CORNES DE GAZELLE

Il y a quelques jours, la chancelière allemande, Angela Merkel, a signé l’acte de décès du « Multikulti », le projet de « société multiculturelle ». Une société où chaque groupe vit (ou se replie sur) sa culture mais où personne ne s’intègre vraiment. Peut-on y voir l’influence d’un sondage selon lequel plus de la moitié des Allemands ont une « mauvaise opinion » des Musulmans ?
Nous n’avons pas de leçons d’amour ni d’accueil à donner à nos voisins. Et l’intégration est chez nous aussi difficile et le restera tant qu’on ne donnera pas aux écoles primaires les moyens et les outils nécessaires. Entre temps, le Vlaams Belang surfe depuis vingt ans sur ses promesses funestes et racoleuses d’une expulsion musclée des « étrangers ». Sur le même thème, Geert Wilders a séduit les Bataves dont il tient désormais le sort du gouvernement entre ses pinces.
Les Hollandais, jadis cités en exemple de tolérance, apparaissent aujourd’hui comme une citadelle de riches bourgeois assiégés, prêts à défendre leurs privilèges au prix de leur âme.
Les jeunes d’origine marocaine n’ont pas la tête ni les habits des paysans limbourgeois de la vingt-cinquième génération ? Ils crient fort dans le tram en s’acharnant à utiliser un slang mêlant néerlandais et arabe ? Ils s’accrochent à leur double nationalité alors que la Hollande leur a généreusement fait don du passeport orange ? Ils écoutent musique et radio marocaines ? D’accord mais, cela fait-il d’eux des Hollandais pas tout à fait halal ?
Ces questions et d’autres, tout aussi candides, sont celles que pose Fouad Laroui dans son formidable livre « Des Bédouins dans le polder » (éditions Zellige). Avec un humour qui n’est pas sans rappeler celui de Nabil Ben Yadir dans son joyeux film « Les Barons ». A Molenbeek et à Rotterdam, les interrogations et les méfiances sont les mêmes.
D’une plume d’observateur (faussement) tranquille, Laroui (qui vit depuis près d’un quart de siècle à A’dam) se demande comment s’intégrer tout en n’enfouissant pas les richesses de sa culture d’origine au fond d’un placard à travers une série de portraits et de scènes vécus ou imaginaires. Ce superbe écrivain (qui a signé plusieurs romans parus chez Julliard) n’hésite pas à brocarder les travers de ceux qui, comme lui, sont venus du Maroc s’installer dans les polders mais aussi à soutenir la présidente du parti socialiste qui, avant la chancelière démo-chrétienne, proposait de rompre avec l’idéologie multiculturaliste. Laroui, qui aime profondément ses Bédouins en a assez d’être le bon Arabe dans les débats télévisés. Il est tout simplement un citoyen hollandais, écrivant en français, nourri de sa culture mais aussi de celle de l’occident, un grand écrivain aux goûts variés et cosmopolites. Donnant un livre aussi délicieux que des cornes de gazelle !

