régénérateur ? Allons !
En France aussi, les élections municipales se sont collées sur la météo : le vent du boulet rouge a effleuré l’Elysée. D’après les spécialistes, ce n’était pas un tsunami. Juste une brise pour inviter le président à ne plus chercher le vent ailleurs, se mettre à l’abri et travailler.
Plus loin, le souffle des explosions soulève un ouragan barbare, ravageur, inexorable, incompréhensible. Irak, Jérusalem, Pakistan, combien de victimes faut-il encore à Eole pour qu’il serre enfin les lèvres?
On ne connaît donc plus que le vent mauvais ? En 1968, être dans le vent voulait dire être branché. Maintenant, l’expression a pris l’eau. Qui peut dire aujourd’hui dans quel sens souffle le vent et où il vous emporte ? Mieux vaut se tenir à carreau. Hillary Clinton est mal payée pour le savoir, elle qui est sur le point de se faire balayer par la tornade du changement qu’incarne si bien Barack Obama.
Pourtant, c’est aussi le vent qui sauvera peut-être la planète. Lorsqu’on s’avisera qu’une éolienne, c’est aussi beau dans un paysage de plaine que les moulins dont les ailes ont bousculé Don Quichotte.
Le vent ne nous fait pas peur. Il annonce aussi le printemps. Il apporte des senteurs inconnues, des graines venues d’ailleurs. Notre pitoyable ministre de l’Intérieur finira bien un jour par ouvrir les fenêtres et laisser l’air vif de l’Extérieur aérer nos placards moisis. En espérant qu’il emporte au passage notre sinistre police des étrangers (rebaptisée pudiquement Office) et ses centres de détention qui font notre honte.

Alain Berenboom
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rencontrez – ecoutez

RENCONTREZ Alain Berenboom

le dimanche 9 mars à 15 h.
librairie FILIGRANES, 39 avenue des Arts, 1040 Bxl

le mardi 11 mars à 20 h
au café littéraire LA DOLCE VITA (entrée 8 € )
37A, rue de la Charité à Saint-Josse (place Madou)
présenté et interrogé par Jacques De Decker,
secrétaire perpétuel de l’Académie
critique au journal Le Soir

ECOUTEZ Alain Berenboom

lundi 10 mars sur Radio Judaïca entre 18h30 et 19h

jeudi 13 mars sur Télé Bruxelles de 18h15 à 19h

E.T.

chronique
Lundi après-midi, après une longue absence, Yves Leterme est revenu à la politique. Pour son premier contact avec la vie trépidante des stars, l’ex ou le futur premier ministre (on ne sait plus trop) a dû répondre à une quarantaine de questions de ses sympathiques collègues d’une commission de la Chambre à propos de l’utilisation des feux de croisement, la réglementation relative à la conduite d’attelages ou l’immatriculation des cyclomoteurs.
Que fait un homme normal, reçu de cette façon après avoir erré sur les rives du Styx ? Il répond : dites donc, les gars, je vous sens impatient. Mais, pour les gags, attendez le premier avril. Ou : J’ai compris. La RTBF a placé une caméra cachée pour me ridiculiser comme d’habitude. Un homme normal claque la porte. Ciao ! Pour la dimension des attelages, voyez avec Mr De Crem, c’est le cheval fou de l’équipe.
Eh bien, vous avez tout faux. Leterme ne s’est pas tiré; il n’a pas éclaté de rire. Sans broncher, il a répondu de son ton monocorde habituel à chacune de ces questions grotesques. Avec un air de premier de classe dont l’école vient de sombrer mais qui continue de faire semblant qu’il est devant le tableau. Alors, je pose la question qui aurait dû nous sauter aux yeux depuis un certain temps: et si Mr Leterme n’était pas un être humain ? Et s’il était un extra-terrestre ?
Déjà son teint aurait dû mettre la puce à l’oreille. Les écrivains de science fiction des années cinquante ne décrivaient-ils pas les Martiens comme des petits hommes verts ?
Certes, ses chefs sont d’habiles bricoleurs. Son disque dur était bourré d’informations qui lui ont permis de faire illusion : BHV, régionalisation des matières fédérales régionalisables, communautarisation des matières personnalisables, nouvelles valeurs ajoutées (en abrégé NVA). Il était parfait. Presque parfait. Car un bug s’était déjà produit : dans sa programmation musicale. « Ils » ont pensé à lui apprendre à chanter « Vlaanderen boven » de Raymond van het Groenewoud, l’oeuvre complète d’Helmut Lotti et même « Les filles du bord de mer » d’Adamo. Mais pour l’enregistrement de la Brabançonne, le programmateur, un moment distrait, s’est planté. Une petite erreur pour Leterme, une calamité pour l’humanité.
Ne croyez donc pas ce que la presse vous a dit sur l’hospitalisation de Yves E.T. Pendant quinze jours, dans une aile isolée de l’hôpital de Leuven, les Martiens se sont activés à reconnecter ses circuits. Désormais, la noble Belgique, ô mè-ère chérie-ieu, est gravée dans son programme. Mais, même un habitant de la planète rouge ne peut tout prévoir. Dieu seul sait quelle autre erreur de programmation est tapie au fond de sa carte-mère.

Alain Berenboom
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