LES FOURCHES ENTRE LES DENTS

  On comprend que les paysans bruxellois soient les seuls de toute l’Europe à ne pas avoir manifesté cette semaine. Cherchez sur les sites officiels de la Région de Bruxelles-Capitale sur lesquels les ministres affichent fièrement leurs bouilles souriantes et leurs innombrables compétences. Aucun ne se vante d’avoir l’agriculture dans son portefeuille. Surtout pas ! Dès lors qu’il n’y a pas de ministre en charge, inutile pour les agriculteurs d’aller manifester sous ses fenêtres !  

Après une enquête policière, j’ai découvert que c’était Alain Maron qui exerçait cette fonction. Ce que son cabinet, tout surpris de la question, a confirmé mais après une ou deux heures d’hésitation. 

On se rappelle pourtant que M. Maron a eu le projet il y a quelque temps d’acheter des terres agricoles en Brabant flamand et wallon. Avec pour but de « préserver la biodiversité et une agriculture locale qui pourrait nourrir une partie de la population bruxelloise ». Devant le tollé, il avait rangé son projet et l’agriculture en général au placard. 

Ce qui lui a évité de voir les paysans qu’il y aurait installé réclamer moins de contraintes écologiques et plus de produits phytosanitaires. 

En France, c’est facile, une seule adresse pour les manifestants, l’hôtel Matignon. Mais chez nous, quel est l’interlocuteur du monde agricole ? Il y a au moins quatre ministres officiellement compétents mais sans compétence réelle puisque l’essentiel de la politique agricole est commun à toute l’Union et géré par la Commission européenne. Aussi responsable du Pacte vert, l’ambitieux dessein de l’Europe en matière d’environnement contesté par une partie des agriculteurs. 

Preuve que les ministres nationaux n’ont guère de levier : ils répètent qu’ils sont d’accord avec les paysans et prêts à adopter toutes les mesures (y compris contradictoires) réclamées par des agriculteurs dont les préoccupations sont souvent antinomiques vu les différences entre eux (petites propriétés-grands domaines industriels, céréaliers-éleveurs). Si nos excellences se montrent si enthousiastes à voter tout ce que les agriculteurs réclament, on peut se demander pourquoi ils ont attendu que les tracteurs descendent dans les rues pour les adopter.  

On peut entendre le ras-le-bol des campagnes, les pressions insupportables des grandes surfaces, la paperasserie, les revenus lamentables de certains. On peut aussi accuser l’avidité des consommateurs qui exigent des prix dérisoires pour tomates et pommes de terre tout en dépensant sans compter pour la tech et la téléphonie. 

Mais il faut se garder de dire oui à toutes les revendications (surtout en matière d’environnement) les yeux fermés. « Une agriculture qui ne peut produire sans détruire porte en elle les germes de sa propre destruction » écrivait Pierre Rabhi.        

www.berenboom.com

QUICK ET FLUPKE. LE RETOUR.

   Vous vous souvenez des exploits de Quick et Flupke ? Sous la plume alerte d’Hergé, les deux ketjes de Bruxelles, de sales moutards il faut l’avouer, multipliaient les actes de vandalisme. Des briques ou des ballons dans les vitres des voisins, des passants renversés par leur caisse à savon ou leur traineau, de la peinture klachée sur les murs, des grosses femmes assommées ou écrasées. Sans parler des agressions physiques, particulièrement sur le flic de quartier, le pôvre agent n°15, leur souffre-douleur. 

  Avouez que leurs stût vous ont bien fait rire, que vous n’aviez aucune pitié pour leurs victimes. Eh bien, met’nant, toutes ces kluuterâ, c’est fini ! C’est ce que Quick a promis, juré-craché, depuis qu’il est devenu un grand gamin et fier avec ça. Et même ministre, tenez. Oué, le roi (Flupke) lui a fait jurer toute sorte de bazars dans les deux langues mais pas en bruxellois. Quick a promis qu’il serait désormais un dikke nek toujours propre sur lui et qu’il ne ferait plus honte à sa maman. Sauf qu’à peine nommé, crac, Quick s’est remis à faire des bêtises. On ne change pas les bonnes habitudes.  