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TOUR DE MANEGE

Depuis quelques mois, nos hommes et femmes politiques donnent l’impression de s’être lancés dans un concours d’auto-scooters. On dirait que la foire du midi n’a pas fermé ses portes. Et bang ! Je te fonce par la gauche ! Et bing ! Je te fais une queue de poisson ! Et crac ! Je te fais tourner comme une toupie !
A ce petit jeu, personne ne fait le poids face à Bart De Wever. De chaque collision frontale, il sort aussi foudroyant que Hulk passant sous les rayons gamma tandis qu’Elio, Joëlle et les autres gisent groggy dans leur autos.
Quel est le gri-gri de Bart ? Une voiture blindée ? Un tank ? Un paquet de gaufres gonflées aux hormones ? On ne sait par quel tour de passe-passe, à chaque tour de manège, c’est lui qui décroche la floche. Ca ne roule plus du tout pour les francophones. On a même l’impression que leurs cerveaux commencent à partir en vrille.
Une solution pour eux consiste évidemment à quitter la Foire du midi et à construire un nouveau circuit d’auto-tamponneuses un peu plus loin, où la direction se réservera le droit d’entrée. Là, ils pourront gentiment se tamponner entre eux. Sans qu’un émule de Superman ne vienne leur abîmer le portrait.
Mais cela demande des investissements, un terrain, une nouvelle baraque, des auto-tamponneuses toutes neuves, qu’ils n’ont guère les moyens de payer. Et, dans l’état où elles sont, on voit mal les banques prendre le risque de leur prêter. De plus, elles ne goûtent guère aux jeux de hasard.
Reste alors à faire front en engageant à leur tour un héros pour affronter Super-Flamoutche.
Justement, j’en connais un, spécialiste des bagnoles et qui connaît bien la Belgique, et particulièrement la Wallonie : Bernie Ecclestone. Le patron de la F1. Le dictateur des circuits.
Il suffit que l’ami Bernie menace de déclasser Francorchamps pour que toute la classe politique se mette à trembler et s’empresse d’ouvrir son portefeuille.
N’est-ce pas le champion qu’il nous faut ? Le seul que De Wever n’osera qualifier de « nain de jardin » ? Bart contre Bernie ! Ah ! Quel match en perspective !
D’accord, Bernie ne fait pas dans la délicatesse. N’a-t-il pas déclaré l’an dernier que « Hitler était efficace » et dans une interview au Times : « Si vous observez la démocratie, elle n’a pas fait beaucoup de bien à beaucoup de pays. »
Mais au point où on est, on prend ce qu’on a. D’autant que, question pognon, Bernie est imbattable. Lui qui a réussi à vider les caisses wallonnes pourtant réputées vides, est le seul capable de convaincre les flamands de nous confier leur argent tout en leur faisant croire que c’est un bon investissement. Reste à calculer sa commission. Déclarer Francorchamps zone franche et bilingue ?

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FRIC FRAC CHEZ MA TANTE

Où va-t-on si même des employés du mont de piété se mettent à piquer dans la caisse ?
On pensait que l’usure était dans le taux. Pas du tout, elle était dans le système. Comme le ver est dans la pomme.
Personne ne sera surpris d’apprendre que ce sont les bijoux sur lesquels se seraient jetés des employés de chez ma tante (le nom pudique que l’on donnait à cette institution dans mon enfance). Depuis quinze ans, nos dirigeants politiques ont entrepris eux aussi de brader nos bijoux de famille. Peut-on reprocher à de braves fonctionnaires de prendre leurs dirigeants pour modèle ? Entreprises publiques privatisés n’importe comment, telle la poste dont le premier actionnaire étranger est rapidement reparti avec une partie du trésor. Bâtiments publics vendus à la hâte puis reloués aux administrations par l’acheteur à des prix défiant toute concurrence. Bâtiments scolaires confiés à des partenaires privés à des prix prohibitifs. Annonce d’un partenariat public-privé à l’administration de la Politique scientifique dont les établissements publics, tels les musées, seraient priés d’apporter en dot aux sponsors privés des droits d’auteur qu’ils n’ont pas. L’exemple vient de haut !
La raisons de cette politique ? Pour obéir à une directive européenne, notre déficit doit être drastiquement diminué. En mettant fictivement une partie des dépenses publiques à charge de partenaires privés, les comptes de l’état apparaissent soudain aussi sains et roses que les joues du ministre grec des finances lorsque son pays a rejoint la zone euro. Certains appellent ça du détournement. Justement ce dont on soupçonne certains employés du mont-de-piété…
Mais n’allons pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Et faire disparaître cette vénérable institution qui remonte à la Renaissance parce que certains de ses travailleurs sont soupçonnés d’avoir fauté.
Dans l’état où se trouve notre état, ma tante va sans doute être bientôt sollicitée par les plus hautes autorités. Sur son site, le bureau municipal de prêt défend son rôle avec vigueur : « quelques chiffres des opérations, en continuelle augmentation, du Mont-de-Piété de Bruxelles prouvent, s’il en est encore besoin, le rôle presque indispensable que joue encore de nos jours, une telle institution, dans le paysage financier. »
Pendant que les mieux élus de nos politiciens se disputent, à coup de gaufres, si les inscriptions bilingues à Bruxelles doivent être d’abord en français ou en néerlandais et dans quelle langue seront rédigées les notes de gaz et de téléphone entre Halle et Vilvorde, il faudra bien trouver vingt cinq milliards. Comment ? En bazardant ce qui reste de l’état fédéral chez ma tante. Si vous avez le cœur bleu, blanc, belge, vous pourrez racheter la baraque dans un an et un jour.

