DANS LE COCHON , TOUT EST BON

Sanction de la mondialisation ? De ses excès et de la crise ? Le nationalisme revient à la mode. Pour justifier sa petite entreprise, M. Modrikamen n’hésite pas à retrouver les trémolos tricolores d’une autre époque et dénoncer l’épouvantail français alors que sa « banque belgo-belge » serait surtout chinoise.
La grippe aussi a retrouvé les bons vieux accents nationalistes. Lors de son apparition, on l’avait baptisée « porcine ». Maintenant qu’elle s’étend sur toute la planète, elle est devenue « mexicaine ». Dans les restos, on respire. La côte de porc et le cochon de lait sont revenus à la carte. Et les tortilla rebaptisées omelette jambon. Ouf ! Dans le cochon, tout reste bon.
Mais l’étiquette, on s’en doute, ne fait pas l’affaire des Mexicains qui se battent pour refiler la patate chaude. Les meilleurs spécialistes en communication ont été mobilisés pour trouver un nouveau vocable avant que l’épidémie ne tue le commerce national. Les Espagnols n’en veulent pas. Ils rappellent à juste titre qu’ils ont déjà donné. Trente millions de morts.
Comme les paradis fiscaux ont mauvaise presse, pourquoi ne pas renommer la grippe liechtensteinoise ? a proposé un spécialiste. Mais les medias risquent de renâcler devant la complication. Saint Marin, Caïman ? Des étiquettes trop exotiques pour l’horrible virus dont l’image évoque plutôt le froid et la pluie.
Grippe belge, alors ? a suggéré un autre conseiller en éternuant bruyamment. Voilà un paradis fiscal idéal pour notre nouveau virus. Un nom connu, associé déjà, grâce à l’Europe, à la critique, à la raillerie et à la détestation.
Aussitôt, Didier Reynders a poussé un lamento déchirant et protesté officiellement auprès du gouvernement mexicain: grâce à ses efforts, la Belgique a échappé de peu à la liste noire des paradis fiscaux. Ce n’est pas pour y revenir par le biais de l’influenza. Les conséquences pour la gastronomie nationale risquent d’être catastrophiques. A quoi bon avoir sauvé le porc Cross & Blackwell si c’est pour tuer le bœuf bleu, blanc, belge ?
Le leader du M.R. soupçonne d’ailleurs que ce projet diabolique a été concocté par son rival socialiste. Certains laissent entendre que M. Reynders aurait chargé l’efficace détective de Jean-Marie Dedecker d’enquêter pour mettre à jour la mexican connection qui lie Mexico à Mons. Voilà qui expliquerait l’étrange silence de Jean-Claude Van Cauwenberghe et de José Happart sur les détails de leur « mission » en Californie : de San Diego à Tijuana, il n’y a qu’un pas. Redevenus amis-amis avec Elio Di Rupo, les deux hommes ont-ils négocié en secret ce mauvais coup ? Suite au prochain numéro…

Alain Berenboom
www.berenboom.com