Faut-il que Quick ait oublié toutes ses aventures pour proclamer l’interdiction de se promener en rue pendant trois ans à tous ceux qui ont jeté des briques dans les fenêtres des voisins, klaché sur les murs, renversé les passants, surtout les vieilles trut, assommé ou secoué les flics comme de vieux pruniers. Bref tout ce qu’il faisait quand il était snotneus. 

Amaï ! S’il fallait condamner Quick pour toutes les omnuzelderâ qu’il a commis avec Flupke jadis, not’ pôv minist’, il est bon pour rester enfermé jusqu’à sa mort à regarder les autres défiler sur son écran de télé.  

Et il a pensé à la manière dont les ayoen vont appliquer sa bête loi ? Comment l’ageïnt n°15 par exemple va s’y prendre pour vérifier pendant une manifestation qui c’est qui a le droit de crier dans la rue et qui c’est qui devait rester dans son oeïske ? Vous le voyez demander ses papiers un par un aux vingt mille peï et meï qui sont là à hurler autour de lui et à agiter des calicots ? Bonne chance ! A mon avis, c’est une nouvelle kroêmerâ de Quick pour faire rire ses lecteurs. 

On ne va pas lui reprocher d’avoir des remords à propos de toutes les espiègleries qu’il a commises quand il n’était qu’un schoppeke. On comprend aussi qu’il a ses nepkes, ses bichkes en écoutant à la radio tous ces schieve lavabos de syndicalistes qui n’arrêtent pas de le critiquer mais, kâ même, lui qui est passé par la case avocat, il doit savoir que sa loi c’est juste des zieverderâ ? Même les peï du conseil constitutionnel français ont effacé cette disposition quand le gouvernement de la république a tenté de la proposer. 

Allez, Quick, range tes bêtes papelards, et va retrouver Flupke pour une bonne partie de foot en attendant la victoire de l’Union…   

www.berenboom.com

DRÔLES DE DRAMES

    La France est suspendue depuis des semaines au vote de la réforme des retraites. La question mobilise toutes les énergies, la une de tous les medias, les discours de tous les politiques. Les trains ne roulent plus, les poubelles inondent les rues tandis que les gilets jaunes se préparent à revenir joyeusement par la cheminée. Tout ce charivari, bruits et fureur pour empêcher le report de l’âge de la retraite à 64 ans. Que se passera-t-il dans quelques années quand la Belgique aura annexé la France, importé ses lois et que, devenus belges, les Français découvriront que l’âge de la retraite est de 67 ans ? Ils se jetteront à nouveau dans les rues mais en criant cette fois : « Macron, reviens ! Les Belges sont devenus fous ! » 

   On s’étonne un peu de la violence de la réaction de la rue en France sans que personne ne semble se demander si dans 64 ans, il y aura encore quelqu’un sur terre pour demander de bénéficier d’une pension et à qui ? 

   Oui, que restera-t-il de la planète bleue noyée sous la mitraille, l’acier et le feu ? Ce qui frappe ces dernières semaines, c’est l’explosion de la fabrication des armes. Des armes, jusque là bien emballées, qui servaient à dissuader mais qu’on sort des cartons pour le feu d’artifices. 

La terrifiante et interminable guerre en Ukraine n’explique pas tout. Il y a aussi l’achat de sous-marins nucléaires par l’Australie, qui se méfie de la Chine, la hausse spectaculaire des budgets militaires des Chinois qui se méfient des Américains et des dépenses militaires des Etats-Unis qui se méfient de tout le monde. Sans compter les dictatures africaines qui en ont besoin pour mater leur population, affronter des rebelles de tous poils ou créer des troubles chez leurs voisins. Rayon développement massif des armements, on imagine que les Russes ne sont pas en reste. Sur tous les continents, les usines d’armement tournent à plein régime. 

Dire qu’on s’était étonné du « pognon de fou » distribué, « quoi qu’il en coûte » par les gouvernements un peu partout pendant la pandémie pour que personne ne sombre. Mais ce n’était que roupie de sansonnet face à la flambée des dépenses militaires. Avec cette interrogation au passage : d’où vient tout ce pognon ? Et où se cachait-il ? Alors que chez nous, par exemple, on ne trouve pas une petite enveloppe pour ouvrir immédiatement des centres de refuge décents pour demandeurs d’asile. On pourrait peut-être suggérer à la FN de les financer sur les bénéfices qu’elle doit être en train d’engranger ? 