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LE PLAN Y

La situation est moins désespérée qu’on le dit. Le plan A s’étant révélé trop gros pour l’estomac de monsieur De Wever, le plan B trop petit pour les citoyens sensés et tous les autres plans des « enfantillages » selon monsieur Bracke (qui porte bien son nom), reste le plan Y. Avec un Y comme dans Leterme.
Le premier ministre que le monde nous envie va une fois de plus jouer les pompiers.
D’accord, en éteignant le feu, il risque d’inonder ce que le brasier a épargné. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs (à moins que ce ne soit le contraire ?)
Bref, après avoir coulé son parti aux dernières élections, douché ses partenaires lors des discussions sur la réforme de l’état et fait la courte échelle aux nationalistes flamands, Yves Leterme va sauver le pays. Pin, pon ! Pin, pon !
Mais cette fois, prudence, on va juste lui demander de ne pas faire de vagues. Le rôle lui va comme un gant. Depuis qu’il préside un gouvernement qui ne gouverne pas, qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas, il est impeccable. Leterme, c’est le genre de champions que jouer en public tétanise. Mais qui se révèle une star dans l’ombre. Le joueur de tennis qui ne réussit ses balles que devant des tribunes vides quand la nuit est tombée et qu’il n’y a pas de lune. Le ténor de salles de bains, portes et lumières fermées.
De plus, regardez-le. Heu-reux ! Voir son bon visage souriant nous change agréablement de ces politiciens fourbus, livides, qui discutent, enfermés depuis trois mois et qui ressemblent de plus en plus aux mineurs chiliens, coincés au fond de leurs galeries.
Eh bien, respirez, messieurs-dames, Leterme est là avec ses bonbonnes d’oxygène et sa grande échelle. Il va vous tirer d’affaire, vite fait. Vous extraire un à un de votre geôle. C’est qu’il est capable de tout, super-Yves ! Même de faire remonter celui dont on aurait parié qu’avec son tour de taille, il ne passerait jamais.
Celui-là, ne le laisserait-on pas au fond du trou ? murmure quelqu’un au-dessus de mon épaule. Non ! Le pompier c’est comme le médecin. Il ne fait pas le tri entre bons et méchants. Il sauve un point c’est tout.
D’ailleurs, seules les mauvaises langues prétendent que Bart De Wever est gros. Ce ne sont pas les gaufres qui ont gonflé sa bedaine pendant ses tête-à-tête avec Elio et les autres. C’est la ceinture de bombes qu’il porte autour de la taille.
Leterme démineur ? Qui d’autre depuis que Dehaene a pris sa retraite après que sa dernière bombe a fait pschitt ?
En espérant qu’Y ne soit pas trop maladroit lorsqu’il neutralisera les explosifs. Au nom du principe de précaution, je suggère d’évacuer tous les Belges à l’étranger et de laisser le démineur et le terroriste seuls. Le temps qu’ils nous sauvent ou que ça leur pète à la gueule.

