TRESSES, ETC

 Que la vie était paisible lorsque la terre était plate et que le soleil et les autres planètes tournaient autour de la terre ! Il a fallu que Copernic puis Galilée jouent aux quilles pour que tout le système solaire se transforme en bowling géant et que les problèmes commencent à s’accumuler. Vous remarquerez que la naissance de l’imprimerie coïncide, à vingt ans près, avec celle de Copernic. Ce n’est pas un hasard. Le désordre du monde n’est-il pas, pour un certain nombre de gens, la conséquence du développement des media ?

   Galilée ne s’y est pas trompé. Il est passé à la postérité pour avoir lancé la première punch line qui a fait le tour du monde : « Et pourtant, elle tourne… » 

   La mondialisation d’une info – ou d’une opinion – bien avant la création d’internet et des réseaux sociaux…

   Depuis ces déclarations maudites, la planète bleue s’est mise à foncer à plus de 107.000 km /h. et le soleil à plus de 700.000 km/h. 

   Pourquoi s’étonner alors qu’ici-bas, les gens sont devenus fous, violents, déprimés, déséquilibrés ? 

   On dit souvent que les medias ont une lourde responsabilité dans la perception que nous avons des excès qui se commettent dans le monde et qu’ils contribuent à les accentuer. Hitler, Mussolini, Staline auraient-ils jamais emporté l’adhésion de leurs peuples sans leurs services de propagande machiavéliques ? S’ils n’avaient pas été filmés par des chaînes de télé en continu, relayés par des réseaux sociaux hystériques, les gilets jaunes auraient-ils réussi à manifester semaine après semaine depuis près d’un an ? Trump aurait-il été élu s’il n’était pas déjà une star du petit écran ? 

    Ceci pour dire que les braves Demotte et Bourgeois auront un gros effort à faire pour exister. Pour l’instant, ils sont largement écrasés par Shakira et Katy Perry, respectivement 52 millions de fans et 22 millions de followers. Oufti ! 

  Mais les medias ont, c’est vrai, la tentation de mettre en avant ce qui ne va pas en considérant que des informations positives n’intéresseront pas leurs lecteurs, auditeurs ou spectateurs. Or, un même sujet peut être traité de façon dramatique ou constructive. Pourquoi croit-on que les citoyens préfèrent le masque du tragique ? 

Prenons le cas de Greta Thunberg, représentée de façon systématique tirant la gueule en invectivant les responsables politiques. Il y a une autre façon de parler d’elle. Oublier cette histoire polémique du climat, qui fout les jetons, et plutôt mettre en avant le fait qu’une ado suédoise s’exprime aussi bien et aussi facilement en anglais. Quel exemple pour les jeunes wallons et bruxellois qui prétendent avoir tant de mal à assimiler la seconde langue nationale.

Le don des langues n’entre tout de même pas par les tresses, si ? 

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SUJET D’ACTUALITE

   Ce jour-là, le roi redeviendra sujet. Sujet, enfin ! Après tant d’années où il a été objet. Objet de culte ou de médisances, de critiques ou d’admiration, de harcèlement ou de rassemblement. Objet entre les mains des politiques et des medias. Chez nous, le roi ne règne pas. On règne sur lui.

Certains s’étonneront pourtant : pourquoi se prive-t-il des « privilèges » de sa fonction ? Vous appelez ça un privilège d’être le seul citoyen condamné au silence dans un pays où le sport national, avant le vélo et le ballon, est de se plaindre, de critiquer ou de se moquer, en tout cas de parler, de jacasser, de jacter, de discutailler, de jargonner, bref de l’ouvrir tout simplement ? Se taire, un privilège ? Dans un peuple de bavards, c’est plus lourd qu’un discours d’inauguration, plus lourd même qu’une couronne !

Au point qu’une fois, tout de même, le roi a fini par donner de la voix quand les politiques avaient perdu la leur. Heureusement que, dans le silence assourdissant, il a alors osé sortir de son mutisme ! Mais, la crise réglée, il est rentré dans le rang avant qu’on lui dise : « On la ferme, sire ! »

Transformé en sujet, le roi sera enfin souverain. Car, beaucoup l’oublient, ce n’est pas le chef de l’état mais le peuple qui est souverain, pour reprendre la jolie formule de la constitution de 1793, comme l’a souligné le roi lui-même dans son allocution.

Objet, il était muet. Sujet, il a droit au verbe. Et aux adjectifs, en veux-tu en voilà ! Ainsi qu’aux compléments, des compliments qu’il mérite assurément pour la superbe mission qu’il a accomplie depuis vingt ans.

Désormais, ce n’est plus seulement sur son yacht qu’il sera seul maître à bord après Dieu: c’est le sujet qui commande la phrase, mille sabords ! Lui qui décide du singulier comme du pluriel, du masculin et du féminin, qui accepte ou non de s’adjoindre une ou plusieurs subordonnées. Il peut ouvrir des parenthèses (il est sain de faire entrer l’R quand les D risquent d’être pipés), glisser des sous-entendus, ajouter des tas de mots, même gros, et les faire suivre de points d’exclamation en forme de coups de poing s’il en a envie (Attention ! Sujet méchant ! Le verbe meurt mais ne se rend pas !)

Le sujet est libre de sa langue, avec ou sans sous-titres. Et, sans sa majesté, il peut se montrer, comme n’importe quel citoyen, bon ou mauvais sujet.

Il pourra défiler librement, s’il en a envie. Faire un petit voyage à Liège, pour crier avec les supporters, sous les fenêtres du Standard : « Président ! Casse-toi ! » Ou à Anvers, pour chanter devant l’hôtel de ville « Vive la Belgique ! L’union fait la force ! » Ou, à la hollandaise : « Je maintiendrai ! »

Qu’il doit être agréable, après avoir été roi des Belges, de reprendre enfin de l’empire sur sa vie…

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