    « A force d’écrire des choses horribles, s’écrie Michel Simon dans « Drôle de Drame » (où il joue le rôle d’un écrivain), les choses horribles finissent par arriver ». Un sérieux avertissement qui avait été lancé deux ans avant le début de la deuxième guerre mondiale. Vous trouvez la coïncidence bizarre ? Bizarre ? Vous avez dit bizarre ? 

www.berenboom.com

TÊTE DE TURC

   Une partie des personnels des hôpitaux (surtout francophones) ont manifesté mardi dernier contre l’obligation vaccinale. Soulagement ce jour-là pour les patients des établissements de soins : les soignants non vaccinés étaient dans la rue, pas à leur chevet. 

   Le gouvernement se demande comment éviter la disparition d’une partie des blouses blanches après le vote de la loi sur la vaccination obligatoire. C’est simple : il suffit de faire défiler les anti-vax tous les jours, ce qui évitera leur licenciement si décrié tout en préservant les malades de l’infection.  

    Peu auparavant, les syndicats défilaient pour le pouvoir d’achat et quelques jours plus tôt, c’était la maréchaussée qui battait le pavé. 

    Et demain ? Les fans frustrés par la fermeture des discothèques, les pompiers lassés d’arroser les manifestants, les taximen et uberistes à tour de rôle, les employés et fonctionnaires fatigués du télétravail, les profs dont les classes ferment un jour sur deux, les élèves qui étouffent sous le masque. Même l’association des St Nicolas proteste après l’annulation de la Party qui était prévue le week-end dernier au Sportpaleis d’Anvers et qui devait rassembler 100.000 personnes (ne vous frottez pas les yeux, il y en a autant qui se presse au marché de Noël dans le centre de Bruxelles sans que les autorités ne s’en inquiètent). 

   Les Grecs ne sont pas en reste : ils se proposent de saisir le parlement européen afin que l’on oblige tous ceux qui utilisent les lettres de leur alphabet pour désigner les nouveaux variants du Covid-19 de payer des royalties. Habile façon de renflouer le budget de leur pauvre pays. En échange, promettent-ils, ils accueilleront enfin décemment les réfugiés qui s’entassent dans des camps à côtés desquels les favelas apparaissent comme des quartiers chics. Mais, méfiance, rappelons-nous ce que faisait dire Virgile à un des personnages de l’Enéide : « Je me méfie des Grecs même lorsqu’ils promettent des cadeaux » …

   Drôle d’époque où tous les mécontents ont trouvé leur tête de Turc. Tout ce qui nous tombe dessus, c’est la faute du gouvernement ou du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, pourquoi pas du ministre du Budget wallon, en tout cas des dirigeants politiques de notre abracadabrant pays. C’est vrai que manifester dans les rues de Bruxelles contre ce sacré virus (« Covid, bas les pattes ! Tu as eu notre peau, nous aurons la tienne ! ») risque de rester sans effet vu sa compréhension limitée du français et du néerlandais.  

   De Croo et son équipe paraissent donc avoir le profil idéal pour continuer à jouer les Guignols jusqu’à ce que ce brave coronavirus veuille bien aller se promener sur une autre planète…

www.berenboom.com

TOUS ADOS

    Léopold II n’avait jamais rêvé de devenir une idole des jeunes plus d’un siècle après avoir passé l’arme à gauche (son seul passage par la gauche). Car, aimé ou haï, être au centre des polémiques, c’est le véritable signe des icônes. C’est aussi ce que doit se dire Colbert, redevenu lui aussi une star inattendue alors qu’on l’avait un peu perdu de vue depuis son passage dans les aventures du « Vicomte de Bragelonne » (Alexandre Dumas nous avait pourtant prévenus que le type était nettement moins sympa que d’Artagnan). 

