DREAM TEAM

chronique
Nicolas Sarkozy a fait fort : Kouchner aux affaires étrangères, un super ministère de l’environnement, la présidente de Ni putes Ni soumises et l’ex-patron d’Emmaüs : que du beau linge dans un gouvernement dit de droite ! On imagine mal la gauche française déployer pareil tableau de chasse. Face à lui, le pauvre Hollande n’en mène d’ailleurs pas large. Entre Sarkozy qui lui pique le meilleur de la troupe, Ségolène qui le chasse de l’appartement en gardant la vaisselle et les poids lourds du PS qui le poussent au fond du placard, il rame à Solférino et songe à partir en week-end avec Alain Juppé pour soigner sa dépression.
Emerveillé par le numéro de Nicolas 1er, dont il est un des plus fervents groopie, Didier Reynders fantasme sur une dream-team à la belge. Les traîtres magnifiques sont à la mode. Qui va croquer les oranges bleues ? Si l’on range à gauche Van Cauwenberghe, Happart ou Despiegeleer, il ne devrait pas avoir top de mal à convaincre des vraies stars et même quelques B.V./W.
Michel Daerden par exemple, l’incarnation de la vraie gauche bouchon prendrait la Santé (pas la prison, les hôpitaux). Au grand dam de Steve Stevaert qu’un passé de bistrotier prédestinait à la fonction. Le gouverneur du Limbourg continuera donc à chasser les chenilles processionnaires.
Josy Dubié aurait accepté le secrétariat d’état à la Condition féminine, ce qui pourrait pousser Richard Fourneaux à la Condition masculine. Il se tâte encore.
Pure provocation à l’égard de son ami Alain Zenner – ancien curateur des Forges de Clabecq- ou vraie conviction, D. Reynders songerait très sérieusement à Roberto D’Orazio pour dynamiter la Justice.
Divine surprise, Kim Clijsters n’aurait pas dit non au portefeuille des Affaires étrangères. Dame ! Elle parle au moins trois langues et pratique le grand écart mieux que la plupart de nos politiciens professionnels. Autre nouveauté, un ministère confié à deux co-ministres : les frères Dardenne qui hésitent entre l’Intérieur et l’Extérieur Nuit.
Notre meilleur produit d’exportation, la B.D. serait pour la première fois dans un gouvernement. Tintin, trouvant les oranges bleues trop amères, le rôle serait confié à Gaston Lagaffe, le héros sans emploi, ce qui le prédestine à la fonction de ministre sans portefeuille mais avec hamac.
Au ministère de l’avenir, François Schuiten ; aux droits de l’homme, Marion Hänsel et Toone VII au ministère du bruxellois, qui devrait remplacer français et flamand comme seule langue officielle du pays, une solution qui réglera enfin ces stériles et épuisantes querelles communautaires.
Reste le poste le plus disputé, le ministère de la Perfidie. Aux dernières nouvelles, c’est Guy Spitaels qui tient la corde.

Alain Berenboom
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TOUT NUS & A VELO