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RIRE

L’événement de la semaine, c’était la manifestation contre l’austérité organisée par les syndicats européens. Des dizaines de milliers de travailleurs venus de toute l’Europe, colorés et joyeux, manifestement heureux de manifester. Pour une journée de détente en attendant l’augmentation des impôts, la diminution des pensions et des salaires. Seuls ne riaient pas ceux qui bêtement tentaient de gagner leurs bureaux ou leurs entreprises. Ainsi que des opposants qualifiés d’ « anarchistes » à qui les forces de l’ordre ont refusé le droit de crier. Ils ne connaissaient pas le mot de passe, le code d’accès, apparemment réservé aux seuls manifestants officiels. Mieux vaut en rire mais il est difficile de se moquer d’une manifestation syndicale. Et de la politique d’austérité qui, comme le mot l’indique est interdite aux humoristes. Nietzche pourtant disait « le rire nous rend libre des malheurs du monde ». Il est vrai qu’il est devenu fou peu après.
A propos d’humoristes, un débat à propos de Dieudonné à l’ULB a donné lieu à une belle foire d’empoigne. « L’humoriste » Dieudonné. Ceux qui le défendent se croient toujours obligés d’ajouter cet adjectif comme si ça faisait plus sérieux !
Mais n’essayez pas de vous moquer de ce type. Ses fans, tous aussi austères que des moines tibétains en lévitation, ont la même réaction face aux critiques que les islamistes devant les caricatures de Mahomet. Peu leur importe que les « sketches » de Dieudonné ont fait l’objet de condamnations pour antisémitisme et diffamation. Et qu’il ne fasse plus rire personne, même pas son copain Jean-Marie Le Pen. Le problème, c’est que ses adversaires non plus n’ont pas l’air très drôle. Pourquoi diable prennent-ils ce triste sire tellement au sérieux ? Bref, quel spectacle : de part et d’autre des gens qui se tapent sur la gueule à propos de l’humour. Les batailles de tartes à la crème de Laurel et Hardy avaient une autre allure.
On ne peut plus rire de rien. Le dernier qui a essayé de se moquer du prophète (enfin de ce prophète-là) n’a eu la vie sauve que grâce à la salle de bains blindée qu’il avait fait installer dans son appartement. Où on va, là ?
C’est peut-être l’automne. Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone. C’est Verlaine, hélas. Pas Alphonse Allais…
Restent heureusement nos hommes et nos femmes politiques, jamais en panne d’une plaisanterie. Quand Bart De Wever fatigue et que Karel De Gucht ne se laisse plus aller à une bonne blague congolaise, c’est Rachida Dati qui a l’amabilité de prendre le relais. Confondre inflation et fellation, même le président de la NVA n’aurait pas osé. Faut dire qu’il est prêt à rire de tout sauf de la langue.

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DIVINE IDYLLE

Depuis trois semaines, je suis malade. Obsédé par une chansonnette insipide, « Divine Idylle», entendue un dimanche matin à la radio juste avant la messe.
Comprenez-moi bien, docteur. Je suis tout aussi indifférent à la plastique de Vanessa Paradis, à son côté poupée triste qu’à sa voix pastille Valda. Rien chez elle ne me fait vibrer. C’est la Inge Vervotte de la chanson française. Pourtant, depuis ce dimanche maudit, je ne passe plus un jour, plus une heure sans siffloter entre mes dents cette stupide Idylle.
Avant de vous consulter, j’ai essayé de me guérir moi-même. J’ai d’abord écouté Léo Ferré en boucle, certain qu’il me ferait oublier Vanessa dont il a les mêmes dents, un peu écartées à l’avant. Mais «Jolie môme » m’a ramené à l’enfer de Paradis. J’ai tenté alors de soigner le mal par le mal et sorti mon vieux coffret Brel mais aux premières notes des « Flamingants » j’ai compris qu’il était temps de changer de disque, d’époque et de valeurs.
Voyant mon état, un ami m’a conseillé la musique planante. Au bout d’une demi-heure, je me suis endormi en rêvant de « Divine Idylle » accompagné à la cithare.
Le jazz, le rock, le punk, le house, je m’en suis mis plein les oreilles. J’ai emprunté le MP 3 de mon petit voisin pour que la musique – ou le bruit- me pénètre directement dans le cerveau. Rien à faire. J’avais beau me noyer sous les décibels, le filet de voix de la Vanessa revenait aussitôt. J’ai même acheté un CD de Carla Bruni pensant qu’une voix insipide chasserait l’autre. Pensez-vous ! Carla était si inaudible que je me suis mis à chanter ma scie pour combler le vide. J’ai fini par allumer la télé. Comme tous les jours depuis qu’ils vivent ensemble, Elio et Bart se grimaçaient devant les photographes. Et là, j’ai soudain compris le message que me répétait mon cerveau.
Dans l’espoir docile/tes ailes fragiles/Je te devine/divine idylle.
Evidemment ! C’était la voix de Bart que j’entendais dans la bouche de Vanessa. Débarrassé de sa langue de bois, Bart parlait du fond de son cœur, de ses vrais désirs.
Il suffirait d’un petit rien, peut-être de dix kilos de moins et l’affaire était bouclée
, répondait Elio avec maladresse car ça c’est du Reggiani.
Mon âme idéale/ A la larme fatale/Ma folie, mon envie, ma lubie, mon idylle, reprenait Bart, guéri de ses sarcasmes.
Sous ses airs provocateurs, ses « Vlaanderen boven ! » (pardon, Raymond van het Groenewoud !), Bart tournait la page de son passé. Citant Mitterand (« on change, c’est tout ! »).il abandonnait ses larmes de crocodile sur la tombe de son VNV de grand-père et sur celles du négationniste Karl Dillen, président fondateur du Vlaams Blok. Il aspirait à un avenir nouveau.
Je rêve idylle/Divine idylle/Mon homme idéal.
Allez, Elio, c’est toi !