   La lutte contre l’esclavage, le colonialisme, la violence sur les populations dites indigènes ? On a cru d’abord que les grands mouvements de colère de ces derniers jours contre un certain nombre de momies en bronze en Belgique, en France, la dénonciation d’honorables figures du passé données jusque là en exemple à nos chères têtes blondes (évidemment), marquaient le réveil d’un grand mouvement antiraciste en écho aux manifestations aux Etats-Unis après le meurtre horrible de George Floyd. Le retour inespéré et inattendu de ces bons vieux combats idéologiques, qu’on avait cru anachroniques depuis la fin du siècle dernier.

   Après les folles soirées de déconfinement dans les nuits chaudes de Bruxelles, de Paris et les longues étreintes des vedettes du tennis mondial sur les terres de Novak Djokovic, exhibant leur mépris des mesures sanitaires, comme un joyeux hommage à Trump et à Bolsonaro, on peut s’interroger sur les vraies causes du déboulonnage des statues, des tags vengeurs et des grandes manifs contre les vieux Blancs. 

  Aurait-on vu dix mille manifestants défiler à Bruxelles contre les violences policières américaines et le racisme sans l’intervention providentielle du Corona-virus ? Autrement dit, n’est-ce pas le déconfinement qui a créé un providentiel appel d’air où tout est prétexte à crier sa soif d’oxygène, de contacts sociaux, d’émotions en groupe, enfin !, après avoir si longtemps rongé son frein dans la solitude en regardant ses voisins comme de dangereux zombies? 

   Tel un ado, qui se lâche après la fin d’une longue session d’examens, on a eu besoin de se retrouver ensemble, de se toucher, de crier d’une seule voix, et surtout de défier l’autorité.  

   Cette autorité qui a coincé notre vie, imposé des réglementations inimaginables en démocratie, mais à laquelle on a obéi car on avait peur. Mais, dès que l’on annonce que le virus se promène ailleurs, à l’étranger, c’est la libération. Et l’on crie contre tous ceux qui nous ont enfermés ce bon vieux slogan : il est interdit d’interdire ! 

   Mais, quand la fiesta finie, viendra la gueule de bois, que restera-t-il de nos élans et des luttes politiques renaissantes ? Peut-être le dernier album de Bob Dylan, qui saute les générations avec espièglerie…  

www.berenboom.com

CE N’EST PAS EN 20 QU’ON CRIE DANS LES RUES !

  Que sait-on déjà de 2020, sinon que l’année a commencé dans le brouillard ?

   Seule certitude à l’agenda, le cocktail organisé à Washington au soir du 3 novembre pour fêter le nouveau président des Etats-Unis. Mais bien malin qui pourra deviner le nom de l’heureux invitant et des invités. Sauf un, Kim Jong-un. Il a déjà promis d’être présent auprès de son ami Donald dont il est certain de la victoire (car il n’a jamais entendu parler d’une élection dont on ne connait pas le résultat à l’avance). Il viendra avec un cadeau explosif et une nouvelle coupe de cheveux. Comme Kim a peur de l’avion et qu’il ne se déplace qu’en train blindé, il compte se mettre en route dans les prochains jours. Rien d’imprévu à attendre donc de sa part. Surtout rien d’imprévu.  

 C’est ça le problème des tyrans, ils sont incapables d’offrir de temps en temps une surprise à leurs peuples. On sait déjà qu’il n’y aura pas de chinoiseries électorales en Chine, que les lendemains seront byzantins en Turquie et les résultats électoraux déjà imprimés en Russie comme en Iran. Mauvais calcul, messieurs. Les gens ont besoin d’air frais depuis qu’ils ont pris conscience que la planète a commencé dangereusement à se réchauffer.

   Vous ne vous êtes pas aperçus que ça bouge drôlement depuis quelque temps ?  Pas vu tous ces hommes, ces femmes, ces enfants qui se sont mis à descendre dans les rues ? Du Chili au Soudan, de Hong Kong à Bruxelles, d’Alger à Paris, les causes semblent différentes, climat, misère, liberté et démocratie ou bêtement prix du diesel. Mais elles ont confusément le même point commun : une méfiance grandissante dans le fonctionnement des institutions de leur pays, dans leurs dirigeants, et leur capacité à désembourber la société. 