chronique
Avec le réchauffement climatique et la mode bio, les manifestations changent de look. Au défilé de protestataires emballés dans des parkas matelassés succèdent les adeptes du naturel. Après Saragosse, c’est à Paris que des militants vélocipédiques ont parcouru les rues sur leurs engins en exhibant fièrement les leurs. N’en déplaise aux vieux militants, parfois un peu coincés, le slogan bombé sur un drap et l’Internationale chantée en chœur, ça n’intéresse plus personne. Pour attirer l’attention du citoyen, ce n’est plus le poing qu’on lève.
La grève de la faim aussi est passée de mode. Le temps où Gandhi soulevait l’Angleterre est bien fini. Malgré la mort d’irréductibles partisans de l’I.R.A., madame Thatcher avait été réélue sans difficultés. Et l’Inde choisit maintenant l’arme atomique pour imposer ses vues.
Les épouvantables massacres en Afrique noire, les violences barbares des terroristes irakiens ont habitué l’opinion publique à une escalade de plus en plus atroce dans l’expression des revendications. La surenchère est triste hélas. Ne reste que le cul pour sensibiliser les citoyens blasés et monter à la tête de ceux qui tentent à tout prix de devenir des vedettes ou d’afficher leurs idées.
Michel Daerden a bien essayé l’alcool mais son message était si dilué que la méthode a démontré ses limites. La prochaine fois, faisons-lui confiance, lui aussi descendra le pantalon.
Le sexe a envahi les journaux et l’internet mais il continue de titiller et de faire scandale: la pub, les shows télé n’ont rien trouvé de mieux pour se vendre. Voilà donc les revendications politiques gagnées à leur tour par le fléau.
Les cyclistes défilent dans le plus simple appareil pour protester contre l’envahissement des villes par les bagnoles. Demain, à qui le tour ? José Bové qui a beaucoup perdu de sa superbe depuis la dernière campagne électorale française mais qui affiche toujours sa moustache en forme de guidon de vélo pourrait être tenté d’attaquer la prochaine fois Mac Donald à poil. Et José Happart, en chute libre dans le coeur des électeurs, se rappeler qu’il existe des francophones dans les Fourons et leur proposer de poser sans défroques devant le palais du gouverneur du Limbourg jusqu’au jour du rattachement à Liège – ou à la pneumonie. Dans quelques semaines, lorsque les socialistes seront dans l’opposition, ils pourront peut-être reprendre l’idée à leur compte ; cela fera un scandale qui fera oublier ceux de Charleroi, de la gestion des habitations sociales et autres.
Reste une limite : le froid. Mais à la manière dont nos gouvernants s’intéressent à l’évolution climatique, l’hiver n’existera bientôt plus.

Alain Berenboom
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LE CAROLO UGLY BROTHER

chronique
Les thèmes des reality shows et autres star ac’ commençant à s’épuiser, les producteurs ont compris que, pour relancer l’intérêt des téléspectateurs, il fallait surenchérir dans le guignol en jouant la carte du sordide. Aux Pays-Bas, grâce au très raffiné Endemol (propriété notamment de Silvio Berlusconi), une cancéreuse en stade terminal trônant sur un plateau télé va choisir le bénéficiaire de son rein entre plusieurs candidats (applause !)
En Belgique, c’est la ville de Charleroi qui relève le gant. Lassés des quolibets et des lazzis, les dirigeants socialistes locaux ont longtemps cherché le moyen de redorer leur image auprès du public. Les inculpations n’ont en effet servi à rien, ni les contritions et autres excuses. Les élections communales pas davantage. Dans l’isoloir, les citoyens perdus devant ces listes décourageantes de noms et de sigles inconnus, poussent un grand soupir, haussent les épaules et cochent comme toujours le nom de leur seigneur (leur saigneur serait plus exact). Après ça, ledit roi, réélu pour la centième fois, fait semblant dans un grand geste de générosité de s’entourer de nouveaux bouffons. Mais, personne ne s’y trompe, le spectacle reste le même. Comment alors provoquer un électrochoc qui redonnerait à la population le goût de la politique ?
Une idée géniale vient de jaillir dans le cerveau fertile de certains de ces messieurs : un jeu, un show, le Carolo Ugly Brother. La démocratie ayant démontré son inutilité, place à la télé ! Un outil que le citoyen d’aujourd’hui comprend et manie bien mieux que le crayon électronique.
A l’occasion des élections, il s’agit (en principe) de choisir les meilleurs dirigeants. On a vu le résultat… Avec le jeu télé, plus d’hypocrisie : le gagnant est vraiment le dirigeant le plus affreux. C’est celui qui a commis le plus d’infractions qui accumule les points. Spéculation immobilière grâce à des renseignements d’initiés ou faux procès-verbaux du conseil communal, c’est pas mal mais insuffisant pour accéder aux demi-finales. L’achat de vins avec la caisse des habitations sociales, c’est mieux. Une caisse noire dans le dos du service troisième âge, c’est assez dégoûtant pour valoir une prime. L’argent des contribuables dépensé pour équiper des maisons de campagne, payer les frais de bouche et les voyages lointains des grands chefs, c’est classique mais vu le montant, cela mérite un coup de chapeau. Le financement d’une équipe sportive à Carcassonne, ça c’est beaucoup plus original. Pour ma part, je vote la qualification en finale de l’auteur de cette trouvaille. Mais on attend la suite avant de désigner le vainqueur. A Charleroi, on n’est jamais déçu. L’imagination est au pouvoir (de l’argent).