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GRAND PARDON

On a cru longtemps que le clonetje de Nicolas Sarkozy en Belgique s’appelait Didjé Reynders. Mais, depuis que son ami Nicolas a coulé à pic dans les sondages, le grand bleu a pris prudemment ses distances avec lui. Et on découvre avec surprise que le président français a trouvé un nouvel émule dans notre pays, inattendu, monseigneur Léonard.
Depuis le ravalement de façade du parti de Joëlle Milquet et l’oubli de la référence chrétienne au fronton de sa petite mais coquette boutique, l’archevêque de Malines-Bruxelles ne savait plus à quel sein se vouer. Il a choisi celui de Sarkozy.
Oui, rappelez-vous ce que proclamait le petit Nicolas : jamais je ne demanderai pardon. Pour rien ! Quoi que je fasse ou qu’ait fait la France en métropole ou en Afrique. La pénitence, c’est fi-ni !
L’évêque de Cloyne, secrétaire de trois papes, s’était publiquement repenti de la gestion des faits de pédophilie dans son diocèse irlandais et il avait renoncé à sa charge. Le pape Jean Paul 2 a demandé pardon pour bien des méfaits de l’église, l’Inquisition, l’antisémitisme et beaucoup d’autres dont on ne savait pas qu’elle en était responsable. Même Benoit XVI a présenté ses excuses pour les crimes pédophiles lors d’une messe sur la place Saint Pierre en juin dernier – avant que le scandale belge ne soit connu.
Avec monseigneur Léonard, changement de cap, révolution copernicienne. L’église de Belgique fait sécession – c’est à la mode chez nous. La politique de Rome n’est plus en odeur de sainteté à Bruxelles-Malines. Désormais, c’est Sarkozy le guide suprême. La pénitence, c’est fin-ni !
Le président français a compris que demander pardon, c’est reconnaître une faute, transformer le statut de plaignant en celui de victime. Avec pour conséquence l’obligation de les indemniser. L’église américaine en sait quelque chose qui, paraît-il, n’aurait plus que ses yeux pour pleurer vu le nombre de pédophiles qui hantaient ses rangs.
Certes, l’église belge est plus à l’aise : tant que le pays n’est pas scindé, elle dépend du contribuable. Mais il faudra un gros effort de communication pour que le citoyen considère comme un devoir civique de couvrir par ses impôts (ou une contribution spéciale de crise ?) les dommages et intérêts dus aux victimes des curés pédophiles alors qu’un chèque de vingt cinq milliards va arriver à échéance un de ces jours et que plus personne ne semble avoir envie de gérer les affaires de notre état.
Reste à l’église à revenir à ses origines : la religion juive fête aujourd’hui le jour du grand pardon (Yom Kippour), on efface toutes les fautes de l’année précédente et on repart à zéro. Mais cela suppose hélas qu’on éprouve une sincère repentance, c’est-a-dire qu’on avoue ses mauvaises actions et qu’on les regrette.

