RAGE TAXATOIRE

Un gouvernement de droite qui envisage un impôt sur le capital, est-ce vraiment le monde à l’envers ? Ou tout simplement, une fois de plus, une mauvaise traduction du néerlandais ? Il fallait lire un impôt sur LA capitale. Cette ville pleine de chômeurs, d’étrangers et de fainéants. Une taxe réservée aux Bruxellois, voilà qui est nettement plus conforme à la politique du gouvernement libéral-N-VA. Ouf ! Après un moment de stupeur et les excuses du ministre (un rite devenu quasi quotidien) pour cette mauvaise interprétation linguistique de son projet, le calme est revenu dans les chaumières quatre façades de Brasschaat et de Courtrai. Ainsi qu’à Gerpinnes, où Albert Frère commençait à s’inquiéter que son bel avion, détaxé par le Luxembourg, soit cloué au sol par une taxe sur le patrimoine en Belgique. Pourquoi pas sur les plus-values du capital tant qu’on y est ?

Depuis que les traducteurs ont corrigé leur erreur, Albert Frère comme Marc Coucke sont à nouveau d’accord avec le gouvernement Michel. Et ils soutiennent l’effort des autorités belges à repérer et sanctionner les fraudes. Avec une idée derrière la tête : l’argent ainsi épargné ou récupéré par l’état, c’est autant de fric en moins qu’il ira chercher dans leur poche.

Pour les distraits, Mr Coucke, c’est ce joyeux supporter du K.V. Oostende qui, histoire de se faire un peu de monnaie pour se payer des hot-dogs les dimanches de match, a refilé son entreprise pharmaceutique aux Américains. Près de deux milliards de dollars, aussi légalement exonérés d’impôt belge que si l’opération avait été blanchie par nos voisins grand-ducaux.

Apparemment, les journalistes d’investigation, toujours prêts à fourrer leur nez dans les paradis fiscaux des autres, n’ont pas encore repéré qu’il y en avait un juste sous leur nez.

Rien d’étonnant donc que le club des supporters de notre système fiscal-modèle se soit réjoui cette semaine de l’initiative du secrétaire d’état VLD Bart Tommelein. Pour débusquer les chômeurs co-habitants pirates, ce sous-ministre a eu l’idée d’assurer une surveillance systématique de leur consommation de gaz, d’eau et d’électricité.

Son observation est pertinente : lorsqu’un chômeur prend un bain, c’est autant d’heures qu’il ne passe pas à chercher un emploi. Et à quoi bon une douche s’ils ne travaillent pas ? La consommation d’eau est donc un excellent instrument pour repérer les profiteurs du système et les exclure des allocations.

Restera alors, une fois qu’ils seront devenus S.D.F., à créer un impôt sur la circulation des mendiants, une taxe autrement plus facile à recouvrer que celle sur les grandes fortunes dont on ne sait jamais où elles se cachent. Et drôlement plus populaire chez les électeurs de l’actuel gouvernement.

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GLASNOST

    Allez ! Les Français déballent tout ! Les bagues et les bijoux en or qui sont dans la famille depuis deux siècles et les collections d’estampes japonaises venues d’un oncle érotomane, l’intégrale des albums Tintin dans l’édition d’origine et la 2 CV qu’on a gardée par nostalgie pour l’époque où on allait coller des affiches appelant à soutenir le « programme commun de la gauche » non par amour de Marchais-Mitterrand mais pour avoir un prétexte d’emmener sur les routes la séduisante petite brunette, si excitée par l’atmosphère des meetings, mais qu’on avait du mal à séduire.

François Hollande a donc choisi la transparence. A quoi ça sert ? A montrer qu’on crache sur les opinions politiques de ses parents mais pas sur leur héritage ? A prouver que la famille savait faire des économies quand elle votait à droite mais que, depuis que les enfants sont devenus militants de gauche, ils ne sont plus capables de gagner un euro ?

Et l’étape suivante, c’est quoi ? Hollande va-t-il obliger ses ministres les mieux nantis à partager leurs biens avec les pauvres secrétaires d’état ou les camarades sans le sou ?

Qu’est-ce que la publication de ces listes de mariage va apporter aux Français ? Savoir que tel ou tel ministre a un compte en banque bien garni et une somptueuse maison de campagne sur la Loire ne fera progresser ni la situation ni le moral des Français. Sauf à investir la fortune de ses ministres dans la reprise des hauts fourneaux de Mittal, de la raffinerie Petroplus et des usines de pneus Goodyear, on ne voit pas très bien à quoi sert la déclaration de patrimoine imposée par M. Hollande aux siens.

Le président français ferait mieux de réviser son cours d’histoire.

Lorsqu’il est arrivé à la tête de l’U.R.S.S., M. Gorbatchev, a lancé un programme de réforme de l’état soviétique, résumé en deux slogans, glasnost (transparence) et perestroïka (restructuration). Résultat : la deuxième puissance mondiale s’effondrait ou plutôt s’évaporait sans laisser de traces. Et s’en allait en morceaux.

Hollande devrait se souvenir des effets redoutables de la transparence avant que l’histoire ne mette une tache blanche dans le petit Larousse à la rubrique présidents de la V ème république entre son successeur et son prédécesseur. Son successeur ? Ils risquent d’être nombreux si la France se retrouve dépecée comme l’Union soviétique d’après la glasnost, avec une république de Flandre au Nord, une Vendée rattachée au Saint-Siège, un Pays basque au sud et une Corse libre au large de la ville-état de Marseille, où le maire, Gérard Depardieu, précurseur de cette France multiple et à géométrie variable, accueillera à bras ouverts ses amis russes, orphelins depuis la chute de Chypre.

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