Alain Berenboom
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VERTU FRAICHE

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Je ne cache pas le plaisir un peu pervers que je prends certains soirs de déprime à lire les discours des ministres de la Communauté française. Saturé de reportages sur l’explosion du libéralisme nécessairement sauvage ou sur le plongeon des cadres de sociétés en parachutes dorés, il est rafraîchissant d’entendre une ministre parler de « l’universalité de l’humain » à travers « une autre mondialisation » tout ça juste pour ouvrir un festival à Liège et une autre excellence soutenir, paraît-il, l’engagement d’un clown pour aider les chômeurs à retrouver de l’emploi. Après le plan Marshall, le cirque de Moscou.
Nul n’a écrit des mots aussi ardents que les leaders politiques de la culture pour défendre le service public à la radio et à la télévision et protéger l’âme des enfants mais il vaut mieux regarder leurs discours que la RTBF ou les locaux des écoles. Jamais les programmes n’ont été autant pollués par la pub. Et les distributeurs de boissons affichant les marques les plus connues décorent les locaux des écoles (cachant ainsi par de jolies couleurs fissures et autres dégradations). Les parents, amis et voisins n’ont jamais été autant sollicités. Faute de manuels scolaires, les écoles achètent des photocopieuses. En faisant les comptes, on découvrirait peut-être que le coût des machines et surtout la « participation » des parents au remboursement des photocopies permettraient d’acquérir une bibliothèque de livres reliés pleine toile …
N’oublions pas les voyages scolaires. Jadis, les fancy-fairs contribuaient à boucler les budgets. Maintenant, la technique branchée s’appelle le porte-à-porte. Les enfants des environs viennent sonner, une attestation à la main indiquant que leur mendicité est très morale puisque soutenue par leurs profs : ils font la manche pour payer le voyage scolaire et non pour survivre, comme les malheureux qui se jettent sous les voitures à certains carrefours de la capitale. Certains proposent des cakes maison, des bougies, des savons, joyeux modèle de l’économie parallèle des pays sous-développés. Et, sur les marchés le dimanche, des bambins de moins de six ans interpellent le chaland en vendant des fleurs pour financer leurs camps d’été. Est-ce une manière de leur apprendre la survie en communauté française ? Ou une pub pour la re-fedéralisation de la protection de la jeunesse ?

PS : Si la lecture des discours ministériels et des tracts électoraux vous laissent un peu de temps, évadez-vous ce long week-end dans la Suède noire. Après les polars d’H. Mankel qui égratignent le beau vernis de la social-démocratie (modèle de Sarkozy et de Royal), voici un autre Suédois qui nous emballe, Stieg Larsson et sa trilogie « Millenium » (chez Actes sud).

