VOTER UTILE

    Pourquoi pas voter N-VA en Wallonie lors des prochaines élections législatives comme vient de le proposer Bart De Wever ? Certains s’en sont étonné et même moqué. Or, on peut relever plusieurs bonnes raisons pour voter N-VA lorsqu’on est électeur wallon.

   Pour un Flamand qui vit en Wallonie, c’est une façon de faire sauter le corset qui limite la Flandre au petit territoire que lui attribue la Constitution. La Flandre indépendante pourra ainsi s’étendre sur tout le territoire du royaume. Bien sûr, la nouvelle Flandre n’ira pas de l’Atlantique à l’Oural mais de Knokke jusqu’à Arlon, c’est un bon début. Qui lui permettra d’être (un peu) plus grande sur la carte du monde et surtout d’être identifiée par les voyageurs de l’espace – ce qui était devenu impossible depuis la décision d’éteindre l’éclairage des autoroutes. Une décision suicidaire pour tous ceux qui voulaient que l’univers entier puisse contempler la partie la plus noble de la planète Terre. 

   L’extension de la Flandre entraînera aussi des facilités administratives et de nombreuses économies. Ainsi, on pourra supprimer les gouvernements et parlements wallons et bruxellois, le gouvernement flamand gérant désormais tout le territoire. Rendant aussi inutiles les institutions fédérales. Fini les gabegies, huit ministres de la santé, trois de l’enseignement, trois de la culture, quatre de l’environnement et leurs administrations. 

Bien sûr, avoir un Jambon à la tête de l’état fera quelques mécontents mais au moins voilà un Flamand qui a fait l’effort de porter un nom français, symbolisant la volonté de son parti d’unifier le pays.    

   Cette initiative obligera enfin Wallons et Bruxellois à parler néerlandais, alors qu’ils s’en montrent incapables malgré de longues années de cours.  

  Il y aura sans doute quelques casse-têtes, comme le choix d’une seule fête nationale. La Flandre imposera certainement la sienne, la célébration de la Bataille des Eperons d’Or. Ce qui permettra au passage de rétablir la vérité historique. Si la Bataille de Courtrai a vu la victoire du comte de Flandre sur les troupes du roi de France, on cessera d’occulter le fait qu’il y avait autant de troupes wallonnes à son côté qu’il y avait de Flamands combattant avec les Français…  

  Bien sûr, il y a aussi des ombres au tableau. Si l’initiative de Bart De Wever suscite l’enthousiasme des Wallons, on peut craindre que le Vlaams Belang prenne le train en marche. Et qu’un certain nombre de Wallons, en manque cruel de partis d’extrême droite, adopte ces chenapans propres sur eux mais pas dans leurs têtes. 

  Restera alors aux Wallons à créer un parti facho en Flandre pour siphonner dans le dos du Vlaams belang ses électeurs flamands…      

  Voilà comment voter utile en Absurdie…

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LES VOIX DU PEUPLE SONT IMPENETRABLES

Devant la carence et le désarroi des dirigeants politique de notre charmante mais bien compliquée petite patrie, certains beaux esprits ont trouvé le truc pour désembourber enfin l’attelage fédéral, bon sang mais c’est bien sûr, l’appel au peuple ! Ce peuple qui a toujours raison, suffit de voir comment il s’est exprimé en mai dernier. 

 Va donc pour le référendum ! Puisque plusieurs précédents montrent combien il est utile pour dénouer des situations politiques difficiles : le Brexit en Grande-Bretagne, l’indépendance de la Catalogne, l’adhésion au traité de Maastricht au Danemark (où il fallut voter deux fois pour forcer les citoyens à changer d’avis !) Ah oui, voilà autant de consultations où le peuple a montré aux politiques le chemin à suivre : droit dans le gouffre ! 

