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La bonne nouvelle de la semaine : le Luxembourg déversera ses déchets nucléaires chez nous mais il gardera ses banques et les économies de nos épargnants. C’est ce que l’on appelle un accord gagnant-gagnant.

Reste à décider ce que nous allons faire des déchets nucléaires de nos amis grand-ducaux, de simples zakouskis, il est vrai, comparés à ceux de nos « propres » productions locales.

Alors secrétaire d’état, l’écolo Olivier Deleuze annonçait en 2003 le début de la fin du nucléaire pour 2015, promesse que les partis libéraux et le PS se sont empressés d’oublier dès la fonte des verts aux élections suivantes.

En 2012, le ministre Wathelet l’annonçait pour 2025, ce qu’a confirmé l’actuel gouvernement il y a quelques mois. Sauf que la N-VA ne l’entend pas de cette oreille. Et laisse la question ouverte pour en discuter après les élections de l’an prochain. Promesse d’un sérieux court-circuit autour de la prochaine déclaration gouvernementale sinon d’un Fukushima si l’un des futurs partenaires s’entête à mettre l’agenda de la mort du nucléaire sur la table. Autrement dit, on en reparlera après la fin des banquises, la hausse des océans et la disparition de la Flandre.

Pour une fois, l’électrique Bart De Wever pourra invoquer la France (à la tête du lobby nucléaire chez nous) plutôt que l’Allemagne (qui s’en est débarrassé calmement). Avec l’entrée en fonction du nouveau ministre de l’écologie, le président Macron s’est assuré un collaborateur peinard question centrale nucléaire, le totem intouchable des Français avec l’industrie de l’armement et celle du foie gras.

Quand il s’opposait au candidat Macron, François de Rugy, s’est engagé à la fin des centrales françaises pour 2040. Depuis qu’il est ministre, il s’est engagé à la fermer sur la question.

Personne ne connaît la durée pendant laquelle les matières resteront radioactives : des siècles ou des centaines de milliers d’années, comme le disent certains ? Bref, on ne sait rien, on n’a aucune solution, celles qui ont été expérimentées ont fait eau de toute part (comme le déversement de déchets en mer principalement par les Anglais dans les années 50 qui prétendaient qu’ils allaient se dissoudre comme du savon ou par les Italiens au large de la Somalie avec l’aide des Maffias).

Que ces crasses mettent cinquante mille ou trois cent mille ans à cesser d’être nocives n’a pas beaucoup d’importance puisque les mammifères intelligents auront disparu de la surface de la planète depuis longtemps, tués par d’autres crasses.

Resté seul, Bart De Wever pourra lancer aux êtres survivants : « Abyssus abyssum invocat » (« l’abîme appelle l’abîme »).

« Acta est fabula ! » (« La pièce est finie ! ») répondront ses auditeurs en suçant une glace au plutonium.

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L’EUROPE DANS TOUS SES ETATS

Depuis des semaines, la planète occidentale n’a parlé que de ça. Que se passerait-il si l’Ecosse se séparait du Royaume Uni ? Oubliant presque que, pendant ce temps, une partie de l’Ukraine a quitté l’amère patrie pour plus grand et plus riche et que l’Iraq s’en va en morceaux comme jadis la Yougoslavie. Et d’agiter avec effroi la menace d’une sécession de la Catalogne, de la Padanie, de la Corse du nord, de la Corse du sud, voire des Cornouailles. Sans oublier bien sûr la Flandre.

Jadis, on avait des idées plus souples. Les modifications de frontières ou d’états, les changements d’étiquettes sur les cartes du monde, n’étaient pas considérés comme des tremblements de terre magnitude 9,5 sur l’échelle de Richter.

Lorsqu’il perdit son trône de Pologne, le pauvre roi Stanislas Leszczyński, errant et sans le sou, se vit offrir le duché de Lorraine par le roi de France – son gendre – avec l’accord des autres puissances européennes. Pour consoler l’ex-duc de Lorraine de la perte de ses terres, il reçut en lot de consolation le duché de Toscane. Vous auriez refusé d’abandonner Florange pour Florence?

L’opération était subtile. Louis XV n’attribua le duché de Lorraine à Stanislas qu’en viager. Ce qui lui permit de le récupérer à sa mort et de l’ajouter à son propre domaine.