Alain Berenboom
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REFONDATION

chronique
La mode est à la refondation. Le parti socialiste français s’est emparé de cette belle expression pour cacher les dégâts causés par son implosion et donner « du grain à moudre » au « peuple de gauche » qui a toujours vécu de promesses et de belles phrases. Sentant le potentiel de cette formule très médiatique, la droite sarkozienne n’a pas voulu en laisser le monopole au pauvre Hollande et à ses SDF (entendez : sociaux-démocrates fichus). Elle s’en est donc servie pour expliquer que le parti créé par Chirac a disparu pour être remplacé par un autre tout à fait différent, qui porte le même nom, adoube les mêmes députés, est dirigé par les mêmes hommes et a le même but, cirer les pompes du président.
Il faut se méfier des belles formules. La fracture sociale a failli conduire à la cassure définitive. La force tranquille a mené à la stagnation, à l’élimination de la gauche du pouvoir pour longtemps et au plus beau score électoral du Front national. Où va conduire la refondation ?
Les amoureux de littérature se souviennent que « Fondation » est le titre d’un des plus beaux cycles de science-fiction. Isaac Asimov imagine qu’un personnage nommé Harry Seldon développe une science nouvelle, la protohistoire, qui permet de calculer les errements de l’histoire future. A sa mort, Seldon prédit la chute de l’empire et l’arrivée de trente mille ans de barbarie, dominés par les marchands. Trente mille ans… Fichu présage pour les malheureux socialistes français qui ont lancé l’idée de refondation, ignorant manifestement le livre d’Asimov. La faute à Jack Lang ? Leur grrrand spécialiste culturel n’a pas eu le temps d’analyser le célèbre roman car il devait d’abord terminer la lecture du programme de S. Royal.
Seldon prévoit deux moyens pour limiter les conséquences des âges de barbarie. Une fondation destinée à préserver les acquis de la civilisation, qui s’appelle Terminus (un nom à déconseiller si le PS veut changer son sigle) Et sa propre réapparition aux grands moments de crises afin d’indiquer à ses successeurs la voie à suivre.
La réapparition de l’homme providentiel en plein milieu de la crise, voilà peut-être une idée pour sortir la gauche de la mouise. Certes, Arlette Laguillier, réapparue régulièrement tous les sept ans, n’a pas fait beaucoup d’effet. Mais observons Bernard Kouchner qui réapparaît à droite quelques jours seulement après avoir sombré à gauche.
Peut-être faut-il se montrer plus audacieux et se servir de personnalités mythiques. C’est ce que Sarkozy a parfaitement compris en faisant réapparaître miraculeusement à ses côtés Jaurès et Léon Blum. Allez, Hollande, tente enfin de nous surprendre ! Songe à Louis XIV, un royal qui a réussi.

Alain Berenboom
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MENSONGES, ETC

chronique
Mark Twain observait qu’il y a les mensonges, les foutus mensonges et les statistiques. Une remarque qui n’a rien perdu de son actualité avec la multiplication des sondages. J’adore les sondeurs commenter leurs enquêtes. Leurs résultats sont parfaitement fiables pourvu qu’on oublie les réserves. D’abord « la marge d’erreur » : 5% en plus et en moins. Avec cette précaution, faut-il perdre son temps à interroger 850 personnes ? Il suffit d’ingurgiter trois gueuzes « Mort subite » et d’inscrire les scores sur les ronds de bière.
L’encre de leur chèque à peine sèche, les sondeurs précisent aussi que leur enquête est déjà périmée : elle n’est qu’une « photographie de l’opinion » à un moment donné (le moment qui précède la remise du chèque). Pourtant, de ces sondages aussi frais qu’un yaourt abandonné dans un frigo par un navigateur solitaire avant son départ, tout le monde va faire ses choux gras. En oubliant la fameuse marge d’erreur, la photo à un moment donné, etc.
Dernière victime connue, ce pauvre monsieur Bayrou. Drogué par les sondages, il s’y voyait déjà : deuxième tour en douceur et hop, L’Elysée ! Patatras ! Que lui reste-t-il maintenant ? Ségolène, plus gentille qu’on ne le dit, lui a offert un faux débat de deuxième tour pour prolonger ses illusions. Il paraissait si heureux ! On aurait dit Charles-Quint assistant à la répétition de ses funérailles.
Alors que la majorité de ses électeurs vont voter Ségolène qu’il avait tant critiquée et que ses députés sont allés cirer les pompes de Sarkozy, qu’il avait tant vilipendé, Bayrou reste là, tout seul, avec son ni-ni à la main, à attendre dans cinq ans le retour des sondages.
Imaginez que dimanche, Sarko soit battu, que répondra le patron de l’institut machin, en essayant de ne pas prendre la main du président de l’UMP dans la figure ? « Ah ! mon pauvre monsieur, à deux jours près, vous étiez président. » « Deux jours ? » « Je vous avais averti (regardez là en petits caractères sur nos conditions de vente) : notre enquête n’est qu’une photo , etc.. » Vous auriez dû avancer les élections ou remplacer le vote par le sondage – tout le monde vous aurait été reconnaissant.
Le sondage du Soir publié au début de la semaine a provoqué beaucoup d’émotion. Seul Guy Verhofstadt ne s’en fait pas. 17% aujourd’hui, avec une marge d’erreur de 10 %, pas de problème pour lui : il est déjà en tête ou presque. On comprend les hésitations de M. Leterme à revendiquer le poste de premier ministre. Quant aux socialistes, c’est l’heureuse surprise. Les voilà toujours le plus grand parti francophone. Même que Van Cauwenberghe a promis à di Rupo de sortir encore quelques petites choses de son placard puisque les sondés wallons ont l’air d’aimer ça.