 Le truc de faire parler le peuple est ancien. Sans remonter au déluge, Napoléon III déjà a fait appel au plébiscite permettant aux Français de renoncer à la démocratie parlementaire et de confier les pleins pouvoirs sans contrôle au ci-devant. Hitler a fait de même en 1934, adoubé führer par le peuple à une majorité enviée même par Staline…

Alors, la sagesse populaire pour sortir de l’impasse, pardon, les amis ! 

Un de ces jours, Trump va aussi sortir un referendum de sa manche : le mur avec le Mexique, l’arrêt de l’immigration, la paix avec la Corée du Nord ou l’affrontement avec la Chine, n’importe quoi pour se remettre en selle. 

Les partisans d’un referendum en Belgique connaissent d’avance le résultat, nous assurent-ils. Les Belges – on veut dire les Flamands – partisans de la séparation sont très minoritaires. Alors, pourquoi les consulter ?

Le vrai problème, oublient-ils d’ajouter, c’est que souvent le peuple souverain répond à une autre question que celle qui lui a été posée. Il dit juste non à celui qui l’a interrogé. Comme lors du referendum français de 1969 sur la régionalisation qui a entraîné la démission du président de Gaulle. Ou celui sur la constitution européenne de 2005 rejeté tant par les Français que par les Hollandais, tous réfractaires à leurs dirigeants plus qu’à l’Europe. 

Croit-on qu’on va résoudre l’énigme Belgique par oui ou par non ? 

Et si on pose une autre question, on risque d’être surpris. Voulez-vous un gouvernement fédéral ? Non évidemment à une écrasante majorité dans les trois régions du pays. 

Souhaitez-vous le confédéralisme ? Faudrait une bibliothèque entière pour expliquer la signification de cette notion introuvable. 

Seule une question mérite d’être posée aux Belges : souhaitez-vous que vos enfants soient bilingues ? Qu’ils parlent aussi parfaitement français que néerlandais ? 

Voilà l’avenir de la Belgique, du moins si l’enseignement reçoit les moyens nécessaires pour fabriquer de vrais citoyens et un peuple civilisé. 

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QUAND LES TERRORISTES SE SERRENT LA CEINTURE

Ils voulaient un état ? Eh bien, ils l’ont, ces pauvres djihadistes, et les soucis s’accumulent. Au début, c’était rigolo. On s’amusait à choisir un drapeau. Celui qu’était pas d’accord avec le chef, il passait à la casserole. Puis, on a imprimé des tas de billets de banques dont on a rempli plein de coffres, une vraie caverne d’Ali Baba. Le premier qui touche à mon trésor, il a un doigt tranché ! a prévenu le chef. Le deuxième, deux doigts. Et ainsi de suite.

Enfin, des timbres. Comme la loi interdit les images mais que le chef voulait être collé sur toutes les cartes postales, le graphiste a eu l’idée de dessiner un rond rose avec une petite houppe. Il y en a un qui a dit : Tiens ? On dirait Tintin. Mais non, c’est le chef, imbécile ! Chez nous à Bruxelles, une tête ronde avec une houppe, c’est Tintin.

Chez nous, tu dis ?

Voilà les premières difficultés. La belle unanimité des combattants se fissure et apparaissent les différences comme les taches sur un mur mal peint. Toi, le Molenbeekois, du vent ! Dans notre brigade, on ne veut que des Tchétchènes. Nous, les gars, on vient d’Algérie. Des pros du terrorisme. Sans nous, vous auriez jamais réussi à créer un nouvel état.

Et puis, il y a les Belges. Toujours gentils, les Belges. Font des blagues. Cirent les pompes du chef. Z’achètent des timbres pour écrire à la famille. Travaillent de 7h 30 à 16 h 30. Consciencieusement et sans se plaindre. Sauf qu’ils ne travaillent qu’une semaine par mois. Vous êtes fous ? demande le chef. Non, c’était comme ça en Belgique. On était aux TEC. Une semaine de travail, trois semaines de grèves. Couvertes par les syndicats. Demandez à M. Goblet. C’est notre chef. Votre chef ? s’étrangle le chef. Et moi, c’est qui ?

