L’AMERICAIN  SANS  FRITES

   Quand Donald Trump parle de Joe Biden, on a l’impression qu’il est prêt à le dévorer tout cru comme si c’était un (vieux) hamburger. Or, voilà qu’on apprend que le mal est dans les gènes. Du Biden, on en mange à chaque génération. Le président américain vient de révéler que son oncle, Ambrose, qui combattait sur le front oriental pendant la dernière guerre, a été dévoré par des anthropophages papous qui voulaient se payer un américain mais sans frites. Ce que conteste soi dit en passant le président de la Papouasie. Pour lui, c’est pas vu, papou…   

Pourtant, quoi de surprenant ? Les cas d’anthropophagie sont innombrables dans l’Histoire au sens propre et plus encore au sens figuré. 

Ils ont inspiré de la bonne littérature, comme le superbe « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis (qui se passe à l’époque préhistorique). Et aussi d’innombrables films dont le délicieux (en tout cas cuit à point) « Qu’il était bon mon petit Français » de Nelson Pereira dos Santos. Sans oublier « Le silence des agneaux ».

Plus récemment, les survivants d’une catastrophe aérienne dans les Andes ont réussi à survivre en faisant un barbecue avec les passagers qui n’avaient pas survécu au crash. L’un d’eux, le docteur Canessa a raconté son premier repas humain dans un livre (« Je devais survivre »). « Je ne pourrais jamais oublier cette première incision » écrit-il. Le plus piquant de l’affaire c’est qu’à son retour à la civilisation, il est devenu chirurgien. Jusqu’ici, personne n’a songé vérifier ce qu’il fait des organes retirés pendant ses opérations …    

Des pulsions cannibales, on en ressent tous. Elles peuvent révéler la profondeur d’un lien affectif – dévorer l’être aimé. Comme on peut croquer ses adversaires pour se nourrir, en guise de représailles mais surtout pour acquérir sa force. Ce qui se produit souvent en politique.

Quand il recevait Angela Merkel qui avait peur des chiens, Poutine faisait entrer dans la pièce son grand Labrador noir, façon de lui faire entendre qu’il était prêt à dévorer l’Europe. On a vu l’effet…

Pourquoi les débatteurs politiques montrent-ils si souvent les dents, pensez-vous ? Parce qu’ils sont prêts à arracher le nez ou l’oreille de leurs interlocuteurs. A mordre jusqu’au sang aussi cruellement qu’un jeune chiot. « Je lui mangerais les entrailles » s’écria Danton en apprenant que Robespierre conspirait à le faire arrêter. Quant aux dieux grecs, ils sont nombreux à bouffer leurs enfants pour les empêcher de prendre le pouvoir, Zeus, Cronos ont eu peur de se faire détrôner par la nouvelle génération. 

Peut-être que Louis Michel ou Herman De Croo auraient bien fait de se rappeler la mythologie. Retenant leurs réflexes anthropophages, ils ont été mis sur la touche par ceux qu’ils ont nourris et élevés… Bon appétit si vous passez à table. 

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POURQUOI J’AI MANGE MON PÈRE

Que reste-t-il des partis politiques ? De leur puissance et de leur gloire ? En Belgique, Stephane Moreau a jeté sa carte du PS dans le destructeur de documents de Nethys – une machine déjà bien bourrée. En attendant, après quelques jours de deuil,  de prendre celle du PTB, plus utile pour les intérêts et l’avenir d’un homme aussi ambitieux ? Ce qui montre en passant que la mort d’un parti en fait épanouir un autre.

Un phénomène auquel on assiste aussi en France. De tous les vieux partis de la Ve République, il n’en reste qu’un, le Front national. Un front bas, qui plante ses griffes dans la glèbe de la France profonde comme du chiendent. Il faudra un très solide ouragan pour l’arracher et le balayer d’un bon coup de vent. Au lieu de quoi, ça souffle dans tous les sens. Les uns font la fine bouche devant cette fine mouche. D’autres se pincent le nez en attendant qu’elle passe. Que tous ces capitaines d’opérette ne s’étonnent pas que leurs voiles se déchirent et que leur bateau coule ! En attendant, vous savez ce qu’elle vous dit la Marine ?

Certains prétendent que seul l’exercice du pouvoir tuera le FN. Pensant sans doute à Charles Péguy qui prétendait que « tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique ». Mais, quelle manœuvre follement désespérée de donner aux Le Pen tous les pouvoirs de nuire pour espérer son agonie. Ceux qui font ce pari en croyant revenir alors en sauveurs de la nation risquent d’avoir disparu entre temps.

Il y a une dimension mythologique dans cette présidentielle : les vainqueurs du premier tour sont tous les deux des enfants qui ont mangé leur père. Marine a planté ses grandes dents dans les restes de Jean-Marie, ce qui révèle une étonnante santé et une excellente digestion.

Avant de se mettre en marche, Emmanuel Macron a lui aussi dévoré François Hollande et vidé les placards du PS de ce qui bougeait encore. Tous les marcheurs le savent, il n’est pas recommandé d’avancer le ventre vide. On le paye souvent avant d’arriver au but.

Reste à ces amateurs de chair pas très fraîche à nous proposer un menu débarrassé de tous ces restes. Un choix difficile à composer. Les électeurs rêvent de plats qui piquent, mais pas trop, qui amusent leurs papilles sans percer leur porte-monnaie. Accompagnés de vins qui grisent mais qui ne donnent pas la gueule de bois.

S’ils croient concilier tous les appétits, en composant un repas neutre, qu’ils se méfient. Machiavel les avertit: « le parti de la neutralité qu’embrassent souvent les princes irrésolus, qu’effraient les dangers présents, le plus souvent les conduit à leur ruine ».

Qu’ils se gardent aussi de leur propre progéniture qui pourrait être tentée de suivre les usages familiaux en dévorant à son tour l’un sa tante, l’autre son papa…

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