Alain Berenboom
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RETOURNER CASAQUE

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Imaginez que, lassé du chômage et des promesses jamais tenues sur le redressement de votre région, le plan Laurel, le plan Hardy, vous quittiez votre maison, vos amis, tout ce que vous aimez pour donner un avenir à vos enfants. Direction : le Kazakhstan, ce far East qui se donne des allures de conquête de l’Ouest de jadis. C’est pas rigolo mais il y a du boulot. Vous n’avez pas grand-chose en poche : les passeurs, la nourriture ont mangé votre maigre pécule. Bien sûr vous n’avez pas de papiers, pas de visa. L’entrée au Kazakhstan par la voie légale est pratiquement impossible. Comme le dit son éternel président : « Notre pays ne peut accueillir toute la misère du monde ». Cela vous rappelle quelque chose mais en kazakh, la phrase sonne plus poétique qu’en français et en flamand. Justement le kazakh. Vous qui connaissez le français, un peu de wallon et quelques mots d’anglais grâce aux jeux vidéos de votre fils, vous vous grattez la tête. Mais vous êtes intelligent, énergique, vous voulez vous intégrer. Donc, vous parvenez à décrocher un petit boulot puis un autre. Votre femme fait les ménages des nouveaux riches. Au bout d’un an, vous vous débrouillez en kazakh. Vous avez appris à déchiffrer les caractères cyrilliques et vous comprenez même le russe, l’autre langue principale du pays. Vos enfants qui brillent à l’école se sont faits des copains avec lesquels ils fêtent Nauryz, le premier jour du mois lunaire, la grande fête chamaniste du printemps. Ils ne peuvent les accompagner lors des voyages scolaires en Russie ou en Ouzbékistan mais ils parlent mieux la langue locale que bien des Russes installés dans la région depuis l’époque stalinienne. Et voilà qu’un jour, vous recevez un ordre de quitter le territoire. Quand vous avez essayé de légaliser votre situation, vous avez découvert que le mot kafkaïen est universel. Les critères de régularisation sont obscurs. Ceux qui obtiennent un permis de séjour doivent jurer de garder le secret. Voilà sept ans que vous êtes là sur les bords de la mer Caspienne, vos à l’école, vous travaillez, décidé à terminer vos jours dans ce pays devenu le vôtre même si de temps en temps la nostalgie de votre petite ville de Wallonie vous taraude, les amis, le foot et les promenades du dimanche sur la rivière. L’office des étrangers, le ministre de l’intérieur n’en ont cure. Back to Brussels south ! Quand vous débarquez, vous avez envie de pleurer. Charleroi est devenue plus étrangère qu’Alma Ata.

Ce billet est dédié à une famille kazakh de Blankenberge installé depuis plus de sept ans en Belgique que le ministre de l’intérieur a décidé de renvoyer malgré une décision du tribunal de Bruges.

Alain Berenboom
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L’HOROSCOPE EUROPEEN CONTINUE…

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Lion :Allemagne. C’est pour mater vos envies d’être le roi des bêtes (et méchants) que l’Europe a été créée. Maintenant, on ne sait plus très bien si vous êtes lion ou si devenu vierge. Depuis que vous avez épousé votre sœur, votre enclos est à nouveau au centre de la ferme. Votre dresseur est une femme à poigne qui mène l’exploitation au doigt et à l’œil. Si elle est venue de l’autre côté du rideau de fer, elle n’a pas l’air de se laisser contaminer par le spectre de la dame de fer.