Avec la mode de la démocratie, les rois n’ont plus la même marge de manœuvre. On imagine mal la reine Elisabeth II laisser la couronne d’Ecosse à son fils, pour le faire patienter en attendant la fin de son interminable règne. Ou le roi Philippe proposer à Bart De Wever, qui a si peu de goût pour la rue de la Loi, de lui confier un marquisat viager à Anvers. L’idée ne devrait pourtant pas être abandonnée. Il suffit de lui donner un coup de neuf.

Jadis, quand on ne savait plus comme se débarrasser d’un politicien, on le nommait, selon sa cote à l’Argus, député ou commissaire européen. On a vu le résultat. Leurs rôles sont mal définis, tout le monde se mélange les pinceaux et il n’en sort rien car ces fonctions ne représentent rien, ni personne. En revanche, si on découpait l’Europe en mille et un duchés, leurs dirigeants pourraient exercer utilement leur pouvoir sur ce bout de territoire. Sans créer ni jalousie ni crise de nerfs puisque l’existence de ces mini-états serait limitée à celle du mandat de leurs chefs.

Ce système permettrait aussi de recaser quelques gueules cassées. Melchior Wathelet jr à la tête d’un comté de Verviers-Tongres, loin de tout aéroport. Voisin d’un archiduché de Frise orientale où on aurait fait atterrir François Hollande. Il a déjà le nom, les bottes en caoutchouc et le nez qui coule. Il suffit d’un peu d’imagination pour remettre l’Europe sur les rails …

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MAÎTRES DU MONDE

 

Pendant un bref instant, on aura l’impression d’être le maître du jeu. Ce dimanche matin, dans la file devant le bureau de vote, nous allons redessiner le monde d’un simple clic. Un bulletin dans l’urne et, hop ! tout va basculer. Le droit à la pension dès l’âge de trente-cinq ans ; Maggie De Block condamnée à examiner tous les pensionnaires des centres fermés, un à un, avec interdiction de toute expulsion tant qu’elle n’aura pas terminé l’ensemble de ses visites ; seuls les martiens pourront désormais être nommés ministres à condition de n’être nés ni wallons ni flamands mais obligatoirement petit homme vert ; la Belgique changera de nom pour s’appeler Eden (jugé touristiquement plus porteur) avec un drapeau en forme de serpent (la pomme, c’est déjà pris par plus puissant que nous); le terre sera plate; école le matin et cinéma tous les après-midis, sauf le mardi où il y a piscine; les fritkots seront obligatoires sur toutes les places du royaume avec sauce andalouse sous peine d’amende ; un jour par an, chacun à son tour, nous aurons droit d’être le roi, à condition de ne pas en profiter pour revendre les bijoux de famille; Bart De Wever sera nommé bourgmestre de Mons pour organiser les festivités kosmopolites (ça le changera) de la capitale kulturelle de l’Europe 2015 tandis que Melchior Wathelet jr deviendra maïeur d’Anvers afin d’empêcher les bateaux de survoler la ville; Alost sera capitale du pays avec carnaval tous les jours ; Bruges, rattachée à Bruxelles en échange de Koekelberg, qui ira prendre l’air à la mer ; Seraing, rendue immortelle par les frères dardenne, vendue aux Américains pour être reconstruite pierre par pierre à Hollywood ainsi que son bourgmestre (attention de numéroter ses abatis pour ne pas le remonter de travers comme une bête commode Ikea!) sauf le stade de Sclessin qui sera rebâti sur le Mont Olympe, sa véritable place. Avec l’argent de la vente, on construira une maison du peuple qui, pour une fois, sera une maison du peuple; la N.S.A. s’installera à Oreye avec pour mission de rechercher l’OTAN perdue ; la sixième réforme de l’état sera inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et ses auteurs recherchés pour crime contre l’humanité.

Dès lundi, au travail, les élus ! Et, pas question d’attendre à nouveau cinq ans pour vérifier que toutes ces belles promesses électorales ont été tenues. Avec internet, gare à vous, chaque mois, les citoyens auront le droit d’effacer, grâce à un vote électronique, les politiciens qui ont manqué à leur parole ou qui ont mangé leur chapeau. A la trappe, paresseux et menteurs !

Pardon ? C’est à moi de voter ? Excusez-moi, j’étais distrait. Un beau rêve…

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