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CARNAVAL BRUXELLOIS

Je n’ai rien à refuser à tante Laurette et à tonton Moureaux. Puisqu’ils frétillent tant à l’idée de passer de chefs de patrouille à califeke de village, allons-y ! Scindons ! Et au diable l’avarice ! République wallonne et royaume de Bruxelles.
Une fois l’indépendance proclamée, on nous promet la fête de Berchem-Saint-Agathe à Boitsfort – en tout cas, pendant quelques jours. Avec tante Laurette et Flupke moustache en rois du carnaval. Tout un programme. Car pour le reste, une fois les lampions éteints, les lendemains ne chanteront plus autant.
On voit mal Olivier Maingain mettre un genou à terre devant le trône de Leurs Nouvelles Excellences. Et Joëlle Milquet se transformer en madame Oui pour jouer la dame de compagnie de la nouvelle reine.
Alors, de scission en scission, le royaumeke de Bruxelles deviendra vite dix-neuf royaumetjes de hameaux.
Dix-neuf que dis-je ? Haren, Neder-over-Heembeek, Laeken, Watermael reprendront à leur tour leur liberté. Et le quartier Louise tirera aussitôt sa révérence. Plus question de payer pour les bouseux de la rue Haute. Halte aux transferts nord-sud de Bruxelles !
Le roi de Saint-Josse interdira aux troupes de l’empereur de Schaerbeek de pénétrer sur son micro-territoire sans acquitter un droit de passage en monnaie locale. Le prince de Koekelberg limitera le passage vers la république flamande et le parc à caravanes de Blankenberge sans un blanc-seing du duce De Wever et un certificat linguistique réservé à ceux qui auront pu prononcer correctement au check point le célèbre « Des gilden vriend ? »
Reste que le régime de protection des minorités que Bruxelles a voulu adopter pour montrer l’exemple à la Flandre tournera vite à la cacophonie.
Comme il y a cent vingt nationalités dans l’agglomération, il faudra traduire les documents administratifs en autant de langues. Certes, grâce à la circulaire Peeters, finalement transposée en droit bruxellois, les documents ne sont envoyés dans une autre langue que sur demande. Reste que les plaques de rue auront désormais trois mètres de haut et les noms des stations de métro deviendront un vrai casse-tête.
Et que fera-t-on de tous ces bâtiments fédéraux désormais vides ? Le Palais de Justice pourra servir de centre d’accueil pour les réfugiés venus des nouvelles républiques voisines. Mais le parlement, 1’hôtel du premier ministre, la banque nationale, les palais de l’ancien roi ?
On pourra créer un musée de l’ancienne Belgique pour touristes wallons et flamands. Mais dans les autres bâtiments abandonnés ? Il faudra imaginer autre chose. Des institutions de coordination entre les nouvelles républiques qui pourraient par la suite être simplifiées, fusionnées et former somme toute un nouveau pays, un royaume par exemple.

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PLAN B

Est-ce l’influence du principe de précaution ? Un homme politique sans plan B, c’est un fonctionnaire sans parapluie, une boucherie sans os, ma maman sans sa boîte d’aspirine et la photo de son fils adoré.
Pas besoin que le plan B soit très différent du plan A. Il suffit qu’il existe pour rassurer le citoyen sur les capacités du politicien à sauver la planète, la Belgique, sa pension et ses petites économies.
Ainsi, d’après ce qui filtre des négociations gouvernementales, le plan A de monsieur Di Rupo signifie Autonomie de la Flandre, le plan B, aussi mais traduit en anglais: Boom for Belgium !
Comptons sur l’imagination de notre pré-formateur pour avoir gardé en réserve un plan C comme chaos (en néerlandais, plan K.O.) et un plan D comme De Wever, un projet qui prend beaucoup de place mais reste étrangement vide.
La mise sur pied d’une « révolution copernicienne » suppose la collaboration des journalistes et des télés. Le plan media A de toute bonne discussion politique signifie Abonnés absents. On négocie en silence et en paix vu que les lecteurs et les téléspectateurs (qu’on appelle aussi « citoyens » mais seulement une fois tous les quatre ans) sont en train de manger des gaufres chez Siska car sur la plage c’est tempête, tonnerre et feu de Dieu (étrange miroir du conclave pré-gouvernemental).
Le plan B, c’est le blabla qu’on se sent obligé de déverser devant micros et caméras depuis quelques jours parce qu’avec la rentrée, les gens commencent à se demander ce que l’on a fait de leurs votes depuis deux mois et les contribuables ce qu’on va faire de leur argent d’ici peu.
Pendant ce temps, Charles Picqué qui a réfléchi pour son président de parti à l’avenir de la région bruxelloise, lui a soumis un plan A comme argent, un B comme blé, un C comme capital, un D comme douiller, un F comme fric, un G comme galette, un K comme kopecks, un P comme pèze, un O comme oseille, un P comme picaillons et s’il le faut un plan R comme radis, qui n’est pas grand-chose mais mieux que rien.
Qu’on cesse de prétendre que Picqué est brouillon, passif et inefficace. Vingt six plans différents soumis au pré-formateur, c’est vingt-cinq de plus que Bart De Wever !
Et l’opposition ? On ne l’a pas beaucoup entendue depuis la torgnole qu’elle a reçue en juin dernier. Mais elle aussi travaille. Le plan A de Didier Reynders est de s’accrocher et le plan B de ne pas se laisser bousculer par tous ceux qui lorgnent sa place. Et l’avenir de la Belgique, demanderez-vous ? Didjé s’en occupe, croyez-le, puisqu’au train où vont les choses, il pourrait continuer à gouverner jusqu’aux prochaines élections sans même un parlement pour l’enquiquiner.