Balance : Tchéquie. A l’heure où les frères allemands décidaient de se marier, vous avez choisi de vous séparer de votre conjoint slovaque. Cela nous a fait de la peine. On vous appréciait marchant bras dessus, bras dessous. Havel est tchèque, Dubcek slovaque ; le contraire aurait paru aussi magnifique. Votre divorce nous a tous attristés. C’est pourquoi on vous a invités à entrer ensemble dans la famille. On compte maintenant sur votre sens de la folie et de la dérision pour donner un sens à notre avenir. Puisse Mercure et Venus vous inspirer !

Scorpion : Roumanie. Décidément, vous n’avez pas de chance. A l’heure où la plupart de vos voisins rejoignaient la famille, vous traîniez encore loin derrière avec vos camarades bulgares. Finalement, quand vous avez passé la porte, vous avez été accueilli avec des grognements. Trop de clichés vous collaient comme des casseroles : le long règne ubuesque de Ceausescu, une succession de dirigeants plus habiles dans la manipulation et le mensonge que dans la gouvernance, les enfants vendus, la corruption et le château de Dracula. On oublie trop souvent que vos enfants s’appellent aussi Ionesco, Enescu ou la sublime gymnaste Nadia Comanesci. Et que c’est cela le supplément d’âme que vous apportez à la famille.

Sagittaire :Finlande. Grâce à vous (et à vos copains lituaniens et hongrois), l’Europe découvre qu’une partie de la famille parle une langue mystérieuse. Vos écrivains sont excentriques (Arto Paasilinna), votre cinéma étrange et peu compréhensible. C’est peut-être parce que l’Europe a perdu le goût du mystère qu’elle est devenue si ennuyeuse. Et si demain, le finnois devenait la langue unique de l’empire ? Ca nous obligerait à nous poser des questions ; c’est très sain, ça !

Capricorne : Danemark. On dit des capricornes qu’ils ont une vision pessimiste de l’univers et particulièrement de la nature humaine, qu’ils devraient avoir un sentiment plus léger de la vie et réserver une part plus grande à la fantaisie et à la joie de vivre. On ajoute qu’ils ont la critique facile et acerbe et une grande difficulté à faire confiance aux autres. Vous retrouvez-vous dans ce portrait, amis danois ? La question n’est pas provocation de ma part : ne le dites à personne mais, comme vous, je suis capricorne !

Alain Berenboom
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HOROSCOPE EUROPEEN

chronique

POISSON (France)

La rencontre entre Pluton et Venus se passe plutôt mal depuis que Mars vient se mêler de leurs affaires. Méfiez-vous de l’inattendu. Sous ses allures respectables de brave paysan, Mars reste le symbole de la guerre. Il pourrait causer bien du souci à votre couple si vous n’y prenez garde. Un conseil : détournez l’attention par un tour de passe-passe car la séduction de Mars peut vous être fatale.

BELIER (Grande-Bretagne)

Le départ annoncé de Mercure, le petit messager aux pieds agiles, donne des ailes à son frère, le sombre Uranus. Depuis le temps qu’il piaffait pour diriger les affaires ! Mais l’arrivée d’Uranus laisse perplexe. Le reste de la famille européenne attend de voir si Uranus s’intéressera plus que Mercure à leurs intérêts communs. Et, au fond de l’Olympe, de l’autre côté de l’océan, Jupiter ne sait plus à quel saint se vouer pour apporter ses messages, ce que faisait si bien Mercure, toujours prévenant et souriant.

TAUREAU (Pologne)

Deux planètes jumelles tournant l’une autour de l’autre dans une valse folle ne font guère avancer le système. Votre grise mine à tous les deux ne rendent pas votre domaine très accueillant. Pas plus que vos co-locataires, des néo-fascistes peu ragoûtants. D’ailleurs, beaucoup de membres de votre famille préfèrent choisir l’exil, même s’ils ne sont pas toujours accueillis par de belles paroles : le « plombier polonais » est devenu synonyme de repoussoir. Il est temps d’ouvrir les fenêtres sinon vous risquez d’étouffer ce qui reste de la famille !

