LE CERCLE DES VERTUEUX DISPARUS

Il est loin le temps où Allemands, Français et Américains faisaient tourner le monde entre leurs mains comme Chaplin dans « Le Dictateur » faisait sauter une mappemonde entre ses bottes. Désormais, ce sont les Indiens, Chinois et Brésiliens qui donnent le la sur un air de samba, un rythme inattendu pour le couple Sarkozy-Merkel. Deux pauvres danseurs qui s’essoufflent à essayer de suivre l’orchestre et qui réclament vainement un bon vieux slow. Un slow ? Mais qui danse encore le slow ? Vous vous croyez à une fancy-fair dans l’ex-Allemagne de l’est ?

On imagine la tête de Rudyard Kipling contemplant la gloire du nouvel empire indien, lui qui a écrit : « L’Orient est l’Orient, l’Occident est l’Occident. Jamais, ces deux mondes ne se rencontreront. »

La  réflexion de l’auteur du « Livre de la Jungle » s’applique-t-elle aussi à la Grèce, qui s’est toujours vantée d’apporter l’Orient à l’Occident ? Encore une promesse en l’air ?

La plus célèbre danse hellène s’appelle le sirtaki. Elle se danse en cercle, chaque participant s’appuyant sur l’épaule de son voisin. Danser en rond ? Voilà qui n’amusera pas plus le couple franco-allemand que les cadences latino alors qu’il cherche désespérément à briser le cercle infernal dans lequel il est enfermé. Quant à obliger Nicolas Sarkozy à sautiller en cadence, le bras passé sur l’épaule du longissime Papandréou, inutile de lui demander son avis; la réponse à cette consultation sera non. Non à 100 %.

L’Europe pourra-t-elle s’en sortir grâce aux danses modernes ? Mauvais plan. Dans les discothèques d’aujourd’hui, chacun danse seul, sans se préoccuper des autres.

Comment les pays émergents parviennent-ils à attirer les plus belles créatures du lieu alors que les Européens se font vider de la piste un à un ?

A première vue, les danses chinoises et indiennes n’offrent pas beaucoup de possibilités aux danseurs de chez nous.

Chez les Chinois, la danse classique est associée au mime. En faisant semblant d’être heureux, on finit par devenir heureux. Et en faisant semblant d’être riche ? On finit comme les Grecs par obliger les copains à payer les consommations, y compris l’ardoise accumulée depuis quelques années.

La danse indienne est avant tout une technique qui confine à l’acrobatie. La danseuse exécute des mouvements impossibles des bras et des jambes tout en se dandinant tel un serpent sous la flûte de son dompteur. L’art des Indiens est fondé sur la fascination.

Et si c’était ça justement qui nous manquait ? De Gaulle tenait la France sous la fascination de son verbe. Berlusconi séduisait les Italiens en leur promettant la lune. Mais le président européen, Herman qui ? avec quoi va-t-il nous fasciner ?

 

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