   Lorsque Carlos Ghosn s’enfuit de Tokyo parce qu’il se méfie – non sans raison- de l’indépendance de la justice japonaise, il est dans l’air du temps. Mais il a peut-être choisi une dangereuse destination parce qu’à Beyrouth aussi, ça tangue, ça tangue, ça tangue énormément ! 

   A sa place, j’embarquerais au plus vite, toutes voiles dehors, avec Greta Thunberg. Pour sillonner les océans avant que leurs flots ne recouvrent à nouveau les continents. Vous imaginez cette belle image, l’ancien patron tout puissant de Renault-Nissan-Mitsubishi errant sur l’Atlantique sans une goutte de pétrole – sauf une petite bouteille nécessaire pour se lisser les cheveux- en compagnie de la petite sirène de Stockholm! 

   Pendant la longue traversée, Greta aura le temps de rattraper son année sabbatique. Carlos  lui refilera ses cours de l’Ecole Polytechnique. En échange, elle lui apprendra le ba-ba des règles de protection de la planète. Ainsi que l’art de maîtriser les medias. 

www.berenboom.com

CHER EMMANUEL / CHER CHARLES

Cher Emmanuel,

Ce petit mot pour saluer votre prestation de l’autre soir. Vous avez réussi en douze minutes à faire sauter les règles budgétaires européennes qui forment la base même de la monnaie unique et qui étranglent la plupart de vos voisins sans que vos petits déshérités ne vous en remercient. Au contraire. Ils prennent vos annonces pour la misérable aumône d’un fêtard à un SDF. Il ne vous reste plus qu’à quitter l’euro. C’est Madame Le Pen qui va en tirer une tête quand vous annoncerez que vous revenez au franc français !

Cher Charles,

Un conseil pour éviter la contagion dans votre beau pays: soignez vos Témoins de Jéhovah et autres membres de l’Armée du Salut. Ils ont beaucoup de points communs avec la Troupe des Gilets Jaunes de chez nous. Ils défilent en se lamentant sur leur sort, lancent des imprécations contre ceux qui détiennent le pouvoir sur terre tout en promettant un avenir meilleur grâce aux interventions de l’au-delà. Entre temps, ils mendient. C’est toujours ça de gagné (pour eux, pas pour moi). La seule différence entre ces groupes, c’est que les envoyés du Ciel sonnent poliment aux portes sans même encombrer les trottoirs alors que les miens bloquent les rues et démolissent les centres-villes. La France a peut-être eu tort de devenir un pays laïc.

Cher Emmanuel,

Je vous envie : vous n’êtes soutenu que par un seul parti (et encore, il est traversé de doutes), les media vous rejettent, la grande majorité de vos concitoyens vous conspuent mais personne ne peut vous obliger à rendre le pouvoir. Vous êtes solidement installé à l’Elysée jusqu’en 2022 alors que moi, j’ai le soutien de trois partis, la presse est plutôt sympathique, personne ne défile dans les rues pour me couper la tête et je me retrouve au tapis. Si vous pouviez me glisser le mode d’emploi ?

Cher Charles,

C’est moi au contraire qui vous envie. En France, quelques centaines de pauvres types bloquent çà-et-là des ronds-points et tout l’hexagone médiatique leur fait la fête en répercutant en direct permanent le moindre de leur borborygme alors que chez vous, plus de soixante mille citoyens défilent pour le climat sans que vous ne vous sentiez obligé même de respecter les engagements que vous avez pris lors de la COP 21 à Paris.
On dit que la source de tous mes maux vient de ce que je concentre trop de pouvoirs entre mes mains. Pour desserrer la pression, j’envisage de transférer une partie de mes compétences aux régions et de reconnaître leurs langues. Diviser pour régner vaut mieux que l’union fait la force.


Cher Emmanuel,

Prenez garde, malheureux ! Avec trois régions, trois communautés et je ne sais plus combien de gouvernements, chacun n’en fait qu’à sa tête (et se moque de la mienne).

Cher Charles,

Et si on appelait Angela à l’aide ?

Cher Emmanuel,

Plutôt Poutine !

www.berenboom.com