GEMEAUX (Belgique)

Les deux frères qui vivent en vous semblent se donner le mot pour être désagréables l’un envers l’autre. Ils connaissent à nouveau une période de surchauffe. L’un accuse l’autre d’arrogance ; l’autre réplique que son frère vit à ses dépens. Jusqu’ici leurs querelles n’ont pas empêché le reste de la famille européenne de séjourner dans votre maison mais si votre bagarre débouche sur la rupture, c’est toute la famille qui va partir ailleurs. Prenez-y garde !

CANCER (Luxembourg)

Vous vivez des vices cachés du reste de la famille, accueillant l’argent noir de l’un, blanchissant celui de l’autre. La famille tolère vos manières depuis longtemps mais votre refuge est menacé par une aspiration au grand nettoyage. Connaissant votre habileté à jouer avec les uns et les autres, vous trouverez certainement de nouvelles formules pour reconvertir votre abri.

VIERGE ( Italie)

A côté de votre prédécesseur, vous jouez magnifiquement les vierges. Pourtant, quand on voit le nombre de fiancées que vous avez mises dans votre lit, qui vous ont aidé à arracher les clés de la maison, on se dit que la conception de la virginité a beaucoup évolué en Europe, même dans la ville du Saint-Siège.
(A suivre)

Alain Berenboom
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CHAUD DEVANT

chronique
Vous l’avez entendu comme moi : il paraît que la planète se réchauffe. C’est à cause des échéances électorales. On n’aurait plus d’élections que la Terre tournerait tranquillement entre les quatre saisons. Mais qui souhaite un régime aussi glacé ? C’est chouette les élections : le seul moment où l’on peut rêver à quoi ressemblerait notre vie si les politiciens tenaient leurs promesses. Donc, promis, demain la Terre sera sauvée si nous votons dans le bon sens.
En France, Ségolène Royal promet de mettre en pratique le programme de Nicolas Hulot (car elle tient plus encore à TF1 qu’à la Hollande). En Belgique, le PS se documente à toute vitesse sur la question : comment faire entrer les petits oiseaux dans le plan Marshall ? Même que Dédé Flahaut, comme toujours le premier sur la balle, a mobilisé la Force aérienne pour voir le film de Al Gore, Bible désormais des hommes politiques belges. C’est vrai qu’il y a de belles images, de la musique taraboumboum comme dans les westerns et surtout qu’on comprend le texte. Ce qui change agréablement des rapports de l’ONU, des ONG ou encore des Ecolos qui, ayant déjà sacrifié quelques forêts pour imprimer leur méga-programme, ont renoncé, dans un geste éthique, à imprimer sa traduction dans une langue compréhensible. Pour ne pas être en reste, Didier Reynders profite lui aussi de la vague verte pour augmenter sournoisement les impôts : des éco-taxes, ce ne sont pas des taxes qui étranglent les contribuables mais un cadeau des citoyens à la planète.
C’est à l’heure où l’écologie devient le mainstream que les écologistes semblent avoir perdu la pêche. Etrange paradoxe. Même le magazine Elle s’y met. Entre des pages de pubs pour des sacs en crocos et des rivières de diamants (des produits naturels) et une fille nue en couverture (pour protester sans doute contre le travail des enfants qui permet à l’industrie textile « française » d’accumuler les profits), le numéro de la semaine nous présente les stars convertis à la cause écologique : Di Caprio ne jure que par la Prius de Toyota ; même qu’il a acheté 4 véhicules pour sa famille ! Quant à la somptueuse Darryl Hannah –un modèle pour le réchauffement naturel des mâles-, elle ne roule plus qu’à l’huile de friture. Bien sûr, je sens la fritte quand je descends de voiture, reconnaît-elle mais sauver la planète mérite un tel sacrifice. Puisque le plan Marshall est à la recherche d’idées nouvelles, en voilà une à notre portée : transformer toutes nos stations d’essence en fritkot. L’énergie belge pour sauver la planète, ça vaut bien tous les discours. Avec mayonnaise ou pickles ?

Alain Berenboom
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