LA FUREUR DE VIVRE

   Le gouvernement vivaldien a réussi à serrer les rangs de son équipe hétéroclite en fêtant la rentrée politique avec une décision audacieuse : la fin des maladies de longue durée. On le sait depuis la nuit des temps, la meilleure façon de souder le peuple autour de ses dirigeants est de lui trouver un ennemi extérieur. Les malades, quel excellent bouc-émissaire ! D’autant qu’ils sont généralement trop faibles pour réagir. Comme le disait Machiavel, vaut mieux s’attaquer à moins fort que soi. De préférence malade et au lit. 

D’ailleurs, le coup semble sur le point de réussir. Depuis l’annonce du Premier cette semaine à la tribune de la Chambre, c’est la panique dans le monde des microbes, virus et autres crasses. Leurs représentants songent très sérieusement à faire appel aux instances internationales, à l’ONU même, pour s’opposer à cette hécatombe, ce crime de masse, ce génocide programmé. 

Dire que M. De Croo a osé se vanter cyniquement du succès de sa lutte contre le corona juste avant d’annoncer que les malades n’avaient qu’à bien se tenir. Cette campagne de lutte contre la covid, cette vaccination en masse, on le comprend à présent, n’avait servi que de banc d’essai à une agression autrement plus large contre toutes les espèces de maladies.

Restait la question pratique. Comment remettre les malades de longue durée au travail ? Les convaincre que leurs bobos sont terminés, que les agents infectieux qui les empêchaient de retourner au boulot sont éliminés ? 

Ce sera difficile si les médecins continuent à leur refiler des certificats, s’ils prétendent souffrir de maux divers qui les empêchent de se déplacer, de faire le job, qu’ils se sentent incapables de discuter vaccins, foot, sexe et vacances avec leurs collègues plus vaillants à la machine à café. 

Les ministres ont longtemps planché sur la question. Il a fallu plusieurs nuits d’insomnie, des claquements de porte, mais l’effort a finalement payé. Et lorsque la solution est apparue, elle a semblé à tous aussi lumineuse que les premiers rayons du soleil au lever d’un jour d’automne. Une loi. Il suffit d’une loi pour interdire les maladies de longue durée. Quelle idée géniale ! Aussi simple que l’œuf de Colomb. Décidément, l’imagination est au pouvoir dans l’hepta-gouvernement multicolore.   

D’autant qu’on devine la suite. S’il n’y a plus de malades, à quoi bon encore des médecins, des infirmières, des ambulanciers, des hôpitaux, des pharmacies ? Fini aussi la sécurité sociale qui nous coûte les yeux de la tête. Dans la foulée, ne devrait-on pas supprimer également la mort ? Car si les maladies ont disparu, à quoi pourrait-on encore succomber ? 

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