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BART AU CONGO

30 juin 2030

L’arrivée du roi Bart 1er à Kinshasa est saluée par la presse comme le premier signe du réchauffement des relations entre la Belgique et le Congo depuis le remplacement à la tête de notre pays des Saxe-Cobourg par les De Wever.
Officiellement, cette visite coïncide avec l’entrée en lice des Diables rouges en Coupe du Monde de football, organisée cette année par le Congo à l’occasion du septantième anniversaire de l’indépendance. C’est la première fois depuis 2002 que des footballeurs belges participent à nouveau à la prestigieuse compétition. Réjouissons-nous plutôt que d’écouter les mauvaises langues qui murmurent que les performances de nos joueurs sont la meilleure vitrine pour la qualité de nos laboratoires pharmaceutiques. Et saluons Paul Van Himst et Jean-Marie Pfaff qui ont réussi malgré leur âge à sortir notre pauvre pays de la léthargie dans laquelle leurs médiocres descendants les avaient plongés.
Mais la véritable raison du voyage du roi est plus politique que sportive. Bart 1er veut négocier avec le président Barak Kabila junior l’extradition vers la Belgique de son ancien premier ministre Elio Di Rupo et de son complice Yves Leterme, réfugiés au Congo depuis leur tentative de putsch.
On se souvient que les deux politiciens avaient échappé de peu à l’arrestation après leur condamnation pour atteinte à l’unité du pays et injure envers le chef de l’état par la Cour de sûreté de l’état présidée par Armand De Decker. Et qu’ils avaient réussi à gagner notre ancienne colonie qui leur avait accordé le statut de réfugié politique (après une pénible attente de deux ans dans le centre fermé de N’Dijili).
Lorsqu’il était monté sur le trône, le roi Bart 1er avait supprimé les régions, élargi Bruxelles à l’ensemble de la province de Brabant en déclarant lors de son grand discours dans le stade Karel Dillen que la confédéralisation du pays n’avait été « qu’une étape nécessaire mais dépassée dans le redressement économique de la Belgique » et qu’il était temps que « les régions s’évaporent dans la Belgique réunifiée afin d’atteindre la dimension nécessaire dans l’Europe de demain. »
« Vive la Belgique ! » avait-il conclu.
« Vive la république ! » avait crié le sénateur libéral Louis Michel, vite maîtrisé.
Les deux anciens premiers ministres belges avaient eux aussi réagi de façon violente. Conspirant contre le nouveau roi, pourtant soutenu par la majorité de la population, ils avaient créé la Nouvelle Alliance Wallonie-Flandre, la N-VAW, avec pour programme l’éclatement du pays et l’indépendance de ses trois anciennes régions.
Heureusement, le roi Bart 1er avait mis fin à leur agitation et ordonné l’interdiction de tout parti séparatiste, anti-belge ou anti-royaliste.
On ne doute pas que l’amitié retrouvée entre Bart et Kabila jr permettra de mettre un poing final à l’escapade désespérée de ces deux terroristes.

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