C’est comme ça, chef, ou c’est la grève générale ! Bon, soupire le chef. Diriger un état, c’est l’art du compromis. Pardon, pardon, interviennent alors quelques autres Belges. Si vous faites des concessions aux Wallons, faut nous en faire à nous ! Qui c’est vous ? s’étrangle le chef. Nous ? Les Flamands. Nous travaillons tous les jours. Mais en échange d’une villa quatre façades, d’une 4/4 et du droit de recevoir les ordres en néerlandais.

Résultat, le chef a décidé de diviser par deux les salaires de tous les combattants. Grave erreur, mon pauvre Daesh ! Va découvrir le front commun syndical, la grève au finish, la suspension des livraisons de la FN. Et si ça ne suffit pas, la création d’un nouveau parti la N-VA (Nouveaux Voyous d’Allah) qui vont proclamer l’indépendance d’un bout de territoire réservé aux islamistes flamands, avec puits de pétrole et côte maritime.

Envoyer des Belges en Syrie ? Bravo ! Brillante idée des auteurs du programme de déradicalisation ! Et bien plus efficace que les drones.

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OFFRE D’EMPLOI

Un vent favorable a emmené sur notre bureau cette lettre adressée confidentiellement il y a deux jours par Dominique Strauss-Kahn à Bart De Wever.

 

« Cher Monsieur,

 

De mauvais esprits ont saboté la poursuite de ma carrière en France. Vous avez sans doute appris ma mauvaise fortune. Mon avenir étant définitivement  aussi prometteur que celui de mon camarade Michel Rocard, j’ai songé à entamer une nouvelle vie en Belgique.

Dois-je vous rappeler mes titres et qualités ? J’ai été ministre des finances en France, patron du FMI aux Etats Unis, ce qui m’a emmené à me promener dans le monde entier, les déplacements vers les contrées exotiques ne me font pas peur.

De plus, j’ai compris que votre pays n’a pas encore trouvé mon équivalent –si je puis le souligner modestement- le surhomme capable non pas tellement de redresser les finances publiques mais surtout de vendre les mesures d’austérité nécessaires à la population.

Faut-il encore le prouver ? Mes capacités de communicant sont incontestables et je crois inégalées. Où que je passe et quoique je fasse, mes actions sont plus médiatisées que même la naissance du bébé de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni. Y a-t-il un autre personnage dans l’Histoire dont on a raconté mondialement et pendant des mois dix bêtes minutes de tête à tête avec une femme de chambre guinéenne –un malentendu ?

C’est dire combien vont être populaires mes tête à tête avec votre futur premier ministre, Elio Di Rupo. C’est pourquoi je vous propose d’appuyer ma candidature au poste de ministre président de Flandre. (Ce titre magnifiquement ronflant correspond parfaitement à mon tempérament schizophrène et je suis sûr que ma femme appréciera, ce qui est pour moi l’essentiel).

Le seul hic de l’histoire, comme disait le capitaine Haddock (vous voyez ! Je connais déjà vos classiques !), c’est le néerlandais. On me reconnaît le don des langues mais, de là à la parler aussi bien que M. Di Rupo, pardon, je veux dire que M. Kris Peeters, il y a un pas. Mais plus ça va, plus j’apprends vite. J’ai assimilé l’anglais en quelques années, le guinéen en quelques minutes.

Or, dans une interview que vous venez d’accorder à Humo, je lis que votre femme à journée nigériane parle mieux le néerlandais que votre futur premier ministre.

N’y a-t-il pas là matière à un excellent deal entre nous, cher M. De Wever. Un deal win-win comme vous les aimez ? Pour aller droit au but, comme j’aime, vous me filez votre Nigériane, là tout de suite, et moi, je mets mes compétences et mon carnet d’adresses internationales à la disposition de votre belle région.

Avec ma force de frappe, vous pouvez compter sur moi pour que votre pays explose en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

 

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